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« Cinquième commandement de Jena : ''Dans les entrailles d’Atys tu ne descendras point, pour que la Sainte Lumière ne quitte point ton cœur, et que les Ténèbres du Dragon ne dévorent point ton âme.'' Or, alors qu'ils s'étaient enfoncés plus profondément que jamais dans les Mines d’Ambre de Coriolis, des mineurs fyros ont hier découvert et attaqué un nid de kitins. Aujourd’hui, c’est toute l’hominité qui en paie le prix ! » | « Cinquième commandement de Jena : ''Dans les entrailles d’Atys tu ne descendras point, pour que la Sainte Lumière ne quitte point ton cœur, et que les Ténèbres du Dragon ne dévorent point ton âme.'' Or, alors qu'ils s'étaient enfoncés plus profondément que jamais dans les Mines d’Ambre de Coriolis, des mineurs fyros ont hier découvert et attaqué un nid de kitins. Aujourd’hui, c’est toute l’hominité qui en paie le prix ! » | ||
− | À ces mots, le cœur de Bélénor se souleva et ses genoux plièrent sous son poids. Non pas à cause de la détonation vocale, mais en raison de la signification du discours prononcé. Car il a six ans déjà, les Mines d’Ambre de Coriolis avaient été rachetées par Tiralion Nebius. Son père qui, poussé par la quête du profit, avait ordonné à ses Têtes de Pioche d’augmenter le rendement, en dépit des consignes de sécurité et des enseignements de l’Histoire. Ainsi, après le terrible incendie qui avait ravagé le Désert en 2435 et causé la mort de plusieurs dizaines de milliers de Fyros, les Mines d’Ambre se retrouvaient au cœur d’une nouvelle catastrophe écologique. Et cette fois-ci, son père en était le responsable. Son nom serait à jamais associé à cette tragédie. Les yeux exorbités et la mâchoire serrée, Bélénor agrippa son visage et enfonça ses ongles dans sa peau. Ce n’était pas possible. Cette journée n’était qu’un interminable cauchemar, duquel il allait bientôt se réveiller. Il le fallait. Il ne pouvait en être autrement. | + | À ces mots, le cœur de Bélénor se souleva et ses genoux plièrent sous son poids. Non pas à cause de la détonation vocale, mais en raison de la signification du discours prononcé. Car il y a six ans déjà, les Mines d’Ambre de Coriolis avaient été rachetées par Tiralion Nebius. Son père qui, poussé par la quête du profit, avait ordonné à ses Têtes de Pioche d’augmenter le rendement, en dépit des consignes de sécurité et des enseignements de l’Histoire. Ainsi, après le terrible incendie qui avait ravagé le Désert en 2435 et causé la mort de plusieurs dizaines de milliers de Fyros, les Mines d’Ambre se retrouvaient au cœur d’une nouvelle catastrophe écologique. Et cette fois-ci, son père en était le responsable. Son nom serait à jamais associé à cette tragédie. Les yeux exorbités et la mâchoire serrée, Bélénor agrippa son visage et enfonça ses ongles dans sa peau. Ce n’était pas possible. Cette journée n’était qu’un interminable cauchemar, duquel il allait bientôt se réveiller. Il le fallait. Il ne pouvait en être autrement. |
« Mon ami, relève-toi. Je sais à quoi tu penses, alors n’oublie pas : tu n’es pas ton père. Tu m’entends, Bélénor ? » | « Mon ami, relève-toi. Je sais à quoi tu penses, alors n’oublie pas : tu n’es pas ton père. Tu m’entends, Bélénor ? » | ||
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« Enfants de Jena, le temps joue contre nous, cette protection ne durera pas éternellement ! Je vous exhorte donc d’obéir à votre Empereur ! La survie de votre civilisation en dépend ! Que les enfants et les citoyens sélectionnés embarquent immédiatement, et que les autres rejoignent les tunnels d’évacuation du Palais ! » | « Enfants de Jena, le temps joue contre nous, cette protection ne durera pas éternellement ! Je vous exhorte donc d’obéir à votre Empereur ! La survie de votre civilisation en dépend ! Que les enfants et les citoyens sélectionnés embarquent immédiatement, et que les autres rejoignent les tunnels d’évacuation du Palais ! » | ||
− | Partout sur la place, un immense branle-bas de combat se déclencha. L’Empereur, qui venait d’être rejoint par son épouse et sa sœur, serra chacune d’elle dans ses bras. Puis, il caressa les cheveux duveteux de son fils. Malheureusement, les adieux ne purent s’éterniser, et à peine une étreinte plus tard, les deux Fyrosses descendaient l’escalier en toute hâte. Tout le monde savait que l’Impératrice Lydia, mais surtout Leanon, la fille cadette de feu | + | Partout sur la place, un immense branle-bas de combat se déclencha. L’Empereur, qui venait d’être rejoint par son épouse et sa sœur, serra chacune d’elle dans ses bras. Puis, il caressa les cheveux duveteux de son fils. Malheureusement, les adieux ne purent s’éterniser, et à peine une étreinte plus tard, les deux Fyrosses descendaient l’escalier en toute hâte. Tout le monde savait que l’Impératrice Lydia, mais surtout Leanon, la fille cadette de feu Empereur Krospas, ne rejoignaient pas les transporteurs par peur des kitins, mais par devoir. Car s’il devait arriver quelque chose à Cerakos II, la lignée impériale serait ainsi préservée. Tandis que de nombreux Fyros commençaient déjà à grimper les marches en direction du Palais, Melkiar s’avança vers l’Empereur. Les deux homins n’avaient qu’un an d’écart. |
« Mon sharükos, pardonne-moi, mais je ne peux t’obéir. J’ai rejoint Fyre pour discuter avec toi de l’avenir des tribus du désert occidental. Nombreux sont ceux qui attendent mon retour. Il est impensable que je les abandonne. | « Mon sharükos, pardonne-moi, mais je ne peux t’obéir. J’ai rejoint Fyre pour discuter avec toi de l’avenir des tribus du désert occidental. Nombreux sont ceux qui attendent mon retour. Il est impensable que je les abandonne. | ||
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« Bélénor. Si tu souhaites rejoindre ta mère, je comprendrai parfaitement. J’aurais tant voulu passer plus de temps avec la mienne… » | « Bélénor. Si tu souhaites rejoindre ta mère, je comprendrai parfaitement. J’aurais tant voulu passer plus de temps avec la mienne… » | ||
− | Alors, Bélénor comprit que l'homine aux cheveux noirs devant laquelle il avait retrouvé son ami agenouillé, dans le champ de linceuls, n’était | + | Alors, Bélénor comprit que l'homine aux cheveux noirs devant laquelle il avait retrouvé son ami agenouillé, dans le champ de linceuls, n’était autre que la mère de Melkiar. Trop concentré sur ses peurs, le Fyros avait profondément manqué d’empathie, et ne s’était même pas intéressé à l’identité de la défunte. Successivement, Bélénor fixa Penala, Melkiar, Xynala, le fusil de Tisse et Varran, en qui il reconnut Garius. Et puis soudainement, le visage de Brandille lui apparut. Sa chère amie, qui lui avait fait la promesse de revenir. Sa chère amie, de qui il serait à jamais séparé s’il fuyait loin de Fyre. |
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Adossé contre la paroi d’écorce de l’étroit tunnel, Bélénor buvait son bouillon en silence. Bien qu'il l'ait laissée entre de bonnes mains, quitter Penala lui avait assurément été douloureux. Mais abandonner Brandille était inconcevable. De plus, rien n’excluait que le Fyros retrouvât d’ici peu sa nourrice, sa mère, ou encore les amphithéâtres de l’Académie. Peut-être que cet essaim allait être endigué par la Karavan sans que Fyre ne soit complètement détruite, peut-être que les Kamis réapparaîtraient miraculeusement, ou dans le pire des cas, peut-être que tous se rejoindraient autre part. Loin de leur chez-soi certes, mais réunis et vivants. C’était d’ailleurs plus ou moins le plan : faire un grand tour du Désert, rassembler les survivants, puis rejoindre ce mystérieux « arc-en-ciel » dont l’agente vêtue de blanc avait approximativement indiqué la position, et qui devrait les emmener loin des kitins, dans les Primes Racines, le temps que les créatures soient éliminées par le Feu Stellaire de la Karavan. Cela dit, après dix jours à crapahuter dans les galeries qui tapissaient les profondeurs de Fyre, sous la crainte permanente d’être repéré par une patrouille de kitins ou de périr dans un éboulement, le Fyros regrettait déjà le confort du manoir familial. Lequel, d'ailleurs, était peut-être à cette heure déjà réduit en poussière… Se remémorant l'époque où les massacres n'étaient que fiction, il s'imaginait relisant ''La Guerre Sacrée'', confortablement installé dans le second salon. Ce salon qu’il affectionnait particulièrement, et dans lequel son père adorait lui aussi se prélasser… Bélénor fixa quelques instants le reflet que lui renvoyait le bouillon et fut pris d’une nouvelle nausée. Physiquement, il lui ressemblait tant… Le ventre noué et incapable d’ingurgiter quoi que ce soit d’autre, le Fyros proposa son bol à Messen Dyn, secouru il y a deux jours dans les ruines de son petit temple. Le vieux moine kamiste sourit à son jeune adepte, accepta la précieuse nourriture, et posa le parchemin sur lequel il était en train d’écrire. | Adossé contre la paroi d’écorce de l’étroit tunnel, Bélénor buvait son bouillon en silence. Bien qu'il l'ait laissée entre de bonnes mains, quitter Penala lui avait assurément été douloureux. Mais abandonner Brandille était inconcevable. De plus, rien n’excluait que le Fyros retrouvât d’ici peu sa nourrice, sa mère, ou encore les amphithéâtres de l’Académie. Peut-être que cet essaim allait être endigué par la Karavan sans que Fyre ne soit complètement détruite, peut-être que les Kamis réapparaîtraient miraculeusement, ou dans le pire des cas, peut-être que tous se rejoindraient autre part. Loin de leur chez-soi certes, mais réunis et vivants. C’était d’ailleurs plus ou moins le plan : faire un grand tour du Désert, rassembler les survivants, puis rejoindre ce mystérieux « arc-en-ciel » dont l’agente vêtue de blanc avait approximativement indiqué la position, et qui devrait les emmener loin des kitins, dans les Primes Racines, le temps que les créatures soient éliminées par le Feu Stellaire de la Karavan. Cela dit, après dix jours à crapahuter dans les galeries qui tapissaient les profondeurs de Fyre, sous la crainte permanente d’être repéré par une patrouille de kitins ou de périr dans un éboulement, le Fyros regrettait déjà le confort du manoir familial. Lequel, d'ailleurs, était peut-être à cette heure déjà réduit en poussière… Se remémorant l'époque où les massacres n'étaient que fiction, il s'imaginait relisant ''La Guerre Sacrée'', confortablement installé dans le second salon. Ce salon qu’il affectionnait particulièrement, et dans lequel son père adorait lui aussi se prélasser… Bélénor fixa quelques instants le reflet que lui renvoyait le bouillon et fut pris d’une nouvelle nausée. Physiquement, il lui ressemblait tant… Le ventre noué et incapable d’ingurgiter quoi que ce soit d’autre, le Fyros proposa son bol à Messen Dyn, secouru il y a deux jours dans les ruines de son petit temple. Le vieux moine kamiste sourit à son jeune adepte, accepta la précieuse nourriture, et posa le parchemin sur lequel il était en train d’écrire. |