Внутреннее тестирование Вики/III — различия между версиями

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{{NavChap|[[Chapitre II - Fraternité]]|[[Chroniques de la Première Croisade#Table des matières|Table des matières]]|[[Chapitre IV - Exil sylvestre]]}}
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« Père a raison, je dois y arriver seul. Ayez tous foi en moi, je saurai faire honneur à notre nom. »
 
« Père a raison, je dois y arriver seul. Ayez tous foi en moi, je saurai faire honneur à notre nom. »
  
Pü prononça ces quelques mots en serrant les dents, plissant les yeux pour réussir à se maîtriser. Il sortit de la hutte sans regarder sa famille et ramassa sur le sol la bassine sacrée qui, chaque soir, était vidée et remplie de son eau dans l’attente du grand moment. Se déshabillant entièrement, il s’agenouilla et versa le contenu du récipient sur sa tête, comme le voulait la tradition. En temps normal, '''la morsure de l’eau glacée''' lui aurait probablement paru douloureuse. Mais alors que la brûlure de la pousse lui meurtrissait le visage, la sensation du liquide glacial fut presque salvatrice. Nu comme un nouveau-né et lavé de ses impuretés, il était désormais prêt à renaître durant le rituel. Mais fallait-il encore qu’il survive jusque-là. Toujours agenouillé, le jeune Zoraï ouvrit le petit coffre posé près de la bassine désormais vide. Celui-ci contenait deux outils indispensables à la cérémonie de la pousse : une dague cérémonielle et un bâton-sifflet. Pu mit le bâton-sifflet dans sa bouche et se releva péniblement. Enfin, dague à la main, il prit la direction du lieu le plus profond du village : la Place du Cérémonial.
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Pü prononça ces quelques mots en serrant les dents, plissant les yeux pour réussir à se maîtriser. Il sortit de la hutte sans regarder sa famille et ramassa sur le sol la bassine sacrée qui, chaque soir, était vidée et remplie de son eau dans l’attente du grand moment. Se déshabillant entièrement, il s’agenouilla et versa le contenu du récipient sur sa tête, comme le voulait la tradition. En temps normal, '''la morsure de l’eau glacée''' lui aurait probablement paru douloureuse. Mais alors que la brûlure de la pousse lui meurtrissait le visage, la sensation du liquide glacial fut presque salvatrice. Nu comme un nouveau-né et lavé de ses impuretés, il était désormais prêt à renaître durant le rituel. Mais fallait-il encore qu’il survive jusque-là. Toujours agenouillé, le jeune Zoraï ouvrit le petit coffre posé près de la bassine désormais vide. Celui-ci contenait deux outils indispensables à la cérémonie de la pousse : une dague cérémonielle et un bâton-sifflet. mit le bâton-sifflet dans sa bouche et se releva péniblement. Enfin, dague à la main, il prit la direction du lieu le plus profond du village : la Place du Cérémonial.
  
 
À chacune des expirations de l’enfant, le sifflet émettait un chant mélodieux et étrangement évanescent, que tout le monde connaissait au sein de la souche. Les bâtons-sifflets étaient des objets sacrés, taillés dans les fémurs d’ancêtres de la tribu. Leur chant permettait aux villageois de savoir que l’un des leurs était en train de passer à l’âge adulte, mais aussi d’entrer en communication avec les Kamis, qui semblaient être capables de l’entendre en tout lieu. De manière plus pratique, le sifflet empêchait aussi le masque naissant de recouvrir la bouche du Zoraï, voire de s’infiltrer à l’intérieur de celle-ci, au risque de le tuer. S’aidant des murs et des barrières pour progresser, Pü avançait laborieusement, son affliction l’empêchant de contrôler parfaitement ses pas, entre les lattes mouvantes des ponts suspendus et les allées tortueuses. Heureusement, il connaissait tous les recoins du village, et savait éviter instinctivement les racines qui s’entremêlaient parfois sous ses pieds. Il aurait pu s’y déplacer les yeux fermés, guidé par les dénivelés, l’odeur caractéristique de chacune des huttes, les cris nocturnes des izams installés dans les niches végétales du plafond d’écorce, et l’écho envoûtant venu des puits d’abîme qui s’enfonçaient sous l’écorce. S’il chérissait habituellement les promenades nocturnes, la traversée lui semblait aujourd’hui infiniment longue, ponctuée d’impulsions de douleur qui partaient de son crâne et fendaient tout son être. L’une d’entre elles fut particulièrement déchirante. Ses jambes l’abandonnèrent au moment où il empruntait un escalier creusé qui menait à un palier intermédiaire du village. Il dévala une grande pente, arrachant quelques racines au passage, et s’écrasa sur le sol. Dans sa chute, la dague et le bâton-sifflet lui échappèrent pour voltiger à quelques mètres de lui. Affalé sur le froid tapis de lichens, il crut sa tête exploser, et mit un poing dans sa bouche débarrassée du sifflet pour étouffer ses hurlements. Par chance, il était encore seul, et personne n’était en mesure de découvrir l’état pitoyable dans lequel il se trouvait.
 
À chacune des expirations de l’enfant, le sifflet émettait un chant mélodieux et étrangement évanescent, que tout le monde connaissait au sein de la souche. Les bâtons-sifflets étaient des objets sacrés, taillés dans les fémurs d’ancêtres de la tribu. Leur chant permettait aux villageois de savoir que l’un des leurs était en train de passer à l’âge adulte, mais aussi d’entrer en communication avec les Kamis, qui semblaient être capables de l’entendre en tout lieu. De manière plus pratique, le sifflet empêchait aussi le masque naissant de recouvrir la bouche du Zoraï, voire de s’infiltrer à l’intérieur de celle-ci, au risque de le tuer. S’aidant des murs et des barrières pour progresser, Pü avançait laborieusement, son affliction l’empêchant de contrôler parfaitement ses pas, entre les lattes mouvantes des ponts suspendus et les allées tortueuses. Heureusement, il connaissait tous les recoins du village, et savait éviter instinctivement les racines qui s’entremêlaient parfois sous ses pieds. Il aurait pu s’y déplacer les yeux fermés, guidé par les dénivelés, l’odeur caractéristique de chacune des huttes, les cris nocturnes des izams installés dans les niches végétales du plafond d’écorce, et l’écho envoûtant venu des puits d’abîme qui s’enfonçaient sous l’écorce. S’il chérissait habituellement les promenades nocturnes, la traversée lui semblait aujourd’hui infiniment longue, ponctuée d’impulsions de douleur qui partaient de son crâne et fendaient tout son être. L’une d’entre elles fut particulièrement déchirante. Ses jambes l’abandonnèrent au moment où il empruntait un escalier creusé qui menait à un palier intermédiaire du village. Il dévala une grande pente, arrachant quelques racines au passage, et s’écrasa sur le sol. Dans sa chute, la dague et le bâton-sifflet lui échappèrent pour voltiger à quelques mètres de lui. Affalé sur le froid tapis de lichens, il crut sa tête exploser, et mit un poing dans sa bouche débarrassée du sifflet pour étouffer ses hurlements. Par chance, il était encore seul, et personne n’était en mesure de découvrir l’état pitoyable dans lequel il se trouvait.
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Secoué par ces nouvelles sensations, ses paroles, et surtout l’atroce idée de l’abandonner si longtemps, Pü desserra son emprise et s’élança sans un mot vers l’une des échelles de la grande place. Il croisa le regard de plusieurs villageois, dont celui de son frère. Curieusement, il ne réussit pas à le déchiffrer. Il semblait étrangement vide. Pü gravit en toute hâte les différents niveaux de la cité sans jamais se retourner : s’il croisait à nouveau le visage de sa mère, il risquait de ne pas réussir à partir. Finalement, il franchit la grande et inquiétante brèche déchirée qui servait d’entrée au village et passa l’orée de la jungle. Oubliant pour la première fois sa souffrance physique, il fonçait sans s’arrêter, éclairé au travers de la cime des grands arbres par la lumière de l'astre maudit de Jena. Il ne savait même pas où il se dirigeait, bouleversé qu'il était par ce dernier moment passé avec sa mère. Arrivant au bout de ses limites, il s’écroula sur le sol feuillu et humide et se mit à hurler de douleur. Son père savait. Ce moment de tendresse privilégié était une mauvaise idée, il avait eu raison. La douleur, ce n’était pas son masque, c’était son cœur.
 
Secoué par ces nouvelles sensations, ses paroles, et surtout l’atroce idée de l’abandonner si longtemps, Pü desserra son emprise et s’élança sans un mot vers l’une des échelles de la grande place. Il croisa le regard de plusieurs villageois, dont celui de son frère. Curieusement, il ne réussit pas à le déchiffrer. Il semblait étrangement vide. Pü gravit en toute hâte les différents niveaux de la cité sans jamais se retourner : s’il croisait à nouveau le visage de sa mère, il risquait de ne pas réussir à partir. Finalement, il franchit la grande et inquiétante brèche déchirée qui servait d’entrée au village et passa l’orée de la jungle. Oubliant pour la première fois sa souffrance physique, il fonçait sans s’arrêter, éclairé au travers de la cime des grands arbres par la lumière de l'astre maudit de Jena. Il ne savait même pas où il se dirigeait, bouleversé qu'il était par ce dernier moment passé avec sa mère. Arrivant au bout de ses limites, il s’écroula sur le sol feuillu et humide et se mit à hurler de douleur. Son père savait. Ce moment de tendresse privilégié était une mauvaise idée, il avait eu raison. La douleur, ce n’était pas son masque, c’était son cœur.
 
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Текущая версия на 17:17, 29 мая 2022

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