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Au cours de ses longs mois d’exil dans le Royaume de Matia, Pü avait compris en quoi les mœurs païennes des peuples endoctrinés par la Karavan pouvaient être attrayantes. À ces pensées, il avait eu honte. Mais cela lui avait aussi permis de mieux comprendre toute la dangerosité de ces démons venus des cieux. Le jeune Zoraï ne perdit pas de temps. Glissant et sautant par-dessus les racines et les ramifications de la sylve, il avala les derniers kilomètres qui le séparaient du sentier en un rien de temps. Les quelques gingos qui tentèrent de le poursuivre durant sa traversée n’eurent d’autre choix que d’abandonner, tant il manœuvrait adroitement dans l’enchevêtrement dense de cette nature libre de toute oppression matisse. Arrivé en bordure du chemin, il se dissimula derrière un large arbuste, guettant l’arrivée du convoi. Alors qu’il s’apprêtait à abandonner et à chercher ailleurs la trace des Matis, il entendit au loin des bruits ordonnés de sabots.
 
Au cours de ses longs mois d’exil dans le Royaume de Matia, Pü avait compris en quoi les mœurs païennes des peuples endoctrinés par la Karavan pouvaient être attrayantes. À ces pensées, il avait eu honte. Mais cela lui avait aussi permis de mieux comprendre toute la dangerosité de ces démons venus des cieux. Le jeune Zoraï ne perdit pas de temps. Glissant et sautant par-dessus les racines et les ramifications de la sylve, il avala les derniers kilomètres qui le séparaient du sentier en un rien de temps. Les quelques gingos qui tentèrent de le poursuivre durant sa traversée n’eurent d’autre choix que d’abandonner, tant il manœuvrait adroitement dans l’enchevêtrement dense de cette nature libre de toute oppression matisse. Arrivé en bordure du chemin, il se dissimula derrière un large arbuste, guettant l’arrivée du convoi. Alors qu’il s’apprêtait à abandonner et à chercher ailleurs la trace des Matis, il entendit au loin des bruits ordonnés de sabots.
  
Pü déglutit. Son rythme cardiaque commençait doucement à s’accélérer. Jamais. Jamais il ne s’habituerait à cette impression. Son frère lui avait pourtant assuré que sa première fois serait jouissive, et que les sensations ressenties le marqueraient à vie. D’un côté, il n’avait pas eu tout à fait tort. Les mains menues couvertes de sang d'un Zoraï exilé dès ses onze ans, agenouillé seul devant le cadavre encore chaud de sa première victime : ces images le hantaient depuis de longues semaines, jour et nuit, à en perdre la raison. Mais cette dernière épreuve annonçait aussi la fin de son pénible exil. Bientôt, il serait de retour dans son pays, dans sa souche, et pourrait à nouveau serrer sa mère dans ses bras. Cette pensée joyeuse le réconforta et lui permit de retrouver ses moyens. Le convoi se dessinait maintenant à l’horizon. Il fut rapidement à portée d’observation. En son centre, une solide charrette lourdement chargée était tirée par deux [[mektoub]]s, des pachydermes placides aux pieds agiles et dépassant les deux mètres de hauteur, au pelage brun rayé de gris, mais surtout reconnaissables à leur longue trompe puissante et à leur tête sans oreilles. Elle était conduite par un Tryker, comme nombre de celles que Pü avait croisées jusqu'alors. En effet, il n’était pas rare de rencontrer des trykers loin à l’est de leurs cités flottantes, s’affairant à des travaux ingrats et mal rémunérés en pays matis. Car, si leur curiosité et leur goût de la liberté faisait d'eux d'excellents explorateurs et inventeurs, la petite taille, l'apparence enfantine et, surtout, le caractère pacifique et bon vivant des Trykers, leur avaient hélas valu d'être mis en esclavage par les Matis à plusieurs reprises au cours des siècles passés. Et, comme les cours donnés par sa mère en avaient instruit Pü, c'est durant l'épilogue de la « Guerre de l'Aqueduc », quarante ans auparavant seulement, que les Trykers avaient pour la dernière fois subi un tel esclavage.
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Pü déglutit. Son rythme cardiaque commençait doucement à s’accélérer. Jamais. Jamais il ne s’habituerait à cette impression. Son frère lui avait pourtant assuré que sa première fois serait jouissive, et que les sensations ressenties le marqueraient à vie. D’un côté, il n’avait pas eu tout à fait tort. Les mains menues couvertes de sang d'un Zoraï exilé dès ses onze ans, agenouillé seul devant le cadavre encore chaud de sa première victime : ces images le hantaient depuis de longues semaines, jour et nuit, à en perdre la raison. Mais cette dernière épreuve annonçait aussi la fin de son pénible exil. Bientôt, il serait de retour dans son pays, dans sa souche, et pourrait à nouveau serrer sa mère dans ses bras. Cette pensée joyeuse le réconforta et lui permit de retrouver ses moyens. Le convoi se dessinait maintenant à l’horizon. Il fut rapidement à portée d’observation. En son centre, une solide charrette lourdement chargée était tirée par deux [[mektoub]]s, des pachydermes placides aux pieds agiles et dépassant les deux mètres de hauteur, au pelage brun rayé de gris, mais surtout reconnaissables à leur longue trompe puissante et à leur tête sans oreilles. Elle était conduite par un Tryker, comme nombre de celles que Pü avait croisées jusqu'alors. En effet, il n’était pas rare de rencontrer des Trykers loin à l’est de leurs cités flottantes, s’affairant à des travaux ingrats et mal rémunérés en pays matis. Car, si leur curiosité et leur goût de la liberté faisait d'eux d'excellents explorateurs et inventeurs, la petite taille, l'apparence enfantine et, surtout, le caractère pacifique et bon vivant des Trykers, leur avaient hélas valu d'être mis en esclavage par les Matis à plusieurs reprises au cours des siècles passés. Et, comme les cours donnés par sa mère en avaient instruit Pü, c'est durant l'épilogue de la « Guerre de l'Aqueduc », quarante ans auparavant seulement, que les Trykers avaient pour la dernière fois subi un tel esclavage.
  
 
En 2435, intrigués par la découverte, à l'occident de leur désert, de ruines enfouies sous l'écorce, des mineurs fyros percèrent une veine d’acide qui embrasa toute la région autour de la cité impériale de Coriolis. L’incendie, qui dura plusieurs semaines, se propagea jusqu’à la frontière du Royaume et coupa le gigantesque aqueduc honni des Matis. Celui-là même qui reliait le Désert à la région des Lacs administrée par la Fédération de Trykoth, l’alliée de l’Empire Fyros. Alors, la guerre dans laquelle l’alliance et le Royaume étaient enlisés depuis bientôt un siècle et demi, prit une nouvelle tournure. Car l’Empereur fut contraint de retirer ses troupes des Lacs, pour les envoyer combattre l’incendie qui menaçait son peuple et le privait d’eau. Sur quoi, profitant de l’occasion, l’armée matisse envahit la région des Lacs, asservit le peuple Tryker et reprit la cité de Karavia que l’Empire lui avait dérobée près d’un siècle auparavant. Karavia ; la « Cité Sainte », réputée bâtie là même où Zachini, sur la côte du Royaume qu'il fonda ensuite, avait rencontré pour la première fois la Karavan et la déesse Jena. Karavia ; la « Cité Profane », pour Pü et sa tribu, le lieu le plus maléfique qui soit sur l'Écorce… C'est dans son enceinte, pourtant, que fut signé l'année suivante le traité qui mit fin à la Guerre de l'Aqueduc et libéra les Trykers du joug Matis. Mais ce dernier épisode avait laissé des traces certaines dans l’inconscient du peuple des Lacs, et beaucoup de Trykers étaient demeurés en Forêt comme domestiques… à l'image du conducteur de la charrette, manifestement voué au service du Matis assoupi à son côté sur la banquette.
 
En 2435, intrigués par la découverte, à l'occident de leur désert, de ruines enfouies sous l'écorce, des mineurs fyros percèrent une veine d’acide qui embrasa toute la région autour de la cité impériale de Coriolis. L’incendie, qui dura plusieurs semaines, se propagea jusqu’à la frontière du Royaume et coupa le gigantesque aqueduc honni des Matis. Celui-là même qui reliait le Désert à la région des Lacs administrée par la Fédération de Trykoth, l’alliée de l’Empire Fyros. Alors, la guerre dans laquelle l’alliance et le Royaume étaient enlisés depuis bientôt un siècle et demi, prit une nouvelle tournure. Car l’Empereur fut contraint de retirer ses troupes des Lacs, pour les envoyer combattre l’incendie qui menaçait son peuple et le privait d’eau. Sur quoi, profitant de l’occasion, l’armée matisse envahit la région des Lacs, asservit le peuple Tryker et reprit la cité de Karavia que l’Empire lui avait dérobée près d’un siècle auparavant. Karavia ; la « Cité Sainte », réputée bâtie là même où Zachini, sur la côte du Royaume qu'il fonda ensuite, avait rencontré pour la première fois la Karavan et la déesse Jena. Karavia ; la « Cité Profane », pour Pü et sa tribu, le lieu le plus maléfique qui soit sur l'Écorce… C'est dans son enceinte, pourtant, que fut signé l'année suivante le traité qui mit fin à la Guerre de l'Aqueduc et libéra les Trykers du joug Matis. Mais ce dernier épisode avait laissé des traces certaines dans l’inconscient du peuple des Lacs, et beaucoup de Trykers étaient demeurés en Forêt comme domestiques… à l'image du conducteur de la charrette, manifestement voué au service du Matis assoupi à son côté sur la banquette.

Версия 19:25, 24 марта 2022

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