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Et à nouveau, Pü obéit. Les jours qui suivirent furent un temps étrange et terrible. Tantôt, conscient de la cruelle réalité, le jeune Zoraï traversait des épisodes dépressifs, accompagnés de crises de panique. Durant ces moments, la voix était d’une aide considérable. Elle lui permettait de ne pas sombrer. Ces épisodes difficiles étaient entrecoupés de phases où, comme en-dehors de lui-même, Pü s'attelait à la tâche mécaniquement. Il retrouva et embauma les cent cinquante-huit corps des cent cinquante-huit membres de la tribu. Il préleva les cent cinquante-huit graines de vie qu’il figea dans un unique cube d’ambre. Il ôta soigneusement les cent trente et un masques des visages des cent trente et un adultes avant de les recouvrir d’une couche d’ambre protectrice. Il nettoya les lieux de culte du village, dont la Place du Cérémonial. Il restaura et redressa le totem brisé, sur lequel seuls les masques de ceux ayant toute leur vie respecté les préceptes du Culte Noir de Ma-Duk étaient fixés, et le recouvrit des nouveaux masques. Ceux de son père, de son oncle, de son frère, de Grand-Mère Bä-Bä et de sa mère trônaient au sommet lorsqu'il eut terminé, mais, à ses yeux, tous et toutes étaient désormais des héros. Finalement, il coiffa le masque de sa mère du diadème qu’il lui avait confectionné avant l'invasion et enterra le cube d’ambre au pied du totem.
 
Et à nouveau, Pü obéit. Les jours qui suivirent furent un temps étrange et terrible. Tantôt, conscient de la cruelle réalité, le jeune Zoraï traversait des épisodes dépressifs, accompagnés de crises de panique. Durant ces moments, la voix était d’une aide considérable. Elle lui permettait de ne pas sombrer. Ces épisodes difficiles étaient entrecoupés de phases où, comme en-dehors de lui-même, Pü s'attelait à la tâche mécaniquement. Il retrouva et embauma les cent cinquante-huit corps des cent cinquante-huit membres de la tribu. Il préleva les cent cinquante-huit graines de vie qu’il figea dans un unique cube d’ambre. Il ôta soigneusement les cent trente et un masques des visages des cent trente et un adultes avant de les recouvrir d’une couche d’ambre protectrice. Il nettoya les lieux de culte du village, dont la Place du Cérémonial. Il restaura et redressa le totem brisé, sur lequel seuls les masques de ceux ayant toute leur vie respecté les préceptes du Culte Noir de Ma-Duk étaient fixés, et le recouvrit des nouveaux masques. Ceux de son père, de son oncle, de son frère, de Grand-Mère Bä-Bä et de sa mère trônaient au sommet lorsqu'il eut terminé, mais, à ses yeux, tous et toutes étaient désormais des héros. Finalement, il coiffa le masque de sa mère du diadème qu’il lui avait confectionné avant l'invasion et enterra le cube d’ambre au pied du totem.
  
Lorsque le moment fatidique du tatouage arriva, Pü était presque soulagé. Il savait que l’épreuve serait douloureuse, peut-être plus, même, que celle de la pousse du masque. Peut-être assez, donc, pour lui faire oublier, à jamais (ou au moins pour quelques instants) cette terrible nuit. Si seulement… Il regarda son masque, encore si blanc, dans le reflet d’une bassine d’eau. Tenant le tebori de la main gauche et maintenant son menton de celle mutilée sept ans plus tôt par le général matis Sirgio di Rolo, il appliqua la pointe de l’outil, au préalable trempée dans de l’encre de charbon, contre son pouce. L’objet était constitué d’une fine tige de taleng à laquelle une rangée de fines aiguilles d’ambre était fixée. Pü cala minutieusement la pointe entre son pouce et son menton. Il était prêt. Il respira un grand coup, et d’un geste précis, exécuta un mouvement vif afin de perforer le cartilage. Un puissant éclair de douleur lui traversa l’échine. Retirant l’outil, il se pencha au-dessus de la bassine : un nouveau petit pigment noir ornait désormais le bas de son masque. Il avait encore tant à tatouer. Tant à souffrir. Tant à oublier. Souffrir pour oublier. Oui, il le voulait. Simplement pour ça, il était prêt à devenir Masque Noir. Enivré de douleur, Pü recouvrit l’entièreté de son masque en seulement quelques heures, sans s’interrompre jamais. Pris de crises hallucinatoires, il fut à nouveau projeté dans l’abîme crépusculaire qui s’était révélé à lui durant la cérémonie de la pousse de son masque, plus de sept ans auparavant. Le même vide bouillonnant. Les mêmes chants liturgiques de ses ancêtres. Ce même kami noir, qui l’emmenait rejoindre les profondeurs du monde. Ce même cœur étincelant, situé au centre d’Atys, qui irriguait d’une énergie primordiale chaque copeau de bois et morceau de chair qui se trouvait à sa portée. Ma-Duk, l’indicible.
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Lorsque le moment fatidique du tatouage arriva, Pü était presque soulagé. Il savait que l’épreuve serait douloureuse, peut-être plus, même, que celle de la pousse du masque. Peut-être assez, donc, pour lui faire oublier, à jamais (ou au moins pour quelques instants) cette terrible nuit. Si seulement… Il regarda son masque, encore si blanc, dans le reflet d’une bassine d’eau. Tenant le tebori de la main gauche et maintenant son menton de celle mutilée sept ans plus tôt par le général matis Sirgio di Rolo, il appliqua la pointe de l’outil, au préalable trempée dans de l’encre de charbon, contre son pouce. L’objet était constitué d’une fine tige de taleng à laquelle une rangée de fines aiguilles d’ambre était fixée. Pü cala minutieusement la pointe entre son pouce et son menton. Il était prêt. Il respira un grand coup, et d’un geste précis, exécuta un mouvement vif afin de perforer le cartilage. Un puissant éclair de douleur lui traversa l’échine. Retirant l’outil, il se pencha au-dessus de la bassine : un nouveau petit pigment noir ornait désormais le bas de son masque. Il avait encore tant à tatouer. Tant à souffrir. Tant à oublier. Souffrir pour oublier. Oui, il le voulait. Simplement pour ça, il était prêt à devenir Masque Noir. Enivré de douleur, Pü recouvrit l’entièreté de son masque en seulement quelques heures, sans s’interrompre jamais. Pris de crises hallucinatoires, il fut à nouveau projeté dans l’abîme crépusculaire qui s’était révélé à lui durant la cérémonie de la pousse de son masque, plus de sept ans auparavant. Le même vide bouillonnant. Les mêmes chants liturgiques de ses ancêtres. Ce même Kami Noir, qui l’emmenait rejoindre les profondeurs du monde. Ce même cœur étincelant, situé au centre d’Atys, qui irriguait d’une énergie primordiale chaque copeau de bois et morceau de chair qui se trouvait à sa portée. Ma-Duk, l’indicible.
  
 
Lorsqu’il reprit connaissance, les sens encore engourdis par la douleur, Pü ne prit même pas la peine de consulter son reflet dans la bassine. Il rassembla ses affaires et, sans non plus prendre le temps de se recueillir une dernière fois devant le totem mémoriel, scella les entrées de la souche à l’aide d’explosifs, afin que personne, jamais plus, n’y puisse pénétrer. Pour la première fois depuis plusieurs jours, et pour la dernière fois de sa vie, Pü allait quitter son foyer. À cette terrible pensée, les battements de son cœur s'accélérèrent.
 
Lorsqu’il reprit connaissance, les sens encore engourdis par la douleur, Pü ne prit même pas la peine de consulter son reflet dans la bassine. Il rassembla ses affaires et, sans non plus prendre le temps de se recueillir une dernière fois devant le totem mémoriel, scella les entrées de la souche à l’aide d’explosifs, afin que personne, jamais plus, n’y puisse pénétrer. Pour la première fois depuis plusieurs jours, et pour la dernière fois de sa vie, Pü allait quitter son foyer. À cette terrible pensée, les battements de son cœur s'accélérèrent.

Версия 18:23, 21 января 2022


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Примечания : (Lanstiril, 2022-01-21)


IX - Solitude

An 2481 de Jena

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Bélénor Nébius, narrateur

Шаблон:Portail Шаблон:Portail Catégorie:Chroniques de la Première Croisade‎


Notes de l’auteur
Bonjour cher lectorat. Je suis Bélénor Nébius, Fyros de sève, auteur de La Guerre Sacrée, scribe des Disciples du Culte Noir de Ma-Duk et indéfectible ami de Pü Fu-Tao. Avec ce neuvième chapitre se termine la première époque de notre histoire. Ouverte alors que Pü n’est âgé que de quelques mois, elle se clôt par l’événement cataclysmique qui ravagea les Anciennes Terres en 2481 de Jena, et qui sera plus tard connu sous le nom de Grand Essaim. Je dus attendre bien des années avant que Pü ose me parler de son enfance. Comme vous pouvez vous en douter, cette période ravivait en lui de douloureux souvenirs. D’ailleurs, si je parvins au cours de nos discussions à deviner de joyeux et tendres moments passés, les événements violents restaient ceux dont il parlait avec le plus de précision, d’où la sombre atmosphère qui se dégage de ces premiers chapitres.
L’époque suivante contera le voyage, tout aussi ténébreux, du Masque Noir, ses rencontres avec ceux qui deviendront ses alliés ou ses ennemis, et in fine, la nôtre. Jamais je n’oublierai ce moment, qui me transforma de manière irréversible. À ce stade de votre lecture, Pü est à la recherche d’un Fyros et d’une Matisse. Les plus érudits d’entre vous auront relevé les noms de Damakian, Rory, et même celui de Kalbatcha. Si ces noms ne n’évoquent probablement rien à la plupart d’entre vous, leur énoncé a pu plonger certains dans la perplexité. Que ces derniers sachent que je comprends totalement leur ressenti. Il fut le mien lorsque, déjà âgé et finalement parvenu sur les Nouvelles Terres, je rencontrai par hasard certains de ces homins, qui en de nombreux points, me rappelaient le groupe que Pü, moi et tant d’autres avions formé autrefois. Des homins que nous n’avions jamais rencontrés, et dont les noms nous avaient pourtant été révélés, bien avant leur naissance. Était-ce le fruit du hasard, une cruelle plaisanterie, où l’incarnation même du destin ? Encore aujourd’hui, alors que j’écris ces quelques mots, je ne saurais le dire. Mais comme vous le verrez plus tard, cette étrangeté n’est que l’une de celles, nombreuses qui ponctuèrent notre voyage, et qui de tant de manières différentes, unissent notre passé à votre présent. Ma-Duk veille derrière chaque fragment de matière d’Atys, et par-delà l’espace et le temps, tisse entre eux la toile de son Grand Œuvre.