Внутреннее тестирование Вики/IX — различия между версиями

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« Ce nom… À qui appartient-il ? Et ces souvenirs… sont-ils réels ? »
 
« Ce nom… À qui appartient-il ? Et ces souvenirs… sont-ils réels ? »
  
Pü la dévisagea à son tour, plein d’incompréhension. Et sans qu’il ne comprenne pourquoi, un air ébahi se dessina derrière le masque de la vénérable Zoraï. Elle s’affaissa sur le sol, presque souriante. Pü l’accompagna et se pencha vers elle.
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Pü la dévisagea à son tour, plein d’incompréhension. Et sans qu’il ne sache pourquoi, un air ébahi se dessina derrière le masque de la vénérable Zoraï. Elle s’affaissa sur le sol, presque souriante. Pü l’accompagna et se pencha vers elle.
  
 
« Oh… Je vois… Je vois, mon enfant… Tout se répète, car rien n’est certain… Il tâtonne… Il doute, lui aussi… Courage, Pü… Courage… Tu trouveras un moyen, j’ai confiance en toi… »
 
« Oh… Je vois… Je vois, mon enfant… Tout se répète, car rien n’est certain… Il tâtonne… Il doute, lui aussi… Courage, Pü… Courage… Tu trouveras un moyen, j’ai confiance en toi… »
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Personne. Il n’y avait définitivement personne. Pü saisit les cornes de son masque.
 
Personne. Il n’y avait définitivement personne. Pü saisit les cornes de son masque.
  
« Ça y est, je deviens fou, j’entends des voix. » pensa-t-il.
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« Ça y est, je deviens fou, j’entends des voix, pensa-t-il.
 
   
 
   
 
— Tu n’es pas fou, mon garçon. Tout le monde entend des voix. Chaque matin, à ton réveil, lorsque tu rechignes à quitter ta couche, une voix t’apporte de la motivation. Lorsque tu sertis tes bijoux, une autre t’aide à te concentrer. Chacun entend des voix. Sa propre voix, des voix étrangères, celle de dieux… Alors, quelle importance ? Ce qui compte, ce sont les conseils que la voix te prodigue. Et là, je te conseille ardemment de te lever ! »
 
— Tu n’es pas fou, mon garçon. Tout le monde entend des voix. Chaque matin, à ton réveil, lorsque tu rechignes à quitter ta couche, une voix t’apporte de la motivation. Lorsque tu sertis tes bijoux, une autre t’aide à te concentrer. Chacun entend des voix. Sa propre voix, des voix étrangères, celle de dieux… Alors, quelle importance ? Ce qui compte, ce sont les conseils que la voix te prodigue. Et là, je te conseille ardemment de te lever ! »
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— Ah ! En voilà une question intéressante. Bien que nous nous soyons déjà rencontrés il y a quelques années, mon souvenir te reviendra uniquement lorsque tu n’auras plus besoin de moi. En attendant, tu sais ce que tu dois faire : préparer le rite funéraire de tes proches. Mais avant tout, je t’en prie, va faire ta toilette ! »
 
— Ah ! En voilà une question intéressante. Bien que nous nous soyons déjà rencontrés il y a quelques années, mon souvenir te reviendra uniquement lorsque tu n’auras plus besoin de moi. En attendant, tu sais ce que tu dois faire : préparer le rite funéraire de tes proches. Mais avant tout, je t’en prie, va faire ta toilette ! »
  
Et à nouveau, Pü obéit. Les jours qui suivirent furent un temps étrange et terrible. Tantôt, conscient de la cruelle réalité, le jeune Zoraï traversait des épisodes dépressifs, accompagnés de crises de panique. Durant ces moments, la voix était d’une aide considérable. Elle lui permettait de ne pas sombrer. Ces épisodes difficiles étaient entrecoupés de phases où, comme en-dehors de lui-même, Pü s'attelait à la tâche mécaniquement. Il retrouva et embauma les cent cinquante-huit corps des cent cinquante-huit membres de la tribu. Il préleva les cent cinquante-huit graines de vie qu’il figea dans un unique cube d’ambre. Il ôta soigneusement les cent trente et un masques des visages des cent trente et un adultes avant de les recouvrir d’une couche d’ambre protectrice. Il nettoya les lieux de culte du village, dont la Place du Cérémonial. Il restaura et redressa le totem brisé, sur lequel seuls les masques de ceux ayant toute leur vie respecté les préceptes du Culte Noir de Ma-Duk étaient fixés, et le recouvrit des nouveaux masques. Ceux de son père, de son oncle, de son frère, de Grand-Mère Bä-Bä et de sa mère trônaient au sommet lorsqu'il eut terminé, mais, à ses yeux, tous et toutes étaient désormais des héros. Finalement, il coiffa le masque de sa mère du diadème qu’il lui avait confectionné avant l'invasion et enterra le cube d’ambre au pied du totem.
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Et à nouveau, Pü obéit. Les jours qui suivirent furent un temps étrange et terrible. Tantôt, conscient de la cruelle réalité, le jeune Zoraï traversait des épisodes dépressifs, accompagnés de crises de panique. Durant ces moments, la voix était d’une aide considérable. Elle lui permettait de ne pas sombrer. Ces épisodes difficiles étaient entrecoupés de phases où, comme en-dehors de lui-même, Pü s'attelait à la tâche mécaniquement. Il retrouva et embauma les cent cinquante-huit corps des cent cinquante-huit membres de la tribu. Il préleva les cent cinquante-huit graines de vie qu’il figea dans un unique cube d’ambre. Il ôta soigneusement les cent trente et un masques des visages des cent trente et un adultes avant de les recouvrir d’une couche d’ambre protectrice. Il nettoya les lieux de culte du village, dont la Place du Cérémonial. Il restaura et redressa le totem brisé, sur lequel seuls les masques de ceux ayant toute leur vie respecté les préceptes du Culte Noir de Ma-Duk étaient fixés, et le recouvrit des nouveaux masques. Ceux de son père, de son oncle, de son frère, de Grand-Mère Bä-Bä et de sa mère trônaient au sommet lorsqu'il eut terminé, mais, à ses yeux, tous et toutes étaient désormais des héros. Finalement, il coiffa le masque de sa mère du diadème qu’il lui avait confectionné avant l'invasion et enfouit le cube d’ambre au pied du totem.
  
 
Lorsque le moment fatidique du tatouage arriva, Pü était presque soulagé. Il savait que l’épreuve serait douloureuse, peut-être plus, même, que celle de la pousse du masque. Peut-être assez, donc, pour lui faire oublier, à jamais (ou au moins pour quelques instants) cette terrible nuit. Si seulement… Il regarda son masque, encore si blanc, dans le reflet d’une bassine d’eau. Tenant le tebori de la main gauche et maintenant son menton de celle mutilée sept ans plus tôt par le général matis Sirgio di Rolo, il appliqua la pointe de l’outil, au préalable trempée dans de l’encre de charbon, contre son pouce. L’objet était constitué d’une fine tige de taleng à laquelle une rangée de fines aiguilles d’ambre était fixée. Pü cala minutieusement la pointe entre son pouce et son menton. Il était prêt. Il respira un grand coup, et d’un geste précis, exécuta un mouvement vif afin de perforer le cartilage. Un puissant éclair de douleur lui traversa l’échine. Retirant l’outil, il se pencha au-dessus de la bassine : un nouveau petit pigment noir ornait désormais le bas de son masque. Il avait encore tant à tatouer. Tant à souffrir. Tant à oublier. Souffrir pour oublier. Oui, il le voulait. Simplement pour ça, il était prêt à devenir Masque Noir. Enivré de douleur, Pü recouvrit l’entièreté de son masque en seulement quelques heures, sans s’interrompre jamais. Pris de crises hallucinatoires, il fut à nouveau projeté dans l’abîme crépusculaire qui s’était révélé à lui durant la cérémonie de la pousse de son masque, plus de sept ans auparavant. Le même vide bouillonnant. Les mêmes chants liturgiques de ses ancêtres. Ce même Kami Noir, qui l’emmenait rejoindre les profondeurs du monde. Ce même cœur étincelant, situé au centre d’Atys, qui irriguait d’une énergie primordiale chaque copeau de bois et morceau de chair qui se trouvait à sa portée. Ma-Duk, l’indicible.
 
Lorsque le moment fatidique du tatouage arriva, Pü était presque soulagé. Il savait que l’épreuve serait douloureuse, peut-être plus, même, que celle de la pousse du masque. Peut-être assez, donc, pour lui faire oublier, à jamais (ou au moins pour quelques instants) cette terrible nuit. Si seulement… Il regarda son masque, encore si blanc, dans le reflet d’une bassine d’eau. Tenant le tebori de la main gauche et maintenant son menton de celle mutilée sept ans plus tôt par le général matis Sirgio di Rolo, il appliqua la pointe de l’outil, au préalable trempée dans de l’encre de charbon, contre son pouce. L’objet était constitué d’une fine tige de taleng à laquelle une rangée de fines aiguilles d’ambre était fixée. Pü cala minutieusement la pointe entre son pouce et son menton. Il était prêt. Il respira un grand coup, et d’un geste précis, exécuta un mouvement vif afin de perforer le cartilage. Un puissant éclair de douleur lui traversa l’échine. Retirant l’outil, il se pencha au-dessus de la bassine : un nouveau petit pigment noir ornait désormais le bas de son masque. Il avait encore tant à tatouer. Tant à souffrir. Tant à oublier. Souffrir pour oublier. Oui, il le voulait. Simplement pour ça, il était prêt à devenir Masque Noir. Enivré de douleur, Pü recouvrit l’entièreté de son masque en seulement quelques heures, sans s’interrompre jamais. Pris de crises hallucinatoires, il fut à nouveau projeté dans l’abîme crépusculaire qui s’était révélé à lui durant la cérémonie de la pousse de son masque, plus de sept ans auparavant. Le même vide bouillonnant. Les mêmes chants liturgiques de ses ancêtres. Ce même Kami Noir, qui l’emmenait rejoindre les profondeurs du monde. Ce même cœur étincelant, situé au centre d’Atys, qui irriguait d’une énergie primordiale chaque copeau de bois et morceau de chair qui se trouvait à sa portée. Ma-Duk, l’indicible.

Версия 03:03, 20 марта 2022

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