Внутреннее тестирование Вики/VIII — различия между версиями

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{{NavChap|[[Chapitre VII - Occire et polir]]|[[Chroniques de la Première Croisade#Table des matières|Table des matières]]|[[Chapitre IX - Solitude]]}}
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Étrangement, ce rapport n’était en rien semblable à nul des précédents, où l’espèce était constamment décrite comme particulièrement désorganisée et individualiste. Les seigneurs kizaraks s’étaient-ils trompés, ou, pire, avaient-ils été dupés par l’ennemi ? Ce nid était-il simplement composé d’individus particulièrement éveillés, ou existait-il une entité directrice, semblable à une Reine Kitin, contrôlant l’espèce dans l’ombre ? Quelle que soit la réponse à ces questions, ces créatures représentaient un danger pour les projets de la Nuée Ardente, et pour le kinkoo, cela impliquait une seule chose : il devait se rendre sur place pour éradiquer la menace, et faire part de ce qu’il découvrirait à ses supérieurs. Une nouvelle vague d’effluves envahit l’espace, et ses sbires, jusqu’alors paralysés, s'activèrent en toute hâte, suivant les nouvelles consignes olfactives de leur maître. Oui, il avait fait l’erreur de sous-estimer ces chétives créatures. Mais qu’en était-il d’elles ? Après cette victoire éclatante, s’estimaient-elles à l’abri de toute défaite ? Considéraient-elles les Kitins comme des êtres stupides ? Le kinkoo l’espérait. Car plus leur stupeur serait grande, plus leur débâcle serait totale. Il comptait se venger, les humilier. Laver l’affront qu’il avait subi avec leur sang, voilà ce qu’il désirait.
 
Étrangement, ce rapport n’était en rien semblable à nul des précédents, où l’espèce était constamment décrite comme particulièrement désorganisée et individualiste. Les seigneurs kizaraks s’étaient-ils trompés, ou, pire, avaient-ils été dupés par l’ennemi ? Ce nid était-il simplement composé d’individus particulièrement éveillés, ou existait-il une entité directrice, semblable à une Reine Kitin, contrôlant l’espèce dans l’ombre ? Quelle que soit la réponse à ces questions, ces créatures représentaient un danger pour les projets de la Nuée Ardente, et pour le kinkoo, cela impliquait une seule chose : il devait se rendre sur place pour éradiquer la menace, et faire part de ce qu’il découvrirait à ses supérieurs. Une nouvelle vague d’effluves envahit l’espace, et ses sbires, jusqu’alors paralysés, s'activèrent en toute hâte, suivant les nouvelles consignes olfactives de leur maître. Oui, il avait fait l’erreur de sous-estimer ces chétives créatures. Mais qu’en était-il d’elles ? Après cette victoire éclatante, s’estimaient-elles à l’abri de toute défaite ? Considéraient-elles les Kitins comme des êtres stupides ? Le kinkoo l’espérait. Car plus leur stupeur serait grande, plus leur débâcle serait totale. Il comptait se venger, les humilier. Laver l’affront qu’il avait subi avec leur sang, voilà ce qu’il désirait.
 
{{Couillard}}
 
{{Couillard}}
Quelques heures s’étaient écoulées depuis la fin de l'assaut. La nuit serait bientôt tombée. Malgré sa dimension, le monstrueux essaim avait été entièrement contenu et anéanti. Pourtant, la victoire n’était pas parfaite. L'immense souche qui assurait d’ordinaire la protection au village avait été profondément meurtrie et trente-trois de ses habitants étaient morts suite aux nombreux effondrements qu’elle avait subi. C’étaient des bambins et des anciens, trop faibles pour fuir à temps, alors que ceux chargés de veiller sur eux étaient trop occupés plus bas à repousser le gros des envahisseurs. Sur la Place du Cérémonial, des soldats gorgés de magie salvatrice, aucun n’avait péri. Telle était la triste ironie de la guerre. Si les nombreuses carcasses des monstres avaient pour la plupart été incinérées, certaines furent préservées pour étude. Et alors que les corps des défunts étaient en train d’être préparés pour la cérémonie funéraire, un petit groupe de soldats expérimentés fut envoyé en mission de reconnaissance dans la brèche par laquelle les créatures avaient pénétré la souche.
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Quelques heures s’étaient écoulées depuis la fin de l'assaut. La nuit serait bientôt tombée. Malgré sa dimension, le monstrueux essaim avait été entièrement contenu et anéanti. Pourtant, la victoire n’était pas parfaite. L'immense souche qui assurait d’ordinaire la protection au village avait été profondément meurtrie et trente-trois de ses habitants étaient morts suite aux nombreux effondrements qu’elle avait subis. C’étaient des bambins et des anciens, trop faibles pour fuir à temps, alors que ceux chargés de veiller sur eux étaient trop occupés plus bas à repousser le gros des envahisseurs. Sur la Place du Cérémonial, des soldats gorgés de magie salvatrice, aucun n’avait péri. Telle était la triste ironie de la guerre. Si les nombreuses carcasses des monstres avaient pour la plupart été incinérées, certaines furent préservées pour étude. Et alors que les corps des défunts étaient en train d’être préparés pour la cérémonie funéraire, un petit groupe de soldats expérimentés fut envoyé en mission de reconnaissance dans la brèche par laquelle les créatures avaient pénétré la souche.
  
 
Pü eut le soulagement d’apprendre que sa mère, assignée à la protection de Grand-Mère Bä-Bä, n’avait eu aucun mal à se débarrasser des quelques créatures qui avaient réussi à les approcher. Pour autant, il n’avait pas encore eu l’occasion de la revoir, tant il y avait à faire dans le champ de ruines qu’était devenu le village. Et c’est alors qu'il s'occupait, comme bien d’autres, à réduire en cendres un amas de restes chitineux, qu’il fut interpellé par Niï :
 
Pü eut le soulagement d’apprendre que sa mère, assignée à la protection de Grand-Mère Bä-Bä, n’avait eu aucun mal à se débarrasser des quelques créatures qui avaient réussi à les approcher. Pour autant, il n’avait pas encore eu l’occasion de la revoir, tant il y avait à faire dans le champ de ruines qu’était devenu le village. Et c’est alors qu'il s'occupait, comme bien d’autres, à réduire en cendres un amas de restes chitineux, qu’il fut interpellé par Niï :
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« Ces monstres sentent horriblement fort. Si d’autres étaient en route, nous en serions déjà avertis, non ? Nos guerriers devraient bientôt rentrer, ne t’en fais pas. »
 
« Ces monstres sentent horriblement fort. Si d’autres étaient en route, nous en serions déjà avertis, non ? Nos guerriers devraient bientôt rentrer, ne t’en fais pas. »
  
C’était réponse logique. Enfin… la première qui lui vint à l’esprit, plutôt. Car, en vérité, il n’avait pas prêté grande attention à la question qui manifestait l’inquiétude de son frère. Il pensait à autre chose. Il pensait à leur mère. On avait beau lui avoir affirmé qu’elle allait bien, il aurait voulu s’en assurer par lui-même. Parfois, il levait les yeux vers les niveaux supérieurs de la souche, espérant apercevoir Looï parmi les villageois affairés à effacer les stigmates de la bataille. Mais sans succès : à aucun moment il ne vit passer la silhouette qu’il connaissait par cœur.
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C’était une réponse logique. Enfin… la première qui lui vint à l’esprit, plutôt. Car, en vérité, il n’avait pas prêté grande attention à la question qui manifestait l’inquiétude de son frère. Il pensait à autre chose. Il pensait à leur mère. On avait beau lui avoir affirmé qu’elle allait bien, il aurait voulu s’en assurer par lui-même. Parfois, il levait les yeux vers les niveaux supérieurs de la souche, espérant apercevoir Looï parmi les villageois affairés à effacer les stigmates de la bataille. Mais sans succès : à aucun moment il ne vit passer la silhouette qu’il connaissait par cœur.
  
 
« J’espère que tu as raison. En tout cas, père te demande », répondit son frère.
 
« J’espère que tu as raison. En tout cas, père te demande », répondit son frère.
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En un éclair, son oncle inclina son bouclier vers l’arrière, alors qu’au même moment, Sang sautait à pieds joints dessus. Tenant fermement la plaque protectrice du bras gauche, Ke’val n'eut qu'à infuser de la Sève dans son bras droit pour démultiplier sa force, et à écraser sa main sur l’arrière du bouclier afin de propulser son frère en direction du titanesque insecte. Le kinkoo, qui ne s’attendait pas à ce que les homins l’attaquent alors qu’il tentait de communiquer, et surtout pas depuis les airs, ne réagit pas à temps. Lancé tel un projectile par son Ombre, le Masque Noir atteignit la créature au moment où celle-ci commençait à lever l’un de ses gigantesques membres acérés, prêt à frapper. Rapide, Sang profita de la prise ainsi offerte pour l’agripper et bondir sur son abdomen hérissé d’épines. Tandis qu’il dégainait son épée, Ke'val, demeuré au sol, commença d’incanter des sorts neutralisants et débilitants, dans l’espoir de contenir le colosse de chitine. Une nouvelle vague d’effluves, cette fois-ci bien plus acerbes, envahit alors l’espace : incapacité par les pouvoirs du magicien et incapable de se débarrasser du guerrier qui venait de frapper l'arrière de son crâne avec son arme, le monstrueux insecte exprimait sa colère.
 
En un éclair, son oncle inclina son bouclier vers l’arrière, alors qu’au même moment, Sang sautait à pieds joints dessus. Tenant fermement la plaque protectrice du bras gauche, Ke’val n'eut qu'à infuser de la Sève dans son bras droit pour démultiplier sa force, et à écraser sa main sur l’arrière du bouclier afin de propulser son frère en direction du titanesque insecte. Le kinkoo, qui ne s’attendait pas à ce que les homins l’attaquent alors qu’il tentait de communiquer, et surtout pas depuis les airs, ne réagit pas à temps. Lancé tel un projectile par son Ombre, le Masque Noir atteignit la créature au moment où celle-ci commençait à lever l’un de ses gigantesques membres acérés, prêt à frapper. Rapide, Sang profita de la prise ainsi offerte pour l’agripper et bondir sur son abdomen hérissé d’épines. Tandis qu’il dégainait son épée, Ke'val, demeuré au sol, commença d’incanter des sorts neutralisants et débilitants, dans l’espoir de contenir le colosse de chitine. Une nouvelle vague d’effluves, cette fois-ci bien plus acerbes, envahit alors l’espace : incapacité par les pouvoirs du magicien et incapable de se débarrasser du guerrier qui venait de frapper l'arrière de son crâne avec son arme, le monstrueux insecte exprimait sa colère.
  
Pü demeura figé quelques secondes. Le discours de son père ne laissait pas de le surprendre et occupait désormais toutes ses pensées. Était-il réellement fier de lui ? Depuis son retour d’exil, quelques années auparavant, Pü était en conflit public avec le Masque Noir. Alors pourquoi ce discours, pourquoi maintenant ? Était-il réellement fier de lui ? Comme lassé par les interminables questionnements intérieurs dont le Zoraï était coutumier, le ciel lui répondit par un grondement sourd. Enfin, Pü crut qu’il s’agissait du ciel. Levant la tête vers les hauteurs de la souche, son cœur se souleva d'allégresse, lorsqu’il comprit qu’il n’en était rien : de gigantesques éclairs incandescents étaient en train de balayer l’espace depuis la racine sur laquelle la hutte de Grand-Mère Bä-Bä était construite ; sa mère était, en cet instant, en train de démontrer en quoi elle était définitivement l’individu le plus puissant de la tribu. Il ne fallait que quelques secondes à ses arcs de lumière acérés pour réduire en cendre les monstres noirs, qui, conscients de la dangerosité de leur adversaire, s'amassaient dans sa direction pour la submerger. Bien que Pü supposât que Grand-Mère Bä-Bä était en train de soutenir magiquement sa mère, il savait aussi qu’elle ne pourrait pas faire indéfiniment étalage de sa supériorité. Pu s'imagina accourir la rejoindre, mais son frère, en lui donnant un coup sur l’épaule, ne lui laissa pas le temps de réfléchir plus longuement.
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Pü demeura figé quelques secondes. Le discours de son père ne laissait pas de le surprendre et occupait désormais toutes ses pensées. Était-il réellement fier de lui ? Depuis son retour d’exil, quelques années auparavant, Pü était en conflit public avec le Masque Noir. Alors pourquoi ce discours, pourquoi maintenant ? Était-il réellement fier de lui ? Comme lassé par les interminables questionnements intérieurs dont le Zoraï était coutumier, le ciel lui répondit par un grondement sourd. Enfin, Pü crut qu’il s’agissait du ciel. Levant la tête vers les hauteurs de la souche, son cœur se souleva d'allégresse, lorsqu’il comprit qu’il n’en était rien : de gigantesques éclairs incandescents étaient en train de balayer l’espace depuis la racine sur laquelle la hutte de Grand-Mère Bä-Bä était construite ; sa mère était, en cet instant, en train de démontrer en quoi elle était définitivement l’individu le plus puissant de la tribu. Il ne fallait que quelques secondes à ses arcs de lumière acérés pour réduire en cendre les monstres noirs, qui, conscients de la dangerosité de leur adversaire, s'amassaient dans sa direction pour la submerger. Bien que Pü supposât que Grand-Mère Bä-Bä était en train de soutenir magiquement sa mère, il savait aussi qu’elle ne pourrait pas faire indéfiniment étalage de sa supériorité. s'imagina accourir la rejoindre, mais son frère, en lui donnant un coup sur l’épaule, ne lui laissa pas le temps de réfléchir plus longuement.
  
 
D'autant que les deux gardes du monstrueux commandant kitin s'étaient rapprochés dangereusement. Décidant de laisser de l’espace pour leur père et leur oncle, Pü et Niï infusèrent de la Sève dans leurs cuisses et sortirent de la fosse en deux bonds. Les deux créatures les suivirent en maintenant l’écart, comme pour les jauger. Les deux frères reculèrent sans les lâcher du regard. Progressivement, elles s’éloignèrent l’une de l’autre, et se mirent à les contourner tout en avançant. Acculés, Pü et Niï s’arrêtèrent, dos à dos. Les deux kinreys leur tournaient désormais autour. À nouveau, leur façon d’agir n’avait rien à voir avec celle des premiers monstres qu’ils avaient rencontrés. Le combat s’annonçait bien plus difficile que le précédent. Pour les vaincre, ils devraient agir de concert avec une extrême concentration. Leurs armes étaient enchantées depuis le début de la bataille, et leurs poches étaient pleines de cristaux de Sève permettant de les alimenter en magie. Ils étaient prêts. Pü dégaina son épée courte et sa dague, Niï sa hachette et sa rondache, et tous deux foncèrent chacun sur une créature. Sa lame ayant rebondi sur la carapace ébène au premier coup qu’il porta, Pü sut que le combat serait long. À la première effusion de sang suintant de l’armure de Niï, il sut qu’ils n’auraient pas le droit à l’erreur. Le combat s’annonçait éreintant, physiquement et psychologiquement. Esquivant d’abord, grâce à de petits bonds, les attaques de son adversaire tout en surveillant son frère du coin de l’œil, le jeune guerrier rengaina ensuite ses armes pour glisser sans tarder ses mains à l’intérieur de ses amplificateurs de magie, sans même baisser les yeux. À peine les eut-il enfilés que les premières salves de magie salvatrice fusèrent en direction de son frère. Durant la manœuvre, et malgré son habileté, Pü ne réussit pas à esquiver l’un des nombreux coups de patte que son assaillant tentait de lui porter : une pointe acérée transperça son plastron jusqu'à la chair. La douleur, bien qu’intense, fut de courte durée. En effet, à peine sentit-il le flot de sang se déverser que le sortilège de soin envoyé en réponse par son frère referma la blessure. Soignés, les deux guerriers reprirent leurs armes aussi rapidement qu’ils les avaient rengainées et foncèrent à nouveau sur leurs proies. Les deux frères étaient rompus à cette façon de combattre, qui faisait la fierté de la tribu et expliquait la crainte qu’elle inspirait. Ni formations, ni rôles prédéfinis. Ils étaient à la fois le bouclier, l’arme et le remède.
 
D'autant que les deux gardes du monstrueux commandant kitin s'étaient rapprochés dangereusement. Décidant de laisser de l’espace pour leur père et leur oncle, Pü et Niï infusèrent de la Sève dans leurs cuisses et sortirent de la fosse en deux bonds. Les deux créatures les suivirent en maintenant l’écart, comme pour les jauger. Les deux frères reculèrent sans les lâcher du regard. Progressivement, elles s’éloignèrent l’une de l’autre, et se mirent à les contourner tout en avançant. Acculés, Pü et Niï s’arrêtèrent, dos à dos. Les deux kinreys leur tournaient désormais autour. À nouveau, leur façon d’agir n’avait rien à voir avec celle des premiers monstres qu’ils avaient rencontrés. Le combat s’annonçait bien plus difficile que le précédent. Pour les vaincre, ils devraient agir de concert avec une extrême concentration. Leurs armes étaient enchantées depuis le début de la bataille, et leurs poches étaient pleines de cristaux de Sève permettant de les alimenter en magie. Ils étaient prêts. Pü dégaina son épée courte et sa dague, Niï sa hachette et sa rondache, et tous deux foncèrent chacun sur une créature. Sa lame ayant rebondi sur la carapace ébène au premier coup qu’il porta, Pü sut que le combat serait long. À la première effusion de sang suintant de l’armure de Niï, il sut qu’ils n’auraient pas le droit à l’erreur. Le combat s’annonçait éreintant, physiquement et psychologiquement. Esquivant d’abord, grâce à de petits bonds, les attaques de son adversaire tout en surveillant son frère du coin de l’œil, le jeune guerrier rengaina ensuite ses armes pour glisser sans tarder ses mains à l’intérieur de ses amplificateurs de magie, sans même baisser les yeux. À peine les eut-il enfilés que les premières salves de magie salvatrice fusèrent en direction de son frère. Durant la manœuvre, et malgré son habileté, Pü ne réussit pas à esquiver l’un des nombreux coups de patte que son assaillant tentait de lui porter : une pointe acérée transperça son plastron jusqu'à la chair. La douleur, bien qu’intense, fut de courte durée. En effet, à peine sentit-il le flot de sang se déverser que le sortilège de soin envoyé en réponse par son frère referma la blessure. Soignés, les deux guerriers reprirent leurs armes aussi rapidement qu’ils les avaient rengainées et foncèrent à nouveau sur leurs proies. Les deux frères étaient rompus à cette façon de combattre, qui faisait la fierté de la tribu et expliquait la crainte qu’elle inspirait. Ni formations, ni rôles prédéfinis. Ils étaient à la fois le bouclier, l’arme et le remède.
Строка 104: Строка 104:
 
« Non ! Père nous a ordonné de rester ensemble ! rétorqua-t-il cependant.
 
« Non ! Père nous a ordonné de rester ensemble ! rétorqua-t-il cependant.
  
— Pü… je sais que tu rêves, comme moi, d’aller vérifier si maman va bien. Alors obéis-moi, s'il te plaît !
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— Pü… Je sais que tu rêves, comme moi, d’aller vérifier si maman va bien. Alors obéis-moi, s'il te plaît !
  
 
— Mais, Niï, je suis ton Ombre, je ne peux pas te laisser courir ce risque ! À la mort de père, tu deviendras Masque Noir, je dois te protéger coûte que coûte ! La Prophétie dit que… »
 
— Mais, Niï, je suis ton Ombre, je ne peux pas te laisser courir ce risque ! À la mort de père, tu deviendras Masque Noir, je dois te protéger coûte que coûte ! La Prophétie dit que… »
Строка 114: Строка 114:
 
Niï fixait toujours la fosse. Il reprit, et sa voix dérailla.
 
Niï fixait toujours la fosse. Il reprit, et sa voix dérailla.
  
« D’ailleurs, personne n’y a jamais vraiment cru… sauf Père. Tout le monde le sait Pü. Tout le monde l’a compris. »
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« D’ailleurs, personne n’y a jamais vraiment cru… Sauf père. Tout le monde le sait Pü. Tout le monde l’a compris. »
  
 
Pü se frotta le masque et bégaya.
 
Pü se frotta le masque et bégaya.
  
« Qu’est-ce que ? De… de quoi parles-tu Niï ? »
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« Qu’est-ce que ? De… De quoi parles-tu Niï ? »
  
 
Alors, son frère le regarda. Ses yeux brillaient d’un éclat inhabituel et des larmes coulaient sur son masque.
 
Alors, son frère le regarda. Ses yeux brillaient d’un éclat inhabituel et des larmes coulaient sur son masque.
Строка 126: Строка 126:
 
Abasourdi, Pü ne sut quoi répondre. Alors, son frère fit une chose qu’il n’avait plus fait depuis des années. La dernière fois, lorsqu’ils n’étaient pas encore rivaux. La dernière fois, lorsqu’ils étaient enfants. Il se pencha vers lui et colla son front contre le sien.
 
Abasourdi, Pü ne sut quoi répondre. Alors, son frère fit une chose qu’il n’avait plus fait depuis des années. La dernière fois, lorsqu’ils n’étaient pas encore rivaux. La dernière fois, lorsqu’ils étaient enfants. Il se pencha vers lui et colla son front contre le sien.
  
« En revanche, s’il y a bien quelque chose qui n’est pas un mensonge, c’est le fait que je t’aime, petit frère. Maman et Grand-Mère Bä-Bä sont les deux êtres les plus importants du village, tu le sais comme moi. Notre destin repose entièrement sur elles. Et de nous deux, toi seul peut les protéger ! »
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« En revanche, s’il y a bien quelque chose qui n’est pas un mensonge, c’est le fait que je t’aime, petit frère. Maman et Grand-Mère Bä-Bä sont les deux êtres les plus importants du village, tu le sais comme moi. Notre destin repose entièrement sur elles. Et de nous deux, toi seul peux les protéger ! »
  
 
Niï abattit ses mains sur les épaules de son frère, toujours muet. Il le fit pivoter et le poussa durement dans le dos.
 
Niï abattit ses mains sur les épaules de son frère, toujours muet. Il le fit pivoter et le poussa durement dans le dos.
Строка 138: Строка 138:
 
Cette voix, c’était celle du Masque Noir. La foi disparut et le désespoir envahit Pü. Glacé d’horreur, il fit instantanément demi-tour tout en enfilant ses amplificateurs. Maudit soit-il. Jamais il l’aurait dû laisser Niï seul, il le savait. Infusant tout ce qu’il put de Sève dans ses jambes, il fit gonfler ses muscles et accéléra. La fosse n’était qu'à quelques enjambées, tout s’arrangerait bientôt. Mais alors qu’il s'apprêtait à bondir, le ciel s’obscurcit. Pü leva la tête : un énorme morceau d’écorce noirci par le feu était en train de chuter. Il tenta de dévier sa course pour esquiver la collision imminente, mais trop de vitesse accumulée eut raison de sa jambe gauche qui céda sous l’effet du brusque changement de direction. Pü s'effondra sur le bord de la fosse et n'eut que le temps d'apercevoir son frère, les pieds dans le vide, le corps transpercé par l’une des énormes pattes noire d’un kinrey, avant que le bloc noir ne le heurte de plein fouet et que sa tête ne percute violemment le sol. Instinctivement, il infusa de la Sève au niveau de son crâne afin de réparer le traumatisme, mais un voile noir commençait déjà à brouiller sa vue. Non, il ne pouvait pas tomber dans le coma ! Pas maintenant ! Il se concentra autant qu’il put sur la lésion cérébrale, seul point de lumière dans les ténèbres. Mais ses sens s’éteignirent, un à un, et il sombra.
 
Cette voix, c’était celle du Masque Noir. La foi disparut et le désespoir envahit Pü. Glacé d’horreur, il fit instantanément demi-tour tout en enfilant ses amplificateurs. Maudit soit-il. Jamais il l’aurait dû laisser Niï seul, il le savait. Infusant tout ce qu’il put de Sève dans ses jambes, il fit gonfler ses muscles et accéléra. La fosse n’était qu'à quelques enjambées, tout s’arrangerait bientôt. Mais alors qu’il s'apprêtait à bondir, le ciel s’obscurcit. Pü leva la tête : un énorme morceau d’écorce noirci par le feu était en train de chuter. Il tenta de dévier sa course pour esquiver la collision imminente, mais trop de vitesse accumulée eut raison de sa jambe gauche qui céda sous l’effet du brusque changement de direction. Pü s'effondra sur le bord de la fosse et n'eut que le temps d'apercevoir son frère, les pieds dans le vide, le corps transpercé par l’une des énormes pattes noire d’un kinrey, avant que le bloc noir ne le heurte de plein fouet et que sa tête ne percute violemment le sol. Instinctivement, il infusa de la Sève au niveau de son crâne afin de réparer le traumatisme, mais un voile noir commençait déjà à brouiller sa vue. Non, il ne pouvait pas tomber dans le coma ! Pas maintenant ! Il se concentra autant qu’il put sur la lésion cérébrale, seul point de lumière dans les ténèbres. Mais ses sens s’éteignirent, un à un, et il sombra.
 
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