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Tout commença en 2432, sous le règne du sharükos Abylus, l’Empereur du peuple fyros, lorsque des mineurs découvrirent accidentellement de mystérieuses ruines dans les Primes Racines. Encouragés par cette découverte, le peuple fyros entreprit des chantiers de fouilles archéologiques partout dans le Désert, et de plus en plus profondément. Malheureusement, deux ans plus tard, un gigantesque incendie se déclara dans les Mines d’Ambre de Coriolis et embrasa les terres desséchées environnantes. Le feu s'étendit rapidement aux territoires homins, ravageant la ville de Coriolis, et formant une traînée ardente jusqu'aux grandes forêts des Matis. L’incendie fit rage des semaines durant, coupant le gigantesque aqueduc alimenté par des éoliennes qui reliait le Désert à la région des Lacs. L’Aqueduc, dont la construction avait débuté en 2289, symbolisait l’alliance commerciale et militaire qui unissait les deux peuples : l’Empire s’engageait à protéger la Fédération de Trykoth, qui fournissait en échange de l’eau en abondance au peuple fyros ''via'' la Route de l’Eau. L’essor de l’Empire Fyros devait beaucoup à l’Aqueduc et à sa route commerciale. Accusant les mineurs fyros d’être responsables de cette catastrophe, l'Empereur en profita pour placer les guildes de mineurs sous juridiction impériale et pour élaborer le Code des Mines, supposé renforcer les droits des mineurs et les devoirs des chefs de guilde. Malheureusement, de nombreuses guildes durent mettre la clé sous la porte, trop impactées par les implacables nouvelles lois. La majorité s’y plia cependant, et cela même s’il n’était désormais plus possible de financer des fouilles ambitieuses, car jugées trop risquées. La crise atteignit son paroxysme lorsque Pyto succéda à son père Abylus, emporté par la maladie. Durant cette triste période, le tyrannique sharükos Pyto dilapida les économies de l’Empire, déjà bien malmenées par l’application du Code des Mines. Conscient des risques que Pyto faisait prendre à son peuple, son frère cadet Thesop essaya de lui faire entendre raison, et de le guider vers le droit chemin. Malheureusement, le fier Empereur Pyto ne voulut rien entendre. Ainsi s’écoulèrent deux années difficiles, où beaucoup virent la fin de l’Empire approcher. Mais, alors que l’on croyait l’espoir perdu à jamais, Thesop défia en duel son frère, qui accepta, et y perdit la vie. C’est ainsi que, comme le veut la tradition impériale, Thesop prit le pouvoir en 2440. Durant les années qui suivirent, le nouveau sharükos s'évertua à renflouer les caisses impériales et à abroger les lois liberticides promulguées par son défunt père. Ainsi débuta le règne de Thesop le Bâtisseur. Et c’est donc à cette époque que le père de Tiralion Nebius fonda la guilde des Têtes de Pioches, profitant de l’abolition du Code des Mines pour lancer un gigantesque projet minier et répondre au désir de Vérité enfoui dans le cœur de chaque Fyros, et que ses prédécesseurs n'étaient pas parvenu à étouffer.
 
Tout commença en 2432, sous le règne du sharükos Abylus, l’Empereur du peuple fyros, lorsque des mineurs découvrirent accidentellement de mystérieuses ruines dans les Primes Racines. Encouragés par cette découverte, le peuple fyros entreprit des chantiers de fouilles archéologiques partout dans le Désert, et de plus en plus profondément. Malheureusement, deux ans plus tard, un gigantesque incendie se déclara dans les Mines d’Ambre de Coriolis et embrasa les terres desséchées environnantes. Le feu s'étendit rapidement aux territoires homins, ravageant la ville de Coriolis, et formant une traînée ardente jusqu'aux grandes forêts des Matis. L’incendie fit rage des semaines durant, coupant le gigantesque aqueduc alimenté par des éoliennes qui reliait le Désert à la région des Lacs. L’Aqueduc, dont la construction avait débuté en 2289, symbolisait l’alliance commerciale et militaire qui unissait les deux peuples : l’Empire s’engageait à protéger la Fédération de Trykoth, qui fournissait en échange de l’eau en abondance au peuple fyros ''via'' la Route de l’Eau. L’essor de l’Empire Fyros devait beaucoup à l’Aqueduc et à sa route commerciale. Accusant les mineurs fyros d’être responsables de cette catastrophe, l'Empereur en profita pour placer les guildes de mineurs sous juridiction impériale et pour élaborer le Code des Mines, supposé renforcer les droits des mineurs et les devoirs des chefs de guilde. Malheureusement, de nombreuses guildes durent mettre la clé sous la porte, trop impactées par les implacables nouvelles lois. La majorité s’y plia cependant, et cela même s’il n’était désormais plus possible de financer des fouilles ambitieuses, car jugées trop risquées. La crise atteignit son paroxysme lorsque Pyto succéda à son père Abylus, emporté par la maladie. Durant cette triste période, le tyrannique sharükos Pyto dilapida les économies de l’Empire, déjà bien malmenées par l’application du Code des Mines. Conscient des risques que Pyto faisait prendre à son peuple, son frère cadet Thesop essaya de lui faire entendre raison, et de le guider vers le droit chemin. Malheureusement, le fier Empereur Pyto ne voulut rien entendre. Ainsi s’écoulèrent deux années difficiles, où beaucoup virent la fin de l’Empire approcher. Mais, alors que l’on croyait l’espoir perdu à jamais, Thesop défia en duel son frère, qui accepta, et y perdit la vie. C’est ainsi que, comme le veut la tradition impériale, Thesop prit le pouvoir en 2440. Durant les années qui suivirent, le nouveau sharükos s'évertua à renflouer les caisses impériales et à abroger les lois liberticides promulguées par son défunt père. Ainsi débuta le règne de Thesop le Bâtisseur. Et c’est donc à cette époque que le père de Tiralion Nebius fonda la guilde des Têtes de Pioches, profitant de l’abolition du Code des Mines pour lancer un gigantesque projet minier et répondre au désir de Vérité enfoui dans le cœur de chaque Fyros, et que ses prédécesseurs n'étaient pas parvenu à étouffer.
  
En effet, depuis toujours, le peuple fyros était obsédé par les profondeurs d’Atys. Creusant sans discontinuer malgré les interdits de la Karavan, les Fyros étaient à la recherche de Fyrak le Grand Dragon, l’entité maléfique qui, d’après le mythe, aurait amené les homins sur Atys, un monde désertique, glacial et obscur, afin de les réduire en esclavage. Selon ce même mythe, Jena, la Déesse de l’Astre du Jour, eut vent de la perfidie de Fyrak, et provoqua la Poussée Verte, afin de transformer Atys en un monde luxuriant et lumineux, et de piéger le Grand Dragon dans ses entrailles, libérant ainsi les homins de son joug. Vaincu par la déesse Jena, Fyrak réussit néanmoins à marquer Atys de son empreinte, et les cendres issues de son souffle enflammé s’inscrutèrent partout, des lignes de l’écorce primordiale en passant par l’air et les cellules de chaque être vivant. Des cendres draconiques qui contenaient en elles les restes de la colère de Fyrak, et qui permettaient aux homins de manipuler la Sève et donc de réaliser des exploits magiques. Seuls les agents de la Karavan, protégé par leurs armures bénies par Jena, ne furent pas contaminés.
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En effet, depuis toujours, le peuple fyros était obsédé par les profondeurs de l'Écorce. Creusant sans discontinuer malgré les interdits de la Karavan, les Fyros étaient à la recherche de Fyrak le Grand Dragon, l’entité maléfique qui, d’après le mythe, aurait amené les homins sur Atys, un monde désertique, glacial et obscur, afin de les réduire en esclavage. Selon ce même mythe, Jena, la Déesse de l’Astre du Jour, eut vent de la perfidie de Fyrak, et provoqua la Poussée Verte, afin de transformer Atys en un monde luxuriant et lumineux, et de piéger le Grand Dragon dans ses entrailles, libérant ainsi les homins de son joug. Vaincu par la déesse Jena, Fyrak réussit néanmoins à marquer Atys de son empreinte, et les cendres issues de son souffle enflammé s’inscrutèrent partout, des lignes de l’écorce primordiale en passant par l’air et les cellules de chaque être vivant. Des cendres draconiques qui contenaient en elles les restes de la colère de Fyrak, et qui permettaient aux homins de manipuler la Sève et donc de réaliser des exploits magiques. Seuls les agents de la Karavan, protégé par leurs armures bénies par Jena, ne furent pas contaminés.
  
 
Pour autant, malgré les pouvoirs octroyés par les cendres draconiques, que le peuple Zoraï nommait aussi particules spirituelles, la plus grande ambition du peuple fyros restait de trouver et d'exterminer le Grand Dragon, qu’ils savaient être à l’origine des grands incendies qui ravageaient le Désert, prémisses de son retour apocalyptique. Bien entendu, Tiralion ne croyait pas au Mythe du Dragon. Il savait simplement flairer les investissements lucratifs et jouer de la corde patriotique. Après tout, il était aussi devenu au fil des années un fin politicien, conseillé et formé par son épouse.
 
Pour autant, malgré les pouvoirs octroyés par les cendres draconiques, que le peuple Zoraï nommait aussi particules spirituelles, la plus grande ambition du peuple fyros restait de trouver et d'exterminer le Grand Dragon, qu’ils savaient être à l’origine des grands incendies qui ravageaient le Désert, prémisses de son retour apocalyptique. Bien entendu, Tiralion ne croyait pas au Mythe du Dragon. Il savait simplement flairer les investissements lucratifs et jouer de la corde patriotique. Après tout, il était aussi devenu au fil des années un fin politicien, conseillé et formé par son épouse.
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— Calme, comme bien souvent en ce moment. J’ai en revanche pu m’entretenir avec un contrôleur impérial, et je nous ai trouvé un arrangement. Ils n’enverront personne inspecter vos mines.
 
— Calme, comme bien souvent en ce moment. J’ai en revanche pu m’entretenir avec un contrôleur impérial, et je nous ai trouvé un arrangement. Ils n’enverront personne inspecter vos mines.
  
— Ah, en voilà une bonne nouvelle ! jubila le Fyros. Merci à vous, mon épouse !
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— Ah, en voilà une bonne nouvelle ! jubila le Fyros. Merci à vous, mon épouse ! »
  
 
Eutis Nebius lui sourit et lui attrapa la main.
 
Eutis Nebius lui sourit et lui attrapa la main.
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— Oui, peut-être un quart d’heure avant votre arrivée. Elle est venue me prévenir qu’il s’était endormi. Puis-je vous attendre en bas ?
 
— Oui, peut-être un quart d’heure avant votre arrivée. Elle est venue me prévenir qu’il s’était endormi. Puis-je vous attendre en bas ?
  
— Bien sûr, répondit Eutis avant de lâcher la main de son époux pour emprunter un autre couloir.
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— Bien sûr », répondit Eutis avant de lâcher la main de son époux pour emprunter un autre couloir.
  
Tiralion descendit quelques marches et alla s’installer à la table du salon. Le couvert était déjà mis. La demeure de la famille Nébius, que Tiralion avait aussi héritée de son père, était l’une des plus grandes habitations de Fyre, la capitale de l’Empire Fyros. Creusée à même l’écorce du Désert, comme la majorité des habitations de la cité, elle avait été construite, plus d'un siècle auparavant, à deux pas du Palais Impérial. La demeure, qui s’étendait sur plusieurs étages, était organisée autour d’une cheminée centrale, permettant aussi bien d’oxygéner ses pièces que d’allumer des feux. Tiralion sonna ses domestiques et demanda à ce qu’on lui apporte un verre de liqueur de [[shooki]], une boisson fermentée très appréciée des Fyros. Et alors qu’il s'apprêtait à déguster le délicieux breuvage, il entendit quelqu’un dévaler les escaliers. Eutis surgit dans le salon. Elle semblait particulièrement enjouée.
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Tiralion descendit quelques marches et alla s’installer à la table du salon. Le couvert était déjà mis. La demeure de la famille Nébius, que Tiralion avait aussi héritée de son père, était l’une des plus grandes habitations de Fyre, la capitale de l’Empire Fyros. Creusée à même l’écorce du Désert, comme la majorité des habitations de la cité, elle avait été construite, plus d'un siècle auparavant, à quelques rues du Palais Impérial. La demeure, qui s’étendait sur plusieurs étages, était organisée autour d’une cheminée centrale, permettant aussi bien d’oxygéner ses pièces que d’allumer des feux. Tiralion sonna ses domestiques et demanda à ce qu’on lui apporte un verre de liqueur de [[shooki]], une boisson fermentée très appréciée des Fyros. Et alors qu’il s'apprêtait à déguster le délicieux breuvage, il entendit quelqu’un dévaler les escaliers. Eutis surgit dans le salon. Elle semblait particulièrement enjouée.
  
 
« Tiralion, vite, venez voir ! »
 
« Tiralion, vite, venez voir ! »
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— Cette créature est un Kami, Tiralion ! Ayez un peu de respect pour les Kamis. Au moins eux n’empêchent pas vos mineurs de travailler, à l’inverse des agents de la Karavan. »
 
— Cette créature est un Kami, Tiralion ! Ayez un peu de respect pour les Kamis. Au moins eux n’empêchent pas vos mineurs de travailler, à l’inverse des agents de la Karavan. »
  
Tiralion se releva et attrapa le bras de son épouse. Subitement réconcilié, le couple entra dans la chambre de son fils. Une chambre bien trop grande et vide. Une chambre sans mobilier. Sans sol ni plafond. Ne manifestant aucune inquiétude, les parents s'avancèrent sur le pont racinaire qui menait jusqu’au berceau, désormais suspendu au-dessus du vide obscur. Un vide obscur et mouvant. À chacun de leur pas, le petit lit semblait s'éloigner. À chacun de leur pas, les ténèbres gagnaient en intensité.
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Tiralion se releva et attrapa le bras de son épouse. Subitement réconcilié, le couple entra dans la chambre de leur fils. Une chambre bien trop grande et vide. Une chambre sans mobilier. Sans sol ni plafond. Ne manifestant aucune inquiétude, les parents s'avancèrent sur le pont racinaire qui menait jusqu’au berceau, désormais suspendu au-dessus du vide obscur. Un vide obscur et mouvant. À chacun de leur pas, le petit lit semblait s'éloigner. À chacun de leur pas, les ténèbres gagnaient en intensité.
  
 
« Eutis, pensez-vous qu’il soit bon signe qu’un Kami s’intéresse à Bélénor ?
 
« Eutis, pensez-vous qu’il soit bon signe qu’un Kami s’intéresse à Bélénor ?
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— S’ils peuvent lui donner le sens des affaires, alors qu’ils viennent le voir tant qu'ils veulent. »
 
— S’ils peuvent lui donner le sens des affaires, alors qu’ils viennent le voir tant qu'ils veulent. »
  
Le regard fixé sur le berceau, et marchant sans interruption, les deux Fyros rirent aux éclats. Déformés par la masse obscure à présent devenue tangible, les rires se muèrent en de douloureux et longs sanglots. Progressivement, les ténèbres se densifiaient. Progressivement, les ombres se mirent à chuchoter. Et finalement parvenus au bout du pont racinaire, alors que le petit lit semblait toujours hors de portée, l’obscurité les porta jusqu’au berceau de leur fils. Arrivée à destination, Eutis se pencha au-dessus de la couche de son fils. Elle prit un air attendri et posa sa tête contre l’épaule de son époux.
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Le regard fixé sur le berceau, et marchant sans interruption, les deux Fyros rirent aux éclats. Déformés par la masse obscure à présent devenue tangible, les rires se muèrent en de douloureux et longs sanglots. Progressivement, les ténèbres se densifiaient. Progressivement, les ombres se mirent à chuchoter. Et finalement parvenus au bout du pont racinaire, alors que le petit lit semblait toujours hors de portée, l’obscurité les porta jusqu’au berceau de leur fils. Arrivée à destination, Eutis se pencha au-dessus de la couche de son enfant. Elle prit un air attendri et posa sa tête contre l’épaule de son époux.
  
 
« Il est si beau. Ne trouvez-vous pas ? »
 
« Il est si beau. Ne trouvez-vous pas ? »
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« J’ai fait un rêve étrange, oui. Il mêlait notre dernier cours d'Histoire, mes parents jeunes, un Kami venu me visiter dans mon lit de nourrisson et le Masque Noir ! »
 
« J’ai fait un rêve étrange, oui. Il mêlait notre dernier cours d'Histoire, mes parents jeunes, un Kami venu me visiter dans mon lit de nourrisson et le Masque Noir ! »
  
Brandille sauta brusquement sur la table et leva les bras vers le ciel. Durant quelques instants, ses amples vêtements mauves et ses tresses multicolores semblèrent flotter.
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Brandille sauta brusquement sur la table et leva les bras vers le ciel. Durant quelques instants, ses amples vêtements bariolés et ses tresses multicolores semblèrent flotter.
  
 
« Énor ! Aujourd’hui est-il le jour que toi et moi attendions ? Le jour qui marquera le retour de ton inspiration ?! »
 
« Énor ! Aujourd’hui est-il le jour que toi et moi attendions ? Le jour qui marquera le retour de ton inspiration ?! »
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— Qu’ils essaient donc de m’attraper ! Personne n’est plus rapide que Brandille. Pas même les bruits qui courent… Ah, au fait, j’ai bientôt terminé de tisser ma prochaine mélodie ! J’ai hâte de te faire écouter mon vent intérieur.
 
— Qu’ils essaient donc de m’attraper ! Personne n’est plus rapide que Brandille. Pas même les bruits qui courent… Ah, au fait, j’ai bientôt terminé de tisser ma prochaine mélodie ! J’ai hâte de te faire écouter mon vent intérieur.
  
— Chouette nouvelle, Brandille. Et avec grand plaisir, répondit Bélénor en souriant. »
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— Chouette nouvelle, Brandille. Et avec grand plaisir », répondit Bélénor en souriant.
  
 
Car l'amitié qu’entretenaient les deux enfants, tous deux âgés de neuf ans, reposait avant tout sur leur goût commun pour l’art et leur créativité débordante. Bélénor dessinait et écrivait des fictions. Brandille dessinait, composait des chansons, écrivait de la poésie, montait des pièces de théâtre, savait jongler et danser. Et tels deux muses, tous deux se soutenaient et s'entre-inspiraient.
 
Car l'amitié qu’entretenaient les deux enfants, tous deux âgés de neuf ans, reposait avant tout sur leur goût commun pour l’art et leur créativité débordante. Bélénor dessinait et écrivait des fictions. Brandille dessinait, composait des chansons, écrivait de la poésie, montait des pièces de théâtre, savait jongler et danser. Et tels deux muses, tous deux se soutenaient et s'entre-inspiraient.
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« D’accord. Je pense effectivement que l’inspiration est en train de me revenir. »
 
« D’accord. Je pense effectivement que l’inspiration est en train de me revenir. »
  
Brandille embrassa son ami sur la joue, lui fit un clin d’œil, et gambada gracieusement en direction des quartiers résidentiels. Bélénor fixa quelques instants ses sandales. Comme il l’avait déjà remarqué, sa muse semblait parfois flotter. Il aurait d’ailleurs juré qu’une fois en l’air, Brandille mettait plus de temps à toucher le sol que les autres Trykers ou Fyros. Mais plus que sa légèreté apparente, c’était son agitation permanente qui fascinait Bélénor. Car Brandille n’était jamais inerte, physiquement ou intellectuellement. Bélénor n’avait nul souvenir de Brandille immobile. Nul souvenir de Brandille oisive. Brandille était la définition même du Mouvement. De la Vitalité. Et même lorsque sa muse dormait, elle gigotait et fredonnait. Bélénor profita de l’instant et attendit de la voir disparaître dans la foule. Ensuite, il se dirigea du côté opposé, vers les beaux quartiers.
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Brandille embrassa son ami sur la joue, lui fit un clin d’œil, et gambada gracieusement en direction des quartiers résidentiels. Bélénor fixa quelques instants ses bottes. Comme il l’avait déjà remarqué, sa muse semblait parfois flotter. Il aurait d’ailleurs juré qu’une fois en l’air, Brandille mettait plus de temps à toucher le sol que les autres Trykers ou Fyros. Mais plus que sa légèreté apparente, c’était son agitation permanente qui fascinait Bélénor. Car Brandille n’était jamais inerte, physiquement ou intellectuellement. Bélénor n’avait nul souvenir de Brandille immobile. Nul souvenir de Brandille morose. Brandille était la définition même du Mouvement. De la Vitalité. Et même lorsque son amie dormait, elle gigotait et fredonnait. Bélénor profita de l’instant et attendit de voir ses vêtements bigarrés disparaître dans la foule. Ensuite, il se dirigea du côté opposé, vers les beaux quartiers.
 
{{Couillard}}
 
{{Couillard}}
Plongé dans ses pensées, Bélénor avançait mécaniquement en direction du palais impérial. Après plusieurs mois de batailles contre cette satanée page blanche, il allait peut-être enfin pouvoir reprendre l’écriture de son histoire. Il se sentait heureux et fébrile. Totalement ailleurs, l’enfant ne se rendit pas compte qu’il était suivi lorsqu’il tourna au coin de l’avenue Dyros pour emprunter la petite ruelle qui lui permettait de rejoindre plus rapidement la demeure familiale. Ce n’est que lorsqu’il leva la tête qu’il comprit qu'il était tombé dans un piège. Au bout de l’allée, deux Fyros marchaient dans sa direction : une jeune fille aux cheveux blond platine et à la musculature marquée, et un gigantesque garçon au crâne rasé, tous deux vêtus d’une tenue faite à partir de bandes de cuirs de mauvaise qualité. Cette tenue, très populaire parmi les habitants de la cité, était fabriquée à bas prix à partir de chutes de cuir et offrait une grande durabilité. Bélénor pivota, pensant regagner rapidement l’avenue bondée, mais percuta ce faisant le torse d’un autre garçon, en tout point identique à celui qui se trouvait désormais dans son dos. S’il ne connaissait pas la fille, il reconnut sans mal les deux garçons : les jumeaux Varran et Garius Décos, avec qui il partageait de nombreux cours à l’Académie. Il savait d’ailleurs ce qu’ils avaient à lui reprocher, et imaginait sans peine comment allait se terminer leur « discussion ». Car malheureusement, Bélénor était coutumier de ce genre de situations. Varran posa ses grosses mains poussiéreuses sur les épaulières d’ambre de la belle tunique de Bélénor.
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Plongé dans ses pensées, Bélénor avançait mécaniquement en direction du palais impérial. Après plusieurs mois de batailles contre cette satanée page blanche, il allait peut-être enfin pouvoir reprendre l’écriture de son histoire. Il se sentait heureux et fébrile. Totalement ailleurs, l’enfant ne se rendit pas compte qu’il était suivi lorsqu’il tourna au coin de l’avenue Dyros pour emprunter la petite ruelle qui lui permettait de rejoindre plus rapidement la demeure familiale. Ce n’est que lorsqu’il leva la tête qu’il comprit qu'il était tombé dans un piège. Au bout de l’allée, deux Fyros marchaient dans sa direction : une jeune fille aux cheveux blond platine et à la musculature marquée, et un gigantesque garçon au crâne rasé, tous deux vêtus d’une tenue faite à partir de bandes de cuirs de mauvaise qualité. Cette tenue, très populaire parmi les habitants de la cité, était fabriquée à bas prix à partir de chutes de cuir et offrait une grande durabilité. Bélénor pivota, pensant regagner rapidement l’avenue bondée, mais percuta ce faisant le torse d’un autre garçon, en tout point identique à celui qui se trouvait désormais dans son dos. S’il ne connaissait pas la fille, il reconnut sans mal les deux garçons : les jumeaux Décos, Varran et Garius, avec qui il partageait de nombreux cours à l’Académie. Il savait d’ailleurs ce qu’ils avaient à lui reprocher, et imaginait sans peine comment allait se terminer leur « discussion ». Car malheureusement, Bélénor était coutumier de ce genre de situations. Varran posa ses grosses mains poussiéreuses sur les épaulières d’ambre de la belle tunique de Bélénor.
  
 
« Alors Bélénaze, tu croyais que t’allais t’en tirer comme ça ? »
 
« Alors Bélénaze, tu croyais que t’allais t’en tirer comme ça ? »
Строка 188: Строка 188:
 
Toujours écarlate, Bélénor ne réussit pas à soutenir son regard. Il bredouilla.
 
Toujours écarlate, Bélénor ne réussit pas à soutenir son regard. Il bredouilla.
  
« C… Ce texte est à moi ! Et puis il est écrit en matéis. Tu ne vas pas réussir à le lire.»
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« C… Ce texte est à moi ! Et puis il est écrit en matéis. Tu ne vas pas réussir à le lire.
  
 
— Ah oui ? Et pourquoi cela ? s'esclaffa l’adolescent.
 
— Ah oui ? Et pourquoi cela ? s'esclaffa l’adolescent.
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« Oui, je te connais. Varran et Garius m’ont parlé de toi. Si on ne prend pas en compte les disciplines physiques, tu es le meilleur élève de votre section, à l’Académie. Mais c’est surtout ton arrogance qui te fait remarquer, n’est-ce pas ? À vrai dire, je ne sais même pas si tu t’entends parler… Tu sais, à ce rythme là, tu risques de perdre les quelques amis qu’il te reste. »
 
« Oui, je te connais. Varran et Garius m’ont parlé de toi. Si on ne prend pas en compte les disciplines physiques, tu es le meilleur élève de votre section, à l’Académie. Mais c’est surtout ton arrogance qui te fait remarquer, n’est-ce pas ? À vrai dire, je ne sais même pas si tu t’entends parler… Tu sais, à ce rythme là, tu risques de perdre les quelques amis qu’il te reste. »
  
Instantanément, Bélénor pensa à Brandille. Il se demanda s’il l’avait déjà vexée, avant de se demander s’il était possible de la vexer. L’inconnu posa ses yeux sur la feuille qu’il tenait en main.
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Instantanément, Bélénor pensa à sa seule amie. Il se demanda s’il avait déjà vexé Brandille, avant de se demander s’il était possible de vexer Brandille… L’inconnu posa ses yeux sur la feuille qu’il tenait en main.
  
 
« Enfin, bref. Ce début donne envie. C’est toi qui a inventé ce personnage ? Le héros Zoraï au masque noir ? »
 
« Enfin, bref. Ce début donne envie. C’est toi qui a inventé ce personnage ? Le héros Zoraï au masque noir ? »

Версия 15:38, 20 марта 2022

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