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— Depuis sept ou huit ans, je crois… Mais c’est sans compter les longs mois de pause, les ré-écritures et les nouveaux rêves que j’ai fait.
 
— Depuis sept ou huit ans, je crois… Mais c’est sans compter les longs mois de pause, les ré-écritures et les nouveaux rêves que j’ai fait.
 
— Oui, bien sûr. Ma question n’était pas une critique, rassure-toi. »
 
— Oui, bien sûr. Ma question n’était pas une critique, rassure-toi. »
Quittant Bélénor du regard, le Fyros interpella Varran, lui aussi immergé dans l’eau du bain.
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Quittant Bélénor du regard, le Fyros interpella Varran, dont seuls les oreilles et le crâne dénudé  émergeaient du bain.
 
« Sais-tu quand ton frère est censé arriver, Varran ? »
 
« Sais-tu quand ton frère est censé arriver, Varran ? »
L’imposant Fyros haussa les épaules.
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L’imposant Fyros sortit la tête de l’eau et haussa les épaules.
 
« Il ne devrait pas tarder. Il est allé s'entraîner avec Xynala après le déjeuner.
 
« Il ne devrait pas tarder. Il est allé s'entraîner avec Xynala après le déjeuner.
 
— Et les autres ? »
 
— Et les autres ? »
Varran jeta un regard à Bélénor qui haussa à son tour les épaules. Melkiar soupira. Tout juste rentré à Fyre il y a quelques jours après une longue absence, le Fyros avait donné rendez-vous aux thermes à ses camarades. En effet, l’armée impériale avait été envoyée loin à l’ouest du Désert afin de repousser les tribus fyrosses insoumises, et avait pour l'occasion fait appel à quelques réservistes qualifiés.. Si l’Empire Fyros avait de tout temps dû coexister avec ces rebelles, ceux-ci s'étaient montrés particulièrement calmes ces deux dernières décennies. Mais il y a peu, la tribu des Sauvages avait réussi l’exploit d’assujettir plusieurs groupes rivaux, devenant de facto le principal ennemi de l’Empire à l'intérieur même de ses frontières. Voulant marquer le coup, et rappeler aux tribus insoumises sa puissance, l’Empereur Thesop décida d’envoyer ses troupes « discuter » avec les Sauvages. Melkiar étant issu de la tribu des Larmes de Dragon, la plus puissante tribu assujettie à l’Empire installée à l’ouest du Désert, mais aussi la plus grande rivale des Sauvages, on lui avait demandé de rejoindre l’expédition afin de jouer le rôle d’intermédiaire. Le jeune prodige accepta sans sourciller l’ordre impérial, qui fût pour lui une occasion de revoir sa famille.
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Varran jeta un regard à Bélénor qui haussa à son tour les épaules. Melkiar soupira. Tout juste rentré à Fyre il y a quelques jours, après une longue absence, le Fyros avait donné rendez-vous aux thermes à ses camarades. En effet, l’armée impériale avait été envoyée loin à l’ouest du Désert afin de repousser les tribus fyrosses insoumises, et avait pour l'occasion fait appel à quelques réservistes qualifiés.. Si l’Empire Fyros avait de tout temps dû coexister avec ces rebelles, ceux-ci s'étaient montrés particulièrement calmes ces deux dernières décennies. Mais il y a peu, la tribu des Sauvages avait réussi l’exploit d’assujettir plusieurs groupes rivaux, devenant de facto le principal ennemi de l’Empire à l'intérieur même de ses frontières. Voulant marquer le coup, et rappeler aux tribus insoumises sa puissance, l’Empereur Thesop décida d’envoyer ses troupes « discuter » avec les Sauvages. Melkiar étant issu de la tribu des Larmes du Dragon, la plus puissante tribu assujettie à l’Empire installée à l’ouest du Désert, mais aussi la plus grande rivale des Sauvages, on lui avait demandé de rejoindre l’expédition afin de jouer le rôle d’intermédiaire. Le jeune prodige accepta sans sourciller l’ordre impérial, qui fût pour lui une occasion de revoir sa famille.
Sa famille… Bélénor, silencieux, fixait son ami, désormais debout et en pleine discussion avec Varran. Tous se connaissaient depuis quelques années déjà, et pourtant, Melkiar s’était toujours montré particulièrement secret. Hormis que son père était le chef des Larmes de Dragon, Bélénor ne savait pas grande chose de sa famille. Certes, son ami avait déjà fait allusion à des frères et sœurs. Pour autant, il ne les avait jamais nommés. Il se souvenait simplement de la fois où, un peu trop alcoolisé, Melkiar avait mentionné l’existence d’Aster, une de ses amies d’enfance originaire de sa tribu. Une seule fois, donc. De toute évidence, le Fyros n’aimait pas discuter de son enfance, et bien souvent, Bélénor supposa que son silence cachait quelque chose. Durant quelques secondes, il se demanda s’il était avisé de profiter des récentes retrouvailles familiales de Melkiar pour lui poser quelques questions. Mais au même moment, la voix de Tisse retentit dans les vestiaires adjacents.
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Sa famille… Bélénor, silencieux, fixait son ami, désormais debout et en pleine discussion avec Varran. Tous se connaissaient depuis quelques années déjà, et pourtant, Melkiar s’était toujours montré particulièrement secret. Hormis que son père, le célèbre Tigriron, était le chef des Larmes du Dragon, Bélénor ne savait pas grande chose de sa famille. Certes, son ami avait déjà fait allusion à des frères et sœurs. Pour autant, il ne les avait jamais nommés. Il se souvenait simplement de la fois où, un peu trop alcoolisé, Melkiar avait mentionné l’existence d’Aster, une de ses amies d’enfance originaire de sa tribu. Une seule fois, donc. De toute évidence, le Fyros n’aimait pas discuter de son enfance, et bien souvent, Bélénor supposa que son silence cachait quelque chose. Durant quelques secondes, il se demanda s’il était avisé de profiter des récentes retrouvailles familiales de Melkiar pour lui poser quelques questions. Mais au même moment, la voix de Tisse retentit dans les vestiaires adjacents.
 
« Melkiar ! »
 
« Melkiar ! »
 
La rouquine, dans le plus simple appareil, arriva en trombe dans la salle, sauta bras en avant par-dessus Varran et attrapa les épaules de Melkiar au vol. Tous deux chutèrent bruyamment dans l’eau et faillirent noyer un Bélénor perdu dans ses pensées. Les poumons pleins d’eau, le Fyros se retourna et attrapa les bords du bassin, bien décidé à éviter la prochaine vague. Mais au même moment, le plafond s’obscurcit. Son cœur s’arrêta lorsqu’il aperçut Garius, les jambes recroquevillées contre son torse, en lévitation au-dessus de l'eau. Le raz de marée qui suivit fût terrible et vida une bonne partie du bassin. Si des rires fusèrent, Melkiar, de retour sur son îlot, tenta de garder sa contenance.
 
La rouquine, dans le plus simple appareil, arriva en trombe dans la salle, sauta bras en avant par-dessus Varran et attrapa les épaules de Melkiar au vol. Tous deux chutèrent bruyamment dans l’eau et faillirent noyer un Bélénor perdu dans ses pensées. Les poumons pleins d’eau, le Fyros se retourna et attrapa les bords du bassin, bien décidé à éviter la prochaine vague. Mais au même moment, le plafond s’obscurcit. Son cœur s’arrêta lorsqu’il aperçut Garius, les jambes recroquevillées contre son torse, en lévitation au-dessus de l'eau. Le raz de marée qui suivit fût terrible et vida une bonne partie du bassin. Si des rires fusèrent, Melkiar, de retour sur son îlot, tenta de garder sa contenance.
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— Oui, vous êtes vraiment des gamins. »
 
— Oui, vous êtes vraiment des gamins. »
 
Tous tournèrent la tête. Les jambes légèrement écartées et les mains posées sur ses hanches ciselées, Xynala toisait ses camarades d’un air narquois. Et comme eux, elle était totalement nue.
 
Tous tournèrent la tête. Les jambes légèrement écartées et les mains posées sur ses hanches ciselées, Xynala toisait ses camarades d’un air narquois. Et comme eux, elle était totalement nue.
Plus qu’une norme sociale, l’acceptation de la nudité et la mixité de genre s’inscrivait dans une stratégie politique vieille de presque deux siècles. En effet, avant la fondation de l’Empire en 2275, les Fyros étaient divisés en une multitude de tribus nomades se disputant les territoires les mieux pourvus en eau et en feu. Lorsqu’après une longue campagne militaire, Dyros réussit l’exploit d’assujettir un grand nombre de ces tribus, la problématique de l’unité ressurgit malgré tout rapidement. À ça, le jeune Empereur et ses conseillers formulèrent ce qui devint les Quatre Piliers de l’Empire, valeurs maîtresses de tout Fyros : la Vérité, l’Honneur, la Discipline et la Justice. Pour autant, Dyros savait qu'une simple devise ne permettrait pas de contenir la fougue de ses nouveaux sujets, plus habitués à voyager et à guerroyer qu’à vivre en paix derrière de gigantesques murailles. Alors, l’Empereur misa tout sur l’armée et l’éducation. L’institution militaire naissante serait dorénavant chargée d’éduquer chaque rejeton de l’Empire, afin d’en faire un patriote convaincu d’appartenir à une même et grande famille. Dans les cités naissantes, les parents eurent l’obligation d’envoyer leurs enfants dans des écoles de quartiers, dès que ceux-ci atteignaient l’âge de trois ans. Les tribus assujetties à l’Empire mais non installées en ville reçurent l’appui de commissaires impériaux chargés d’éduquer leurs enfants. Bien sûr, beaucoup de familles vécurent très mal l’intrusion de l’Empire, tant celui-ci tentait d’élever ses lois au-dessus de certaines traditions. Pour autant, l’Empire ne chercha jamais à gommer les coutumes tribales, dès lors que celles-ci ne s’opposaient pas au grand projet impérial. Finalement, lorsque les enfants atteignaient l’âge de sept ans, ils devaient rejoindre une cité hébergeant une antenne de l’Académie Impériale, où tout était mis en place pour les accueillir. Ces enfants, soumis depuis leur tendre enfance à la rigueur militaire, étaient réunis en groupes voués à perdurer plusieurs décennies durant. Tout était fait pour que chaque individu se sente proche de ses camarades et qu’aucun jeune patriote ne soit rejeté. C’est ainsi que, sous l’égide du Pilier de la Vérité, la nudité prit une place importante dans l’éducation du peuple Fyros. Elle permit en effet de désacraliser les différences tout en célébrant leur puissance : l’Empire Fyros devrait son futur glorieux à la combinaison de ses individualités.
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Plus qu’une norme sociale, l’acceptation de la nudité et la mixité de genre s’inscrivait dans une stratégie politique vieille de presque deux siècles. En effet, avant la fondation de l’Empire en 2275, les Fyros étaient divisés en une multitude de tribus nomades se disputant les territoires les mieux pourvus en eau et en feu. Lorsqu’après une longue campagne militaire, Dyros, le premier empereur du peuple fyros, réussit l’exploit d’assujettir un grand nombre de ces tribus, la volonté de les unir conduisit le jeune Sharükos à élaborer, avec ses conseillers, les principes connus comme les « Quatre Piliers de l'Empire » qui devinrent bientôt les valeurs partagées par tous les Fyros : la Vérité, l’Honneur, la Discipline et la Justice. Pour autant, Dyros savait qu'une simple devise ne permettrait pas de contenir la fougue de ses nouveaux sujets, plus habitués à voyager et à guerroyer qu’à vivre en paix derrière de gigantesques murailles. Alors, le Sharükos misa tout sur l’armée et l’éducation. L’institution militaire naissante serait dorénavant chargée d’éduquer chaque rejeton de l’Empire, afin d’en faire un patriote convaincu d’appartenir à une même et grande famille. Dans les cités naissantes, les parents eurent l’obligation d’envoyer leurs enfants dans des écoles de quartiers, dès que ceux-ci atteignaient l’âge de trois ans. Les tribus assujetties à l’Empire mais non installées en ville reçurent l’appui de commissaires impériaux chargés d’éduquer leurs enfants. Bien sûr, beaucoup de familles vécurent très mal l’intrusion de l’Empire, tant celui-ci tentait d’élever ses lois au-dessus de certaines traditions. Pour autant, l’Empire ne chercha jamais à gommer les coutumes tribales, dès lors que celles-ci ne s’opposaient pas au grand projet impérial. Finalement, lorsque les enfants atteignaient l’âge de sept ans, ils devaient rejoindre une cité hébergeant une antenne de l’Académie Impériale, où tout était mis en place pour les accueillir. Ces enfants, soumis depuis leur tendre enfance à la rigueur militaire, étaient réunis en groupes voués à perdurer plusieurs décennies durant. Tout était fait pour que chaque individu se sente proche de ses camarades et qu’aucun jeune patriote ne soit rejeté. C’est ainsi que, sous l’égide du Pilier de la Vérité, la nudité prit une place importante dans l’éducation du peuple Fyros. Elle permit en effet de désacraliser les différences tout en célébrant leur puissance : l’Empire Fyros devrait son futur glorieux à la combinaison de ses individualités.
 
Xynala, toujours debout face à ses camarades, lança un regard affectueux à Melkiar. Elle ne l’avait pas revu depuis plusieurs mois, et Bélénor savait à quel point il lui avait manqué. Son bonheur faisait plaisir à voir. Un bonheur qui ne dura pas. Tisse rejoignit Melkiar sur son îlot, l’attrapa par la taille et se colla contre son dos musculeux. Décalant sa tête sur la gauche, elle sourit à Xynala. Celle-ci perdit instantanément son air radieux. Comprenant son affliction, Bélénor tenta de capter son regard. En vain. Quelques longues et silencieuses secondes passèrent, puis Varran prit la parole.
 
Xynala, toujours debout face à ses camarades, lança un regard affectueux à Melkiar. Elle ne l’avait pas revu depuis plusieurs mois, et Bélénor savait à quel point il lui avait manqué. Son bonheur faisait plaisir à voir. Un bonheur qui ne dura pas. Tisse rejoignit Melkiar sur son îlot, l’attrapa par la taille et se colla contre son dos musculeux. Décalant sa tête sur la gauche, elle sourit à Xynala. Celle-ci perdit instantanément son air radieux. Comprenant son affliction, Bélénor tenta de capter son regard. En vain. Quelques longues et silencieuses secondes passèrent, puis Varran prit la parole.
 
« Bon, Melkiar, tu voulais nous dire quelque chose ? C’est pour ça que tu nous a réunis ici, non ? »
 
« Bon, Melkiar, tu voulais nous dire quelque chose ? C’est pour ça que tu nous a réunis ici, non ? »
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— Ah ! Alors je ne vais pas te faire languir plus longtemps, cher Melkiar ! »
 
— Ah ! Alors je ne vais pas te faire languir plus longtemps, cher Melkiar ! »
 
À ces mots, Brandille s’arrêta quelques secondes. Melkiar fronça les sourcils, les deux amis échangèrent un regard, et finalement, la nouvelle tomba.
 
À ces mots, Brandille s’arrêta quelques secondes. Melkiar fronça les sourcils, les deux amis échangèrent un regard, et finalement, la nouvelle tomba.
« L’Empereur Thesop s’est fait assassiner  ! »
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« Le Sharükos Thesop s’est fait assassiner  ! »
 
Ainsi, ce ne fût plus seulement Bélénor qui poussa un cri du cœur, mais toute la bande.
 
Ainsi, ce ne fût plus seulement Bélénor qui poussa un cri du cœur, mais toute la bande.
 
{{Couillard}}
 
{{Couillard}}
Et effectivement, l’Empereur Thesop s’était fait assassiner. Bien que le meurtre ait eu lieu à l’Agora en pleine séance publique, personne ne réussit à se saisir de l’assassin. Nul des présents n'avait su non plus expliquer comment cette personne vêtue de noir était parvenue à passer sans encombre la garde impériale pour trancher la tête de l’Empereur. Pourtant, pour beaucoup, il ne fallait pas chercher bien loin : tout le monde souhaitait la mort de Thesop. Depuis longtemps déjà, beaucoup suspectaient que le duel héroïque qui avait opposé Thesop le Bâtisseur au tyrannique Empereur Pyto, quarante-deux ans auparavant, n’était qu’une fable. Une propagande visant à cacher que Thesop avait en réalité tué son frère, et peut-être même leur père. Le plus surprenant dans cette histoire restait donc la longueur du règne du tyran. Comment Thesop avait-il pu se maintenir au pouvoir si longtemps, malgré les rumeurs et le sens de la justice exacerbé des Fyros ? Là résidait le principal mystère. Un mystère non résolu qui n'empêcha pas les citoyens de Fyre de jeter la dépouille de Thesop aux gingos. Dans la foulée, son nom fut effacé du Sanctuaire. Ainsi donc s’achevait le règne de Thesop le Fratricide, fils cadet d’Abylus l’Érudit et onzième empereur du peuple fyros. Thesop n’ayant pas eu de descendance, la couronne revenait à Krospas, le fils unique de Pyto.  gé de dix ans lorsque son père mourut, Krospas avait passé son existence auprès de son oncle, qui ne voyait en lui qu’un outil de propagande. Aujourd’hui âgé de cinquante ans, l’Empereur légitime allait donc pouvoir reprendre son dû. En attendant son couronnement, qui n’aurait pas lieu avant plusieurs jours, les généraux de l’armée décrétèrent une grande fête nationale. Et quelques heures plus tard, la liqueur de shooki coulait déjà à flots dans les rues de Fyre.
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Et effectivement, l’Empereur Thesop s’était fait assassiner. Bien que le meurtre ait eu lieu à l’Agora en pleine séance publique, personne ne réussit à se saisir de l’assassin. Nul des présents n'avait su non plus expliquer comment cette personne vêtue de noir était parvenue à passer sans encombre la garde impériale pour trancher la tête du Sharükos. Pourtant, pour beaucoup, il ne fallait pas chercher bien loin : tout le monde souhaitait la mort de Thesop. Depuis longtemps déjà, beaucoup suspectaient que le duel héroïque qui avait opposé Thesop le Bâtisseur au tyrannique Empereur Pyto, quarante-deux ans auparavant, n’était qu’une fable. Une propagande visant à cacher que Thesop avait en réalité tué son frère, et peut-être même leur père. Le plus surprenant dans cette histoire restait donc la longueur du règne du tyran. Comment Thesop avait-il pu se maintenir au pouvoir si longtemps, malgré les rumeurs et le sens de la justice exacerbé des Fyros ? Là résidait le principal mystère. Un mystère non résolu qui n'empêcha pas les citoyens de Fyre de jeter la dépouille de Thesop aux gingos. Dans la foulée, son nom fut effacé du Sanctuaire. Ainsi donc s’achevait le règne de Thesop le Fratricide, fils cadet d’Abylus l’Érudit et onzième sharükos du peuple fyros. Thesop n’ayant pas eu de descendance, la couronne revenait à Krospas, le fils unique de Pyto.  gé de dix ans lorsque son père mourut, Krospas avait passé son existence auprès de son oncle, qui ne voyait en lui qu’un outil de propagande. Aujourd’hui âgé de cinquante ans, l’Empereur légitime allait donc pouvoir reprendre son dû. En attendant son couronnement, qui n’aurait pas lieu avant plusieurs jours, les généraux de l’armée décrétèrent une grande fête nationale. Et quelques heures plus tard, la liqueur de shooki coulait déjà à flots dans les rues de Fyre.
 
C’est dans leur taverne préférée, située sur la place Arispotle, que la bande de jeunes adultes se réunit en début de soirée. La place, déjà bondée en temps normal, débordait de fêtards et de badauds. Les senteurs épicées de Fyre se mélangeaient aux effluves de sueurs et aux émanations d’alcool, et le brouhaha de la foule se mêlait aux compositions festives des musiciens de rue. Bélénor, pourtant connu pour sa ponctualité, arriva plusieurs dizaines de minutes après l’heure convenue. L’air renfrogné qu’il présenta à ses amis tranchait avec l’atmosphère jubilatoire de la cité. Varran, déjà un peu ivre, interpella le retardataire.
 
C’est dans leur taverne préférée, située sur la place Arispotle, que la bande de jeunes adultes se réunit en début de soirée. La place, déjà bondée en temps normal, débordait de fêtards et de badauds. Les senteurs épicées de Fyre se mélangeaient aux effluves de sueurs et aux émanations d’alcool, et le brouhaha de la foule se mêlait aux compositions festives des musiciens de rue. Bélénor, pourtant connu pour sa ponctualité, arriva plusieurs dizaines de minutes après l’heure convenue. L’air renfrogné qu’il présenta à ses amis tranchait avec l’atmosphère jubilatoire de la cité. Varran, déjà un peu ivre, interpella le retardataire.
 
« Ben alors Bélénor, tu fais la gueule ? Tu vas pas me dire que t’es triste pour Thesop ? »
 
« Ben alors Bélénor, tu fais la gueule ? Tu vas pas me dire que t’es triste pour Thesop ? »
Строка 60: Строка 60:
 
« Et ta mère, Bélénor ? Est-elle d’accord ?
 
« Et ta mère, Bélénor ? Est-elle d’accord ?
 
— Non, elle souhaite qu’on reste, même si je la sens elle aussi inquiète. » marmonna le Fyros entre ses doigts.
 
— Non, elle souhaite qu’on reste, même si je la sens elle aussi inquiète. » marmonna le Fyros entre ses doigts.
À ces mots, un brusque impact fit trembler la table. Toutes et tous se tournèrent alors vers Garius, dont le poing massif venait de laisser une empreinte dans le bois jauni. Le visage du Fyros était cramoisi de colère.
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À ces mots, un brusque impact fit trembler la table. Toutes et tous se tournèrent alors vers Garius, dont le poing massif venait de laisser une empreinte dans le bois jauni. Le visage du Fyros était cramoisi de colère et d'épaisses veines marquaient désormais son crâne lisse.
 
« Hey Bélénor, je commence à peine à t'apprécier, alors tu vas me faire le plaisir de ne pas laisser ton père tout gâcher, d’accord ? On le déteste déjà assez comme ça. »
 
« Hey Bélénor, je commence à peine à t'apprécier, alors tu vas me faire le plaisir de ne pas laisser ton père tout gâcher, d’accord ? On le déteste déjà assez comme ça. »
 
Bélénor regarda Garius d’un air ahuri. Il l’appréciait ? Il était vrai que leur relation avait beaucoup évolué depuis leurs premières bagarres. Pour autant, Garius n’avait jusqu’alors jamais verbalisé leur amitié. Le colosse lui sourit et Bélénor rougit légèrement. Au même moment, un serveur arriva avec sept pintes bien remplies.
 
Bélénor regarda Garius d’un air ahuri. Il l’appréciait ? Il était vrai que leur relation avait beaucoup évolué depuis leurs premières bagarres. Pour autant, Garius n’avait jusqu’alors jamais verbalisé leur amitié. Le colosse lui sourit et Bélénor rougit légèrement. Au même moment, un serveur arriva avec sept pintes bien remplies.
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Bélénor tourna la tête, et la gorge pleine de shookie, manqua de s'étouffer. Un Zoraï était en effet attablé au comptoir, dos à eux.
 
Bélénor tourna la tête, et la gorge pleine de shookie, manqua de s'étouffer. Un Zoraï était en effet attablé au comptoir, dos à eux.
 
« Énor, allons lui parler ! »
 
« Énor, allons lui parler ! »
Sans attendre, Brandille attrapa Bélénor par la main et le tira en direction de l’inconnu. Le Fyros se laissa faire, bien que paniqué à l’idée de rencontrer un Zoraï. S’il lui était déjà arrivé d’en croiser quelquefois dans les rues de Fyre, il n’avait jamais eu l’occasion de discuter avec l’un d’eux en tête-à-tête. Bélénor rêvait de rencontrer un Zoraï. Tant qu’il en avait développé une forme de frustration. Là était le risque, lorsque l’on écrivait à ce point sur un peuple que l’on n’avait jamais réellement rencontré. Ainsi, il craignait que sa fascination soit excessive, et fleurte avec le fétichisme raciale. Lorsque les deux camarades arrivèrent au niveau du comptoir, ils comprirent que l’individu était en réalité une homine. Accoudée au bar, la Zoraï était en train de boire une soupe à l’aide d’une étrange paille. Instantanément, Bélénor tomba de passion pour sa peau bleue, mais surtout pour son masque. De forme allongée et aux cornes asymétriques, il était aussi totalement blanc. Si le Fyros était fasciné par sa forme et sa couleur, un détail l'intriguait plus que tout : sa texture. En cet instant, il aurait tout donné pour passer ses doigts sur ce visage osseux, que l'on disait être chaud et doux. Toucher ce cadeau sacré des Kamis, dont le peuple Zoraï était l’unique et chanceux propriétaire. Comprenant que son ami ne prendrait pas la parole de lui-même, Brandille prit son plus beau matéis et interpella la Zoraï.
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Sans attendre, Brandille attrapa Bélénor par la main et le tira en direction de l’inconnu. Le Fyros se laissa faire, bien que paniqué à l’idée de rencontrer un Zoraï. S’il lui était déjà arrivé d’en croiser quelques rares fois dans les rues de Fyre, il n’avait jamais eu l’occasion de discuter avec l’un d’eux en tête-à-tête. C’était d’ailleurs le cas de la grande majorité des Fyros. En effet, il était souvent difficile d’approcher le peuple Zoraï, devenu particulièrement isolationniste avec le temps. On racontait que les Zoraïs n’avaient jamais pardonné à l’armée des Fyros d’avoir assiégé Zoran sur un malentendu, en 2328, croyant que la Théocratie était l’alliée du Royaume de Matia. Il faut dire que la Grande Bibliothèque de Zoran, à l’époque composée de plusieurs milliers de volumes traitant en grande majorité des Kamis, avait été entièrement détruite par l’artillerie fyrosse… Cette erreur militaire avait convaincu la Théocratie d’étendre la construction de sa Grande Muraille à toutes les frontières de la Jungle. Une Grande Muraille que les Zoraïs refusèrent d’ouvrir aux réfugiés Trykers lorsque le Royaume de Matia envahit Trykoth trente cinq ans auparavant, et réduit en esclavage le peuple des Lacs. De quoi rendre méfiants beaucoup d’homins à l’égard des Zoraïs, donc… Bélénor, pour sa part, était bien loin de ces considérations, et souhaitait ardemment une telle rencontre. Tant qu’il en avait développé une forme de frustration. Car, à force d'écrire sur un peuple dont il n'avait jamais réellement rencontré de représentant, il craignait que sa fascination soit excessive, qu'elle confine au fétichisme racial. Lorsque les deux camarades arrivèrent au niveau du comptoir, ils comprirent que l’individu était en réalité une homine. Accoudée au bar, la Zoraï était en train de boire une soupe à l’aide d’une étrange paille. Instantanément, Bélénor tomba de passion pour sa peau bleue, mais surtout pour son masque. De forme allongée et aux cornes asymétriques, il était aussi totalement blanc. Si le Fyros était fasciné par sa forme et sa couleur, un détail l'intriguait plus que tout : sa texture. En cet instant, il aurait tout donné pour passer ses doigts sur ce visage osseux, que l'on disait être chaud et doux. Toucher ce cadeau sacré des Kamis, dont le peuple Zoraï était l’unique et chanceux propriétaire. Comprenant que son ami ne prendrait pas la parole de lui-même, Brandille prit son plus beau matéis et interpella la Zoraï. Car, si rien n'assurait qu’elle parle correctement le fyrk, la langue fyros, il était rare que les voyageurs ne maîtrisent pas le matéis.
« Bonjour, et désolé de vous déranger. Nous ne sommes pas habitués à croiser des personnes des Zoraïs, ici à Fyre. Nous étions donc curieux de vous rencontrer. Auriez-vous du temps à nous accorder ? »
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« Bonjour, et désolés de vous déranger. Nous ne sommes pas habitués à croiser des personnes des Zoraïs, ici à Fyre. Nous étions donc curieux de vous rencontrer. Auriez-vous du temps à nous accorder ? »
La Zoraï baissa sa tête en direction des deux jeunes et pencha son masque sur le côté. Face à elle, et bien qu’elle fût assise, Brandille semblait minuscule. Si la Zoraï devait dépasser le mètre quatre-vingt-cinq, Brandille ne mesurait qu’un mètre quarante, la taille moyenne du peuple Tryker. Bélénor grimaça, certain que son amie avait été trop brusque. Son incapacité à lire les expressions faciales de son interlocutrice au visage osseux ne faisait d’ailleurs qu’accentuer son angoisse. Mais contre toute attente, la Zoraï retira la paille de la fente labiale de son masque et répondit en dialecte fyros.
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La Zoraï baissa sa tête en direction des deux jeunes et pencha son masque sur le côté. Face à elle, et bien qu’elle fût assise, Brandille semblait minuscule. Si la Zoraï devait dépasser le mètre quatre-vingt-cinq, Brandille ne mesurait qu’un mètre quarante, la taille moyenne du peuple Tryker. Bélénor grimaça, certain que son amie avait été trop brusque. Son incapacité à lire les expressions faciales de son interlocutrice au visage osseux ne faisait d’ailleurs qu’accentuer son angoisse. Mais contre toute attente, la Zoraï retira la paille de la fente labiale de son masque et répondit en un fyrk très compréhensible.
 
« Bonjour. Les Fyros et les Trykers sont définitivement bien curieux. Que puis-je faire pour vous ? »
 
« Bonjour. Les Fyros et les Trykers sont définitivement bien curieux. Que puis-je faire pour vous ? »
 
Sans plus de réserve, Brandille grimpa sur le tabouret situé à droite de la Zoraï. Bélénor, hésitant, resta debout. En temps normal, il aurait probablement fui. Mais c’était sans compter les effets désinhibants de l’alcool.
 
Sans plus de réserve, Brandille grimpa sur le tabouret situé à droite de la Zoraï. Bélénor, hésitant, resta debout. En temps normal, il aurait probablement fui. Mais c’était sans compter les effets désinhibants de l’alcool.
 
« Merci beaucoup ! Voyez-vous, mon ami ici présent est en train de finir l’écriture d’une histoire mettant en scène des Zoraï. Pourtant, il n’a jamais rencontré l’un ou l'une des vôtres. J’imaginais que vous pourriez l’aider à rendre son récit plus crédible. Mais vous êtes certainement très occupée ! D’ailleurs, que faites-vous à Fyre ?
 
« Merci beaucoup ! Voyez-vous, mon ami ici présent est en train de finir l’écriture d’une histoire mettant en scène des Zoraï. Pourtant, il n’a jamais rencontré l’un ou l'une des vôtres. J’imaginais que vous pourriez l’aider à rendre son récit plus crédible. Mais vous êtes certainement très occupée ! D’ailleurs, que faites-vous à Fyre ?
— Je suis en mission commerciale, répondit la Zoraï en rangeant sa paille dans la petite sacoche qui flanquait sa cuisse gauche. Mais l’assassinat de l’Empereur change beaucoup de choses. Je vais donc devoir repartir d’ici peu. Un récit sur mon peuple, donc ? Intéressant. Je t’écoute, jeune Fyros. Quelles questions souhaites-tu me poser ? »
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— Je suis en mission commerciale, répondit la Zoraï en rangeant sa paille dans la petite sacoche qui flanquait sa cuisse gauche. Mais l’assassinat du Sharükos change beaucoup de choses. Je vais donc devoir repartir d’ici peu. Un récit sur mon peuple, donc ? Intéressant. Je t’écoute, jeune Fyros. Quelles questions souhaites-tu me poser ? »
 
Fidèle à lui-même, Bélénor rougit. Il était fasciné par le masque de son interlocutrice, qui semblait doté d’une légère flexibilité au niveau de la mâchoire.
 
Fidèle à lui-même, Bélénor rougit. Il était fasciné par le masque de son interlocutrice, qui semblait doté d’une légère flexibilité au niveau de la mâchoire.
 
« M… Merci de nous accorder un peu de votre temps. À vrai dire, je n’ai pas de questions précises. Je n’avais pas prévu de rencontrer un membre de votre peuple aujourd’hui… Je… Je suis assez pris au dépourvu.
 
« M… Merci de nous accorder un peu de votre temps. À vrai dire, je n’ai pas de questions précises. Je n’avais pas prévu de rencontrer un membre de votre peuple aujourd’hui… Je… Je suis assez pris au dépourvu.

Версия 15:12, 21 декабря 2021


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Примечания : (Lanstiril, 2021-12-21)


XII - Famille

An 2470 de Jena

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Bélénor Nébius, narrateur

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