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« ''J’ai besoin de toi Bélénor… Pense aux Jours Heureux, Bélénor… Je suis toujours à tes côtés, Bélénor. N’oublie jamais.'' »
 
« ''J’ai besoin de toi Bélénor… Pense aux Jours Heureux, Bélénor… Je suis toujours à tes côtés, Bélénor. N’oublie jamais.'' »
  
Obsédé par ces questions, le Fyros avait épluché toutes les études consacrées aux Kamis disponibles à l’Académie. Il voulait tout savoir des ces esprits de la nature. Bien sûr, il savait que les connaissances compilées par l’Empire n’étaient pas suffisantes, et qu’il devrait, tôt ou tard, se rendre dans le plus haut lieu de savoir kamique connu : la cité de Taaï-Toon, là où la Grande Bibliothèque du peuple zoraï fût reconstruite après que l’Empire eut saccagé Zoran en 2328. Ne pouvant pas se résoudre à quitter l’Académie sans avoir obtenu le grade le plus élevé, comme Melkiar avant lui, Bélénor dut trouver de quoi étancher sa soif de savoir. C’est ainsi qu’il se mit à fréquenter les temples kamis de la capitale, parfois accompagné de Xynala, où tous deux furent initié à différentes pratiques rituelles. Si la liberté de culte était un droit octroyé par l’Empire à ses citoyens, jamais la spiritualité des Fyros ne devait prévaloir sur les « Quatre Piliers de l’Empire ». C’est pourquoi, seulement sous certaines conditions, l’Empire autorisait la construction de temples au sein de ses villes. Passant donc de la théorie à la pratique, Bélénor fût surpris de voir à quel point les fidèles des différents courants de croyances kamiques entretenaient de bonnes relations, malgré certains désaccords majeurs. Le plus important d’entre eux concernait l’existence et l’identité du Kami Suprême. Selon la majorité des cultes, le Kami Suprême était Jena, la Déesse de l’Astre du jour et la Mère de l’hominité, tandis que pour d’autres courants plus animistes, il n’existait pas de Kami Suprême. Si dans ''La Guerre Sacrée'', l’histoire qu’il avait écrite quelques années auparavant, Bélénor s’était amusé à imaginer le Kami Suprême comme une entité gigantesque enfouie quelque part dans les profondeurs d’Atys, aucun des cultes kamiques qu’il avait étudié ne décrivait un tel être. Pourtant, jamais il n’avait oublié la fois où il avait rencontré cette commerçante Zoraï, à la taverne, plus de dix ans auparavant. Jamais il n’avait oublié le regard effrayé qu’elle lui avait lancé alors qui prononçait les mots « Masque Noir »… Un masque noir qu’il s’était vu caresser au cours d’une vision, déclenchée par le contact physique du Kami Noir, alors que Xynala et lui s’étaient rendus dans la chambre funéraire improvisée de Garius. Au fond de lui, Bélénor était convaincu que ses rêves d’enfants, ceux-là même qui avaient tant nourri son histoire, n’étaient pas anodins. Peut-être avaient-ils à voir avec ce Kami Noir. Alors, le Fyros se mit en tête de rencontrer un Kami, afin de discuter avec lui.
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Obsédé par ces questions, le Fyros avait épluché toutes les études consacrées aux Kamis disponibles à l’Académie. Il voulait tout savoir de ces esprits de la nature. Bien sûr, il savait que les connaissances compilées par l’Empire n’étaient pas suffisantes, et qu’il devrait, tôt ou tard, se rendre dans le plus haut lieu de savoir kamique connu : la cité de Taaï-Toon, là où la Grande Bibliothèque du peuple zoraï fût reconstruite après que l’Empire eut saccagé Zoran en 2328. Ne pouvant pas se résoudre à quitter l’Académie sans avoir obtenu le grade le plus élevé, comme Melkiar avant lui, Bélénor dut trouver de quoi étancher sa soif de savoir. C’est ainsi qu’il se mit à fréquenter les temples kamis de la capitale, parfois accompagné de Xynala, où tous deux furent initié à différentes pratiques rituelles. Si la liberté de culte était un droit octroyé par l’Empire à ses citoyens, jamais la spiritualité des Fyros ne devait prévaloir sur les « Quatre Piliers de l’Empire ». C’est pourquoi, seulement sous certaines conditions, l’Empire autorisait la construction de temples au sein de ses villes. Passant donc de la théorie à la pratique, Bélénor fût surpris de voir à quel point les fidèles des différents courants de croyances kamiques entretenaient de bonnes relations, malgré certains désaccords majeurs. Le plus important d’entre eux concernait l’existence et l’identité du Kami Suprême. Selon la majorité des cultes, le Kami Suprême était Jena, la Déesse de l’Astre du jour et la Mère de l’hominité, tandis que pour d’autres courants plus animistes, il n’existait pas de Kami Suprême. Si dans ''La Guerre Sacrée'', l’histoire qu’il avait écrite quelques années auparavant, Bélénor s’était amusé à imaginer le Kami Suprême comme une entité gigantesque enfouie quelque part dans les profondeurs d’Atys, aucun des cultes kamiques qu’il avait étudié ne décrivait un tel être. Pourtant, jamais il n’avait oublié la fois où il avait rencontré cette commerçante Zoraï, à la taverne, plus de dix ans auparavant. Jamais il n’avait oublié le regard effrayé qu’elle lui avait lancé alors qui prononçait les mots « Masque Noir » … Un masque noir qu’il s’était vu caresser au cours d’une vision, déclenchée par le contact physique du Kami Noir, alors que Xynala et lui s’étaient rendus dans la chambre funéraire improvisée de Garius. Au fond de lui, Bélénor était convaincu que ses rêves d’enfants, ceux-là même qui avaient tant nourri son histoire, n’étaient pas anodins. Peut-être avaient-ils à voir avec ce Kami Noir. Alors, le Fyros se mit en tête de rencontrer un Kami, afin de discuter avec lui.
  
 
C’est la demande qu’il fit à Messen Dyn, un vieux moine kamiste avec lequel il s’était lié d’amitié. D’abord hésitant, le vieux Fyros accepta finalement la requête du jeune adepte, avec moins l’objectif de lui rendre service que de lui faire comprendre que les Kamis n’étaient pas créatures loquaces. D’après lui, si le jeune homin était réellement béni des Kamis, c’est de lui-même qu’il devait comprendre le destin qu’ils lui réservaient. Les premières fois que Messen tenta d’invoquer un Kami, le rituel échoua : assis en tailleur devant le grand brasier qui surplombait l’autel, les deux Fyros méditèrent et prièrent longuement, sans succès. Et puis un jour, alors que rien ne présageait du caractère particulier de cette séance de méditation, le grand feu cessa brusquement de vaciller. Comme si elles venaient de se solidifier, cinq flammes rouges se figèrent, tandis que dans le fond du brasier, les bûches noircies semblaient animées d’étranges mouvements. Assurément, une force invisible était en train de modeler la matière carbonée et flamboyante. Ce n’est que lorsque le Fyros comprit que les deux formes jaunes qu’il observait n’étaient rien d'autre qu’une paire d’yeux, qu’il sut que le rituel avait fonctionné. Pourvu de longs membres glabres de couleur brune, et de cinq cornes rappelant du bois brûlé encore rougeoyant à l'extrémité, parcourues de nervures rouges et orangées s'étendant jusqu'à ses grands yeux jaunes, le Kami de Feu était en train de s’extirper du brasier. Quelques secondes plus tard, c’est le dos voûté, accroupie sur le rebord de l’autel devant les flammes incandescentes, que la divine créature observait silencieusement les deux homins. Messen remercia longuement son invité puis lui expliqua brièvement pourquoi il avait fait appel à lui. Et alors que le vieux moine donnait la parole à Bélénor, et que celui-ci remerciait à son tour le Kami de Feu, la créature divine bondit en arrière et disparut dans une gerbe de flamme…
 
C’est la demande qu’il fit à Messen Dyn, un vieux moine kamiste avec lequel il s’était lié d’amitié. D’abord hésitant, le vieux Fyros accepta finalement la requête du jeune adepte, avec moins l’objectif de lui rendre service que de lui faire comprendre que les Kamis n’étaient pas créatures loquaces. D’après lui, si le jeune homin était réellement béni des Kamis, c’est de lui-même qu’il devait comprendre le destin qu’ils lui réservaient. Les premières fois que Messen tenta d’invoquer un Kami, le rituel échoua : assis en tailleur devant le grand brasier qui surplombait l’autel, les deux Fyros méditèrent et prièrent longuement, sans succès. Et puis un jour, alors que rien ne présageait du caractère particulier de cette séance de méditation, le grand feu cessa brusquement de vaciller. Comme si elles venaient de se solidifier, cinq flammes rouges se figèrent, tandis que dans le fond du brasier, les bûches noircies semblaient animées d’étranges mouvements. Assurément, une force invisible était en train de modeler la matière carbonée et flamboyante. Ce n’est que lorsque le Fyros comprit que les deux formes jaunes qu’il observait n’étaient rien d'autre qu’une paire d’yeux, qu’il sut que le rituel avait fonctionné. Pourvu de longs membres glabres de couleur brune, et de cinq cornes rappelant du bois brûlé encore rougeoyant à l'extrémité, parcourues de nervures rouges et orangées s'étendant jusqu'à ses grands yeux jaunes, le Kami de Feu était en train de s’extirper du brasier. Quelques secondes plus tard, c’est le dos voûté, accroupie sur le rebord de l’autel devant les flammes incandescentes, que la divine créature observait silencieusement les deux homins. Messen remercia longuement son invité puis lui expliqua brièvement pourquoi il avait fait appel à lui. Et alors que le vieux moine donnait la parole à Bélénor, et que celui-ci remerciait à son tour le Kami de Feu, la créature divine bondit en arrière et disparut dans une gerbe de flamme…
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Durant ces quatre années, il était aussi fort probable que Melkiar et Varran aient beaucoup changé. Notamment Melkiar, dont le père s’était fait tuer sous ses yeux, sur le champ de bataille. De quoi renforcer un peu plus le lien qui l’unissait à Varran. Devenant chef de la tribu des Larmes du Dragon, Melkiar réussit l’exploit d’aller plus loin encore que son père, Tigriron, et pérennisa la coalition formée par celui-ci à l’époque de la guerre contre les Sauvages. Signant un traité de paix, les tribus de l’ancienne coalition se placèrent définitivement sous la protection des Larmes du Dragon. Mais cet événement historique ne fût que le début d’une grande série de victoires politiques. C’est ainsi que, voici quelques mois à peine, Melkiar réussissait finalement à rassembler toutes les tribus du désert occidental sous sa direction. Une prouesse impensable, qui n’était pas sans rappeler la campagne militaire unificatrice que Dyros le Grand, le premier empereur du peuple fyros, avait menée plus de deux-cent ans auparavant. Mais à l’inverse de Dyros, lui n’avait pas eu à faire appel aux armes. Sa bravoure, son charisme et sa grande intelligence semblaient avoir suffi. À cette pensée, Bélénor sourit intérieurement, et se remémora le discours qu’il avait prononcé le jour de leur rencontre, datant déjà de dix-huit ans :
 
Durant ces quatre années, il était aussi fort probable que Melkiar et Varran aient beaucoup changé. Notamment Melkiar, dont le père s’était fait tuer sous ses yeux, sur le champ de bataille. De quoi renforcer un peu plus le lien qui l’unissait à Varran. Devenant chef de la tribu des Larmes du Dragon, Melkiar réussit l’exploit d’aller plus loin encore que son père, Tigriron, et pérennisa la coalition formée par celui-ci à l’époque de la guerre contre les Sauvages. Signant un traité de paix, les tribus de l’ancienne coalition se placèrent définitivement sous la protection des Larmes du Dragon. Mais cet événement historique ne fût que le début d’une grande série de victoires politiques. C’est ainsi que, voici quelques mois à peine, Melkiar réussissait finalement à rassembler toutes les tribus du désert occidental sous sa direction. Une prouesse impensable, qui n’était pas sans rappeler la campagne militaire unificatrice que Dyros le Grand, le premier empereur du peuple fyros, avait menée plus de deux-cent ans auparavant. Mais à l’inverse de Dyros, lui n’avait pas eu à faire appel aux armes. Sa bravoure, son charisme et sa grande intelligence semblaient avoir suffi. À cette pensée, Bélénor sourit intérieurement, et se remémora le discours qu’il avait prononcé le jour de leur rencontre, datant déjà de dix-huit ans :
  
« ''Quand je serais grand, j’ai pour projet de réunir toutes les tribus à l’ouest du Désert, où je suis né. Là bas, la vie est bien plus difficile qu’ici. Ni armée régulière, ni aqueduc… J'aimerais pouvoir y fonder une grande cité, égale à Fyre. Bien sûr, faire la guerre aux tribus insoumises pour forcer leur coopération pourrait suffire. Mais là ne sont pas mes valeurs. Je me promets d’y arriver à ma manière : prouver ma bravoure, accomplir des exploits, gagner leur confiance.'' »
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« ''Quand je serais grand, j’ai pour projet de réunir toutes les tribus à l’ouest du Désert, où je suis né. Là-bas, la vie est bien plus difficile qu’ici. Ni armée régulière, ni aqueduc… J'aimerais pouvoir y fonder une grande cité, égale à Fyre. Bien sûr, faire la guerre aux tribus insoumises pour forcer leur coopération pourrait suffire. Mais là ne sont pas mes valeurs. Je me promets d’y arriver à ma manière : prouver ma bravoure, accomplir des exploits, gagner leur confiance.'' »
  
 
Aujourd’hui, le rêve de Melkiar était à portée. Car si celui que l’on surnommait Le Prodige, s’était déplacé jusqu’à Fyre, c’était justement pour rencontrer l’Empereur Cerakos II, qui avait succédé à son père Krospas, décédé deux ans auparavant lors d’une traditionnelle chasse aux varinx. Pour discuter avec lui de son désir de fonder une ville qui permettrait d’accueillir convenablement les tribus qu’il fédérait désormais. Une ville qui, bâtie autour de Fort Kronk, deviendrait la grande cité impériale du désert extrême-occidental. Définitivement, Bélénor comprenait pourquoi Xynala, Tisse et lui-même s’étaient enamourés de Melkiar. Sa capacité à rassembler largement autour de lui, et à aller de l’avant – toujours plus loin – était fascinante.
 
Aujourd’hui, le rêve de Melkiar était à portée. Car si celui que l’on surnommait Le Prodige, s’était déplacé jusqu’à Fyre, c’était justement pour rencontrer l’Empereur Cerakos II, qui avait succédé à son père Krospas, décédé deux ans auparavant lors d’une traditionnelle chasse aux varinx. Pour discuter avec lui de son désir de fonder une ville qui permettrait d’accueillir convenablement les tribus qu’il fédérait désormais. Une ville qui, bâtie autour de Fort Kronk, deviendrait la grande cité impériale du désert extrême-occidental. Définitivement, Bélénor comprenait pourquoi Xynala, Tisse et lui-même s’étaient enamourés de Melkiar. Sa capacité à rassembler largement autour de lui, et à aller de l’avant – toujours plus loin – était fascinante.
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— Non Brandille, ce n’est pas ça. L’odeur dont tu parlais, je crois que je la sens. »
 
— Non Brandille, ce n’est pas ça. L’odeur dont tu parlais, je crois que je la sens. »
  
Et alors qu’un air singulier se dessinait sur le visage de Brandille, les tuyères de kün-trazen, le grand beffroi au sommet duquel était fixé le cor d’alerte, résonnèrent dans tout Fyre. Instantanément, un silence de mort envahit l'avenue Dyros. La gorge nouée et le cœur serré, Bélénor s’empressa de capter le regard de Xynala et de Tisse, espérant y trouver des réponses. L’exercice annuel de simulation d’invasion avait eu lieu il y a quelques mois à peine, et toutes deux étaient officières. Elles devaient donc sûrement savoir pourquoi kün-trazen venait d’entonner son chant sinistre. Malheureusement, il ne trouva nulle réponse dans les yeux des Fyrosses. Simplement un mélange d’incompréhension et de peur. Mais pire sonorité restait à venir. Celle-là même qui s’éleva presqu'aussitôt des Portes Sud, et dont le souvenir poursuivrait l’hominité à jamais : l’épouvantable bourdonnement du déclin. Rapidement, les premiers cris retentirent au bas de l’avenue, alors que le vrombissement et l’odeur acerbe s’intensifiaient. Et puis Bélénor les aperçut dans le contre-jour : les étranges créatures ailées dont dont la silhouette leur serait à l'avenir si familière. Il n’en fallut pas moins à Xynala pour reprendre son sang-froid et décrocher le porte-voix de sa ceinture.
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Et alors qu’un air singulier se dessinait sur le visage de Brandille, les tuyères de kün-trazen, le grand beffroi au sommet duquel était fixé le cor d’alerte, résonnèrent dans tout Fyre. Instantanément, un silence de mort envahit l'avenue Dyros. La gorge nouée et le cœur serré, Bélénor s’empressa de capter le regard de Xynala et de Tisse, espérant y trouver des réponses. L’exercice annuel de simulation d’invasion avait eu lieu il y a quelques mois à peine, et toutes deux étaient officières. Elles devaient donc sûrement savoir pourquoi kün-trazen venait d’entonner son chant sinistre. Malheureusement, il ne trouva nulle réponse dans les yeux des Fyrosses. Simplement un mélange d’incompréhension et de peur. Mais pire sonorité restait à venir. Celle-là même qui s’éleva presqu'aussitôt des Portes Sud, et dont le souvenir poursuivrait l’hominité à jamais : l’épouvantable bourdonnement du déclin. Rapidement, les premiers cris retentirent au bas de l’avenue, alors que le vrombissement et l’odeur acerbe s’intensifiaient. Et puis Bélénor les aperçut dans le contre-jour : les étranges créatures ailées dont la silhouette leur serait à l'avenir si familière. Il n’en fallut pas moins à Xynala pour reprendre son sang-froid et décrocher le porte-voix de sa ceinture.
  
 
« Alerte générale ! Que les réservistes se dirigent vers la caserne la plus proche ! Quant aux autres, réfugiez-vous dans les abris et les tunnels d’évacuation ! Suivez la procédure ! »
 
« Alerte générale ! Que les réservistes se dirigent vers la caserne la plus proche ! Quant aux autres, réfugiez-vous dans les abris et les tunnels d’évacuation ! Suivez la procédure ! »
  
Et au même moment, alors que les premiers êtres volants filaient à toute vitesse au-dessus de la grande artère, les poumons de Bélénor s’enflammèrent. Un agressif voile toxique venait d’empoisonner l’atmosphère. Comme beaucoup des passants qui l’entouraient, il tomba à genoux. Certains même vomirent ou perdirent connaissance. Le visage grimaçant et yeux plissés, le Fyros observait impuissant l'avenue balayée par un vent de panique. Au loin, on pouvait même deviner des départs d’incendie. Mais qu’était-il donc en train de se passer ? Si on excluait les tentatives de certaines tribus, à l’aube de l’ère impériale, jamais Fyre n’avait été attaquée. Et encore moins envahie. Alors quelles étaient ces étranges créatures ailées, bien plus imposantes que les plus gros volatiles jamais répertoriés jusqu’alors ? Sans nul doute les créations malfaisantes des Matis, à qui la Karavan avait, il y a bien longtemps, révélé les secrets de la manipulation génétique. Après tout, bien qu’en paix avec les Fyros depuis le Traité de Karavia, signé en 2436, le Royaume de Matia restait l’ennemi ancestral de l’Empire Fyros… Comme pour indiquer à Bélénor que l’heure n’était pas aux leçons d’Histoire, un badaud le percuta accidentellement et le fît chuter sur le flanc.
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Et au même moment, alors que les premiers êtres volants filaient à toute vitesse au-dessus de la grande artère, les poumons de Bélénor s’enflammèrent. Un agressif voile toxique venait d’empoisonner l’atmosphère. Comme beaucoup des passants qui l’entouraient, il tomba à genoux. Certains même vomirent ou perdirent connaissance. Le visage grimaçant et yeux plissés, le Fyros observait impuissant l'avenue balayée par un vent de panique. Au loin, on pouvait même deviner des départs d’incendie. Mais qu’était-il donc en train de se passer ? Si on excluait les tentatives de certaines tribus, à l’aube de l’ère impériale, jamais Fyre n’avait été attaquée. Et encore moins envahie. Alors qu'elles étaient ces étranges créatures ailées, bien plus imposantes que les plus gros volatiles jamais répertoriés jusqu’alors ? Sans nul doute les créations malfaisantes des Matis, à qui la Karavan avait, il y a bien longtemps, révélé les secrets de la manipulation génétique. Après tout, bien qu’en paix avec les Fyros depuis le Traité de Karavia, signé en 2436, le Royaume de Matia restait l’ennemi ancestral de l’Empire Fyros… Comme pour indiquer à Bélénor que l’heure n’était pas aux leçons d’Histoire, un badaud le percuta accidentellement et le fît chuter sur le flanc.
  
 
« Énor, debout ! » siffla Brandille en l’aidant à se redresser avant que la masse des citoyens affolés ne le piétinent.
 
« Énor, debout ! » siffla Brandille en l’aidant à se redresser avant que la masse des citoyens affolés ne le piétinent.
Строка 132: Строка 132:
 
« Ne paniquez pas ! Restez ordonnés ! Suivez la procédure ! » s’écria Xynala à destination de la foule terrorisée.
 
« Ne paniquez pas ! Restez ordonnés ! Suivez la procédure ! » s’écria Xynala à destination de la foule terrorisée.
  
« Tisse, là haut ! s’exclama-t-elle subitement, en levant l’une de ses massues.
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« Tisse, là-haut ! s’exclama-t-elle subitement, en levant l’une de ses massues.
  
 
— Je sais, je l’ai vu, répondit calmement la rouquine. »
 
— Je sais, je l’ai vu, répondit calmement la rouquine. »
Строка 148: Строка 148:
 
« Xynala, Tisse, rendez-vous à la caserne voisine et rassemblez chacune un escadron de réservistes ! Vous êtes promues capitaine pour la journée ! Et si vous réussissez, croyez-bien que vous le resterez ! Transmettez mes consignes aux officiers que vous trouverez sur place ! »
 
« Xynala, Tisse, rendez-vous à la caserne voisine et rassemblez chacune un escadron de réservistes ! Vous êtes promues capitaine pour la journée ! Et si vous réussissez, croyez-bien que vous le resterez ! Transmettez mes consignes aux officiers que vous trouverez sur place ! »
  
Montée sur un mektoub cuirassé jusqu'à la trompe, la vénérable Fyrosse, celle-là même qui avait arbitré le célèbre duel qui avait opposé Melkiar et Xynala durant les Jeux de l’Académie, presque quinze ans auparavant, venait d’arriver à leur niveau.. Elle avait enfilé une armure lourde et tenait en main une longue pique acérée. Au travers de sa visière, elle examina successivement les deux Fyrosses d’un air rageur. Ainsi juchée, armée et vêtue, rien hormis les nombreuses décorations qui bardaient son plastron ne pouvait laisser croire que la guerrière avait plus de soixante-dix ans. Une nouvelle fois, son âge témoignait de la longévité importante des homins, bien supérieure à celle des animaux qui peuplaient l’Écorce. Plaçant la tête de sa monture en direction du sud, la Fyrosse continua.
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Montée sur un mektoub cuirassé jusqu'à la trompe, la vénérable Fyrosse, celle-là même qui avait arbitré le célèbre duel qui avait opposé Melkiar et Xynala durant les Jeux de l’Académie, presque quinze ans auparavant, venait d’arriver à leur niveau. Elle avait enfilé une armure lourde et tenait en main une longue pique acérée. Au travers de sa visière, elle examina successivement les deux Fyrosses d’un air rageur. Ainsi juchée, armée et vêtue, rien hormis les nombreuses décorations qui bardaient son plastron ne pouvait laisser croire que la guerrière avait plus de soixante-dix ans. Une nouvelle fois, son âge témoignait de la longévité importante des homins, bien supérieure à celle des animaux qui peuplaient l’Écorce. Plaçant la tête de sa monture en direction du sud, la Fyrosse continua.
  
 
« Des armes de tir devront être données à chacun des soldats, et les amplificateurs de magie les plus perfectionnés iront aux mains des mages les plus doués ! Une fois équipés, Vous emprunterez les monte-charges jusqu’au sommet de la Dorsale ! Votre objectif sera d’attirer ces monstres volants en dehors des failles de la cité ! Tout est bien clair ?
 
« Des armes de tir devront être données à chacun des soldats, et les amplificateurs de magie les plus perfectionnés iront aux mains des mages les plus doués ! Une fois équipés, Vous emprunterez les monte-charges jusqu’au sommet de la Dorsale ! Votre objectif sera d’attirer ces monstres volants en dehors des failles de la cité ! Tout est bien clair ?
Строка 242: Строка 242:
 
Et tandis que, les massues dégainées et les jambes chargées de Sève, Xynala bondissait vers une mort certaine, Brandille cambra la tête vers le ciel et hurla. Mais le son aigu qui jaillit alors de sa bouche n’était en rien comparable à un cri. Ni même à aucun autre son atysien. C’était une déflagration sonore aiguë, perçante, qui pénétra Bélénor dans tous ses niveaux d’être, et entra en résonance avec chacune des cendres draconiques qui le composaient. Un tonnerre cristallin, dont la partition fut instantanément déchiffrée par l’ensemble des cellules de son corps. Car ce cri surhomin dissimulait en lui de funestes vibrations. Un terrible présage. Un signal primitif : celui déclenchant l’apoptose, la mort cellulaire.
 
Et tandis que, les massues dégainées et les jambes chargées de Sève, Xynala bondissait vers une mort certaine, Brandille cambra la tête vers le ciel et hurla. Mais le son aigu qui jaillit alors de sa bouche n’était en rien comparable à un cri. Ni même à aucun autre son atysien. C’était une déflagration sonore aiguë, perçante, qui pénétra Bélénor dans tous ses niveaux d’être, et entra en résonance avec chacune des cendres draconiques qui le composaient. Un tonnerre cristallin, dont la partition fut instantanément déchiffrée par l’ensemble des cellules de son corps. Car ce cri surhomin dissimulait en lui de funestes vibrations. Un terrible présage. Un signal primitif : celui déclenchant l’apoptose, la mort cellulaire.
  
L’onde de choc produite par le hurlement dissipa instantanément le gigantesque nuage de poussière et propulsa Bélénor plusieurs mètres en arrière. S’écrasant lourdement dans la sciure, le Fyros hurla à son tour. Le cri de Brandille était en train de lui transpercer le crâne, duquel des vagues de douleur se propageaient dans tout son corps. Était-ce cela que les Zoraïs ressentaient lorsque la pousse de leur masque n’était pas soutenue par la magie des Kamis, comme il l’avait imaginé dans l’histoire qu’il avait écrite autrefois ? Quelle que fût la réponse à cette question, jamais le Fyros n’avait subi un tel supplice. Supporter cette douleur était inconcevable. Il n’y avait aucune chance qu’il en réchappe. Ainsi donc, lui qui s’était imaginé finir dévoré par l’une de ces créatures, allait finalement être tué par son amie, ici-même. La bouche distendue, les yeux révulsés et les bras écartés, Brandille n’en finissait pas de hurler. Son corps vibrait de manière irréelle, de plus en plus en vite, jusqu'à ronger l’écorce qui l’entourait. Mais Bélénor n’était pas le seul à subir les foudres de son cri. Car sur plusieurs dizaines de mètres à la ronde, les kinchers tombaient comme des mouches, broyés par l’implacable cri de Brandille. Atteignant les limites de son endurance à manipuler la Sève, Bélénor sentit son cœur ralentir. Il n’était plus en mesure de régénérer ses cellules auto-détruites. Et alors qu’un voile noir commençait à brouiller sa vue, le cri cessa.
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L’onde de choc produite par le hurlement dissipa instantanément le gigantesque nuage de poussière et propulsa Bélénor plusieurs mètres en arrière. S’écrasant lourdement dans la sciure, le Fyros hurla à son tour. Le cri de Brandille était en train de lui transpercer le crâne, duquel des vagues de douleur se propageaient dans tout son corps. Était-ce cela que les Zoraïs ressentaient lorsque la pousse de leur masque n’était pas soutenue par la magie des Kamis, comme il l’avait imaginé dans l’histoire qu’il avait écrite autrefois ? Quelle que fût la réponse à cette question, jamais le Fyros n’avait subi un tel supplice. Supporter cette douleur était inconcevable. Il n’y avait aucune chance qu’il en réchappe. Ainsi donc, lui qui s’était imaginé finir dévoré par l’une de ces créatures, allait finalement être tué par son amie, ici-même. La bouche distendue, les yeux révulsés et les bras écartés, Brandille n’en finissait pas de hurler. Son corps vibrait de manière irréelle, de plus en plus en vite, jusqu'à ronger l’écorce qui l’entourait. Mais Bélénor n’était pas le seul à subir les foudres de son cri. Car sur plusieurs dizaines de mètres à la ronde, les kinchers tombaient comme des mouches, broyés par l’implacable cri de Brandille. Atteignant les limites de son endurance à manipuler la Sève, Bélénor sentit son cœur ralentir. Il n’était plus en mesure de régénérer ses cellules autodétruites. Et alors qu’un voile noir commençait à brouiller sa vue, le cri cessa.
  
 
À moitié inconscient, le Fyros ne sut pas combien de temps il mit à se relever. Fiévreux, nauséeux, la bave aux lèvres et le regard vitreux, il passa une main tremblante sur son visage. Remarquant la couleur rouge de celle-ci, il comprit que du sang avait coulé en grande quantité de son nez, de ses yeux et de ses oreilles. Cela expliquait certainement l’horrible céphalée qui lui martelait le crâne. Totalement désorienté, il regarda autour de lui, profitant de la levée du brouillard pour se repérer. La monstrueuse vague d’insectes géants avait déferlé depuis le bas de l'avenue Dyros en écrasant tout sur son passage. Désormais muée en une mer morte, elle était tout juste agitée de quelques spasmes nerveux. Une mer dans laquelle Xynala s’était noyée. Si lui avait survécu au cri, il ne faisait aucun doute qu’elle aussi. Elle le devait… Titubant dans la direction supposée de la Fyrosse, il jeta un œil au cratère creusé par Brandille, dans lequel son corps avait disparu. S’il craignait pour la vie de Xynala, il savait Brandille toujours en vie, bien que très faible. Il le sentait, sans comprendre comment ni pourquoi.
 
À moitié inconscient, le Fyros ne sut pas combien de temps il mit à se relever. Fiévreux, nauséeux, la bave aux lèvres et le regard vitreux, il passa une main tremblante sur son visage. Remarquant la couleur rouge de celle-ci, il comprit que du sang avait coulé en grande quantité de son nez, de ses yeux et de ses oreilles. Cela expliquait certainement l’horrible céphalée qui lui martelait le crâne. Totalement désorienté, il regarda autour de lui, profitant de la levée du brouillard pour se repérer. La monstrueuse vague d’insectes géants avait déferlé depuis le bas de l'avenue Dyros en écrasant tout sur son passage. Désormais muée en une mer morte, elle était tout juste agitée de quelques spasmes nerveux. Une mer dans laquelle Xynala s’était noyée. Si lui avait survécu au cri, il ne faisait aucun doute qu’elle aussi. Elle le devait… Titubant dans la direction supposée de la Fyrosse, il jeta un œil au cratère creusé par Brandille, dans lequel son corps avait disparu. S’il craignait pour la vie de Xynala, il savait Brandille toujours en vie, bien que très faible. Il le sentait, sans comprendre comment ni pourquoi.

Версия 20:49, 24 марта 2022

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