Внутреннее тестирование Вики/XV — различия между версиями

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« ''J’ai besoin de toi Bélénor… Pense aux Jours Heureux, Bélénor… Je suis toujours à tes côtés, Bélénor. N’oublie jamais.'' »
 
« ''J’ai besoin de toi Bélénor… Pense aux Jours Heureux, Bélénor… Je suis toujours à tes côtés, Bélénor. N’oublie jamais.'' »
  
Obsédé par ces questions, le Fyros avait épluché toutes les études consacrées aux Kamis disponibles à l’Académie. Il voulait tout savoir de ces esprits de la nature. Bien sûr, il savait que les connaissances compilées par l’Empire n’étaient pas suffisantes, et qu’il devrait, tôt ou tard, se rendre dans le plus haut lieu de savoir kamique connu : la cité de Taaï-Toon, là où la Grande Bibliothèque du peuple zoraï fut reconstruite après que l’Empire eut saccagé Zoran en 2328. Ne pouvant pas se résoudre à quitter l’Académie sans avoir obtenu le grade le plus élevé, comme Melkiar avant lui, Bélénor dut trouver de quoi étancher sa soif de savoir. C’est ainsi qu’il se mit à fréquenter les temples kamis de la capitale, parfois accompagné de Xynala, où tous deux furent initiés à différentes pratiques rituelles. Si la liberté de culte était un droit octroyé par l’Empire à ses citoyens, jamais la spiritualité des Fyros ne devait prévaloir sur les « Quatre Piliers de l’Empire ». C’est pourquoi, seulement sous certaines conditions, l’Empire autorisait la construction de temples au sein de ses villes. Passant donc de la théorie à la pratique, Bélénor fut surpris de voir à quel point les fidèles des différents courants de croyances kamiques entretenaient de bonnes relations, malgré certains désaccords majeurs. Le plus important d’entre eux concernait l’existence et l’identité du Kami Suprême. Selon la majorité des cultes, le Kami Suprême était Jena, la Déesse de l’Astre du jour et la Mère de l’hominité, tandis que pour d’autres courants plus animistes, il n’existait pas de Kami Suprême. Si dans ''La Guerre Sacrée'', l’histoire qu’il avait écrite quelques années auparavant, Bélénor s’était amusé à imaginer le Kami Suprême comme une entité gigantesque enfouie quelque part dans les profondeurs d’Atys, aucun des cultes kamiques qu’il avait étudié ne décrivait un tel être. Pourtant, jamais il n’avait oublié la fois où il avait rencontré cette commerçante Zoraï, à la taverne, plus de dix ans auparavant. Jamais il n’avait oublié le regard effrayé qu’elle lui avait lancé alors qui prononçait les mots « Masque Noir » … Un masque noir qu’il s’était vu caresser au cours d’une vision, déclenchée par le contact physique du Kami Noir, alors que Xynala et lui s’étaient rendus dans la chambre funéraire improvisée de Garius. Au fond de lui, Bélénor était convaincu que ses rêves d’enfant, ceux-là mêmes qui avaient tant nourri son histoire, n’étaient pas anodins. Peut-être avaient-ils à voir avec ce Kami Noir. Alors, le Fyros se mit en tête de rencontrer un Kami, afin de discuter avec lui.
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Obsédé par ces questions, le Fyros avait épluché toutes les études consacrées aux Kamis disponibles à l’Académie. Il voulait tout savoir de ces esprits de la nature. Bien sûr, il savait que les connaissances compilées par l’Empire n’étaient pas suffisantes, et qu’il devrait, tôt ou tard, se rendre dans le plus haut lieu de savoir kamique connu : la cité de Taaï-Toon, là où la Grande Bibliothèque du peuple Zoraï fut reconstruite après que l’Empire eut saccagé Zoran en 2328. Ne pouvant pas se résoudre à quitter l’Académie sans avoir obtenu le grade le plus élevé, comme Melkiar avant lui, Bélénor dut trouver de quoi étancher sa soif de savoir. C’est ainsi qu’il se mit à fréquenter les temples kamis de la capitale, parfois accompagné de Xynala, où tous deux furent initiés à différentes pratiques rituelles. Si la liberté de culte était un droit octroyé par l’Empire à ses citoyens, jamais la spiritualité des Fyros ne devait prévaloir sur les « Quatre Piliers de l’Empire ». C’est pourquoi, seulement sous certaines conditions, l’Empire autorisait la construction de temples au sein de ses villes. Passant donc de la théorie à la pratique, Bélénor fut surpris de voir à quel point les fidèles des différents courants de croyances kamiques entretenaient de bonnes relations, malgré certains désaccords majeurs. Le plus important d’entre eux concernait l’existence et l’identité du Kami Suprême. Selon la majorité des cultes, le Kami Suprême était Jena, la Déesse de l’Astre du jour et la Mère de l’hominité, tandis que pour d’autres courants plus animistes, il n’existait pas de Kami Suprême. Si dans ''La Guerre Sacrée'', l’histoire qu’il avait écrite quelques années auparavant, Bélénor s’était amusé à imaginer le Kami Suprême comme une entité gigantesque enfouie quelque part dans les profondeurs d’Atys, aucun des cultes kamiques qu’il avait étudié ne décrivait un tel être. Pourtant, jamais il n’avait oublié la fois où il avait rencontré cette commerçante Zoraï, à la taverne, plus de dix ans auparavant. Jamais il n’avait oublié le regard effrayé qu’elle lui avait lancé alors qu'il prononçait les mots « Masque Noir »… Un masque noir qu’il s’était vu caresser au cours d’une vision, déclenchée par le contact physique du Kami Noir, alors que Xynala et lui s’étaient rendus dans la chambre funéraire improvisée de Garius. Au fond de lui, Bélénor était convaincu que ses rêves d’enfant, ceux-là mêmes qui avaient tant nourri son histoire, n’étaient pas anodins. Peut-être avaient-ils à voir avec ce Kami Noir. Alors, le Fyros se mit en tête de rencontrer un Kami, afin de discuter avec lui.
 
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[[file:Kami 1.jpg|right|400px|alt=Kami de Feu]]
 
C’est la demande qu’il fit à Messen Dyn, un vieux moine kamiste avec lequel il s’était lié d’amitié. D’abord hésitant, le vieux Fyros accepta finalement la requête du jeune adepte, avec moins l’objectif de lui rendre service que de lui faire comprendre que les Kamis n’étaient pas créatures loquaces. D’après lui, si le jeune homin était réellement béni des Kamis, c’est de lui-même qu’il devait comprendre le destin qu’ils lui réservaient. Les premières fois que Messen tenta d’invoquer un Kami, le rituel échoua : assis en tailleur devant le grand brasier qui surplombait l’autel, les deux Fyros méditèrent et prièrent longuement, sans succès. Et puis un jour, alors que rien ne présageait du caractère particulier de cette séance de méditation, le grand feu cessa brusquement de vaciller. Comme si elles venaient de se solidifier, cinq flammes rouges se figèrent, tandis que dans le fond du brasier, les bûches noircies semblaient animées d’étranges mouvements. Assurément, une force invisible était en train de modeler la matière carbonée et flamboyante. Ce n’est que lorsque le Fyros comprit que les deux formes jaunes qu’il observait n’étaient rien d'autre qu’une paire d’yeux, qu’il sut que le rituel avait fonctionné. Pourvu de longs membres glabres de couleur brune, et de cinq cornes rappelant du bois brûlé encore rougeoyant à l'extrémité, parcourues de nervures rouges et orangées s'étendant jusqu'à ses grands yeux jaunes, le Kami de Feu était en train de s’extirper du brasier. Quelques secondes plus tard, c’est le dos voûté, accroupie sur le rebord de l’autel devant les flammes incandescentes, que la divine créature observait silencieusement les deux homins. Messen remercia longuement son invité puis lui expliqua brièvement pourquoi il avait fait appel à lui. Et alors que le vieux moine donnait la parole à Bélénor, et que celui-ci remerciait à son tour le Kami de Feu, la créature divine bondit en arrière et disparut dans une gerbe de flammes…
 
C’est la demande qu’il fit à Messen Dyn, un vieux moine kamiste avec lequel il s’était lié d’amitié. D’abord hésitant, le vieux Fyros accepta finalement la requête du jeune adepte, avec moins l’objectif de lui rendre service que de lui faire comprendre que les Kamis n’étaient pas créatures loquaces. D’après lui, si le jeune homin était réellement béni des Kamis, c’est de lui-même qu’il devait comprendre le destin qu’ils lui réservaient. Les premières fois que Messen tenta d’invoquer un Kami, le rituel échoua : assis en tailleur devant le grand brasier qui surplombait l’autel, les deux Fyros méditèrent et prièrent longuement, sans succès. Et puis un jour, alors que rien ne présageait du caractère particulier de cette séance de méditation, le grand feu cessa brusquement de vaciller. Comme si elles venaient de se solidifier, cinq flammes rouges se figèrent, tandis que dans le fond du brasier, les bûches noircies semblaient animées d’étranges mouvements. Assurément, une force invisible était en train de modeler la matière carbonée et flamboyante. Ce n’est que lorsque le Fyros comprit que les deux formes jaunes qu’il observait n’étaient rien d'autre qu’une paire d’yeux, qu’il sut que le rituel avait fonctionné. Pourvu de longs membres glabres de couleur brune, et de cinq cornes rappelant du bois brûlé encore rougeoyant à l'extrémité, parcourues de nervures rouges et orangées s'étendant jusqu'à ses grands yeux jaunes, le Kami de Feu était en train de s’extirper du brasier. Quelques secondes plus tard, c’est le dos voûté, accroupie sur le rebord de l’autel devant les flammes incandescentes, que la divine créature observait silencieusement les deux homins. Messen remercia longuement son invité puis lui expliqua brièvement pourquoi il avait fait appel à lui. Et alors que le vieux moine donnait la parole à Bélénor, et que celui-ci remerciait à son tour le Kami de Feu, la créature divine bondit en arrière et disparut dans une gerbe de flammes…
 
{{Couillard}}
 
{{Couillard}}
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Sa nourrice émit un léger rire, l’embrassa une dernière fois, puis le poussa gentiment à l’extérieur du bureau. À moitié obéissant, Bélénor traversa le manoir au pas de course, mais se dirigea directement vers le hall d’entrée, sans passer par la cuisine. Comme convenu, Xynala, Tisse et Brandille l’attendaient à côté des grandes portes du manoir troglodyte.
 
Sa nourrice émit un léger rire, l’embrassa une dernière fois, puis le poussa gentiment à l’extérieur du bureau. À moitié obéissant, Bélénor traversa le manoir au pas de course, mais se dirigea directement vers le hall d’entrée, sans passer par la cuisine. Comme convenu, Xynala, Tisse et Brandille l’attendaient à côté des grandes portes du manoir troglodyte.
  
Les deux Fyrosses, chacune vêtue de leur uniforme militaire rouge écarlate, étaient occupées à regarder une grande sculpture d’ambre qui décorait l’entrée. Il y a quatre ans, au départ de Melkiar et de Varran, toutes deux avaient décidé de quitter l’Académie et de s’engager à temps plein dans les rangs de l’armée. Les trophées qu’elles avaient gagnés durant leur adolescence, associés au dernier grade académique qu’elles avaient obtenu et à la renommée qu’elles avaient acquise ces dernières années en tant que réservistes, leur avait permis d’y entrer en tant qu’officières. Dès lors, les deux homines s’étaient beaucoup rapprochées, oubliant totalement les querelles amoureuses de leur adolescence. Xynala Zeseus, désormais lieutenante, était à la tête d’un des pelotons mobiles chargés de maintenir l’ordre à Fyre. Tisse Apoan, quant à elle promue lieutenante-instructrice, s’occupait d’enseigner le tir aux militaires et aux académiciens. À bien des égards, le parcours exemplaire des deux Fyrosses était emblématique de la porosité assumée qu’il existait entre l’Académie et l’Armée impériale. Brandille, portant pour sa part d’amples vêtements bariolés parfaitement accordés à ses tresses multicolores, se tenait sur la pointe de ses bottes et surveillait les abords du manoir au travers de la trappe grillagée ménagée dans la grande porte. Observant son amie du haut de l’escalier ouvert qui menait au hall d’entrée, Bélénor comprit instantanément que quelque chose clochait : Brandille était étrangement immobile.
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Les deux Fyrosses, chacune vêtue de leur uniforme militaire rouge écarlate, étaient occupées à regarder une grande sculpture d’ambre qui décorait l’entrée. Il y a quatre ans, au départ de Melkiar et de Varran, toutes deux avaient décidé de quitter l’Académie et de s’engager à temps plein dans les rangs de l’armée. Les trophées qu’elles avaient gagnés durant leur adolescence, associés au dernier grade académique qu’elles avaient obtenu et à la renommée qu’elles avaient acquise ces dernières années en tant que réservistes, leur avait permis d’y entrer en tant qu’officières. Dès lors, les deux homines s’étaient beaucoup rapprochées, oubliant totalement les querelles amoureuses de leur adolescence. Xynala Zeseus, désormais lieutenante, était à la tête d’un des pelotons mobiles chargés de maintenir l’ordre à Fyre. Tisse Apoan, quant à elle promue lieutenante-instructrice, s’occupait d’enseigner le tir aux militaires et aux académiciens. À bien des égards, le parcours exemplaire des deux Fyrosses était emblématique de la porosité assumée qui existait entre l’Académie et l’Armée Impériale. Brandille, portant pour sa part d’amples vêtements bariolés parfaitement accordés à ses tresses multicolores, se tenait sur la pointe de ses bottes et surveillait les abords du manoir au travers de la trappe grillagée ménagée dans la grande porte. Observant son amie du haut de l’escalier ouvert qui menait au hall d’entrée, Bélénor comprit instantanément que quelque chose clochait : Brandille était étrangement immobile.
  
 
« Bonjour vous trois, dit le Fyros en descendant les marches deux par deux. Tout va bien, Brandille ?
 
« Bonjour vous trois, dit le Fyros en descendant les marches deux par deux. Tout va bien, Brandille ?
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— Quoi ? De quelle odeur parles-tu ?
 
— Quoi ? De quelle odeur parles-tu ?
  
— Ah ! Donc toi aussi tu ne sens rien, s’exclama Xynala en se retournant. La première chose que nous a dit Brandille ce midi, lorsque nous sommes venues le chercher avec Tisse, c’est que nous ne sentions pas bon… V’la l’ambiance. »
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— Ah ! Donc toi aussi tu ne sens rien, s’exclama Xynala en se retournant. La première chose que nous a dite Brandille ce midi, lorsque nous sommes venues le chercher avec Tisse, c’est que nous ne sentions pas bon… V’la l’ambiance. »
  
 
Se retournant d’un bond, Brandille posa ses mains sur ses hanches et prit un air faussement outré.
 
Se retournant d’un bond, Brandille posa ses mains sur ses hanches et prit un air faussement outré.
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— Oui, déglutit Bélénor. C’est bien ça. »
 
— Oui, déglutit Bélénor. C’est bien ça. »
  
Si l’accueil de ses amies lui avait permis d’oublier ses angoisses, au moins durant quelques instants, celles-ci venaient de ressurgir au galop. Car aujourd’hui marquait le retour de Melkiar et Varran dans la capitale fyrosse, après quatre années d’absence. Quatre années durant lesquelles peu de lettres furent échangées. Quatre années de séparation, qui remettaient peut-être en cause la profondeur de leur amitié. Bélénor se souvenait d’il y a onze ans, lorsque pour convaincre Xynala que le chagrin d’amour qu’elle ressentait allait passer, comme toutes les émotions négatives et positives qui traversaient les homins au cours de leur vie, il avait pris pour exemple l’affection que toutes et tous ressentaient les uns pour les autres.
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Si l’accueil de ses amies lui avait permis d’oublier ses angoisses, au moins durant quelques instants, celles-ci venaient de ressurgir au galop. Car aujourd’hui marquait le retour de Melkiar et Varran dans la capitale fyrosse, après quatre années d’absence. Quatre années durant lesquelles peu de lettres avaient été échangées. Quatre années de séparation, qui remettaient peut-être en cause la profondeur de leur amitié. Bélénor se souvenait d’il y a onze ans, lorsque pour convaincre Xynala que le chagrin d’amour qu’elle ressentait allait passer, comme toutes les émotions négatives et positives qui traversaient les homins au cours de leur vie, il avait pris pour exemple l’affection que toutes et tous ressentaient les uns pour les autres.
  
 
« ''Un jour, nous ne serons plus amis, c’est une certitude. Les potentielles raisons sont nombreuses : divergences idéologiques, lassitude, éloignement physique, ou tout simplement la mort. Tout passe Xynala. Tout…'' »
 
« ''Un jour, nous ne serons plus amis, c’est une certitude. Les potentielles raisons sont nombreuses : divergences idéologiques, lassitude, éloignement physique, ou tout simplement la mort. Tout passe Xynala. Tout…'' »
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En cette heure, le Fyros espérait s’être trompé. Et si pour en avoir discuté avec ses trois amies, toutes étaient bien moins inquiètes que lui, il n’était pas parvenu à se rassurer. D’autant qu’il se sentait toujours responsable de la mort de Garius, et ce bien qu’on ait maintes fois tenté de le persuader du contraire…
 
En cette heure, le Fyros espérait s’être trompé. Et si pour en avoir discuté avec ses trois amies, toutes étaient bien moins inquiètes que lui, il n’était pas parvenu à se rassurer. D’autant qu’il se sentait toujours responsable de la mort de Garius, et ce bien qu’on ait maintes fois tenté de le persuader du contraire…
  
Durant ces quatre années, il était aussi fort probable que Melkiar et Varran aient beaucoup changé. Notamment Melkiar, dont le père s’était fait tuer sous ses yeux, sur le champ de bataille. De quoi renforcer un peu plus le lien qui l’unissait à Varran. Devenant chef de la tribu des Larmes du Dragon, Melkiar réussit l’exploit d’aller plus loin encore que son père, Tigriron, et pérennisa la coalition formée par celui-ci à l’époque de la guerre contre les Sauvages. Signant un traité de paix, les tribus de l’ancienne coalition se placèrent définitivement sous la protection des Larmes du Dragon. Mais cet événement historique ne fut que le début d’une grande série de victoires politiques. C’est ainsi que, voici quelques mois à peine, Melkiar réussit finalement à rassembler toutes les tribus du désert occidental sous sa direction. Une prouesse impensable, qui n’était pas sans rappeler la campagne militaire unificatrice que Dyros le Grand, le premier empereur du peuple fyros, avait menée plus de deux cents ans auparavant. Mais à l’inverse de Dyros, lui n’avait pas eu à faire appel aux armes. Sa bravoure, son charisme et sa grande intelligence semblaient avoir suffi. À cette pensée, Bélénor sourit intérieurement, et se remémora le discours qu’il avait prononcé le jour de leur rencontre, datant déjà de dix-huit ans :
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Durant ces quatre années, il était aussi fort probable que Melkiar et Varran aient beaucoup changé. Notamment Melkiar, dont le père s’était fait tuer sous ses yeux, sur le champ de bataille. De quoi renforcer un peu plus le lien qui l’unissait à Varran. Devenant chef de la tribu des Larmes du Dragon, Melkiar réussit l’exploit d’aller plus loin encore que son père, Tigriron, et pérennisa la coalition formée par celui-ci à l’époque de la guerre contre les Sauvages. Signant un traité de paix, les tribus de l’ancienne coalition se placèrent définitivement sous la protection des Larmes du Dragon. Mais cet événement historique ne fut que le début d’une grande série de victoires politiques. C’est ainsi que, voici quelques mois à peine, Melkiar réussit finalement à rassembler toutes les tribus du désert occidental sous sa direction. Une prouesse impensable, qui n’était pas sans rappeler la campagne militaire unificatrice que Dyros le Grand, le premier empereur du peuple Fyros, avait menée plus de deux cents ans auparavant. Mais à l’inverse de Dyros, lui n’avait pas eu à faire appel aux armes. Sa bravoure, son charisme et sa grande intelligence semblaient avoir suffi. À cette pensée, Bélénor sourit intérieurement, et se remémora le discours qu’il avait prononcé le jour de leur rencontre, datant déjà de dix-huit ans :
  
 
« ''Quand je serai grand, j’ai pour projet de réunir toutes les tribus à l’ouest du Désert, où je suis né. Là-bas, la vie est bien plus difficile qu’ici. Ni armée régulière, ni aqueduc… J'aimerais pouvoir y fonder une grande cité, égale à Fyre. Bien sûr, faire la guerre aux tribus insoumises pour forcer leur coopération pourrait suffire. Mais là ne sont pas mes valeurs. Je me promets d’y arriver à ma manière : prouver ma bravoure, accomplir des exploits, gagner leur confiance.'' »
 
« ''Quand je serai grand, j’ai pour projet de réunir toutes les tribus à l’ouest du Désert, où je suis né. Là-bas, la vie est bien plus difficile qu’ici. Ni armée régulière, ni aqueduc… J'aimerais pouvoir y fonder une grande cité, égale à Fyre. Bien sûr, faire la guerre aux tribus insoumises pour forcer leur coopération pourrait suffire. Mais là ne sont pas mes valeurs. Je me promets d’y arriver à ma manière : prouver ma bravoure, accomplir des exploits, gagner leur confiance.'' »
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« Tisse, là-haut ! s’exclama-t-elle subitement, en levant l’une de ses massues.
 
« Tisse, là-haut ! s’exclama-t-elle subitement, en levant l’une de ses massues.
  
— Je sais, je l’ai vu, répondit calmement la rouquine. »
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— Je sais, je l’ai vu », répondit calmement la rouquine.
  
 
Genou gauche posé au sol, Tisse avait déjà épaulé l’impressionnant fusil qui jamais ne quittait son dos. Car en l’air, à quelques dizaines de mètres seulement, l’une des mystérieuses créatures était en train de piquer sur eux. Levant la tête à son tour, espérant examiner enfin la nature de la menace, Bélénor fut instantanément saisi d’effroi. Non, un tel monstre ne pouvait pas être sorti d’un laboratoire matis… Concentrée comme jamais, Tisse ne faiblit pas devant l’horrible aspect de la bête. La tireuse d’élite retint sa respiration, attendit quelques longues secondes, puis tira. La balle fusa en direction du corps fuselé du kipesta et ricocha mollement sur sa carapace iridescente.
 
Genou gauche posé au sol, Tisse avait déjà épaulé l’impressionnant fusil qui jamais ne quittait son dos. Car en l’air, à quelques dizaines de mètres seulement, l’une des mystérieuses créatures était en train de piquer sur eux. Levant la tête à son tour, espérant examiner enfin la nature de la menace, Bélénor fut instantanément saisi d’effroi. Non, un tel monstre ne pouvait pas être sorti d’un laboratoire matis… Concentrée comme jamais, Tisse ne faiblit pas devant l’horrible aspect de la bête. La tireuse d’élite retint sa respiration, attendit quelques longues secondes, puis tira. La balle fusa en direction du corps fuselé du kipesta et ricocha mollement sur sa carapace iridescente.
Строка 158: Строка 158:
 
Sans attendre, la générale Icaron fit sentir ses éperons au mektoub, qui fila à toute vitesse vers l’épaisse fumée noire. Suivies par Brandille et Bélénor, Xynala et Tisse se frayèrent un chemin jusqu’à la caserne creusée dans la paroi nord-ouest de l’avenue Dyros, là où de nombreux Fyros étaient d’ores et déjà en train de s’équiper. Obéissant aux ordres, elles enrôlèrent les officiers présents sur place et firent équiper les réservistes. Brandille et Bélénor furent ainsi gratifiés d’une armure en cuir rigide et d’une paire d’amplificateurs d’excellente qualité. Finalement, il fallut à peine dix minutes aux quatre cents Fyros regroupés pour s’équiper. Dix longues minutes durant lesquelles l’infâme bourdonnement jamais ne cessa. Durant lesquelles le sol trembla plusieurs fois. Durant lesquelles nombre des leurs, probablement, périrent sous les jets de flammes des monstres volants… Dix minutes interminables, donc, au cours desquelles Bélénor s’était évertué à ne pas laisser son inquiétude grandissante prendre le dessus. Ses amies avaient besoin de lui, il ne devait pas perdre ses moyens. Pas comme face aux Sauvages. Car la moindre erreur serait fatale. Comme elle l’avait été pour Garius, voilà six ans… Plus déterminé que jamais, le Fyros sortit en trombe de la caserne, accompagné de ses trois amies et de nombreux autres soldats.
 
Sans attendre, la générale Icaron fit sentir ses éperons au mektoub, qui fila à toute vitesse vers l’épaisse fumée noire. Suivies par Brandille et Bélénor, Xynala et Tisse se frayèrent un chemin jusqu’à la caserne creusée dans la paroi nord-ouest de l’avenue Dyros, là où de nombreux Fyros étaient d’ores et déjà en train de s’équiper. Obéissant aux ordres, elles enrôlèrent les officiers présents sur place et firent équiper les réservistes. Brandille et Bélénor furent ainsi gratifiés d’une armure en cuir rigide et d’une paire d’amplificateurs d’excellente qualité. Finalement, il fallut à peine dix minutes aux quatre cents Fyros regroupés pour s’équiper. Dix longues minutes durant lesquelles l’infâme bourdonnement jamais ne cessa. Durant lesquelles le sol trembla plusieurs fois. Durant lesquelles nombre des leurs, probablement, périrent sous les jets de flammes des monstres volants… Dix minutes interminables, donc, au cours desquelles Bélénor s’était évertué à ne pas laisser son inquiétude grandissante prendre le dessus. Ses amies avaient besoin de lui, il ne devait pas perdre ses moyens. Pas comme face aux Sauvages. Car la moindre erreur serait fatale. Comme elle l’avait été pour Garius, voilà six ans… Plus déterminé que jamais, le Fyros sortit en trombe de la caserne, accompagné de ses trois amies et de nombreux autres soldats.
  
Et au même moment, la Dorsale du Dragon craqua. L’onde de choc, d’une violence inouïe, projeta Bélénor et ses camarades au sol. À moitié allongé sur Brandille, le Fyros se redressa tant bien que mal. Ce qu’il vit alors l’horrifia : la secousse avait fissuré la crevasse au niveau de la caserne, et dans un grincement sinistre, un pan entier de la paroi d’écorce commençait à basculer lentement vers avant. Paniqués, les soldats s’élancèrent dans la direction opposée, n’hésitant pas à piétiner ceux des leurs restés au sol. Tisse et Xynala, occupées à aider des blessés à se relever, comptaient certainement sur les grosses racines qui retenaient encore la paroi. Malheureusement, dans un second craquement sonore, un énorme morceau d’écorce libre de tous liens se détacha soudainement du pan principal. Paralysé par la peur, Bélénor ne sentit même pas Brandille, qui, la main fermement agrippée à son épaule, tentait en vain de le tirer hors de portée du piège mortel.
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Et au même moment, la Dorsale du Dragon craqua. L’onde de choc, d’une violence inouïe, projeta Bélénor et ses camarades au sol. À moitié allongé sur Brandille, le Fyros se redressa tant bien que mal. Ce qu’il vit alors l’horrifia : la secousse avait fissuré la crevasse au niveau de la caserne, et dans un grincement sinistre, un pan entier de la paroi d’écorce commençait à basculer lentement vers l'avant. Paniqués, les soldats s’élancèrent dans la direction opposée, n’hésitant pas à piétiner ceux des leurs restés au sol. Tisse et Xynala, occupées à aider des blessés à se relever, comptaient certainement sur les grosses racines qui retenaient encore la paroi. Malheureusement, dans un second craquement sonore, un énorme morceau d’écorce libre de tous liens se détacha soudainement du pan principal. Paralysé par la peur, Bélénor ne sentit même pas Brandille, qui, la main fermement agrippée à son épaule, tentait en vain de le tirer hors de portée du piège mortel.
  
 
« Tisse, Xynala, fuyez ! Vite ! » réussit-il malgré tout à hurler.
 
« Tisse, Xynala, fuyez ! Vite ! » réussit-il malgré tout à hurler.
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« Xynala, là-bas ! » siffla l’acrobate.
 
« Xynala, là-bas ! » siffla l’acrobate.
  
Ne faisant ni une ni deux, la Fyrosse ramassa le fusil de Tisse et tira au jugé. Le balla fusa et un ignoble couinement retentit au loin. À l’endroit même où une étrange galopade commençait à se faire entendre. Un gigantesque troupeau semblait se rapprocher des homins.
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Ne faisant ni une ni deux, la Fyrosse ramassa le fusil de Tisse et tira au jugé. La balle fusa et un ignoble couinement retentit au loin. À l’endroit même où une étrange galopade commençait à se faire entendre. Un gigantesque troupeau semblait se rapprocher des homins.
  
 
« Brandille, combien sont-ils ? continua la Fyrosse en accrochant le fusil de Tisse sur son dos et en dégainant ses deux massues courtes.
 
« Brandille, combien sont-ils ? continua la Fyrosse en accrochant le fusil de Tisse sur son dos et en dégainant ses deux massues courtes.
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{{NavChap|[[Chapitre XIV - Sauvagerie]]|[[Chroniques de la Première Croisade#Table des matières|Table des matières]]|[[Chapitre XVI - Civilisations]]}}
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{{Portail|La Grande Bibliothèque}}
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{{Portail|La Grande Bibliothèque|Fyros}}
{{Portail|Zoraï}}
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[[Catégorie:La Guerre Sacrée]]
[[Catégorie:Chroniques de la Première Croisade‎]]
 
 
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