Внутреннее тестирование Вики/E-XI — различия между версиями
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{{Quotation|''Bélénor Nébius, narrateur''| | {{Quotation|''Bélénor Nébius, narrateur''| | ||
Haletant et transpirant, Bélénor courait laborieusement dans les rues de Fyre. Il était tôt, il avait mal dormi et son corps le faisait souffrir. Bref, il était de mauvaise humeur. Mais pour quelle raison avait-il donc eu le malheur de se qualifier, lui qui détestait pourtant fournir le moindre effort physique ? Son honneur de Fyros, sans nul doute. Comme chaque année, l’Empire Fyros organisait les Jeux de l’Académie, un événement national regroupant une multitude d’épreuves ouvertes à chaque élève âgé de dix à dix-huit ans. La mixité d’âge était un élément important de l’événement, qui permettait à chaque jeune d’apprendre des plus âgés, et à chaque aîné de découvrir l’humilité. Après plusieurs journées de qualification, le jour tant attendu des épreuves finales était arrivé. Le quart-coriolis était l’une d’elle. Elle consistait en une course de fond d’environ 125 kilomètres, correspondant au quart de la distance séparant Coriolis de Fyre. Divisée en cinq tours de 25 kilomètres, la course traversait les différents quartiers de la ville. Cette épreuve, parmi les plus récentes, avait été inaugurée trente-cinq ans auparavant par l’Empereur Abylus l’Érudit. Elle était un hommage à la Fyrosse Aporalion Deps, qui entreprit une course de vingt quatre heures entre les deux villes afin de prévenir le Sharükos de l’arrivée imminente de l’incendie cataclysmique, et qui mourut comme bon nombre de Fyros en combattant l’incendie aux portes de Fyre. C’était la première fois que Bélénor, actuellement âgé de treize ans, se qualifiait pour courir le quart-coriolis. Les trois années précédentes, il avait manqué de peu les qualifications. Aujourd’hui, mal comme rarement il ne s’était senti, il regrettait amèrement son exploit. C’est donc avec soulagement que, écrasé par la chaleur de l’astre du jour et noyé sous les cris de la foule, il aperçut au loin le fameux tunnel salvateur. Long de plusieurs kilomètres, cette ancienne veine de sève s’enfonçait sous la cité et traversait le quartier le plus pauvre de la capitale. Si, pris par l’effort, Bélénor avait déjà oublié à combien de tours il en était, il n’avait en revanche pas oublié la fraîcheur et le calme inestimable des profondeurs de l’Écorce. Et alors qu’il avalait les dernières foulées, il s’engouffra dans le seul segment non hostile du parcours. Profitant de ce moment de répit, le Fyros ralentit la cadence et infusa de la Sève dans ses jambes afin de soulager ses muscles et ses articulations. Si plusieurs coureurs le dépassèrent à cette occasion, lui avait depuis longtemps écarté toute idée de classement. La dernière place lui convenait parfaitement. Il se distinguerait autrement en fin de matinée, au cours de son épreuve de prédilection : la stratégie militaire. Les trois années passées, Melkiar avait gagné cette épreuve. S’il était avantagé par son âge, et donc son expérience, Bélénor comptait malgré tout réussir à le vaincre tôt ou tard.
Ah, qu’il était bon de penser au calme et à la fraîcheur d’un amphithéâtre, au grattement des plumes sur le papier, au roulement des dés sur le bois, à la beauté des instruments de mesure et des cartes topographiques… Perdu dans ses pensées, le sourire aux lèvres, Bélénor courait nonchalamment dans le large et frais tunnel obscur, laissant passer plusieurs de ses concurrents. Deux silhouettes, notamment, le dépassèrent par sa droite et sa gauche. Dans la pénombre, elles paraissaient absolument identiques : deux énormes blocs d’écorce rectangulaires montés sur deux larges poteaux de bois. Avant même que Bélénor ne reconnaisse les deux Fyros, ceux-ci joignirent leurs mains et freinèrent aussitôt. Le nez du rêveur s’écrasa contre le triceps noueux de Varran, et, déséquilibré, le reste de son corps glissa sur la sciure. Les jumeaux éclatèrent de rire et Bélénor s’attrapa le visage en jurant. Il dégoulinait de sang. | Haletant et transpirant, Bélénor courait laborieusement dans les rues de Fyre. Il était tôt, il avait mal dormi et son corps le faisait souffrir. Bref, il était de mauvaise humeur. Mais pour quelle raison avait-il donc eu le malheur de se qualifier, lui qui détestait pourtant fournir le moindre effort physique ? Son honneur de Fyros, sans nul doute. Comme chaque année, l’Empire Fyros organisait les Jeux de l’Académie, un événement national regroupant une multitude d’épreuves ouvertes à chaque élève âgé de dix à dix-huit ans. La mixité d’âge était un élément important de l’événement, qui permettait à chaque jeune d’apprendre des plus âgés, et à chaque aîné de découvrir l’humilité. Après plusieurs journées de qualification, le jour tant attendu des épreuves finales était arrivé. Le quart-coriolis était l’une d’elle. Elle consistait en une course de fond d’environ 125 kilomètres, correspondant au quart de la distance séparant Coriolis de Fyre. Divisée en cinq tours de 25 kilomètres, la course traversait les différents quartiers de la ville. Cette épreuve, parmi les plus récentes, avait été inaugurée trente-cinq ans auparavant par l’Empereur Abylus l’Érudit. Elle était un hommage à la Fyrosse Aporalion Deps, qui entreprit une course de vingt quatre heures entre les deux villes afin de prévenir le Sharükos de l’arrivée imminente de l’incendie cataclysmique, et qui mourut comme bon nombre de Fyros en combattant l’incendie aux portes de Fyre. C’était la première fois que Bélénor, actuellement âgé de treize ans, se qualifiait pour courir le quart-coriolis. Les trois années précédentes, il avait manqué de peu les qualifications. Aujourd’hui, mal comme rarement il ne s’était senti, il regrettait amèrement son exploit. C’est donc avec soulagement que, écrasé par la chaleur de l’astre du jour et noyé sous les cris de la foule, il aperçut au loin le fameux tunnel salvateur. Long de plusieurs kilomètres, cette ancienne veine de sève s’enfonçait sous la cité et traversait le quartier le plus pauvre de la capitale. Si, pris par l’effort, Bélénor avait déjà oublié à combien de tours il en était, il n’avait en revanche pas oublié la fraîcheur et le calme inestimable des profondeurs de l’Écorce. Et alors qu’il avalait les dernières foulées, il s’engouffra dans le seul segment non hostile du parcours. Profitant de ce moment de répit, le Fyros ralentit la cadence et infusa de la Sève dans ses jambes afin de soulager ses muscles et ses articulations. Si plusieurs coureurs le dépassèrent à cette occasion, lui avait depuis longtemps écarté toute idée de classement. La dernière place lui convenait parfaitement. Il se distinguerait autrement en fin de matinée, au cours de son épreuve de prédilection : la stratégie militaire. Les trois années passées, Melkiar avait gagné cette épreuve. S’il était avantagé par son âge, et donc son expérience, Bélénor comptait malgré tout réussir à le vaincre tôt ou tard.
Ah, qu’il était bon de penser au calme et à la fraîcheur d’un amphithéâtre, au grattement des plumes sur le papier, au roulement des dés sur le bois, à la beauté des instruments de mesure et des cartes topographiques… Perdu dans ses pensées, le sourire aux lèvres, Bélénor courait nonchalamment dans le large et frais tunnel obscur, laissant passer plusieurs de ses concurrents. Deux silhouettes, notamment, le dépassèrent par sa droite et sa gauche. Dans la pénombre, elles paraissaient absolument identiques : deux énormes blocs d’écorce rectangulaires montés sur deux larges poteaux de bois. Avant même que Bélénor ne reconnaisse les deux Fyros, ceux-ci joignirent leurs mains et freinèrent aussitôt. Le nez du rêveur s’écrasa contre le triceps noueux de Varran, et, déséquilibré, le reste de son corps glissa sur la sciure. Les jumeaux éclatèrent de rire et Bélénor s’attrapa le visage en jurant. Il dégoulinait de sang. |