Внутреннее тестирование Вики/XII — различия между версиями
Материал из ЭнциклопАтис
Lanstiril (обсуждение | вклад) м |
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Строка 54: | Строка 54: | ||
Xynala, toujours debout face à ses camarades, lança un regard affectueux à Melkiar. Elle ne l’avait pas revu depuis plusieurs mois, et Bélénor savait à quel point il lui avait manqué. Son bonheur faisait plaisir à voir. Un bonheur qui ne dura pas. Tisse rejoignit Melkiar sur son îlot, l’attrapa par la taille et colla sa poitrine généreuse contre son dos musculeux. Décalant sa tête sur la gauche, elle sourit à Xynala. Celle-ci perdit instantanément son air radieux. Comprenant son affliction, Bélénor tenta de capter son regard. En vain. Quelques longues et silencieuses secondes passèrent, puis Varran prit la parole. | Xynala, toujours debout face à ses camarades, lança un regard affectueux à Melkiar. Elle ne l’avait pas revu depuis plusieurs mois, et Bélénor savait à quel point il lui avait manqué. Son bonheur faisait plaisir à voir. Un bonheur qui ne dura pas. Tisse rejoignit Melkiar sur son îlot, l’attrapa par la taille et colla sa poitrine généreuse contre son dos musculeux. Décalant sa tête sur la gauche, elle sourit à Xynala. Celle-ci perdit instantanément son air radieux. Comprenant son affliction, Bélénor tenta de capter son regard. En vain. Quelques longues et silencieuses secondes passèrent, puis Varran prit la parole. | ||
− | « Bon, Melkiar, tu voulais nous dire quelque chose ? C’est pour ça que tu nous | + | « Bon, Melkiar, tu voulais nous dire quelque chose ? C’est pour ça que tu nous as réunis ici, non ? » |
Melkiar se dégagea poliment de l’étreinte de Tisse et posa son regard sur chacun et chacune de ses camarades. | Melkiar se dégagea poliment de l’étreinte de Tisse et posa son regard sur chacun et chacune de ses camarades. | ||
Строка 78: | Строка 78: | ||
« Alors, alors ! Voulez-vous savoir ? Mettez-y un peu plus d’entrain, voyons ! | « Alors, alors ! Voulez-vous savoir ? Mettez-y un peu plus d’entrain, voyons ! | ||
− | — On t’écoute Brandille. Qu’est ce que tu as à nous dire ? Je ne suis pas très patient, tu sais. | + | — On t’écoute Brandille. Qu’est-ce que tu as à nous dire ? Je ne suis pas très patient, tu sais. |
— Ah ! Alors je ne vais pas te faire languir plus longtemps, cher Melkiar ! » | — Ah ! Alors je ne vais pas te faire languir plus longtemps, cher Melkiar ! » | ||
Строка 154: | Строка 154: | ||
— C’est faux Melkiar. Certains érudits s’accordent à dire que la Karavan est étrangère à Atys, et que… | — C’est faux Melkiar. Certains érudits s’accordent à dire que la Karavan est étrangère à Atys, et que… | ||
− | — C’est ça ton argument, Bélénor ? coupa Melkiar en haussant le ton. Le caractère endémique des Kamis | + | — C’est ça ton argument, Bélénor ? coupa Melkiar en haussant le ton. Le caractère endémique des Kamis ferait d’eux des « gentils gardiens » ? Les gardiens d’une prison nommée Atys ? Un jour où l’autre, nous devrons mener la « Guerre Sacrée », asséna Melkiar sur un ton sarcastique. Mais pas celle que tu as imaginée, Bélénor. La seule qui vaille : celle qui permettra à l’hominité de briser ses chaînes ! » |
Piqué au vif, Bélénor s'apprêta à répliquer. Mais Brandille intervint à nouveau sans prévenir. | Piqué au vif, Bélénor s'apprêta à répliquer. Mais Brandille intervint à nouveau sans prévenir. | ||
Строка 162: | Строка 162: | ||
Bélénor regarda Brandille, interloqué. Puis son amie pointa en direction du coin opposé de la taverne. | Bélénor regarda Brandille, interloqué. Puis son amie pointa en direction du coin opposé de la taverne. | ||
− | « Là bas. » | + | « Là-bas. » |
Bélénor tourna la tête, et, la gorge pleine de shookie, manqua de s'étouffer. Un membre du peuple Zoraï était en effet attablé au comptoir, dos à eux. | Bélénor tourna la tête, et, la gorge pleine de shookie, manqua de s'étouffer. Un membre du peuple Zoraï était en effet attablé au comptoir, dos à eux. | ||
Строка 168: | Строка 168: | ||
« Énor, allons lui parler ! » | « Énor, allons lui parler ! » | ||
− | Sans attendre, Brandille attrapa Bélénor par la main et le tira en direction de l’inconnu. Le Fyros se laissa faire, bien que paniqué à l’idée de rencontrer un Zoraï. S’il lui était déjà arrivé d’en croiser quelques rares fois dans les rues de Fyre, il n’avait jamais eu l’occasion de discuter avec l’un d’eux en tête-à-tête. C’était d’ailleurs le cas de la grande majorité des Fyros. En effet, il était souvent difficile d’approcher le peuple Zoraï, devenu particulièrement isolationniste avec le temps. On racontait que les Zoraïs n’avaient jamais pardonné aux armées fyrosses d’avoir assiégé Zoran sur un malentendu, en 2328, croyant que la Théocratie était l’alliée du Royaume de Matia. Il faut dire que la Grande Bibliothèque de Zoran, à l’époque composée de plusieurs milliers de volumes traitant en grande majorité des Kamis, avait été entièrement détruite par l’artillerie fyrosse… Cette erreur militaire avait convaincu la Théocratie d’étendre la construction de sa Grande Muraille à toutes les frontières de la Jungle. Une Grande Muraille que les Zoraïs refusèrent d’ouvrir aux réfugiés Trykers lorsque le Royaume de Matia envahit Trykoth trente cinq ans auparavant et réduisit en esclavage le peuple des Lacs. De quoi rendre méfiants beaucoup d’homins à l’égard des Zoraïs, donc… Bélénor, pour sa part, était bien loin de ces considérations, et souhaitait ardemment une telle rencontre. Tant qu’il en avait développé une forme de frustration. Car, à force d'écrire sur un peuple dont il n'avait jamais réellement rencontré de représentant, il craignait que sa fascination soit excessive, qu'elle confine au fétichisme racial. Lorsque les deux camarades arrivèrent au niveau du comptoir, ils comprirent que l’individu était en réalité une homine. Accoudée au bar, la Zoraï était en train de boire une soupe à l’aide d’une étrange paille. Instantanément, Bélénor tomba de passion pour sa peau bleue, mais surtout pour son masque. De forme allongée et aux cornes asymétriques, il était aussi totalement blanc. Si le Fyros était fasciné par sa forme et sa couleur, un détail l'intriguait plus que tout : sa texture. En cet instant, il aurait tout donné pour passer ses doigts sur ce visage osseux, que l'on disait être chaud et doux. Toucher ce cadeau sacré des Kamis, dont le peuple Zoraï était l’unique et chanceux propriétaire. Comprenant que son ami ne prendrait pas la parole de lui-même, Brandille prit son plus beau matéis et interpella la Zoraï. Car, si rien n'assurait qu’elle parle correctement le fyrk, la langue fyrosse, il était rare que les voyageurs ne maîtrisent pas le matéis. | + | Sans attendre, Brandille attrapa Bélénor par la main et le tira en direction de l’inconnu. Le Fyros se laissa faire, bien que paniqué à l’idée de rencontrer un Zoraï. S’il lui était déjà arrivé d’en croiser quelques rares fois dans les rues de Fyre, il n’avait jamais eu l’occasion de discuter avec l’un d’eux en tête-à-tête. C’était d’ailleurs le cas de la grande majorité des Fyros. En effet, il était souvent difficile d’approcher le peuple Zoraï, devenu particulièrement isolationniste avec le temps. On racontait que les Zoraïs n’avaient jamais pardonné aux armées fyrosses d’avoir assiégé Zoran sur un malentendu, en 2328, croyant que la Théocratie était l’alliée du Royaume de Matia. Il faut dire que la Grande Bibliothèque de Zoran, à l’époque composée de plusieurs milliers de volumes traitant en grande majorité des Kamis, avait été entièrement détruite par l’artillerie fyrosse… Cette erreur militaire avait convaincu la Théocratie d’étendre la construction de sa Grande Muraille à toutes les frontières de la Jungle. Une Grande Muraille que les Zoraïs refusèrent d’ouvrir aux réfugiés Trykers lorsque le Royaume de Matia envahit Trykoth trente-cinq ans auparavant et réduisit en esclavage le peuple des Lacs. De quoi rendre méfiants beaucoup d’homins à l’égard des Zoraïs, donc… Bélénor, pour sa part, était bien loin de ces considérations, et souhaitait ardemment une telle rencontre. Tant qu’il en avait développé une forme de frustration. Car, à force d'écrire sur un peuple dont il n'avait jamais réellement rencontré de représentant, il craignait que sa fascination soit excessive, qu'elle confine au fétichisme racial. Lorsque les deux camarades arrivèrent au niveau du comptoir, ils comprirent que l’individu était en réalité une homine. Accoudée au bar, la Zoraï était en train de boire une soupe à l’aide d’une étrange paille. Instantanément, Bélénor tomba de passion pour sa peau bleue, mais surtout pour son masque. De forme allongée et aux cornes asymétriques, il était aussi totalement blanc. Si le Fyros était fasciné par sa forme et sa couleur, un détail l'intriguait plus que tout : sa texture. En cet instant, il aurait tout donné pour passer ses doigts sur ce visage osseux, que l'on disait être chaud et doux. Toucher ce cadeau sacré des Kamis, dont le peuple Zoraï était l’unique et chanceux propriétaire. Comprenant que son ami ne prendrait pas la parole de lui-même, Brandille prit son plus beau matéis et interpella la Zoraï. Car, si rien n'assurait qu’elle parle correctement le fyrk, la langue fyrosse, il était rare que les voyageurs ne maîtrisent pas le matéis. |
« Bonjour, et désolés de vous déranger. Nous ne sommes pas habitués à croiser des Zoraïs, ici à Fyre. Nous étions donc curieux de vous rencontrer. Auriez-vous du temps à nous accorder ? » | « Bonjour, et désolés de vous déranger. Nous ne sommes pas habitués à croiser des Zoraïs, ici à Fyre. Nous étions donc curieux de vous rencontrer. Auriez-vous du temps à nous accorder ? » | ||
Строка 207: | Строка 207: | ||
Le tabouret de Brandille bascula et Bélénor prévint de justesse la chute de son amie. La Zoraï s’était brusquement levée, sans raison apparente, et se dirigeait désormais vers la sortie d’un pas résolu. Brandille, à présent debout sur le siège branlant, haussa le ton. | Le tabouret de Brandille bascula et Bélénor prévint de justesse la chute de son amie. La Zoraï s’était brusquement levée, sans raison apparente, et se dirigeait désormais vers la sortie d’un pas résolu. Brandille, à présent debout sur le siège branlant, haussa le ton. | ||
− | « Hé ! Mais ça ne va pas ?! Qu’est ce qui vous prend ? Je… | + | « Hé ! Mais ça ne va pas ?! Qu’est-ce qui vous prend ? Je… |
— Non Brandille. C’est bon. Laisse-là, s’il te plaît », l’interrompit Bélénor en lui attrapant la main. | — Non Brandille. C’est bon. Laisse-là, s’il te plaît », l’interrompit Bélénor en lui attrapant la main. | ||
Строка 213: | Строка 213: | ||
L’équilibriste, qui s’apprêtait à renchérir, jeta un coup d'œil à son ami. Il était livide. Si Bélénor comprenait la colère de Brandille, lui seul avait pu apercevoir le regard de la Zoraï derrière les interstices de son masque. Alors qu’il faisait mention du Masque Noir, ses yeux s’étaient remplis de peur. Et s’il ne comprenait pas le pourquoi d’une telle réaction, sa plus grande interrogation n’était pas là. Car à cet instant précis, la main serrée autour du poignet de Brandille, Bélénor désirait une seule et unique chose : ne pas se confronter davantage à son interlocutrice. Il était pris d’un désir inhabituel et dérangeant. Celui de ne pas vouloir en savoir plus. Celui d’oublier, à tout jamais, cet étrange et angoissant moment, et tout son potentiel de signification. Par chance, ses camarades lui donnèrent l’occasion de passer à autre chose : Xynala venait de se lever brusquement, renversant au passage les pintes que Bélénor et Brandille avaient oubliées, et s’était précipitée vers la sortie tête baissée. Autour de la table, seuls Varran et Garius semblaient se préoccuper du départ brutal de leur amie. Melkiar et Tisse, quant à eux, étaient trop occupés à s’embrasser. Sans attendre, Bélénor s’élança en direction de la porte. Il était suivi de près par Brandille et par l’ombre de ses doutes. | L’équilibriste, qui s’apprêtait à renchérir, jeta un coup d'œil à son ami. Il était livide. Si Bélénor comprenait la colère de Brandille, lui seul avait pu apercevoir le regard de la Zoraï derrière les interstices de son masque. Alors qu’il faisait mention du Masque Noir, ses yeux s’étaient remplis de peur. Et s’il ne comprenait pas le pourquoi d’une telle réaction, sa plus grande interrogation n’était pas là. Car à cet instant précis, la main serrée autour du poignet de Brandille, Bélénor désirait une seule et unique chose : ne pas se confronter davantage à son interlocutrice. Il était pris d’un désir inhabituel et dérangeant. Celui de ne pas vouloir en savoir plus. Celui d’oublier, à tout jamais, cet étrange et angoissant moment, et tout son potentiel de signification. Par chance, ses camarades lui donnèrent l’occasion de passer à autre chose : Xynala venait de se lever brusquement, renversant au passage les pintes que Bélénor et Brandille avaient oubliées, et s’était précipitée vers la sortie tête baissée. Autour de la table, seuls Varran et Garius semblaient se préoccuper du départ brutal de leur amie. Melkiar et Tisse, quant à eux, étaient trop occupés à s’embrasser. Sans attendre, Bélénor s’élança en direction de la porte. Il était suivi de près par Brandille et par l’ombre de ses doutes. | ||
{{Couillard}} | {{Couillard}} | ||
− | Malgré la densité de la foule, Bélénor réussit à ne pas perdre de vue Xynala. Pour autant, il | + | Malgré la densité de la foule, Bélénor réussit à ne pas perdre de vue Xynala. Pour autant, il dut attendre qu’ils s’éloignent des lieux de vie pour parvenir à la rattraper. Lorsqu’il arriva finalement à son niveau, à l’intersection d’une petite ruelle calme et isolée, Xynala se retourna instantanément et se jeta dans ses bras. Elle était en pleurs. À l’écart, Brandille s’assit sur un banc creusé dans une paroi d’écorce et observa ses deux amis. |
« Bé… Bélénor… comment fais-tu ? Tu… Tu sembles si serein… Alors que moi… Moi, je n’y arrive plus. Je pensais que ces quelques mois d’absence me permettraient de changer ma manière de le regarder, mais… mais non. C’est même l’inverse, je… je l’aime plus que jamais. Et puis Tisse… Je… Je déteste ressentir toute cette animosité, cette… cette jalousie. J'aimerais tellement passer à autre chose Bélénor. Et j’ai si peur de ne jamais y réussir… Aide-moi, je t’en prie ! » | « Bé… Bélénor… comment fais-tu ? Tu… Tu sembles si serein… Alors que moi… Moi, je n’y arrive plus. Je pensais que ces quelques mois d’absence me permettraient de changer ma manière de le regarder, mais… mais non. C’est même l’inverse, je… je l’aime plus que jamais. Et puis Tisse… Je… Je déteste ressentir toute cette animosité, cette… cette jalousie. J'aimerais tellement passer à autre chose Bélénor. Et j’ai si peur de ne jamais y réussir… Aide-moi, je t’en prie ! » |