Внутреннее тестирование Вики/XVI — различия между версиями

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« Merde ! Pour le moment, nous devons fuir, et vite. Certains de ces montres n’ont pas pris la Karavan pour cible, et essayent d’atteindre le Palais Impérial ! Y’a beaucoup de gens là-bas ! Moi, je m’occupe de récupérer Brandille ! Vous, foncez vers le Palais ! »
 
« Merde ! Pour le moment, nous devons fuir, et vite. Certains de ces montres n’ont pas pris la Karavan pour cible, et essayent d’atteindre le Palais Impérial ! Y’a beaucoup de gens là-bas ! Moi, je m’occupe de récupérer Brandille ! Vous, foncez vers le Palais ! »
  
Et en effet, quelques insectes semblables à ceux qui se trouvaient sous les pieds de Xynala, mais de taille bien plus imposante, étaient en train de remonter l’avenue à la poursuite des fuyards qui tentaient de rejoindre la place Hempios. Un soldat monté sur un mektoub était d’ailleurs occupé à attirer l’attention des créatures afin de protéger leurs arrières. Sans attendre, Varran bondit en direction du cratère alors que Xynala et Bélénor s’élancaient vers le Palais. Comme quatorze ans auparavant durant le quart-coriolis, Bélénor était en train de remonter l’avenue Dyros en courant. Et si le souvenir de cette épreuve des Jeux de l’Académie ne faisait pas partie des meilleurs de son enfance, l’envie de survivre à ce cataclysme était évidemment plus forte que son aversion pour la course à pied.
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Et en effet, quelques insectes semblables à ceux qui se trouvaient sous les pieds de Xynala, mais de taille bien plus imposante, étaient en train de remonter l’avenue à la poursuite des fuyards qui tentaient de rejoindre la place Hempios. Un soldat monté sur un mektoub était d’ailleurs occupé à attirer l’attention des créatures afin de protéger leurs arrières. Sans attendre, Varran bondit en direction du cratère alors que Xynala et Bélénor s’élançaient vers le Palais. Comme quatorze ans auparavant durant le quart-coriolis, Bélénor était en train de remonter l’avenue Dyros en courant. Et si le souvenir de cette épreuve des Jeux de l’Académie ne faisait pas partie des meilleurs de son enfance, l’envie de survivre à ce cataclysme était évidemment plus forte que son aversion pour la course à pied.
  
Concentré sur leur course, les deux Fyros fonçaient vers le nord. Ils furent rapidement rejoints par Varran, portant sur son épaule gauche Brandille, dont l’armure souple et les tresses multicolores avaient en partie brûlé. Ses fesses étaient tournées vers le ciel et sa tête pendait sur le dos massif du colosse. Sans perdre de vue les débris qui jonchaient l’avenue, lui qui était tant habitué à trébucher, Bélénor décélérera afin d’observer le visage de son amie. Yeux clos, Brandille était totalement inerte. Immobile. Inquiet pour sa santé, mais sentant toujours la vie circuler dans son petit corps, Bélénor se reconcentra sur sa course. Il avait pris conscience du lien étrange qui l’unissait à Brandille à la suite de son voyage vers Fort Kronk. Après tout, si le Kami Noir était son premier sauveur, c’était bien Brandille qui avait conduit les autres jusqu’à lui, comme si capable de sentir sa présence à distance. Dès lors, Bélénor s’était interrogé sur leur relation, et s’était rendu compte que, d’aussi loin qu’il se souvienne, un lien particulier l’avait toujours uni à son amie. Enfin, ce n’est que tout à l’heure, après son cri, qu’il en avait eu la confirmation. Après qu’il eut senti que Brandille était toujours en vie, alors que son corps gisait loin de son regard, dans le petit cratère.
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Concentrés sur leur course, les deux Fyros fonçaient vers le nord. Ils furent rapidement rejoints par Varran, portant sur son épaule gauche Brandille, dont l’armure souple et les tresses multicolores avaient en partie brûlé. Ses fesses étaient tournées vers le ciel et sa tête pendait sur le dos massif du colosse. Sans perdre de vue les débris qui jonchaient l’avenue, lui qui était tant habitué à trébucher, Bélénor décélérera afin d’observer le visage de son amie. Yeux clos, Brandille était totalement inerte. Immobile. Inquiet pour sa santé, mais sentant toujours la vie circuler dans son petit corps, Bélénor se reconcentra sur sa course. Il avait pris conscience du lien étrange qui l’unissait à Brandille à la suite de son voyage vers Fort Kronk. Après tout, si le Kami Noir était son premier sauveur, c’était bien Brandille qui avait conduit les autres jusqu’à lui, comme si capable de sentir sa présence à distance. Dès lors, Bélénor s’était interrogé sur leur relation, et s’était rendu compte que, d’aussi loin qu’il se souvienne, un lien particulier l’avait toujours uni à son amie. Enfin, ce n’est que tout à l’heure, après son cri, qu’il en avait eu la confirmation. Après qu’il eut senti que Brandille était toujours en vie, alors que son corps gisait loin de son regard, dans le petit cratère.
  
 
La folle course continua ainsi quelques minutes. Deux cent mètres derrière eux, le mektoubier tentait toujours d’appâter les énormes kinchers et de protéger les fuyards. Malheureusement, le valeureux soldat et sa monture ne pouvaient pas être partout, et certains d’entre eux avaient déjà péri sous les pattes et les crocs des monstres. Arrivé à une bonne centaine de mètres de la place Hempios, Bélénor distingua des soldats impériaux, accompagnés de quelques agents de la Karavan. Leurs étranges combinaisons noires les rendaient parfaitement identifiables. Chacun d’entre eux étaient positionnés sous la grande arche racinaire qui marquait la fin de l’avenue, tandis qu’un engin volant stationnait au-dessus. C’est ce que Bélénor crut, avant de se rendre compte que la machine avançait en réalité dans leur direction.
 
La folle course continua ainsi quelques minutes. Deux cent mètres derrière eux, le mektoubier tentait toujours d’appâter les énormes kinchers et de protéger les fuyards. Malheureusement, le valeureux soldat et sa monture ne pouvaient pas être partout, et certains d’entre eux avaient déjà péri sous les pattes et les crocs des monstres. Arrivé à une bonne centaine de mètres de la place Hempios, Bélénor distingua des soldats impériaux, accompagnés de quelques agents de la Karavan. Leurs étranges combinaisons noires les rendaient parfaitement identifiables. Chacun d’entre eux étaient positionnés sous la grande arche racinaire qui marquait la fin de l’avenue, tandis qu’un engin volant stationnait au-dessus. C’est ce que Bélénor crut, avant de se rendre compte que la machine avançait en réalité dans leur direction.
Строка 69: Строка 69:
 
« Énor ? »
 
« Énor ? »
  
Levant brusquement la tête vers Varran, le Fyros observa les grands yeux mauves de Brandille. Les bras désormais appuyés sur l’épaule du colosse, l’acrobate affichait un air particulièrement sérieux. Bien différent de la moue rieuse à laquelle Bélénor était accoutumé.. Quelque chose ne tournait pas rond.
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Levant brusquement la tête vers Varran, le Fyros observa les grands yeux mauves de Brandille. Les bras désormais appuyés sur l’épaule du colosse, l’acrobate affichait un air particulièrement sérieux. Bien différent de la moue rieuse à laquelle Bélénor était accoutumé. Quelque chose ne tournait pas rond.
  
 
« Brandille ?
 
« Brandille ?
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— D… D’accord. Alors file.
 
— D… D’accord. Alors file.
  
— Mais qu’est ce qui se passe bordel ?! Arrêtez vos conneries, on reste ensemble et on continue à courir ! » s’exclama Xynala.
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— Mais qu’est-ce qui se passe bordel ?! Arrêtez vos conneries, on reste ensemble et on continue à courir ! » s’exclama Xynala.
  
 
Et pour toute réponse, Brandille se mit à chanter, sans quitter Bélénor des yeux. Instantanément, sa voix si singulière se répercuta en écho autour des Fyros, dans un étrange effet hypnotique.
 
Et pour toute réponse, Brandille se mit à chanter, sans quitter Bélénor des yeux. Instantanément, sa voix si singulière se répercuta en écho autour des Fyros, dans un étrange effet hypnotique.
Строка 112: Строка 112:
 
Sans perdre une seconde de plus, Brandille bondit par-dessus ses amis. Le véhicule noir, qui avait commencé à accélérer, réalisa aussitôt une embardée aérienne et s’élança à la poursuite de l’acrobate, qui glissait désormais à vitesse folle en direction d’une ruelle adjacente à l’avenue. À cette occasion, Bélénor put observer en détail l’engin de la Karavan, dont la forme rappelait celle d’une larme. C’était un véhicule d’une quinzaine de mètres de long et de cinq de large dans sa partie la plus bombée. Et s’il était doté d’une multitude d’excroissances technologiques étranges, dont Bélénor ne connaissait pas l’usage, le Fyros devina malgré tout quelques canons et le système qui, probablement, permettait à la machine de vaincre la gravité. Sur le côté de l’engin, les portes latérales ouvertes laissèrent aussi entrevoir plusieurs soldats en combinaison noire, armés d’étranges lances et de fusils. Des soldats prêts à intervenir. Le cœur de Bélénor se serra en se rendant compte que la machine était plus rapide que Brandille. Par chance sa taille joua contre elle, et trop large, elle dut reprendre de l’altitude au moment où l’acrobate disparaissait d’une roulade dans la petite allée sinueuse. Pour autant, l’engin n’abandonna pas et remonta à vive allure les cent mètres de la paroi d’écorce avant de continuer à traquer sa proie en rase-motte au-dessus de la Dorsale.
 
Sans perdre une seconde de plus, Brandille bondit par-dessus ses amis. Le véhicule noir, qui avait commencé à accélérer, réalisa aussitôt une embardée aérienne et s’élança à la poursuite de l’acrobate, qui glissait désormais à vitesse folle en direction d’une ruelle adjacente à l’avenue. À cette occasion, Bélénor put observer en détail l’engin de la Karavan, dont la forme rappelait celle d’une larme. C’était un véhicule d’une quinzaine de mètres de long et de cinq de large dans sa partie la plus bombée. Et s’il était doté d’une multitude d’excroissances technologiques étranges, dont Bélénor ne connaissait pas l’usage, le Fyros devina malgré tout quelques canons et le système qui, probablement, permettait à la machine de vaincre la gravité. Sur le côté de l’engin, les portes latérales ouvertes laissèrent aussi entrevoir plusieurs soldats en combinaison noire, armés d’étranges lances et de fusils. Des soldats prêts à intervenir. Le cœur de Bélénor se serra en se rendant compte que la machine était plus rapide que Brandille. Par chance sa taille joua contre elle, et trop large, elle dut reprendre de l’altitude au moment où l’acrobate disparaissait d’une roulade dans la petite allée sinueuse. Pour autant, l’engin n’abandonna pas et remonta à vive allure les cent mètres de la paroi d’écorce avant de continuer à traquer sa proie en rase-motte au-dessus de la Dorsale.
  
Interdits, les trois Fyros s’observèrent les uns les autres durant de longues secondes. Que venait-il vraiment de se passer ? Pourquoi la Karavan poursuivait-elle Brandille ? Sans aucun doute, cela avait à voir avec son hurlement surnaturel. Mais surtout, était-il possible que quiconque, aussi rusé soit-il, puisse échapper à la toute puissance de la Karavan ? Les yeux fermés, Bélénor leva le visage au ciel et serra les dents. Il devait absolument penser à autre chose. Comme pour l’y aider, une cri résonna au loin derrière lui. Cette voix. C’était celle de la générale Euriyaseus Icaron.
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Interdits, les trois Fyros s’observèrent les uns les autres durant de longues secondes. Que venait-il vraiment de se passer ? Pourquoi la Karavan poursuivait-elle Brandille ? Sans aucun doute, cela avait à voir avec son hurlement surnaturel. Mais surtout, était-il possible que quiconque, aussi rusé soit-il, puisse échapper à la toute-puissance de la Karavan ? Les yeux fermés, Bélénor leva le visage au ciel et serra les dents. Il devait absolument penser à autre chose. Comme pour l’y aider, un cri résonna au loin derrière lui. Cette voix. C’était celle de la générale Euriyaseus Icaron.
  
 
« Varran, c’est bien toi ? Xynala ? Aidez ces civils à rejoindre le Palais ! »
 
« Varran, c’est bien toi ? Xynala ? Aidez ces civils à rejoindre le Palais ! »
  
À l’unisson, tous tournèrent la tête vers le sud de l’avenue. Cinquante mètres plus bas, la générale était occupée à se battre contre deux kinchers haut de trois mètres. Elle était le mektoubier qu’ils avaient aperçu plus tôt en contrebas. Entre elle et le groupe d’amis, un adulte et deux enfants étaient en train de courir en direction du Palais. Sans perdre une seconde, les trois fyros se précipitèrent vers les fuyards, deux enfants et leur mère, tous au bord de l’épuisement. Xynala attrapa la fillette, Varran la mère et le garçon, et Bélénor, qui avait enfilé sa paire d’amplificateurs, soutint la mektoubière de ses soins. L’armure de la vénérable Fyrosse, ainsi que celle de son mekboub, étaient écaillées de toute part. La monture semblait même gravement blessée. Pour autant, cela n’empêchait pas le brave animal de porter le corps d’un homin à l’aide de sa puissante trompe. Finalement, grâce au soutien magique de Bélénor, la générale réussit à achever l’un des deux monstres d’un coup de pique bien placé. Et alors que le groupe arrivait finalement à l’entrée de la place Hempios, un étrange sifflement retentit. Un flash de lumière plus tard, le dernier kincher s’effondra dans la sciure, le crâne transpercé. Ne comprenant pas ce qui venait de se passer, Bélénor se retourna vers la grande arche racinaire. Face à lui, un agent de la Karavan pointait le bras droit sur la carcasse de la créature. Le projectile lumineux avait été émis par l’étrange appareil qui équipait son avant-bras.
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À l’unisson, tous tournèrent la tête vers le sud de l’avenue. Cinquante mètres plus bas, la générale était occupée à se battre contre deux kinchers haut de trois mètres. Elle était le mektoubier qu’ils avaient aperçu plus tôt en contrebas. Entre elle et le groupe d’amis, un adulte et deux enfants étaient en train de courir en direction du Palais. Sans perdre une seconde, les trois fyros se précipitèrent vers les fuyards, deux enfants et leur mère, tous au bord de l’épuisement. Xynala attrapa la fillette, Varran la mère et le garçon, et Bélénor, qui avait enfilé sa paire d’amplificateurs, soutint la mektoubière de ses soins. L’armure de la vénérable Fyrosse, ainsi que celle de son mektoub, étaient écaillées de toute part. La monture semblait même gravement blessée. Pour autant, cela n’empêchait pas le brave animal de porter le corps d’un homin à l’aide de sa puissante trompe. Finalement, grâce au soutien magique de Bélénor, la générale réussit à achever l’un des deux monstres d’un coup de pique bien placé. Et alors que le groupe arrivait finalement à l’entrée de la place Hempios, un étrange sifflement retentit. Un flash de lumière plus tard, le dernier kincher s’effondra dans la sciure, le crâne transpercé. Ne comprenant pas ce qui venait de se passer, Bélénor se retourna vers la grande arche racinaire. Face à lui, un agent de la Karavan pointait le bras droit sur la carcasse de la créature. Le projectile lumineux avait été émis par l’étrange appareil qui équipait son avant-bras.
  
 
C’était la première fois que Bélénor observait d’aussi près un agent de la Karavan. Mesurant environ un mètre soixante, l’hominoïde était vêtu d’une combinaison intégrale laissant apercevoir des formes féminines, mais ne dévoilant aucun centimètre carré de peau. À ce vêtement serré était associé un voile accroché au niveau du bassin et une capuche recouvrant le casque de l’individu. Un casque constitué d’une large visière blanche et de ce qui semblait être un masque respiratoire. À côté de l’agent, plusieurs autres, dont certains à la carrure plus masculine, scrutaient en silence la bataille céleste. Le Fyros contempla quelques secondes les êtres mystérieux puis ressentit soudainement une étrange pression psychique. La tireuse s’était tournée vers lui et semblait désormais le fixer. Aussitôt, Bélénor détourna le regard et s’avança sous l’arche. Comme Melkiar et Brandille lui avaient un jour dit, les agents de la Karavan dégageaient une aura surnaturelle, à la fois terrifiante et fascinante. Dorénavant, il comprenait. Et sans aucun doute, la sensation était semblable à celle qu’il avait ressentie les rares fois où ses yeux s’étaient posés sur l’Empereur Thesop le Fratricide, comme cette fois-là sur la tribune des vainqueurs, après sa victoire aux Jeux de l’Académie. Imaginant son amie contrainte par plusieurs de ces agents, le Fyros sentit la panique l’assaillir à nouveau. En cet instant, toutes ses pensées étaient tournées vers Brandille. En vie, Brandille l’était. Il le sentait. Mais son amie était-elle libre ? Il le fallait… Sa promesse devait être tenue.
 
C’était la première fois que Bélénor observait d’aussi près un agent de la Karavan. Mesurant environ un mètre soixante, l’hominoïde était vêtu d’une combinaison intégrale laissant apercevoir des formes féminines, mais ne dévoilant aucun centimètre carré de peau. À ce vêtement serré était associé un voile accroché au niveau du bassin et une capuche recouvrant le casque de l’individu. Un casque constitué d’une large visière blanche et de ce qui semblait être un masque respiratoire. À côté de l’agent, plusieurs autres, dont certains à la carrure plus masculine, scrutaient en silence la bataille céleste. Le Fyros contempla quelques secondes les êtres mystérieux puis ressentit soudainement une étrange pression psychique. La tireuse s’était tournée vers lui et semblait désormais le fixer. Aussitôt, Bélénor détourna le regard et s’avança sous l’arche. Comme Melkiar et Brandille lui avaient un jour dit, les agents de la Karavan dégageaient une aura surnaturelle, à la fois terrifiante et fascinante. Dorénavant, il comprenait. Et sans aucun doute, la sensation était semblable à celle qu’il avait ressentie les rares fois où ses yeux s’étaient posés sur l’Empereur Thesop le Fratricide, comme cette fois-là sur la tribune des vainqueurs, après sa victoire aux Jeux de l’Académie. Imaginant son amie contrainte par plusieurs de ces agents, le Fyros sentit la panique l’assaillir à nouveau. En cet instant, toutes ses pensées étaient tournées vers Brandille. En vie, Brandille l’était. Il le sentait. Mais son amie était-elle libre ? Il le fallait… Sa promesse devait être tenue.
Строка 122: Строка 122:
 
La place Hempios tirait son nom du premier fils de Dyros le Grand, qui, près de deux siècles auparavant, était devenu le second empereur des Fyros. Un empereur qui, suivant les enseignements de la Karavan, avait encouragé les alchimistes d’État à continuer l’étude des propriétés pyrotechniques de certains matériaux. Grâce à cela, la fabrication d’armes à feu fut généralisée, ce qui permit à l’Empire de s’imposer face aux tribus dissidentes, mais aussi d’exister un peu plus sur le plan international. Par ailleurs, depuis cette époque, la maîtrise du feu était devenue une caractéristique forte de la civilisation fyrosse.
 
La place Hempios tirait son nom du premier fils de Dyros le Grand, qui, près de deux siècles auparavant, était devenu le second empereur des Fyros. Un empereur qui, suivant les enseignements de la Karavan, avait encouragé les alchimistes d’État à continuer l’étude des propriétés pyrotechniques de certains matériaux. Grâce à cela, la fabrication d’armes à feu fut généralisée, ce qui permit à l’Empire de s’imposer face aux tribus dissidentes, mais aussi d’exister un peu plus sur le plan international. Par ailleurs, depuis cette époque, la maîtrise du feu était devenue une caractéristique forte de la civilisation fyrosse.
  
D'ordinaire bondée de soldats et de citoyens employés au Palais, la place Hempios s’était transformée en un gigantesque camp de réfugiés, où se mêlaient soldats, citoyens désemparés, agents et véhicules de la Karavan, mais aussi un grand nombre d’homins tués, dont les corps avait soigneusement été rassemblés à gauche de l’immense bâtiment séculaire. Sur le flanc droit, trois gros transporteurs aériens étaient en train d’accueillir à leur bord des homins. Ces mêmes transporteurs que l’on voyait parfois aux abords des rares villages habités par des tribus servant la Karavan, et qui permettaient aux agents de récolter les précieuses ressources rassemblées par leurs fidèles. Une fois l’arche passée, la générale Icaron commanda à son mektoub de déposer au sol le corps du Fyros qu’il avait porté tout du long. Alors, la femme et les deux enfants se précipitèrent à son chevet. Le père, à qui Bélénor avait prodigué des soins magiques, était désormais rétabli. Pour autant, il restait toujours inconscient, probablement traumatisé par l’épreuve. La famille remercia mille fois leurs sauveuses et leurs sauveurs, et, désormais en sécurité, la générale Icaron demanda à Xynala ce qu’il était advenu de Tisse. Machinalement, celle-ci répéta la réponse qu’elle avait faite à Varran. Sincèrement touchée, la vénérable Fyrosse exprima longuement sa peine et vanta les mérites de la capitaine tout juste promue. Sans comprendre qu’elle venait d’accentuer leur désarroi, la générale salua finalement les jeunes gens, puis se dirigea vers un groupe de soldats qu’elle venait de repérer. Abattus, les trois amis la regardèrent s'éloigner en silence. Puis, Varran demanda à Xynala et Bélénor de le suivre. Il comptait les conduire à Melkiar, qui se trouvait là où les victimes étaient rassemblées.
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D'ordinaire bondée de soldats et de citoyens employés au Palais, la place Hempios s’était transformée en un gigantesque camp de réfugiés, où se mêlaient soldats, citoyens désemparés, agents et véhicules de la Karavan, mais aussi un grand nombre d’homins tués, dont les corps avaient soigneusement été rassemblés à gauche de l’immense bâtiment séculaire. Sur le flanc droit, trois gros transporteurs aériens étaient en train d’accueillir à leur bord des homins. Ces mêmes transporteurs que l’on voyait parfois aux abords des rares villages habités par des tribus servant la Karavan, et qui permettaient aux agents de récolter les précieuses ressources rassemblées par leurs fidèles. Une fois l’arche passée, la générale Icaron commanda à son mektoub de déposer au sol le corps du Fyros qu’il avait porté tout du long. Alors, la femme et les deux enfants se précipitèrent à son chevet. Le père, à qui Bélénor avait prodigué des soins magiques, était désormais rétabli. Pour autant, il restait toujours inconscient, probablement traumatisé par l’épreuve. La famille remercia mille fois leurs sauveuses et leurs sauveurs, et, désormais en sécurité, la générale Icaron demanda à Xynala ce qu’il était advenu de Tisse. Machinalement, celle-ci répéta la réponse qu’elle avait faite à Varran. Sincèrement touchée, la vénérable Fyrosse exprima longuement sa peine et vanta les mérites de la capitaine tout juste promue. Sans comprendre qu’elle venait d’accentuer leur désarroi, la générale salua finalement les jeunes gens, puis se dirigea vers un groupe de soldats qu’elle venait de repérer. Abattus, les trois amis la regardèrent s'éloigner en silence. Puis, Varran demanda à Xynala et Bélénor de le suivre. Il comptait les conduire à Melkiar, qui se trouvait là où les victimes étaient rassemblées.
  
Pour rejoindre leur ami, le petit groupe dut longer la paroi d’écorce qui délimitait la place et contourner la foule de survivants. Recroquevillés sur eux-même, tous étaient extrêmement silencieux. Seuls les pleurs des enfants, les lamentations de ceux qui avaient tout perdu, et les bombardements lointains de la Karavan, venaient perturber l’oppressant silence de mort qui régnait désormais sur le cœur historique de Fyre. Sur le trajet, ils passèrent près de plusieurs dizaines de carcasses d’insectes géants, entassées contre la paroi d’écorce. Bélénor regarda en détail l’une d’entre elles, et remarqua que cette créature était assez différente de celles qui avaient enfoncé les Portes Sud. Car si son aspect général rappelait en plusieurs points les « mâchoires ambulantes » de la première vague , beaucoup d’autres l’en différenciaient. Déjà, elle était bien plus imposante. Ses pattes, notamment, étaient plus épaisses et vigoureuses. Ensuite, son crâne était pourvu de deux énormes tuyères suintantes d’un liquide organique étrange, en lieu et place des paires de crochets. Son abdomen, non plus arqué sous ses six pattes, était dépourvu de dard, et se dressait à l’arrière du thorax. Pour finir, la couleur bronze de la carapace avait laissé place à un noir de jais constellé par endroit de motifs jaunes. Notamment, une paire d’yeux sinistres semblait être dessinée au niveau du crâne boursouflé de la créature, la rendant ainsi encore plus menaçante. À imaginer toutes ces créatures en vie, Bélénor fut pris d’une nausée.
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Pour rejoindre leur ami, le petit groupe dut longer la paroi d’écorce qui délimitait la place et contourner la foule de survivants. Recroquevillés sur eux-même, tous étaient extrêmement silencieux. Seuls les pleurs des enfants, les lamentations de ceux qui avaient tout perdu, et les bombardements lointains de la Karavan, venaient perturber l’oppressant silence de mort qui régnait désormais sur le cœur historique de Fyre. Sur le trajet, ils passèrent près de plusieurs dizaines de carcasses d’insectes géants, entassées contre la paroi d’écorce. Bélénor regarda en détail l’une d’entre elles, et remarqua que cette créature était assez différente de celles qui avaient enfoncé les Portes Sud. Car si son aspect général rappelait en plusieurs points les « mâchoires ambulantes » de la première vague, beaucoup d’autres l’en différenciaient. Déjà, elle était bien plus imposante. Ses pattes, notamment, étaient plus épaisses et vigoureuses. Ensuite, son crâne était pourvu de deux énormes tuyères suintantes d’un liquide organique étrange, en lieu et place des paires de crochets. Son abdomen, non plus arqué sous ses six pattes, était dépourvu de dard, et se dressait à l’arrière du thorax. Pour finir, la couleur bronze de la carapace avait laissé place à un noir de jais constellé par endroit de motifs jaunes. Notamment, une paire d’yeux sinistres semblait être dessinée au niveau du crâne boursouflé de la créature, la rendant ainsi encore plus menaçante. À imaginer toutes ces créatures en vie, Bélénor fut pris d’une nausée.
  
Après quelques minutes de marche, le groupe atteignit finalement l’emplacement réservé aux victimes. Alors, le cœur de Bélénor se serra. Elles se comptaient déjà par centaines, et de nouveaux tués arrivaient sur des brancards à chaque minute qui passait… Si certains défunts étaient entourés de leurs proches anéantis, d’autres semblaient attendre patiemment qu’on les trouve. Autour d’eux, de nombreux Fyros erraient dans ce vaste champ de pleurs. Hagards, à la recherche de leurs amis, de leurs parents, de leurs enfants ou de leurs amours. Certes, eux étaient toujours vivants. Mais au fond de leur cœur, ils étaient comme morts. Sans s’arrêter, Varran emmena Bélénor et Xynala en direction d’un grand groupe dont les membres étaient vêtus d’une tenue identique à la sienne. Se concentrant sur ces homins, Bélénor essaya de ne pas regarder les linceuls qu’il enjambait. C’est alors qu’il reconnu Melkiar, agenouillé face au corps d’une femme femme dont les cheveux noirs rappelaient les siens. Couché à côté d’elle, un varinx apprivoisé, long de deux mètres cinquante, était en train de lécher le visage de la défunte. À l’inverse des autres membres de son espèce, ce spécimen possédait un pelage noir tirant sur le bleu et tacheté de marron. L’un des Fyros glissa un mot à l’oreille de Melkiar, qui se leva et se retourna vers ses amis. Si son visage glabre était marqué par la fatigue et le chagrin, l’homin n’avait rien perdu de son aura charismatique.
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Après quelques minutes de marche, le groupe atteignit finalement l’emplacement réservé aux victimes. Alors, le cœur de Bélénor se serra. Elles se comptaient déjà par centaines, et de nouveaux tués arrivaient sur des brancards à chaque minute qui passait… Si certains défunts étaient entourés de leurs proches anéantis, d’autres semblaient attendre patiemment qu’on les trouve. Autour d’eux, de nombreux Fyros erraient dans ce vaste champ de pleurs. Hagards, à la recherche de leurs amis, de leurs parents, de leurs enfants ou de leurs amours. Certes, eux étaient toujours vivants. Mais au fond de leur cœur, ils étaient comme morts. Sans s’arrêter, Varran emmena Bélénor et Xynala en direction d’un grand groupe dont les membres étaient vêtus d’une tenue identique à la sienne. Se concentrant sur ces homins, Bélénor essaya de ne pas regarder les linceuls qu’il enjambait. C’est alors qu’il reconnut Melkiar, agenouillé face au corps d’une femme femme dont les cheveux noirs rappelaient les siens. Couché à côté d’elle, un varinx apprivoisé, long de deux mètres cinquante, était en train de lécher le visage de la défunte. À l’inverse des autres membres de son espèce, ce spécimen possédait un pelage noir tirant sur le bleu et tacheté de marron. L’un des Fyros glissa un mot à l’oreille de Melkiar, qui se leva et se retourna vers ses amis. Si son visage glabre était marqué par la fatigue et le chagrin, l’homin n’avait rien perdu de son aura charismatique.
  
 
« Xynala, Bélénor, vous m’avez tant manqué. Dans mes bras, mes amis. »
 
« Xynala, Bélénor, vous m’avez tant manqué. Dans mes bras, mes amis. »
Строка 154: Строка 154:
 
« Je dois bien admettre que sans l’aide de la Karavan, tous auraient partagé son sort… »
 
« Je dois bien admettre que sans l’aide de la Karavan, tous auraient partagé son sort… »
  
Pour toute réponse, Varran jura. Puis, sans cesser de maugréer. il posa sa grosse main sur l’épaule de son ami.
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Pour toute réponse, Varran jura. Puis, sans cesser de maugréer, il posa sa grosse main sur l’épaule de son ami.
  
 
« D’ailleurs, en parlant du gingo… »
 
« D’ailleurs, en parlant du gingo… »
Строка 186: Строка 186:
 
« Peu m’importe », finit-il par trancher, avant de faire volte-face en direction du Palais Impérial, suivi par ses sbires.
 
« Peu m’importe », finit-il par trancher, avant de faire volte-face en direction du Palais Impérial, suivi par ses sbires.
  
C’est ainsi que les quatre amis quittèrent le champ de linceuls pour suivre les agents de la Karavan. Avant de partir, Melkiar ordonna à ses autres compagnons de brûler le corps de l'homine auprès de laquelle ses amis l'avaient trouvé agenouillé. Le varinx noir, qui avait suivi le groupe, ne lâchait pas Melkiar d’une semelle. Méfiant, Bélénor observait la prédateur du coin l'œil.
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C’est ainsi que les quatre amis quittèrent le champ de linceuls pour suivre les agents de la Karavan. Avant de partir, Melkiar ordonna à ses autres compagnons de brûler le corps de l'homine auprès de laquelle ses amis l'avaient trouvé agenouillé. Le varinx noir, qui avait suivi le groupe, ne lâchait pas Melkiar d’une semelle. Méfiant, Bélénor observait le prédateur du coin l'œil.
  
 
« Ne t’inquiète pas Bélénor, il est inoffensif, dit son ami en caressant la grosse tête de l’animal. Comme tu le sais, ma tribu élève des varinx depuis toujours. Celui-ci s’appelle Krodaken. Il est né il y trois ans, juste après le décès de mon père. Une brave bête.
 
« Ne t’inquiète pas Bélénor, il est inoffensif, dit son ami en caressant la grosse tête de l’animal. Comme tu le sais, ma tribu élève des varinx depuis toujours. Celui-ci s’appelle Krodaken. Il est né il y trois ans, juste après le décès de mon père. Une brave bête.
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Au même moment, les premiers kitins entrèrent en collision avec la barrière d’énergie, faisant vibrer l’air à l’intérieur du dôme, tandis que plus au sud, le navire enflammé de la Karavan s’écrasait finalement, provoquant une longue et puissante secousse qui se répercuta jusqu’au Palais. Melkiar se retourna quelques secondes et observa l’étendue des dégâts du haut de son promontoire. Ces monstres étaient redoutables, il devait bien le reconnaître. Et surtout dans de telles quantités. Serrant les poings, il mit un genou au sol et baissa la tête.
 
Au même moment, les premiers kitins entrèrent en collision avec la barrière d’énergie, faisant vibrer l’air à l’intérieur du dôme, tandis que plus au sud, le navire enflammé de la Karavan s’écrasait finalement, provoquant une longue et puissante secousse qui se répercuta jusqu’au Palais. Melkiar se retourna quelques secondes et observa l’étendue des dégâts du haut de son promontoire. Ces monstres étaient redoutables, il devait bien le reconnaître. Et surtout dans de telles quantités. Serrant les poings, il mit un genou au sol et baissa la tête.
  
« Je comprends, sharükos, je ne voulais pas vous manquer de respect. Puisque vous m’y autorisez, je ne vous suivrai donc pas, et m’efforcerai de rassembler les survivants. Vous ! dit-il alors à l’attention de l’agente vêtue de blanc, qui était occupée à pianoter sur l’avant-bras de sa combinaison. J’ai besoin de savoir combien de temps restera visible cet « arc-en-ciel », celui que vous avez mentionné. Et où seront transportés les réfugiés.
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« Je comprends, sharükos, je ne voulais pas vous manquer de respect. Puisque vous m’y autorisez, je ne vous suivrai donc pas, et m’efforcerai de rassembler les survivants. Vous ! dit-il alors à l’attention de l’agente vêtue de blanc, qui était occupée à pianoter sur l’avant-bras de sa combinaison. J’ai besoin de savoir combien de temps restera visible cet « arc-en-ciel », celui que vous avez mentionné. Et où seront transportés les réfugiés.
  
 
— Les réfugiés seront transportés dans les Primes Racines via cet arc-en-ciel, et je ne sais pas combien de temps celui-ci restera fonctionnel, dit-elle sans quitter des yeux son avant-bras. Sachez que votre plan est insensé, Melkiar. Si vous ne fuyez pas, vous mourrez. Sous les assauts des Kitins, ou sous l’action du Feu Stellaire. Par ailleurs, savez-vous que la Karavan s’est déjà intéressée à vous ? Vos caractéristiques dépassent l’entendement, vous êtes un homin d’exception. Votre vie est précieuse et votre perte causerait un grand tort à Jena. Êtes-vous certain de vouloir retourner si loin à l’ouest, et jouer votre vie contre celles de ceux qui ne sont rien ? »
 
— Les réfugiés seront transportés dans les Primes Racines via cet arc-en-ciel, et je ne sais pas combien de temps celui-ci restera fonctionnel, dit-elle sans quitter des yeux son avant-bras. Sachez que votre plan est insensé, Melkiar. Si vous ne fuyez pas, vous mourrez. Sous les assauts des Kitins, ou sous l’action du Feu Stellaire. Par ailleurs, savez-vous que la Karavan s’est déjà intéressée à vous ? Vos caractéristiques dépassent l’entendement, vous êtes un homin d’exception. Votre vie est précieuse et votre perte causerait un grand tort à Jena. Êtes-vous certain de vouloir retourner si loin à l’ouest, et jouer votre vie contre celles de ceux qui ne sont rien ? »

Версия 20:25, 24 марта 2022

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