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Материал из ЭнциклопАтис
Lanstiril (обсуждение | вклад) м |
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Pour autant, malgré les pouvoirs octroyés par les cendres draconiques, que le peuple Zoraï nommait aussi particules spirituelles, la plus grande ambition du peuple fyros restait de trouver et d'exterminer le Grand Dragon, qu’ils savaient être à l’origine des grands incendies qui ravageaient le Désert, prémisses de son retour apocalyptique. Bien entendu, Tiralion ne croyait pas au Mythe du Dragon. Il savait simplement flairer les investissements lucratifs et jouer de la corde patriotique. Après tout, il était aussi devenu au fil des années un fin politicien, conseillé et formé par son épouse. | Pour autant, malgré les pouvoirs octroyés par les cendres draconiques, que le peuple Zoraï nommait aussi particules spirituelles, la plus grande ambition du peuple fyros restait de trouver et d'exterminer le Grand Dragon, qu’ils savaient être à l’origine des grands incendies qui ravageaient le Désert, prémisses de son retour apocalyptique. Bien entendu, Tiralion ne croyait pas au Mythe du Dragon. Il savait simplement flairer les investissements lucratifs et jouer de la corde patriotique. Après tout, il était aussi devenu au fil des années un fin politicien, conseillé et formé par son épouse. | ||
− | Plongé dans ses pensées, et occupé à jouer avec sa longue barbe acajou tressée, Tiralion finissait la seconde lecture du rapport. Un mort de plus, un mort de moins… Après tout, tels étaient les risques du métier ! Satisfait de sa conclusion, il attrapa sa plume d’igara, un parchemin vierge, et rédigea une réponse succincte à son contremaître : la famille de la victime serait généreusement dédommagée. Le Fyros s’appuya sur son bureau pour se lever et s’étira. Ainsi s’achevait sa longue et difficile journée de travail. Caressant son ventre déjà bien rebondi pour son âge, il se demanda ce que le cuisinier avait prévu pour le dîner. Au même moment, la porte s’ouvrit et son épouse entra dans la pièce. | + | Plongé dans ses pensées, et occupé à jouer avec sa longue barbe acajou tressée, Tiralion finissait la seconde lecture du rapport. Un mort de plus, un mort de moins… Après tout, tels étaient les risques du métier ! Satisfait de sa conclusion, il attrapa sa plume d’igara, un parchemin vierge, et rédigea une réponse succincte à son contremaître : la famille de la victime serait généreusement dédommagée. Le Fyros s’appuya sur son bureau pour se lever et s’étira. Ainsi s’achevait sa longue et difficile journée de travail. Caressant son ventre déjà bien rebondi pour son âge, il se demanda ce que le cuisinier avait prévu pour le dîner. Au même moment, la porte s’ouvrit et son épouse entra dans la pièce. Âgée d’environ trente ans, elle était vêtue de la robe de lin rouge traditionnellement portée par les sénateurs, et ses cheveux dorés étaient attachés en chignon. |
« Bonsoir Tiralion, dit-elle en venant embrasser le crâne basané de son mari. | « Bonsoir Tiralion, dit-elle en venant embrasser le crâne basané de son mari. | ||
Строка 36: | Строка 36: | ||
Eutis Nebius lui sourit et lui attrapa la main. | Eutis Nebius lui sourit et lui attrapa la main. | ||
− | « Venez, allons dîner. J’ai senti de bonnes odeurs en provenance des cuisines. Mais avant tout, | + | « Venez, allons dîner. J’ai senti de bonnes odeurs en provenance des cuisines. Mais avant tout, j’aimerais aller embrasser Bélénor. Savez-vous si Penala l’a couché ? |
— Oui, peut-être un quart d’heure avant votre arrivée. Elle est venue me prévenir qu’il s’était endormi. Puis-je vous attendre en bas ? | — Oui, peut-être un quart d’heure avant votre arrivée. Elle est venue me prévenir qu’il s’était endormi. Puis-je vous attendre en bas ? | ||
Строка 52: | Строка 52: | ||
— Venez, je vous dis ! C’est Bélénor ! » | — Venez, je vous dis ! C’est Bélénor ! » | ||
− | Tiralion posa son verre à contrecœur et se leva. Il soupira. Décidément, il ne comprenait pas l’attrait que certains avaient pour les nouveau-nés. Bélénor avait quelques mois à peine, et sa vie se résumait à dormir, manger et déféquer. Jusqu'à ce qu’il apprenne à faire des calculs, son père ne voyait pas en quoi l'enfant aurait pu l'intéresser. Ne pouvant contenir son impatience, | + | Tiralion posa son verre à contrecœur et se leva. Il soupira. Décidément, il ne comprenait pas l’attrait que certains avaient pour les nouveau-nés. Bélénor avait quelques mois à peine, et sa vie se résumait à dormir, manger et déféquer. Jusqu'à ce qu’il apprenne à faire des calculs, son père ne voyait pas en quoi l'enfant aurait pu l'intéresser. Ne pouvant contenir son impatience, son épouse l’attrapa par la main et le tira en direction des étages. Un investissement. Il devait le considérer comme un investissement… Quelques escaliers plus tard, c’est à bout de souffle que le corpulent Fyros arriva à proximité de la chambre de son fils. Eutis l’attrapa par les épaules et lui lança un regard sévère. |
« Regardez discrètement par la porte, et surtout, ne faites pas de bruit ! » | « Regardez discrètement par la porte, et surtout, ne faites pas de bruit ! » | ||
Строка 92: | Строка 92: | ||
— Je ne sais plus. Tu sais bien que le flux du temps se dilate lorsque je te fixe trop longtemps. » | — Je ne sais plus. Tu sais bien que le flux du temps se dilate lorsque je te fixe trop longtemps. » | ||
− | Bélénor ferma les yeux et se massa les tempes. Discuter avec Brandille n’allait pas faire passer sa migraine. Brandille, comme toutes les personnes issues du peuple tryker, était un être de petite taille pourvu d’une peau claire et de traits particulièrement enfantins. Bien sûr, à neuf ans, il n’était pas rare d’être encore pourvu d’un visage de poupon. Mais les Trykers, à l’inverse des Fyros, conservaient une apparence enfantine une fois devenus adultes. Seuls les caractères sexuels secondaires, tels que la pilosité, la voix, les hanches ou la poitrine, témoignaient de la maturité acquise. Bélénor rouvrit les yeux et observa le visage juvénile qui lui faisait toujours face, et qui n’avait pas perdu son air amusé. Il ne put s’empêcher de sourire à son tour. Brandille était sa seule amie. Ou son seul ami, d’ailleurs. Car Brandille n’avait pas de genre défini. Comme elle le disait souvent lui-même, son identité de genre changeait au gré du vent. Si Bélénor avait pris l’habitude, avec son accord, de la genrer au féminin, la Trykère acceptait tout à fait qu’on le genre au masculin. Brandille se redressa à son tour et s’assit en tailleur sur l’écritoire. Son corps oscillait de droite à gauche. | + | Bélénor ferma les yeux et se massa les tempes. Discuter avec Brandille n’allait pas faire passer sa migraine. Brandille, comme toutes les personnes issues du peuple tryker, était un être de petite taille pourvu d’une peau claire et de traits particulièrement enfantins. Bien sûr, à neuf ans, il n’était pas rare d’être encore pourvu d’un visage de poupon. Mais les Trykers, à l’inverse des Fyros, conservaient une apparence enfantine une fois devenus adultes. Seuls les caractères sexuels secondaires, tels que la pilosité, la voix, les hanches ou la poitrine, témoignaient de la maturité acquise. Bélénor rouvrit les yeux et observa le visage juvénile qui lui faisait toujours face, et qui n’avait pas perdu son air amusé. Il ne put s’empêcher de sourire à son tour. Brandille était sa seule amie. Ou son seul ami, d’ailleurs. Car Brandille n’avait pas de genre défini. Comme ''elle'' le disait souvent ''lui-même'', son identité de genre changeait au gré du vent. Si Bélénor avait pris l’habitude, avec son accord, de la genrer au féminin, la Trykère acceptait tout à fait qu’on le genre au masculin. Brandille se redressa à son tour et s’assit en tailleur sur l’écritoire. Son corps oscillait de droite à gauche. |
« Énor, as-tu rêvé ? Ton sommeil semblait particulièrement agité. » | « Énor, as-tu rêvé ? Ton sommeil semblait particulièrement agité. » | ||
Строка 98: | Строка 98: | ||
Désormais debout, Bélénor tenta de recoiffer sa chevelure acajou, ébouriffée par sa sieste imprévue, et remit en place sa belle tunique de lin beige. Son vertige était en train de passer. | Désormais debout, Bélénor tenta de recoiffer sa chevelure acajou, ébouriffée par sa sieste imprévue, et remit en place sa belle tunique de lin beige. Son vertige était en train de passer. | ||
− | « | + | « Il mêlait notre dernier cours d'Histoire et mes parents jeunes. Ils se vouvoyaient comme des Matis, c’était très étrange. Ah, il y avait aussi le Kami venu me visiter dans mon lit de nourrisson et le Masque Noir ! » |
Brandille sauta brusquement sur la table et leva les bras vers le ciel. Durant quelques instants, ses amples vêtements bariolés et ses tresses multicolores semblèrent flotter. | Brandille sauta brusquement sur la table et leva les bras vers le ciel. Durant quelques instants, ses amples vêtements bariolés et ses tresses multicolores semblèrent flotter. |