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− | {{NavChap|[[Chapter XII - Family]]|[[Chronicles of the First Crusade#Table of contents|Table of contents]]|[[Chapitre XIV - Savagery]]}} | + | {{NavChap|[[Chapter XII - Family]]|[[The Sacred War#Table of contents|Table of contents]]|[[Chapitre XIV - Savagery]]}} |
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| <center><span style="color:purple;font-weight:bold"><big><big>'''Jena Year 2475'''</big></big></span></center> | | <center><span style="color:purple;font-weight:bold"><big><big>'''Jena Year 2475'''</big></big></span></center> |
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− | <span style=color:red><sub>—————————————</sub><br>'''▼ TO TRANSLATE ▼'''<br><sup>—————————————</sup></span>
| + | {{Quotation|''Belenor Nebius, narrator''|:''"Thorns!" |
− | {{Quotation|''Bélénor Nébius, narrateur''|Malgré le tumulte assourdissant du vent, toutes et tous reconnurent la voix lointaine de Brandille. Et en une fraction de seconde, la troupe se jeta au sol. Toute la troupe hormis Eurixus. Au même moment, une gigantesque épine enflammée surgit du brouillard de sciure, frôla l’imposante racine sur laquelle Melkiar et Varran s’étaient arrimés, et fondit sur le malheureux Fyros, dont l’accumulation de fatigue avait eu raison de la réactivité. Son torse explosa sous l’impact du projectile. | |
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− | « Merde, Eurixus est mort ! cria Xynala, la voix étouffée par son masque respiratoire.
| + | In spite of the deafening tumult of the wind, all recognized Brandille's distant voice. And in a fraction of a second, the troop threw itself to the ground. The whole troop except Eurixus. At the same time, a gigantic flaming thorn rose from the sawdust mist, brushed against the imposing root on which Melkiar and Varran had tied themselves, and swooped on the unfortunate Fyros, whose accumulated fatigue had taken the better of reactivity. His torso exploded under the impact of the projectile. |
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− | — Détachez-le ! hurla Melkiar entre deux bourrasques.
| + | :''"Shit, Eurixus is dead!"'' shouted Xynala, her voice muffled by her breathing mask. |
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− | — Pas une nouvelle fois Melkiar, on doit l’inhumer !
| + | :''"Untie him!"'' shouted Melkiar between gusts of wind. |
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− | — Xynala, nous n’avons pas le temps ! Brûle son corps et laisse ses cendres au Désert ! Personne ne l’oubliera ! »
| + | :''"Not once again Melkiar, we must bury him!" |
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− | Les crampons de ses bottes partiellement enfoncés dans le sol meuble, la Fyrosse jura et enfila ses amplificateurs de magie. Elle attrapa la sangle que Tisse lui tendit, l’accrocha solidement à son harnais, puis décrocha le respirateur et les armes du cadavre ballotant de leur défunt camarade. Malheureusement, son précieux sac avait explosé sous le choc et ne pouvait pas être récupéré. Une fois le matériel saisi, Xynala fixa du regard l’épaisse visière d’ambre du masque de Tisse. Elle attendit que l’homine lui réponde d’un signe de tête, puis compta jusqu’à trois. Alors, les deux Fyrosses détachèrent simultanément les mousquetons qui les liaient à Eurixus. Telle une poupée de chiffon, le corps s’envola en queue de cortège. Finalement, Xynala imprima sa volonté à la Sève qui l’irriguait et, précise, envoya un jet de flamme en direction du corps du soldat, qui s’embrasa instantanément. Cloîtré dans sa combinaison protectrice, et allongé sur le sol instable et bouillonnant, Bélénor n’était pas capable de voir à plus de deux mètres. Il comprit malgré tout de quoi il s’agissait lorsqu’il vit la masse enflammée passer derrière le rideau de sciure écarlate. Il avait entendu la plainte de Xynala. Garrius, dernier maillon de la chaîne homine, posa une main rassurante sur le casque épais du Fyros.
| + | :''"Xynala, we don't have time! Burn his body and leave his ashes to the Desert! No one will forget him!" |
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− | « Ne t’inquiète pas Bélénor, je veille sur toi. Allez, on se relève ! »
| + | With the spikes of her boots partially embedded in the soft ground, the Fyrossa swore and put on her magic amplifiers. She grabbed the strap Tisse handed her, hooked it securely to her harness, then unhooked the respirator and weapons from the tossing corpse of their dead comrade. Unfortunately, his precious bag had exploded from the impact and could not be retrieved. Once the gear was grabbed, Xynala stared at the thick amber visor of Tisse's mask. She waited for the homina to nod in response, then counted to three. Then, the two Fyrossas untied simultaneously the snap hooks which bound them to Eurixus. Like a rag doll, the body flew away toward the end of the procession. Finally, Xynala imposed her will on the Sap that irrigated her and, with precision, sent a jet of flame towards the soldier's body, which instantly set ablaze. Cloistered in his protective suit, and lying on the unstable and bubbling ground, Belenor was not able to see more than two meters away. He understood nevertheless what it was about when he saw the flaming mass passing behind the curtain of scarlet sawdust. He had heard Xynala's complaint. Garius, the last link in the homin chain, laid a reassuring hand on the Fyros' thick helmet. |
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− | Bélénor déglutit et obéit.
| + | :''"Don't worry, Belenor, I'm watching over you. Come on, let's get up!" |
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− | « Un mort de plus » pensa-t-il. S’il n’avait pas vraiment eu le temps de se lier d’amitié avec Eurixus, sa perte n’en restait pas moins bouleversante. Elles l’étaient toutes. Définitivement, Bélénor ne s’était pas attendu à tant de difficultés, et cela malgré le fait que Melkiar les ait maintes fois prévenu de la dangerosité de cette expédition. Ou plutôt, il s’était cru prêt. Après tout, les entraînements quotidiens à l’Académie étaient exigeants et variés. Mais finalement, il avait compris que rien ne pouvait préparer les habitants de la confortable Fyre aux conditions de vie de l’ouest désertique, et particulièrement celles du terrible Désert de Feu. Il fallait le vivre pour le croire.
| + | Belenor swallowed and obeyed. |
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− | « On se regroupe ! » hurla Melkiar par dessus le vacarme de la tempête incandescente. Garius plaqua ses grosses mains sur le dos protégé de Bélénor, qui en fit de même avec le soldat qui le devançait. Et tandis que Melkiar et Varran tiraient sur le câble en tête de cortège, Garrius et ses camarades poussaient de toutes leurs forces. Finalement, chaque soldat réussit à planter sa sardine d’ambre durcie dans la racine protectrice. Le harnais solidement attaché à l’ancre de bois, Bélénor mit tout son poids sur sa longe et laissa ses membres brimbaler aux vents. Après plusieurs heures d’efforts constants, ses muscles refusaient de se détendre, comme bloqués en état de contracture permanent. Aussi, sa capacité à manipuler la Sève avait failli. Car si les combinaisons protectrices permettaient d’encaisser une partie des dégâts thermiques, la magie restait la meilleure alliée des homins lorsqu’il s’agissait de protéger et réparer son corps.
| + | ''"One more death"'', he thought. If he hadn't really had time to befriend Eurixus, his loss was no less upsetting. They all were. Definitely, Belenor had not expected so many difficulties, and this despite the fact that Melkiar had warned them many times about the danger of this expedition. Or rather, he had thought he was ready. After all, the daily trainings at the Academy was demanding and varied. But in the end, he understood that nothing could prepare the inhabitants of the comfortable Fyre for the living conditions of the desert west, and especially those of the terrible Desert of Fire. You had to live it to believe it. |
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− | « Soldats, Fort Kronk n’est plus qu'à quelques heures de marche ! Une fois que nous aurons passé cette dune, après que la tempête se sera dissipée, nous pourrons enfin l’apercevoir au loin ! Aussi, cela signifiera que nous arrivons à la fin du Désert de Feu, et donc que le plus dur aura été fait ! Alors ne désespérez pas, camarades ! Car si le Désert le veut, à l’aube, c’est à l'abri que nous dormirons ! Et à notre réveil, nous pourrons festoyer en l’honneur de Eurixus et de tous nos disparus ! »
| + | ''"Let's regroup!"'' yelled Melkiar over the din of the red-hot storm. |
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− | En réaction à ces paroles, les soldats poussèrent des cris d’espoir. Bélénor, le corps ballottant au vent, jeta un regard à ses camarades. Leur escouade, comme les cinq autres qui formaient l’escadron du capitaine Apokillo, était initialement composée de vingt-cinq soldats. Désormais, elle n’en comptait plus que dix-neuf… Le Fyros regrettait tant d’être parti de la cité de Coriolis, là où les différentes escouades avaient été constituées. D’autant qu’il avait apprécié le voyage au sein de l'escadron depuis Fyre, ainsi que la longue halte qu’ils avaient faite dans la célèbre cité minière, source de tant de gloire et de malheur. D’ailleurs, Coriolis n’était pas vraiment une cité, mais plutôt une agglomération de mines et de chantiers de fouilles, entassés dans une gigantesque vallée de la Dorsale du Dragon. Un regroupement de bidonvilles, aussi, dans lesquels s’entassaient les impétueux mineurs fyros. Les quelques demeures confortables de la cité étaient occupées par des représentants impériaux, des personnalités importantes et des chefs de guilde. C’était le cas de Tiralion, le père de Bélénor, qui avait finalement décidé de s’installer là après l’intronisation du sharükos Krospas, malgré le refus de sa femme de le suivre. Pour Eutis, cela aurait signifié devoir rendre sa robe de sénatrice, ce qu’elle n’avait jamais voulu envisager. Officiellement, cette décision manifestait sa volonté de se rapprocher physiquement de ses Têtes de Pioche, et donc de ses affaires. Mais en vérité, Bélénor et sa mère savaient que Tiralion, craignant les représailles du nouveau pouvoir impérial, avait tout bonnement fui la capitale. À l’occasion de l’expédition de son fils, et de leur halte à Coriolis, Eutis avait décidé d’accompagner les caravanes marchandes. Bélénor se serait bien passé de la présence de sa mère, ainsi que de ce repas d’accueil mondain, durant lequel son père l’avait présenté à quelques notables fortunés à la recherche d’un bon parti. Ce n’était pourtant pas faute de lui avoir maintes fois répété qu’il ne souhaitait ni reprendre son affaire, ni celle d’un autre, aussi mignons et sympathiques seraient les homins qu’on lui présenterait. Fort heureusement, sa nourrice Penala avait accompagné sa mère jusqu’à Coriolis, et avait été présente à ses côtés tout du long du séjour. Sa compagnie avait grandement adouci les réunions familiales. Malgré tout, le Fyros essaya quand même de fuir au maximum la résidence de son père, préférant se perdre dans les dédales bioluminescents des chantiers caverneux. Comme tout Fyros, Bélénor était fasciné par les entrailles d’Atys et les mystérieuses reliques et ruines antiques qu’elles abritaient. Pour autant, il savait aussi à quel point la fièvre de la découverte pouvait faire prendre des risques inconsidérés à son peuple. Cinquante ans exactement auparavant, encouragés par la récolte d’étranges matériaux, des mineurs fyros avaient percé une veine d’acide, et par cette imprudence, causé la mort de plusieurs dizaines de milliers de personnes. Malheureusement, pour beaucoup de citoyens de l’Empire, cette catastrophe n’était pas directement d’origine homine. Pour eux, Fyrak le Grand Dragon, l’ennemi mythologique du peuple fyros, était le premier responsable. Ainsi, cinquante années plus tard, la plaine de Coriolis était-elle devenue le miroir déformant des croyances fyrosses : jamais la région n’avait été aussi riche en activité minière. Jamais les fouilles visant à trouver la tanière de Fyrak n’avaient été aussi nombreuses. Comme une minorité de Fyros, Bélénor fustigeait la folie des siens, et craignait qu’un second événement apocalyptique ne se produise d’ici peu : un éboulement, une coulée d’acide, un séisme, ou pire encore… Après tout, si les entrailles d’Atys recelaient maints trésors, elles dissimulaient sans nul doute aussi nombre de cauchemars. Des cauchemars bien réels. Des cauchemars potentiellement bien plus terribles que la plus redoutée créature de la mythologie fyrosse…
| + | Garius placed his large hands on the protected back of Belenor, who did the same with the soldier ahead of him. And while Melkiar and Varran pulled on the cable at the head of the procession, Garius and his comrades pushed with all their might. Finally, each soldier managed to plant his hardened amber sardine into the protective root. With his harness securely attached to the wooden anchor, Belenor put all his weight on his tether and let his limbs sway in the wind. After several hours of constant exertion, her muscles refused to relax, as if stuck in a state of permanent contracture. His ability to handle the Sap had failed, too. For if protective suits could absorb some of the thermal damage, magic remained homins' best ally when it came to protecting and repairing their bodies. |
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− | « Lavanche ! »
| + | :''"Soldiers, Fort Kronk is only a few hours away! Once we have passed this dune, after the storm has dissipated, we will finally be able to see it in the distance! Also, it will mean that we arrive at the end of the Desert of Fire, and thus that the hardest will have been done! So do not despair, comrades! For if the Desert wills it, at dawn, it is sheltered that we will sleep! And when we awake, we will be able to feast in honor of Eurixus and all our departed!" |
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− | Bélénor fût tiré de ses pensées par le cris lointain de Brandille.
| + | In response to these words, the soldiers shouted with hope. Belenor, his body swaying in the wind, glanced at his comrades. Their squad, like the five others that made up Captain Apokillo's squadron, had originally consisted of twenty-five soldiers. Now it numbered only nineteen… The Fyros regretted having left the city of Coriolis, where the different squads had been formed. Especially since he had enjoyed the trip from Fyre with the squadron, as well as the long stop they had made in the famous mining city, source of so much glory and misfortune. Coriolis was not really a city, but rather an agglomeration of mines and excavation sites crammed into a gigantic valley in the Dragon's Ridge. A cluster of slums, too, in which the impetuous Fyros miners were crammed. The few comfortable dwells in the city were occupied by imperial officials, important figures and guild leaders. Such was the case of Tiralion, Belenor's father, who had finally decided to settle there after the enthronement of the sharükos Krospas, despite his wife's refusal to follow him. For Eutis, this would have meant having to give back her senatorial dress, something she had never wanted to consider. Officially, this decision manifested her desire to be physically closer to his Pickaxe Heads, and thus to her business. But in truth, Belenor and her mother knew that Tiralion, fearing reprisals from the new imperial power, had simply fled the capital. On the occasion of his son's expedition, and their stopover in Coriolis, Eutis had decided to accompany the trade caravans. Belenor could have done without his mother's presence, as well as this social welcome meal, during which his father had introduced him to some wealthy notables looking for a good match. However, it was not for lack of having repeated to him many times that he did not wish to take again his business, nor that of another, as cute and sympathetic would be the homins that one would present to him. Fortunately, his nurse Penala had accompanied his mother to Coriolis, and had been present at his side throughout the stay. Her company had greatly softened the family gatherings. Nevertheless, the Fyros tried to escape his father's residence as much as possible, preferring to lose himself in the bioluminescent mazes of the cavernous sites, and in particular in the infamous Amber Mines, which had passed under the control of the family business only a few weeks ago. Like all Fyros, Belenor was fascinated by the bowels of Atys and the mysterious relics and ancient ruins they held. However, he also knew how the fever of discovery could lead his people to take reckless risks. Exactly forty years earlier, encouraged by the harvesting of strange materials, Fyros miners had drilled a vein of acid at the bottom of the Amber Mines, and by this imprudence, caused the death of tens of thousands of people. Unfortunately, for many citizens of the Empire, this catastrophe was not directly of hominin origin. For them, Fyrak the Great Dragon, the mythological enemy of the Fyros people, was primarily responsible. Thus, forty years later, the Coriolis plain had become a distorting mirror of Fyros beliefs: never had the region been so rich in mining activity. Never had there been so many digs for Fyrak's lair. Like a minority of Fyros, Belenor was angry at the folly of his people, and feared that a second apocalyptic event would soon occur: a landslide, an acid flow, an earthquake, or worse… After all, if the bowels of Atys held many treasures, they also undoubtedly concealed many nightmares. Real nightmares. Nightmares potentially much more terrible than the most dreaded creature of the fyrosian mythology… |
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− | « On grimpe ! » exhorta Melkiar. Sans attendre, Bélénor attrapa sa longe et se hissa tant bien que mal jusqu’à l’imposante racine, dont ses camarades étaient déjà en train de faire l’ascension. Lorsqu’il planta finalement ses gants crantés dans le bois épais de l’excroissance ligneuse, il se rendit compte en regardant ses pieds que le sol avait déjà mué en une épaisse coulée de sciure embrasée.
| + | :''"Slide!" |
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− | « Bélénor, accélère ! » hurla Xynala. Le Fyros fût pris d’une peur panique lorsqu’il vit que la dune située en amont avait gonflé de plusieurs mètres cubes et était désormais en train de fondre dans leur direction. Si ses camarades étaient placés assez haut pour esquiver la vague de sciure brulante, lui devrait sans nul doute l’encaisser. Alors, Bélénor s’agrippa fermement à la racine, espérant n'en pas être arraché par à l’impact. C’était compter sans la force et la portée des bras de Garrius, qui, suspendu par la cheville au bras de Xynala, réussit à saisir son camarade par les épaules, à l’écarter de la paroi d’écorce, et à le propulser au-dessus de lui. Varran et Melkiar attrapèrent Bélénor au moment où Garius se redressait, esquivant de peu le torrent de feu. Plaquant le Fyros contre la racine, le colosse appuya violemment sur ses mains et pieds, de telle sorte qu’il adhère à l’écorce.
| + | Belenor was drawn out of his thoughts by Brandille's distant shout. |
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− | « Bélénor, on t’aime bien, mais on va pas se tuer pour toi, d’accord ? Alors arrête de rêvasser, c’est vraiment pas le moment !
| + | :''"Let's climb!"'' urged Melkiar. |
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− | — Pa… Pardon Varran. » souffla Bélénor, encore sous le choc.
| + | Without waiting, Belenor grabbed his lanyard and somehow pulled himself up the towering root, which his comrades were already climbing. When he finally planted his notched gloves in the thick wood of the woody growth, he realized when looking at his feet that the ground had already turned into a thick flow of blazing sawdust. |
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− | « Accalmie ! »
| + | :''"Belenor, speed up!"'' shouted Xynala. |
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| + | The Fyros was seized with panic when he saw that the dune upstream had swollen several cubic meters and was now swooping in their direction. If his comrades were high enough to dodge the wave of burning sawdust, he would undoubtedly have to take it. So Belenor grabbed tightly onto the root, hoping not to be torn off by the impact. But this was without the strength and reach of Garius' arms, who, hanging by his ankle from Xynala's arm, managed to grab his comrade by the shoulders, to push him away from the bark wall, and to propel him above him. Varran and Melkiar caught Belenor just as Garius was getting to his feet, narrowly dodging the torrent of fire. Placing the Fyros against the root, the colossus pressed his hands and feet down hard, so that he stuck to the bark. |
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| + | :''"Belenor, we like you, but we're not going to kill ourselves for you, okay? So stop daydreaming, this is really not the time!" |
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| + | :''" Pa… Sorry Varran."'' Belenor blew, still under the shock. |
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| + | :''"Respite!" |
| [[file:Botoga.jpg|right|400px|alt=Botoga|Botoga]] | | [[file:Botoga.jpg|right|400px|alt=Botoga|Botoga]] |
− | À nouveau, la voix de Brandille résonna. Et à nouveau, son présage était juste : le courant ascendant était en train de ralentir, et par conséquent, le rideau de sciure s’ouvrait vers l’horizon. Cherchant son amie du regard, Bélénor n’aperçut qu’un immense botoga, éclairé par la lueur nocturne de l’astre ambré. Situé à l’écart de toutes failles, l’arbre au tronc ventru et à la canopée en forme d’ombrelle feuillue, ne semblait pas être inquiété par les tempêtes de feu. Et si la couleur charbon de son écorce témoignait bien de luttes récurrentes et intenses, elle illustrait avant tout sa forte adaptation aux conditions extrêmes du milieu. S’attardant quelques secondes sur ses hautes branches au feuillage épais, qui ballottaient au gré du vent, Bélénor aperçut une irrégularité au centre de l’ombrelle végétale, sous les étoiles. Une petite forme gesticulante, dont les deux bras s’agitaient en cadence. Brandille. Le Fyros sourit derrière son masque, heureux de voir que son amie avait trouvé un perchoir frais et confortable, même si l’imaginer redescendre sans aide le tracassait. Car si lui était désormais suspendu à une dizaine de mètres du sol, l’arbre que Brandille avait escaladé devait mesurer dans les cinquante mètres. Ah, Brandille… Sans sa présence, le groupe aurait sans nul doute été amputé de la moitié de ses soldats. En effet, depuis leur départ de la plaine de Coriolis, la dernière région occidentale sous juridiction impériale, les événements étaient allés de mal en pis. Si le voyage avait été marqué par de nombreuses attaques des Sauvages, c’était avant tout les violents torrents d’air venu des Primes Racines, à l’origine de terribles tempêtes de feu, qui avaient mis le groupe en péril. Certes, le désert extrême-occidental était connu pour abriter des vents extrêmes et afficher des températures infernales. Mais Melkiar lui-même, qui était pourtant né dans une région voisine située plus au sud, avait été surpris par la violence des perturbations. Bélénor reliait ces phénomènes anormaux à la soudaine montée de température observée sous l’écorce, accentuant ainsi le différentiel de pression avec la surface. Brandille, qui entretenait une relation très particulière avec le vent, avait permis de trouver les meilleurs passages à travers les dunes et les crevasses, et avait réussi à prédire précisément chaque levée de tempêtes. À ce jour, tous les décès étaient liés à des fautes d’inattention ou à un manque de réactivité. C’est ainsi que le lieutenant Diocaneon Xydos, chargé de diriger l’escouade militaire jusqu’à Fort Kronk, avait disparu en chutant dans une faille alors que le groupe fuyait un troupeau de shalahs, ces pachydermes au lourd pelage jaune et hirsute, à la face recouvert de plaques de cuir boudinées, et aux deux longues et solides défenses. Si pris individuellement, ces animaux étaient relativement facile à abattre, un troupeau entier représentait un danger mortel. Bien que simple réserviste âgé de seulement vingt-cinq ans, Melkiar avait naturellement pris le commandement de la troupe. Aucun des militaires de l’escouade, même parmi les plus expérimentés, ne s'y était opposé : le jeune académicien s'était montré, depuis leur départ de Coriolis, comme le plus à même de l'exercer.
| + | Again, Brandille's voice rang out. And again, her omen was right: the updraft was slowing down, and as a result, the curtain of sawdust was opening towards the horizon. Looking for his friend, Belenor saw only a huge botoga, lit by the night glow of the amber star. Situated away from all the cracks, the tree with its belly trunk and its canopy in the shape of a leafy umbrella did not seem to be worried by the fire storms. And if the charcoal color of its bark testified well to recurrent and intense fights, it illustrated above all its strong adaptation to the extreme conditions of the environment. Lingering for a few seconds on its high branches with thick foliage, which swayed in the wind, Belenor saw an irregularity in the center of the plant umbrella, under the stars. A small gesticulating form, whose two arms were waving in cadence. Brandille. The Fyros smiled behind his mask, happy to see that his friend had found a cool and comfortable perch, even if imagining her coming down without help worried him. For if himself was now suspended at about ten meters from the ground, the tree Brandille had scaled must be about fifty meters high. Ah, Brandille… Without his presence, the group would undoubtedly have been amputated of half of its soldiers. Indeed, since their departure from the plain of Coriolis, the last western region under imperial jurisdiction, events had gone from bad to worse. While the journey had been marked by numerous attacks from the Dune Riders, it was the violent torrents of air from the Prime Roots behind terrible fire storms, that had put the group in peril. Of course, the far western desert was known for its extreme winds and hellish temperatures. But Melkiar himself, though born in a neighboring region further south, had been surprised by the violence of the disturbances. Belenor was linking these abnormal phenomena to the sudden rise in temperature observed under the bark, accentuating so the pressure differential with the surface. Brandille, who had a very special relationship with the wind, had helped to find the best passages through the dunes and crevasses, and had managed to accurately predict each storm rise. To this day, all the deaths were related to carelessness or lack of reactivity. Thus, Lieutenant Diocaneon Xydos, in charge of leading the military squad to Fort Kronk, had disappeared when he fell into a crevice while the group was fleeing from a herd of shalahs, those pachyderms with their heavy, shaggy yellow coats, their faces covered with pudgy leather patches, and their two long, strong tusks. Individually, these animals were relatively easy to shoot, but a whole herd was a deadly threat. Although he was a mere reservist of twenty-five years of age, Melkiar had naturally taken command of the troop. None of the soldiers in the squad, even among the most experienced, had objected: the young academician had shown himself, since their departure from Coriolis, to be the most capable of exercising it. |
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− | Suspendu à la racine, le groupe patienta une dizaine de minutes le temps que les dernières bourrasques cessent, puis se dirigea finalement vers le botoga de Brandille. L’acrobate, qui avait rejoint le pied de l’arbre immense sans difficulté, était en train de sucer un morceau d’écorce gorgée d’eau lorsque Bélénor l'aperçut à flanc de dune. Le Fyros dévala la pente poudreuse à toute vitesse, se précipita vers Brandille et l’attrapa par les aisselles. Son contact lui avait manqué. Quelques secondes plus tard, Melkiar arriva en bas de la dune, son masque respiratoire à la main. Bélénor retira le sien et sourit à son ami. Il n’était pas habitué à le voir aussi barbu. Lui-même ne s’était pas rasé depuis plusieurs jours, et portait désormais une épaisse toison rouge rappelant vaguement celle de son père. Croisant le regard de Bélénor, Brandille lui fit un clin d'œil puis caressa sa fine moustache. Parfois, le Fyros avait l’impression que son amie était capable de lire dans ses pensées. Et puis, soudainement, Melkiar s’inclina bien bas devant ses deux camarades.
| + | Hanging from the root, the group waited for about ten minutes until the last gusts of wind died down, then finally headed for Brandille's botoga. The acrobat, who had reached the foot of the huge tree without difficulty, was sucking on a piece of waterlogged bark when Belenor saw him on the side of the dune. The Fyros raced down the powdery slope, rushed towards Brandille and grabbed her by the armpits. He had missed her touch. A few seconds later, Melkiar arrived at the bottom of the dune, his breathing mask in hand. Belenor removed his and smiled at his friend. He was not used to seeing him so bearded. He himself had not shaved for several days, and now wore a thick mahogany beard vaguely reminiscent of his father's. Meeting Belenor's gaze, Brandille winked at him and stroked his fine down. Sometimes, the Fyros had the impression that his friend was able to read his thoughts. And then, suddenly, Melkiar bowed low to his two comrades. |
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− | « À nouveau, merci pour ton aide Brandille. Tu tiens ton rôle d’éclaireur mieux que quiconque. Sans toi, je ne sais pas ce qu’il serait advenu de nous. Malheureusement, nous avons perdu…
| + | :''"Again, thank you for your help Brandille. You're holding your own as a scout better than anyone. Without you, I don't know what would have happened to become of. Unfortunately, we lost…" |
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− | — Je sais Melkiar, coupa Brandille, dont le regard s’était perdu à l’horizon. J'ai vu son corps s’enflammer, virer écarlate, puis s’envoler au loin… C’était d’ailleurs très beau, vu d’en haut, sous la lueur de l’astre ambré. Vous ressembliez à une branche d’arbre brandillant au vent. Une branche dont la racine qui vous servait d’ancre aurait été le tronc. Une branche dont Eurixus aurait été la feuille rougie par l'automne tombant de son arbre… »
| + | :''"I know Melkiar,"'' Brandille cut in, her gaze lost to the horizon. ''"I saw his body burst into flames, turn scarlet, then fly away... It was very beautiful, seen from above, under the glow of the amber star. You looked like a tree branch waving in the wind. A branch of which the root that served as your anchor would have been the trunk. A branch of which Eurixus would have been the leaf reddened by the autumn falling from its tree…" |
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− | À ces mots, les homins et les homines baissèrent la tête, se remémorant en souvenirs leur camarade disparu.
| + | At these words, the homins and homines lowered their heads, remembering their missing comrade. |
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− | « Mais ne laissez pas la tristesse vous traverser, amis et ami-euh ! Et pleurez uniquement si vous souhaitez arroser ce merveilleux botoga, à qui nous devons aussi beaucoup. Car comme vous le savez, les feuilles ne tombent pas de leur arbre sans raison : elles deviennent les nutriments qui nourrissent les jeunes pousses que nous croiserons sur notre chemin, un jour prochain. Oui, aujourd’hui, Eurixus est devenu l’humus de demain. Alors souriez, et écoutez ce refrain ! »
| + | :''"But don't let the sadness go through you, friends! And cry only if you whish to water this wonderful botoga, to which we also owe a lot. For as you know, the leaves do not fall from their tree without reason: they become the nutrients that feed the young shoots we will cross on our way, one day soon. Yes, today, Eurixus has become the humus of tomorrow. So smile, and listen to this chorus!" |
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− | Brandille tourna le dos à ses camarades, se mit à entonner un chant, puis sautilla plein ouest. En direction de là où, à l’horizon, Fort Kronk s’élevait tel un mirage sur les hautes et obscures falaises de la Dorsale du Dragon. | + | Brandille turned his back on his comrades, began to inton a song, and hopped off to the west. Towards where, on the horizon, Fort Kronk rose like a mirage on the high, dark cliffs of the Dragon's Backbone. |
| {{Couillard}} | | {{Couillard}} |
− | « Plus on s’approche du but, plus celui-ci semble lointain. »
| + | ''"The closer we get to the goal, the further away it seems."'' No matter how hard Belenor tried to rationalise, at that moment, that was exactly what he was thinking: never had the miles seemed so long. After three weeks of walking through the furnace, the mere idea of being able to sleep in a safe and cool place seemed unreal. A mirage among many others… Because the Desert of Fire, which they had left only two hours before, only offered very rare moments of calm. During the day, the heat emitted by the daystar added to that of the depths, making the atmosphere unbreathable. The only way out was to call upon the power of the Sap to limit the damage, or to escape the boiling surface by climbing trees and roots. These life-saving promontories were often populated by animals, also in search of coolness, rest and food. Besides, Belenor had still not recovered from the death of Xacallon, who while hunting rendor alone on a high root, when he had been attacked by a pack of hungry varinx. These stocky felines, with yellow fur spotted with black, had the particularity of having a fireproof skin, making them the undisputed masters of the desert. For these predators, capable of moving efficiently in the middle of the day, the aerial promontories of coolness were real breeding grounds, which they scanned with attention from the ground. At night, the temperatures dropped slightly, allowing the homins and animals to move around more easily. The troop had therefore got into the habit of setting out only after the amber star had risen. Unfortunately, this was also, obviuosly, the strategy of all the homin tribes daring to face the furnace. Thus, the attacks of the Dune Riders had almost always taken place in the heart of the night… Finally, after such a journey, it went without saying that the simple comfort of a fortress as safe as Fort Kronk was a fantasy. |
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| + | Belenor, who was striving to follow in the footsteps of the soldier ahead of him, sighed and looked up for a few moments. The troop was walking across an imposing root bridge about ten metres wide, which allowed them to cross a long crevasse. Going around it would have lengthened the end of the journey by two hours. On the horizon, Fort Kronk seemed so close and yet so far away. For a long time, this fortress had been designated as the last inhabited area of the known world, where the maps became mute. Beyond it, there was nothing more than a sea of dunes stretching westwards into infinity. The fort had been built in the broken bend of the Dragon's Backbone, where the continental plateau met the mountainous root barrier and the immense cliffs to the south, which separated the Desert from the Wide Puddle. The crack in which the Fyros had settled was very similar to the one that hosted the city of Fyre. But unlike the imperial capital, which had expanded and consolidated decade after decade, the fortress at the end of the world had never been anything more than a fort, as its name so aptly indicated. A fort that, as soon as it was built, became object of covetousness and source of conflict. To this day, no one was able to say who was really behind its construction, so many different tribes had fought to possess it. The huge, rugged plain between Fort Kronk and the Desert of Fire was considered the largest battlefield in the country. Never had so many Fyros died as in front of Fort Kronk, as evidenced by the number of weapons and pieces of armour from all eras that the strong winds managed to dredge up daily. The last battle, only a few months old, had pitted the Dune Riders tribe against the short-lived coalition formed by the Tears of the Dragon. It is on this occasion that Tigriron, the father of Melkiar, the commander of the coalition, succeeded in recapturing the fortress from their long-time enemies. Enough, thus, to supply the desert plain with more swords. At this moment, perched on the imposing root bridge, Belenor feared that a new torrent of air from the depths would raise a storm of sawdust… and blades. But there were worse things than blades in this desert of a hundred perils. There were the gigantic and magnificent purplish thistles that covered the Backbone at Fort Kronk, and whose imposing thorns were regularly torn off by the violence of the winds. The Fyros thought back of Eurixus, killed a few hours earlier by one of these thorns, and shook his head. |
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| + | :''"Stop daydreaming and watch where you're walking."'' said Garius, still on the tail of procession. |
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− | Bélénor avait beau essayer de rationaliser, en cet instant, c’était exactement ce qu’il pensait : jamais les kilomètres ne lui avaient semblé aussi longs. Après trois semaines de marche à travers la fournaise, la simple idée de pouvoir dormir dans un endroit sûr et frais paraissait irréelle. Un mirage parmi tant d’autres… Car le Désert de Feu, qu'ils avaient quitté deux heures à peine auparavant, n'offrait que de très rares moments d'accalmie. La journée, la chaleur émise par l’astre du jour venait s’ajouter à celle des profondeurs, rendant l’atmosphère irrespirable. La seule issue consistait alors à faire appel au pouvoir de la Sève pour limiter les dégâts, ou à fuir la surface bouillonnante en escaladant arbres et racines. Ces promontoires salvateurs étaient souvent peuplés d’animaux, eux aussi à la recherche de fraîcheur, de repos, et de nourriture. D’ailleurs, Bénélor ne s’était toujours pas remis du décès de Xacallon, qui occupé à chasser le rendor en solitaire sur une haute racine, s’était fait attaquer par une meute de varinx affamés. Ces félins trapus et tachetés, qui avaient la particularité de posséder une peau ignifuge, étaient les maîtres incontestés du désert. Pour ces prédateurs, capables de se mouvoir efficacement en pleine journée, les promontoires de fraicheurs aériens représentaient de véritables viviers, qu’ils scrutaient avec attention depuis le sol. La nuit, les températures diminuaient légèrement, permettant aux homins et aux animaux de circuler plus facilement. La troupe avait donc pris l’habitude de ne tracer la route qu'après le lever de l’astre ambré. Malheureusement, telle était aussi, évidemment, la stratégie de toutes les tribus homines osant affronter la fournaise. Ainsi, les attaques de Sauvages avaient presque toujours eu lieu au cœur de la nuit… Finalement, après un tel périple, il allait sans dire que le simple confort d’une forteresse aussi sûre que Fort Kronk tenait du fantasme.
| + | :''"You're right, sorry."'' replied his friend, lowering his head. ''"I really think I reach the end of my rope, I'm unable to stay focused for more than thirty seconds." |
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− | Bélénor, qui s’évertuait à marcher dans les traces de pas du soldat qui le devançait, soupira et releva la tête quelques instants. La troupe était en train d’emprunter un imposant pont racinaire large d’environ dix mètres, qui permettait de traverser une longue crevasse. La contourner aurait rallongé la fin du voyage de deux heures. Sur l’horizon, Fort Kronk semblait à la fois si proche et si lointain. Depuis longtemps, cette forteresse avait été désignée comme la dernière zone habitée du monde connu, là où les cartes devenaient muettes. Au-delà, il n’y avait rien de plus qu’une mer de dunes s’étendant à l’ouest, vers l’infini. Le fort avait été construit dans le coude brisé de la Dorsale du Dragon, à l’endroit où le plateau continental rejoignait la barrière montagneuse et les immenses falaises du sud, qui séparaient le Désert de la Grande Mer. La craquelure dans laquelle les Fyros s’étaient installés ressemblait beaucoup à celle qui accueillait la cité de Fyre. Mais à l’inverse de la capitale impériale, qui s’était étendue et consolidée décennie après décennie, la forteresse du bout du monde n’avait jamais été rien de plus qu’un fort, comme l’indiquait si bien son nom. Un fort qui, à peine bâti, devint objet de convoitise et sources de conflits. À ce jour, personne n’était capable de dire qui était réellement à l’origine de sa construction, tant différentes tribus avaient combattu pour le posséder. L’immense plaine accidentée située entre Fort Kronk et le Désert de Feu était d’ailleurs considérée comme le plus grand champ de bataille du pays. Jamais autant de Fyros n’étaient morts que face à Fort Kronk, en témoignait le nombre d’armes et de pièces d’armure de toutes époques que les vents violents réussissaient à draguer quotidiennement. La dernière bataille, datant d’à peine quelques mois, avait opposé la tribu des Sauvages à la coalition éphémère formée par les Larmes du Dragon. C’était à cette occasion que Tigriron, le père de Melkiar, le commandant de la coalition, réussit à reprendre la forteresse des mains de leurs ennemis de toujours. De quoi donc alimenter encore la plaine désertique en épées. En cet instant, juché sur l’imposant pont racinaire, Bélénor craignait qu’un nouveau torrent d’air venu des profondeurs soulève une tempête de sciure… et de lames. Mais il y avait pire que les lames, dans ce désert aux cent périls. Il y avait les gigantesques et magnifiques chardons violacés qui tapissaient la Dorsale au niveau de Fort Kronk, et dont les imposantes épines étaient régulièrement arrachées par la violence des vents. Le Fyros repensa à Eurixus, tué quelques heures plus tôt par l’une de ces épines, et secoua la tête.
| + | :''"Yeah, I understand. I can't take it either. In fact, in the Desert of Fire, we had no choice. The slightest deviation could kill us. But here, it's not so hot. So we think that the worst is over… But in truth, the whole fucking desert wants our skin, fire or not. So let's watch it, it can go very fast, you know." |
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− | « Arrête de rêvasser, et regardes où tu marches Bélénor, lança Garius, toujours en queue de cortège.
| + | :''"Yeah, I know. Thanks, Garius. How many hours' walk do you think we've got left?" |
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− | — Tu as raison, pardon, répondit son ami en baissant la tête. Je crois vraiment que je suis à bout, je suis incapable de rester concentré plus de trente secondes.
| + | :''"Two. Three maybe?" |
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− | — Ouais, je comprends. Moi aussi j’en peux plus. En fait, dans le Désert de Feu, on avait pas le choix. Le moindre écart pouvait nous tuer. Mais là, il fait beaucoup moins chaud. Alors on se dit que le pire est passé… Mais en vrai, tout ce putain de désert veut notre peau, feu ou pas. Alors faisons gaffe, ça peut aller très vite tu sais.
| + | :''"So, three more hours… Tell me, Garius, can I ask you a favour?" |
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− | — Oui, je sais. Merci Garius. D’après toi, combien d’heures de marche nous reste-t-il ?
| + | The imposing Fyros frowned and Belenor turned around, a mischievous smile on his face. |
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− | — Deux. Trois peut-être ?
| + | :''"Could you carry me?" |
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− | — Encore trois heures donc… Dis moi, Garius, puis-je te demander un service ? »
| + | Garius laughed. At the same time, proving the colossus right, Belenor stumbled and slumped in the sawdust. |
− | L’imposant Fyros fronça les sourcils et Bélénor se retourna, le visage arborant d’un sourire espiègle.
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− | « Tu pourrais me porter ? »
| + | :''"You're an idiot, Belenor. That'll teach you! I told you to watch your step." |
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− | Garius éclata de rire. Au même moment, donnant raison au colosse, Bélénor trébucha et s’affala dans la sciure.
| + | The Fyros held out a massive hand to his friend, whose face now showed embarrassment. Although Belenor grasped it, he did not manage to get up. |
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− | « T’es con Bélénor. Ça t’apprendra tiens ! Je t’ai dit de regarder où tu marchais. »
| + | "Wait Garius, I think I've caught my ankle in a root. I…" |
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− | Le Fyros tendit une main massive à son ami, dont le visage exprimait désormais l'embarras. Si Bélénor la saisit, il ne réussit pas à se relever.
| + | Suddenly his chest rose. And time froze. Out of breath and with dilated pupils, Belenor stared at the strange root that clutched his left ankle. A root with five fingers. Understanding who the hand belonged to, the Fyros instantly grasped the magnitude of the threat: they had to leave the root bridge at all costs and reach the desert plateau. Belenor barely had time to shout "Riders!" when a hatchet sprang up from the sawdust and sliced off his foot. At the same time, several of his comrades fell to the ground. And like Kamis, thirty or so beings sprang up from the root, as if they had been one with the bark until then. Reacting as quickly as he could, Garius plunged his huge hand into the sawdust and grabbed the throat of the homin in ambush in his hideout. Without further ado, he appealed to his superhomin strength and sent him tumbling five metres away. The savage bounced violently off the bark, tried in vain to secure a grip, then fell screaming into the abyss. Never had Belenor been so reassured by Garius' presence as he was at this moment. Disregarding any pain, the Fyros grabbed his severed foot and positioned it on its stump. The operation would take a few minutes, but he knew that he would be able to reattach his foot with the powers of the Sap. Naturally, Garius stayed with his friend. Drawing his gigantic axe, he verbally threatened the Dune Riders who tried to approach him. With a quick glance, Belenor took stock of the skirmish: while Melkiar, Varran and a few soldiers had rushed at the Dune Riders, and had already managed to kill several of them, Xynala was trying to keep them away from the wounded ones, now in Brandille's hands. As for Tisse Apoan, she was scanning the horizon with her rifle. Soon the number of Dune Riders dwindled, and five of their number found themselves trapped between Garius on one side and the rest of the soldiers on the other. Unfortunately, the ambush seemed to be only part of the enemy's plan. |
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− | « Attends Garius, je crois que je me suis pris la cheville dans une racine. Je… »
| + | :''"Homins! To the west!"'' shouted Tisse, who was watching the surroundings from the area secured by Xynala. |
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− | Brusquement, sa poitrine se souleva. Et le temps se figea. Le souffle coupé et les pupilles dilatées, Bélénor regardait fixement l’étrange racine qui lui enserrait la cheville gauche. Une racine constituée de cinq doigts. Comprenant à qui appartenait cette main, le Fyros saisit instantanément l’ampleur de la menace : ils devaient à tout prix quitter le pont racinaire et rejoindre le plateau désertique. Bélénor eu à peine le temps de crier « Sauvages ! » qu’une hachette surgit de la sciure et lui trancha le pied. Au même moment, plusieurs de ses camarades tombèrent au sol. Et tels des Kamis, une trentaine d’êtres s’extirpèrent de la racine, comme s'ils n'avaient jusqu'alors fait qu’un avec l’écorce. Réagissant aussi vite qu’il put, Garius plongea son immense main dans la sciure et attrapa la gorge de l’homin embusqué dans sa cache. Sans autre forme de procès, il fit appel à sa force surhomine et l’envoya valdinguer cinq mètres plus loin. Le Sauvage rebondit violemment sur l’écorce, tenta en vain de s'assurer une prise, puis chuta dans l'abîme en hurlant. Jamais Bélénor n’avait été autant rassuré par la présence de Garius qu’en cet instant. Faisant fi de toute douleur, le Fyros attrapa son pied sectionné et le positionna sur son moignon. Si l’opération allait prendre quelques minutes, il savait être capable de ressouder son pied grâce aux pouvoirs de la Sève. Naturellement, Garius resta auprès de son ami. Dégainant sa gigantesque hache, il menaça verbalement les Sauvages qui tentaient de l’approcher. D’un coup d’œil rapide Bélénor fit un état des lieux de l’escarmouche : si Melkiar, Varran et quelques soldats s’étaient rués sur les Sauvages, et avaient déjà réussi à en abattre plusieurs, Xynala essayait pour sa part de les tenir éloignés des blessés, désormais entre les mains de Brandille. Quant à Tisse Apoan, elle scrutait l’horizon avec son fusil. Rapidement, le nombre de Sauvages diminua, et cinq des leurs se retrouvèrent finalement coincés entre Garius d’un côté, et le reste des soldats de l’autre. Malheureusement, l’embuscade ne semblait constituer qu’une partie du plan de l’ennemi.
| + | And indeed, a few dozen meters from the melee, where the root bridge allowed to join the desert plain leading to Fort Kronk, a platoon of homins was forming. If Belenor hoped they were reinforcements from Fort Kronk, he was instantly disillusioned when he recognised the flag of the enemy tribe: a scarlet-coated mektoub positioned in front of an ochre sphere representing the amber star. The surviving Dune Riders were no longer the only ones to be surrounded. Despite this, Melkiar kept his composure and encouraged his comrades. |
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− | « Homins ! À l’ouest ! » hurla Tisse, qui surveillait les alentours depuis la zone sécurisée par Xynala. Et en effet, à quelques dizaines de mètres de la mêlée, à l’endroit où le pont racinaire permettait de rejoindre la plaine désertique menant à Fort Kronk, un peloton d’homins était en train de se former. Si Bélénor espéra qu’ils soient des renforts venus de Fort Kronk, il déchanta instantanément en reconnaissant le drapeau de la tribu ennemie. Désormais, les Sauvages survivants n’étaient plus les seuls à être encerclés. Malgré cet état de fait, Melkiar garda son sang froid et encouragea ses camarades.
| + | :''"Soldiers, do not weaken! We are better equipped and trained than they are. No matter how many of them there are, as long as you follow what we have learned, nothing will happen to us!" |
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− | « Soldats, ne faiblissez pas ! Nous sommes mieux équipés et entraînés qu’eux. Aussi nombreux soient-ils, tant que vous suivrez ce que nous avons appris, rien ne nous arrivera ! »
| + | Belenor, whose left foot had finally come back to life, took up position behind Garius. As perilous as the situation was, he knew Melkiar was right. All they had to do was stay focused and apply everything they'd seen in past scenarios. After all, this wasn't the first time they faced Dune Riders. And while these homins were definitely the best at setting traps and surviving in extreme environments, they were far less impressive in pitched combat. The Fyros sighed and placed his gloved hands on Garius' huge back. The fact that he had written a story about a religious war did not mean that he endorsed or appreciated armed fights. In fact, he remained very critical of the Imperial Army. If he had signed up as a reservist, it was simply to travel with his friends, to discover the country, to live unique moments and to feel new emotions. To annoy his parents, too. Because before this expedition, his whole life was about Fyre. And not just any Fyre. The rich, comfortable and cultural Fyre, accessible only to the bourgeoisie, of which he was one.While his friends had gradually begun to emancipate themselves from the capital over the past five years, he had become bogged down in a sociable routine. A life that he cherished for its comfort and cultural richness, and that he despised just as much, so much it reminded him of what he hated about his parents... Parents whom he had the impression of resembling, despite himself. Because at twenty-one, Belenor did not like the homin he had become. It was under the impulse of Brandille, but especially Garius, that he had finally decided to leave his comfort zone and accompany Melkiar to the end of the world. However, today, and despite all that he had learned during his journey, he regretted having left. Never. Never had he gotten used to death. Never had he expected to dream about it at night. Definitely, his place was behind a desk, pen in hand, not on a battlefield. |
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− | Bélénor, dont le pied gauche avait finalement repris vie, se plaça derrière Garius. Aussi périlleuse que fût la situation, il savait que Melkiar voyait juste. Il leur suffisait de rester concentrés et d’appliquer tout ce qu’ils avaient vu durant les mises en situation passées. Après tout, ce n’était pas la première fois qu’ils affrontaient des Sauvages. Et si ces homins étaient définitivement les meilleurs quand il s’agissait de tendre des pièges ou de survivre dans des environnements extrêmes, ils restaient bien moins impressionnants en combat rangé. Le Fyros soupira et posa ses mains gantées sur l’immense dos de Garius. Qu’il soit l’auteur d’une histoire de guerre de religion ne signifiait pas qu’il cautionnait ou appréciait les luttes armées. D’ailleurs, il restait très critique vis-à-vis de l'Armée impériale. S’il s’était inscrit en tant que réserviste, c’était simplement pour voyager avec ses amis, découvrir le pays, vivre des moments uniques et ressentir de nouvelles émotions. Pour ennuyer ses parents, aussi. Car avant cette expédition, tout son quotidien se résumait à Fyre. Et pas n’importe quelle Fyre. La Fyre riche, confortable et culturelle, accessible aux seuls bourgeois dont il était. Alors que ces cinq dernières années, ses amis avaient progressivement commencé à s’émanciper de la capitale, lui s’était enlisé dans une routine mondaine. Une vie qu’il chérissait, pour son confort et sa richesse culturelle, et qu’il méprisait tout autant, tant elle lui rappelait ce qu’il détestait chez ses parents… Des parents auxquels il avait l’impression de ressembler, bien malgré lui. Car à vingt-et-un ans, Bélénor n’aimait pas l’homin qu’il était devenu. C’est sous l’impulsion de Brandille, mais surtout de Garius, qu’il avait finalement décidé de sortir de sa zone de confort et d’accompagner Melkiar jusqu’au bout du monde. Pourtant, aujourd’hui, et malgré tout ce qu’il avait appris durant son voyage, il regrettait d’être parti. Jamais. Jamais il ne s’était habitué à la mort. Jamais il ne s’était attendu à en rêver la nuit. Définitivement, sa place était derrière un bureau, la plume à la main, et non pas sur un champ de bataille.
| + | Crossing under Garius's armpit the disorientated gaze of a sickly-skinned Dune Rider, Belenor remembered the emotions that had run through him the few times he himself had come close to death in the past weeks. And just as he imagined he would succeed in demanding their surrender, the squad of Riders perched on the edge of the crevasse began to bang together their weapons in rhythm. At the same time, one of them began to utter hoarse shouts, still in cadence. His cries were soon echoed by all his companions. This was the first time Belenor had witnessed this tribal practice. Taken aback, he exchanged a glance with Melkiar, who seemed to share his confusion. Then suddenly the pace quickened, and the Dune Riders in the centre of the root stuck together to form a compact group, as if they were trying to protect something. Belenor swallowed as he met the eyes of the sickly Rider again. A deep determination was now inscribed in them. And without his knowing why, a vision of horror passed through him. Commanded by his instinct, the Fyros screamed with all his being: |
− | Croisant par dessous l’aisselle de Garius le regard désorienté d’un Sauvage au teint maladif, Bélénor se rappela des émotions qu’ils l’avaient traversé les quelques fois où il avait lui-même frôlé la mort, les semaines passées. Et alors qu’il s’imaginait réussir à demander leur reddition, le peloton de Sauvages, juché au bord de la crevasse, se mit à entrechoquer ses armes en rythme. Au même moment, l’un d’entre eux se mit à pousser des cris rauques, toujours en cadence. Ses cris furent bientôt repris par tous ses compagnons. C’était la première fois que Bélénor assistait à cette pratique tribale. Interloqué, il échangea un regard avec Melkiar, qui semblait partager sa confusion. Et puis soudainement, le rythme s’accéléra, et les Sauvages positionnés au centre de la racine se collèrent les uns aux autres pour former un groupe compact, comme s’ils cherchaient à protéger quelque chose. Croisant à nouveau le regard du Sauvage souffreteux, Bélénor déglutit. Une profonde détermination y était désormais inscrite. Et sans qu’il ne sache pourquoi, une vision d’horreur le traversa. Commandé par son instinct, le Fyros hurla de tout son être :
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− | « Fuyez, ils vont se faire sauter ! »
| + | "Flee, they'll blow themselves up!" |
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− | Bélénor, qui s’apprêtait à s’élancer en arrière, eut tout juste le temps de lancer un ultime regard à Melkiar. Pour la première, et peut-être pour la dernière fois de sa vie, il lut de la terreur dans les yeux de son ami. L’explosion fut terrible. Sans qu’il ne puisse rien faire, l’onde de choc le projeta contre la paroi de la crevasse, qu’il percuta de plein fouet. Inconscient, il chuta alors dans les Profondeurs d’Atys, dans une pluie de feu, de bois brisé et de morceaux de chair calcinée.}}
| + | Belenor, who was preparing to rush back, had just enough time to give Melkiar a last look. For the first, and perhaps the last time in his life, he saw terror in his friend's eyes. The explosion was terrible. Without him being able to do anything, the shock wave threw him against the wall of the crevasse, which he hit head-on. Unconscious, he fell into the depths of Atys, in a shower of fire, broken wood and pieces of charred flesh. |
− | {{NavChap|[[Chapter XII - Family]]|[[Chronicles of the First Crusade#Table of contents|Table of contents]]|[[Chapitre XIV - Savagery]]}} | + | }} |
| + | {{NavChap|[[Chapter XII - Family]]|[[The Sacred War#Table of contents|Table of contents]]|[[Chapitre XIV - Savagery]]}} |
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