Внутреннее тестирование Вики/E-XII — различия между версиями

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{{NavChap|[[Chapter XI - The Generation of Miracles]]|[[Chronicles of the First Crusade#Table of contents|Table of contents]]|[[Chapter XIII - The Desert of a Hundred Perils]]}}
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<center><span style="color:purple;font-weight:bold"><big><big>'''Jena Year 2470'''</big></big></span></center>
 
<center><span style="color:purple;font-weight:bold"><big><big>'''Jena Year 2470'''</big></big></span></center>
  
<span style=color:red><sub>—————————————</sub><br>'''▼ TO TRANSLATE ▼'''<br><sup>—————————————</sup></span>
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{{Quotation|''Belenor Nebius, narrator''|:''"So Belenor, have you been able to progress as you wanted to on 'The Sacred War' these past few months? You were close to the end, weren't you?"
{{Quotation|''Bélénor Nébius, narrateur''|« Alors Bélénor, as-tu pu avancer comme tu voulais sur ton récit ces derniers mois ? Tu étais proche du bout, non ?»
 
  
Accoudé dos au rebord du bassin circulaire creusé dans l’écorce, le corps à moitié immergé dans l’eau fraîche, Bélénor sentit ses muscles se raidir. Melkiar, assis en tailleur sur l’îlot circulaire, le fixait avec intensité en attendant sa réponse. Il était totalement nu.
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Leaning with his back to the edge of the circular pool carved into the bark, his body half immersed in the cool water, Belenor felt his muscles stiffen. Melkiar, sitting cross-legged on the circular islet, stared intently at him while waiting for his answer. He was completely naked.
  
« Ça avance, oui. Il ne manque plus quelques chapitres. Je suis plutôt lent, tu sais… Puis j’ai réécrit beaucoup de choses ces derniers mois.
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:''"It's coming along, yes. There are only a few chapters missing. I'm pretty slow, you know… Then I rewrote a lot of things in the last few months."
  
— Depuis combien d’années travailles-tu sur les aventures du Masque Noir ? Je ne me souviens plus. Le temps file si vite.
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:''"How many years have you been working on the adventures of the Black Mask? I can't remember. Time flies so fast."
  
— Depuis sept ou huit ans, je crois… Mais c’est sans compter les longs mois de pause, les ré-écritures et les nouveaux rêves que j’ai fait.
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:''"For seven or eight years, I think… But that's not counting the long months of breaks, rewrites and new dreams I had."
  
— Oui, bien sûr. Ma question n’était pas une critique, rassure-toi. »
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:''"Yes, of course. My question was not a criticism, rest assured."
  
Quittant Bélénor du regard, le Fyros interpella Varran, dont seuls les oreilles et le crâne dénudé émergeaient du bain.
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Leaving Belenor's gaze, the Fyros called out to Varran, whose ears and bare skull alone were emerging from the bath.
  
« Sais-tu quand ton frère est censé arriver, Varran ? »
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:''"Do you know when your brother is supposed to arrive, Varran?"
  
L’imposant Fyros sortit la tête de l’eau et haussa les épaules.
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The towering Fyros poked his head out of the water and shrugged.
  
« Il ne devrait pas tarder. Il est allé s'entraîner avec Xynala après le déjeuner.
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:''"He shouldn't be long. He went to train with Xynala after lunch."
  
— Et les autres ? »
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:''"What about the others?"
  
Varran jeta un regard à Bélénor qui haussa à son tour les épaules. Melkiar soupira. Tout juste rentré à Fyre il y a quelques jours, après une longue absence, le Fyros avait donné rendez-vous aux thermes à ses camarades. En effet, l’Armée impériale avait été envoyée loin à l’ouest du Désert afin de repousser les tribus fyrosses insoumises, et avait pour l'occasion fait appel à quelques réservistes qualifiés. Si l’Empire Fyros avait de tout temps dû coexister avec ces rebelles, ceux-ci s'étaient montrés particulièrement calmes ces deux dernières décennies. Mais il y a peu, la tribu des Sauvages avait réussi l’exploit d’assujettir plusieurs groupes rivaux, devenant de facto le principal ennemi de l’Empire à l'intérieur même de ses frontières. Voulant marquer le coup, et rappeler aux tribus insoumises sa puissance, l’Empereur Thesop décida d’envoyer ses troupes « discuter » avec les Sauvages. Melkiar étant issu de la tribu des Larmes du Dragon, la plus puissante tribu assujettie à l’Empire installée à l’ouest du Désert, mais aussi la plus grande rivale des Sauvages, on lui avait demandé de rejoindre l’expédition afin de jouer le rôle d’intermédiaire. Le jeune prodige accepta sans sourciller l’ordre impérial, qui fût pour lui une occasion de revoir sa famille.
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Varran glanced at Belenor, who in turn shrugged his shoulders. Melkiar sighed. Having just returned to Fyre a few days earlier, after a long absence, the Fyros had arranged to meet his comrades at the baths. Indeed, the Imperial Army had been sent far to the west of the Desert in order to push back the insubordinate Fyros tribes, and had for the occasion called upon some qualified reservists. While the Fyros Empire had from age to age have to coexist with these rebels, they had been particularly quiet these two last decades. Recently, however, the tribe of Dune Riders had achieved the feat of subjugating several rival groups, becoming the Empire's ''de facto'' main enemy right within its borders. Wanting to mark the occasion, and to remind the rebellious tribes of his power, Emperor Thesop had decided to send his troops to 'talk' with the Dune Riders. Melkiar being from the Dragon's Tears tribe, the most powerful tribe subject to the Empire in the west of the Desert, but also the greatest rival of the Dune Riders, he had been asked to join the expedition in order to play the role of intermediary. The young prodigy had accepted the imperial order without batting an eyelid, which was an opportunity for him to see his family again.
  
Sa famille… Bélénor, silencieux, fixait son ami, désormais debout et en pleine discussion avec Varran. Tous se connaissaient depuis quelques années déjà, et pourtant, Melkiar s’était toujours montré particulièrement secret. Hormis que son père, le célèbre Tigriron, était le chef des Larmes du Dragon, Bélénor ne savait pas grande chose de sa famille. Certes, son ami avait déjà fait allusion à des frères et sœurs. Pour autant, il ne les avait jamais nommés. Il se souvenait simplement de la fois où, un peu trop alcoolisé, Melkiar avait mentionné l’existence d’Aster, une de ses amies d’enfance originaire de sa tribu. Une seule fois, donc. De toute évidence, le Fyros n’aimait pas discuter de son enfance, et bien souvent, Bélénor supposa que son silence cachait quelque chose. Durant quelques secondes, il se demanda s’il était avisé de profiter des récentes retrouvailles familiales de Melkiar pour lui poser quelques questions. Mais au même moment, la voix de Tisse Apoan retentit dans les vestiaires adjacents.
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His family… Belenor stared silently at his friend, now standing and deep in discussion with Varran. They had known each other for some years now, yet Melkiar had always shown himself to be particularly secretive. Apart from the fact that his father, the famous Tigriron, was the leader of the Dragon's Tears, Belenor did not know much about his family. Of course, his friend had mentioned siblings before. However, he had never named them. He only had a vague recollection of the time when, a little too drunk, Melkiar had mentioned the existence of a childhood friend from his tribe, whom he particularly liked. Only one time, then. It was quite obvious, the Fyros did not like to discuss his childhood, and quite often, Belenor assumed that his silence was hiding something. For a few seconds, he wondered if it was shrewd to take advantage of Melkiar's recent family reunion to ask him some questions. But at the same time, Tisse Apoan's voice rang out in the adjacent locker room.
  
« Melkiar ! »
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:''"Melkiar!"
  
La rouquine, dans le plus simple appareil, arriva en trombe dans la salle, sauta bras en avant par-dessus Varran et attrapa les épaules de Melkiar au vol. Tous deux chutèrent bruyamment dans l’eau et faillirent noyer un Bélénor perdu dans ses pensées. Les poumons pleins d’eau, le Fyros se retourna et attrapa les bords du bassin, bien décidé à éviter la prochaine vague. Mais au même moment, le plafond s’obscurcit. Son cœur s’arrêta lorsqu’il aperçut Garius, les jambes recroquevillées contre son torse, en lévitation au-dessus de l'eau. Le raz de marée qui suivit fût terrible et vida une bonne partie du bassin. Si des rires fusèrent, Melkiar, de retour sur son îlot, tenta de garder sa contenance.
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The redhead, in her birthday suit, came storming into the room, jumped, arms out, over Varran and caught Melkiar's shoulders in flight. Both fell noisily into the water and almost drowned a Belenor lost in his thoughts. With his lungs full of water, the Fyros turned around and grabbed the edge of the pool, determined to avoid the next wave. But at the same time, the ceiling darkened. His heart stopped as he saw Garius, his legs curled up against his chest, levitating above the water. The tidal wave that followed was terrible and emptied much of the pool. If laughter broke out, Melkiar, back on his islet, tried to keep his composure.
  
« Vous êtes vraiment des enfants. Vous savez à quel point il est irresponsable de gâcher de l’eau, dit-il en essayant de ne pas sourire.
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:''"You are really children. You know how irresponsible it is to waste water."'' he said, trying not to smile.
  
— Oui, vous êtes vraiment des gamins. »
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:''"Yes, you really are kids."
  
Tous tournèrent la tête. Les jambes légèrement écartées et les mains posées sur ses hanches ciselées, Xynala toisait ses camarades d’un air narquois. Et comme eux, elle était totalement nue.
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Everyone turned their heads. With her legs slightly apart and her hands resting on her chiseled hips, Xynala looked at her comrades with a snide look. And like them, she was totally naked.
  
Plus qu’une norme sociale, l’acceptation de la nudité et la mixité de genre s’inscrivait dans une stratégie politique vieille de presque deux siècles. En effet, avant la fondation de l’Empire en 2275, les Fyros étaient divisés en une multitude de tribus nomades se disputant les territoires les mieux pourvus en eau et en feu. Lorsqu’après une longue campagne militaire, Dyros le Grand, le premier empereur du peuple fyros, réussit l’exploit d’assujettir un grand nombre de ces tribus, la volonté de les unir conduisit le jeune sharükos à élaborer, avec ses conseillers, les principes connus comme les « Quatre Piliers de l'Empire » qui devinrent bientôt les valeurs partagées par tous les Fyros : la Vérité, l’Honneur, la Discipline et la Justice. Pour autant, Dyros savait qu'une simple devise ne permettrait pas de contenir la fougue de ses nouveaux sujets, plus habitués à voyager et à guerroyer qu’à vivre en paix derrière de gigantesques murailles. Alors, le sharükos misa tout sur l’armée et l’éducation. L’institution militaire naissante serait dorénavant chargée d’éduquer chaque rejeton de l’Empire, afin d’en faire un patriote convaincu d’appartenir à une même et grande famille. Dans les cités naissantes, les parents eurent l’obligation d’envoyer leurs enfants dans des écoles de quartiers, dès que ceux-ci atteignaient l’âge de trois ans. Les tribus assujetties à l’Empire mais non installées en ville reçurent l’appui de commissaires impériaux chargés d’éduquer leurs enfants. Bien sûr, beaucoup de familles vécurent très mal l’intrusion de l’Empire, tant celui-ci tentait d’élever ses lois au-dessus de certaines traditions. Pour autant, l’Empire ne chercha jamais à gommer les coutumes tribales, dès lors que celles-ci ne s’opposaient pas au grand projet impérial. Finalement, lorsque les enfants atteignaient l’âge de sept ans, ils devaient rejoindre une cité hébergeant une antenne de l’Académie impériale, où tout était mis en place pour les accueillir. Ces enfants, soumis depuis leur tendre enfance à la rigueur militaire, étaient réunis en groupes voués à perdurer plusieurs décennies durant. Tout était fait pour que chaque individu se sente proche de ses camarades et qu’aucun jeune patriote ne soit rejeté. C’est ainsi que, sous l’égide du Pilier de la Vérité, la nudité prit une place importante dans l’éducation du peuple Fyros. Elle permit en effet de désacraliser les différences tout en célébrant leur puissance : l’Empire Fyros devrait son futur glorieux à la combinaison de ses individualités.
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More than a social norm, the acceptance of nudity and gender mixing was part of a political strategy that was almost two centuries old. Indeed, before the foundation of the Empire in 2275, the Fyros were divided into a multitude of nomadic tribes competing for the territories best supplied with water and fire. When, after a long military campaign, Dyros the Great, the first emperor of the Fyros people, succeeded in subjugating many of these tribes, the will to unite them led the young sharükos to elaborate, with his advisors, the principles known as the 'Four Pillars of the Empire' which soon became the values shared by all Fyros: Truth, Honor, Discipline and Justice. For all that, Dyros knew that a simple motto would not be enough to contain the ardor of his new subjects, who were more accustomed to traveling and warfare than to living in peace behind gigantic walls. So the sharükos put everything on the army and education. The newborn military institution would be in charge of educating each offspring of the Empire, in order to make him a patriot convinced of belonging to the same great family. In the newborn cities, parents were obliged to send their children to local schools as soon as those reached the age of three. The tribes that were subject to the Empire but not settled in the city were given the support of imperial commissioners to educate their children. Of course, many families did not take kindly to the Empire's intrusion, as it tried to elevate its laws above certain traditions. However, the Empire never tried to erase tribal customs, as long as they did not oppose the great imperial project. Finally, when the children reached the age of seven, they had to go to a city that housed a subsidiary of the Imperial Academy, where everything was set up to accommodate them. These children, subjected to military rigor since their early childhood, were gathered in groups destined to endure for several decades. Everything was done to ensure that each individual felt close to his or her comrades and that no young patriot was rejected. This is how, under the aegis of the Pillar of Truth, nudity became an important part of the education of the Fyros people. It allowed for the desecration of differences while celebrating their power: the Fyros Empire would owes its glorious future to the combination of its individualities.
  
Xynala, toujours debout face à ses camarades, lança un regard affectueux à Melkiar. Elle ne l’avait pas revu depuis plusieurs mois, et Bélénor savait à quel point il lui avait manqué. Son bonheur faisait plaisir à voir. Un bonheur qui ne dura pas. Tisse rejoignit Melkiar sur son îlot, l’attrapa par la taille et se colla contre son dos musculeux. Décalant sa tête sur la gauche, elle sourit à Xynala. Celle-ci perdit instantanément son air radieux. Comprenant son affliction, Bélénor tenta de capter son regard. En vain. Quelques longues et silencieuses secondes passèrent, puis Varran prit la parole.
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Xynala, still standing in front of her comrades, cast an affectionate glance at Melkiar. She hadn't seen him in several months, and Belenor knew how much she had missed him. His happiness was a joy to behold. A happiness that did not last. Tisse joined Melkiar on his island, grabbed him by the waist and stuck her generous chest against his muscular back. Shifting her head to the left, she smiled at Xynala. This one lost instantly her radiant air. Understanding her affliction, Belenor tried to catch her eye. In vain. A few long and silent seconds passed, then Varran spoke.
  
« Bon, Melkiar, tu voulais nous dire quelque chose ? C’est pour ça que tu nous a réunis ici, non ? »
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:''"Well, Melkiar, you wanted to tell us something? That's why you have gathered us here, right?"
  
Melkiar se dégagea poliment de l’étreinte de Tisse et posa son regard sur chacun et chacune de ses camarades.
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Melkiar politely disengaged himself from Tisse's embrace and looked at each and every one of his comrades.
  
« Oui, c’est exact. Déjà, sachez que je suis content de vous revoir. Ensuite, je voulais vous parler de la situation politique à l’ouest du Désert, et de la grande guerre que mon père mène depuis plusieurs années maintenant contre les Sauvages. L’aide apportée par l’Armée impériale nous a été d’un grand secours, certes. Pour autant, je pense que cela n’est pas suffisant. Les Sauvages sont plus organisés et puissants que jamais, et aussi formés soient les soldats de l’Empire, seuls ceux ayant grandi dans cette région sont capables de s'y battre efficacement. Le sol y est très instable, entre les sciures mouvantes et les failles camouflées. Sans compter les gigantesques rafales de vents tout droit venues des Primes Racines, qui balaient souvent ces terres inhospitalières. De nombreux soldats ont péri durant notre expédition. De ce fait, sachez que, pour aider l’Empire et ma tribu à vaincre les Sauvages, je prévois de rejoindre ma famille dans…
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:''"Yes, that's right. First of all, I want you to know that I am glad to see you again. Secondly, I wanted to talk to you about the political situation west of the Desert, and the great war my father has been waging for several years now against the Dune Riders. The help provided by the Imperial Army has been a great help, of course. However, I think it is not enough. The Dune Riders are more organized and powerful than ever, and no matter how well trained the Empire's soldiers are, only those who have grown up in this region are capable of fighting there efficiently. The ground there is very unstable, with shifting sawdust and concealed cracks. Not to mention gigantic burning gusts of wind straight from the Root Primes, which often sweep through these inhospitable lands. Many soldiers have perished during our expedition. Therefore, to help the Empire and my tribe defeat the Dune Riders, I plan to join my family in…"
  
— Ne pars pas !! »
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:''"Don't leave!"
  
Toutes et tous sursautèrent au cri du cœur poussé par Bélénor. Le Fyros regarda ses camarades d’un air hébété, puis rougit.
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All startled at Belenor's heartfelt cry. The Fyros looked at his comrades with a dazed expression, then blushed.
  
« Pa… Pardon, je… Je ne sais pas ce qui m’a pris. »
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:''"Ex... Excuse me, I... I don't know what came over me."
  
Melkiar sourit et sauta dans le bassin à moitié vidé. Il se rapprocha de Bélénor, le serra dans ses bras et lui donna une petite tape amicale dans le dos.
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Melkiar smiled and jumped into the half-empty pool. He moved closer to Belenor, hugged him and gave him a friendly pat on the back.
  
« … dans quelques années, Bélénor. » Cramoisi, le Fyros était incapable de savoir si les émotions qui le traversaient étaient liées à la gêne qu’il avait ressenti quelques secondes plus tôt ou au contact du corps nu de Melkiar. Par chance, l’attention du groupe se porta rapidement sur autre chose. On entendit détaler à toute vitesse dans le couloir menant au vestiaire, puis un cri et un craquement. Le
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:''"... in a few years, Belenor."
« Aïe » qui jaillit alors fût suivi de quelques bruits de pas et d’une espèce de long frottement. C’est en glissade sur les genoux, bras écartés et anatomie exposée, que Brandille s’élança dans la salle du bassin. L’acrobate rayonnait d’allégresse.
 
  
« Oyez oyez, amis et ami-euh ! Brandille a une nouvelle incroyable à vous annoncer ! »
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Crimson, the Fyros was unable to know if the emotions running through him were related to the discomfort he had felt seconds earlier or to the touch of Melkiar's naked body. Luckily, the group's attention quickly turned to something else. One heard a scurrying noise in the hallway leading to the locker room, then a scream and a cracking sound. The "Ouch" that sprang then was followed by a few footsteps and a kind of long scrape. It is by sliding on the knees, arms spread and exposed anatomy, that Brandille dashed in the basin hall. The acrobat was beaming with elation.
  
Garius et Varran s'esclaffèrent et Tisse leva les yeux au plafond. Seuls Xynala, Melkiar et Bélénor semblaient réellement attendre la suite.
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:''"Hark, hark, friends girls and boys! Brandille has some incredible news for you!"
  
« Alors, alors ! Voulez-vous savoir ? Mettez-y un peu plus d’entrain, voyons !
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Garius and Varran bursted out laughing and Tisse looked up at the ceiling. Only Xynala, Melkiar and Belenor seemed to be really waiting for the next part.
  
— On t’écoute Brandille. Qu’est ce que tu as à nous dire ? Je ne suis pas très patient, tu sais.
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:''"So, so! Do you want to know? Put a little more enthousiasm into it, come on!"
  
— Ah ! Alors je ne vais pas te faire languir plus longtemps, cher Melkiar ! »
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:''"We are listening, Brandille. What do you have to tell us ? I'm not very patient, you know."
  
À ces mots, Brandille s’arrêta quelques secondes. Melkiar fronça les sourcils, les deux amis échangèrent un regard, et finalement, la nouvelle tomba.
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:''"Ah, then I am not going to make you languish any longer, dear Melkiar!"
  
« Le sharükos Thesop s’est fait assassiner ! »
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At these words, Brandille stopped for a few seconds. Melkiar frowned, the two friends exchanged glances, and finally, the news fell.
  
Ainsi, ce ne fût plus seulement Bélénor qui poussa un cri du cœur, mais toute la bande.
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:''"The sharükos Thesop has been assassinated!"
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Then so it was not only Belenor who gave a heartfelt cry, but the whole band.
 
{{Couillard}}
 
{{Couillard}}
Et effectivement, l’Empereur Thesop s’était fait assassiner. Bien que le meurtre ait eu lieu à l’Agora en pleine séance publique, personne ne réussit à se saisir de l’assassin. Nul des présents n'avait su non plus expliquer comment cette personne vêtue de noir était parvenue à passer sans encombre la garde impériale pour trancher la tête du sharükos. Pourtant, pour beaucoup, il ne fallait pas chercher bien loin : tout le monde souhaitait la mort de Thesop. Depuis longtemps déjà, beaucoup suspectaient que le duel héroïque qui avait opposé Thesop le Bâtisseur au tyrannique Empereur Pyto, quarante-deux ans auparavant, n’était qu’une fable. Une propagande visant à cacher que Thesop avait en réalité tué son frère, et peut-être même leur père. Le plus surprenant dans cette histoire restait donc la longueur du règne du tyran. Comment Thesop avait-il pu se maintenir au pouvoir si longtemps, malgré les rumeurs et le sens de la justice exacerbé des Fyros ? Là résidait le principal mystère. Un mystère non résolu qui n'empêcha pas les citoyens de Fyre de jeter la dépouille de Thesop aux gingos. Dans la foulée, son nom fut effacé du Sanctuaire. Ainsi donc s’achevait le règne de Thesop le Fratricide, fils cadet d’Abylus l’Érudit et onzième sharükos du peuple fyros. Thesop n’ayant pas eu de descendance, la couronne revenait à Krospas, le fils unique de Pyto. Âgé de dix ans lorsque son père mourut, Krospas avait passé son existence auprès de son oncle, qui ne voyait en lui qu’un outil de propagande. Aujourd’hui âgé de cinquante ans, l’Empereur légitime allait donc pouvoir reprendre son dû. En attendant son couronnement, qui n’aurait pas lieu avant plusieurs jours, les généraux de l’armée décrétèrent une grande fête nationale. Et quelques heures plus tard, la liqueur de shooki coulait déjà à flots dans les rues de Fyre.
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And indeed, the Emperor Thesop had been murdered. Although the murder had taken place in the Agora in the middle of a public session, no one managed to get hold of the assassin. None of those present could explain how this black-clad person had managed to get past the imperial guard and cut off the sharükos' head. Yet, for many, one had not to look far: everyone wanted Thesop dead. For a long time now, many suspected that the heroic duel between Thesop the Builder and the tyrannical Emperor Pyto, forty-two years earlier, was nothing but a fable. A propaganda to hide the fact that Thesop had actually killed his brother, and perhaps even their father. The most surprising thing about this story was the length of the tyrant's reign. How could Thesop have stayed in power so long, despite the rumors and the Fyros' heightened sense of justice? That was the main mystery. An unsolved mystery that did not prevent the citizens of Fyre from throwing Thesop's body to the gingos. Straight after, his name was erased from the Sanctuary. Thus ended the reign of Thesop the Fratricide, youngest son of Abylus the Learned and eleventh sharükos of the Fyros people. Since Thesop had no offspring, the crown fell to Krospas, the only son of Pyto. Ten years old when his father died, Krospas had spent his life with his uncle, who saw him only as a propaganda tool. Now, at the age of fifty, the legitimate Emperor could take back his due. While waiting for his coronation, which would not take place before several days, the army generals decreed a great national celebration. And a few hours later, the shooki liquor was already flowing in the streets of Fyre.
C’est dans leur taverne préférée, située sur la Place Arispotle, que la bande de jeunes adultes se réunit en début de soirée. La place, déjà bondée en temps normal, débordait de fêtards et de badauds. Les senteurs épicées de Fyre se mélangeaient aux effluves de sueurs et aux émanations d’alcool, et le brouhaha de la foule se mêlait aux compositions festives des musiciens de rue. Bélénor, pourtant connu pour sa ponctualité, arriva plusieurs dizaines de minutes après l’heure convenue. L’air renfrogné qu’il présenta à ses amis tranchait avec l’atmosphère jubilatoire de la cité. Varran, déjà un peu ivre, interpella le retardataire.
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It was in their favorite tavern, located on Arispotle Square, that the group of young adults met in the early evening. The square, already crowded under normal circumstances, was overflowing with revelers and onlookers. The spicy scents of Fyre were mixing with the fragrances of sweat and alcohol, and the hubbub of the crowd was mixing with the festive compositions of the street musicians. Belenor, yet known for his punctuality, arrived several dozen minutes after the agreed time. The scowl he presented to his comrades contrasted with the jubilant atmosphere of the city. Varran, already a little drunk, called out to the latecomer.
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:''"Well then Belenor, you in a huff? You won't tell me that you're sad for Thesop ?"
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Brandille made room for his friend who slumped on the bench.
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:''"No, that' s not it… That's my parents. Well, my father. I think he was trafficking with Thesop's closest advisors. He's afraid of reprisals and wants us to move to Coriolis…"
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The Fyros ran his hands through his mahogany hair and rested his forehead against the table.
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:''"In the end, I may be the one who will leave, Melkiar… Someone bring me a shookie."
  
« Ben alors Bélénor, tu fais la gueule ? Tu vas pas me dire que t’es triste pour Thesop ? »
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Around the table, everyone exchanged silent glances. Xynala beckoned to the tavernkeeper and Melkiar leaned over the table to place an affectionate hand on the shoulder of his comrade.
  
Brandille fit de la place à son ami qui s’affala sur le banc.
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:''"What about your mother, Belenor? Does she agree?"
  
« Non, ce n’est pas ça… Ce sont mes parents. Enfin, mon père. Je crois qu’il trafiquait avec les plus proches conseillers de Thesop. Il a peur des représailles et veut qu’on déménage à Coriolis… »
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:''"No, she whishes us to stay, even though I can feel her worrying too."'' the Fyros muttered between his fingers. I don't care if they go, as long as they leave me the keys and Penala stays by my side. But I don't want to leave..."
  
Le Fyros enfouit son visage entre ses mains et posa son front contre la table.
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At these words, a sudden impact shook the table. Everyone turned to Garius, whose massive fist had just left an imprint on the yellowed wood. The Fyros' face was crimson with anger and thick veins now marked his smooth skull.
  
« Finalement, c’est peut-être moi qui vais partir Melkiar… Qu’on m’apporte une shookie. »
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:''"Hey Belenor, I'm just starting to like you, so you'll do me the pleasure not to let your father ruin everything, right? We hate him enough as it is."
  
Autour de la table, toutes et tous s’échangèrent de silencieux coups d'œil. Xynala fit signe au tavernier et Melkiar se pencha par-dessus la table pour poser une main affectueuse sur l’épaule de son camarade.
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Belenor looked at Garius with a stunned expression. He was liking him? It was true that their relationship had changed a lot since their first fights. For all that Garius had never verbalized their friendship until now. The colossus smiled at him and Belenor blushed slightly. At the same time, a waiter arrived with a tray bearing seven full pints.
  
« Et ta mère, Bélénor ? Est-elle d’accord ?
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:''"Smile youths! You, especially!"'' he said, pointing to Belenor with his free hand. ''"Today is a great day, we'll reflect on our worries tomorrow!"
  
— Non, elle souhaite qu’on reste, même si je la sens elle aussi inquiète. » marmonna le Fyros entre ses doigts. Je m’en fiche qu’ils partent, tant qu’ils me laissent les clés et que Penala reste à mes côtés. Mais je ne veux pas partir…
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Perked up, the seven comrades grabbed a pint, toasted, and began to drink. On this strange day, the shookie was particularly good. Xynala, who had just drained off her mug in one go, slumped slightly against Melkiar's right shoulder, beside whom she was sitting. Usually not much prepared, the Fyrosse wore a pretty red combination and had done her hair in several braids highlighting the pearly reflections of her blond hair.
  
À ces mots, un brusque impact fit trembler la table. Toutes et tous se tournèrent alors vers Garius, dont le poing massif venait de laisser une empreinte dans le bois jauni. Le visage du Fyros était cramoisi de colère et d'épaisses veines marquaient désormais son crâne lisse.
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:''"What were we talking about again? she asked, playing lasciviously with her hair. Ah yes, the assassination. We have several theories, Belenor. Tisse imagined that the assassin could be a simple angry Pytoist patriot. I find this reasoning too simplistic. Melkiar, unlike Tisse, has a more elaborate theory. Isn't that right Melkiar?"
  
« Hey Bélénor, je commence à peine à t'apprécier, alors tu vas me faire le plaisir de ne pas laisser ton père tout gâcher, d’accord ? On le déteste déjà assez comme ça. »
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Tisse, sitting to Melkiar's left, frowned, irritated as much by Xynala's tone as by her sudden closeness to the Fyros. Just as well dressed as her comrade, she wore a long green dress reminding the color of her eyes, and whose large cleavage was highlighted by her long red hair, resting voluptuously on her shoulders. Vexed, Tisse finished her pint in some gulps.
  
Bélénor regarda Garius d’un air ahuri. Il l’appréciait ? Il était vrai que leur relation avait beaucoup évolué depuis leurs premières bagarres. Pour autant, Garius n’avait jusqu’alors jamais verbalisé leur amitié. Le colosse lui sourit et Bélénor rougit légèrement. Au même moment, un serveur arriva avec sept pintes bien remplies.
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:''"I don't think my theory is any more consistent than Tisse's, Xynala, Melkiar answered. Besides, the simplest theories are often the best. I wondered if the assassin could be a spy from the Kingdom of Matia. We know about the age-old rivalry that opposes the Fyros people to the Matis one. For all thta, it has been over forty years since the Aqueduct War ended. So why now? Everyone has noticed that in recent months, Thesop has lost a lot of majesty and ferocity. As if something had happened to him. Or as if he felt stalked. Hence the idea of the Matis assassin."
  
« Souriez les jeunes ! Toi, surtout ! dit-il en pointant Bélénor de sa main libre. Aujourd’hui est un grand jour, on réfléchira à nos soucis demain ! »
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Pleased with Melkiar's support, Tisse also slumped against him. The alcohol helping, she even dared to put her hand against the bare thigh of the Fyros, who for any reaction, finished his pint dry. A dark veil immediately covered Xynala's face, who straightened up and broke her contact with Melkiar. Belenor crossed her eyes and tried to send her a comforting smile. In vain.
  
Ragaillardis, les sept camarades attrapèrent une pinte, trinquèrent, et commencèrent à boire. En cette étrange journée, la shookie était particulièrement bonne. Xynala, qui venait de vider sa pinte cul-sec, s’affaissa légèrement contre l’épaule de Melkiar, à côté duquel elle était assise.
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:''"Have you ever met a Karavan agent?"'' Brandille replied without warning.
  
« De quoi parlait-on, déjà ? Ah oui, de l’assassinat. On a plusieurs théories Bélénor. Tisse imaginait que l’assassin pouvait être un simple patriote pytoïste en colère. Je trouve ce raisonnement trop simpliste. Melkiar, à l’inverse de Tisse, à une théorie plus élaborée. N’est-ce pas Melkiar ? »
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This time, all turned to the acrobat. Since the beginning of the conversation, Brandille seemed to be elsewhere. Melkiar, who was getting drunk, let out a laugh.
  
Tisse fronça les sourcils, irritée par le ton de Xynala. Elle termina sa pinte en quelques gorgées.
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:''"What does this have to do with Thesop, Brandille?"
  
« Je ne crois pas que ma théorie soit plus consistante que celle de Tisse, Xynala. De plus, les théories les plus simples sont souvent les meilleures. Je me suis demandé si l’assassin pouvait être un espion du Royaume de Matia. Nous connaissons la rivalité séculaire qui oppose le peuple fyros au peuple matis. Pour autant, cela fait plus de quarante ans que la Guerre de l’Aqueduc est terminée. Alors pourquoi maintenant ? Tout le monde a remarqué que ces derniers mois, Thesop avait perdu beaucoup en majesté et en férocité. Comme si quelque chose lui était arrivé. Ou comme s’il se sentait traqué. D’où l’idée de l’assassin matis. »
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:''"Everything and nothing at the same time! In fact, as far as I can remember, Thesop has always exuded a strange aura. Terrifying and fascinating at the same time. A supernatural aura that reminded me of the Karavan agents."
  
Heureuse du soutien apporté par Melkiar, Tisse s’affaissa elle aussi contre lui. L’alcool aidant, elle osa poser sa main contre la cuisse dénudée du Fyros, qui pour toute réaction, termina sa pinte cul-sec. Un voile sombre recouvrit aussitôt le visage de Xynala. Bélénor croisa son regard et tenta de lui envoyer un sourire réconfortant. En vain.
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:''"You think Thesop was a Karavan agent?"'' said Melkiar ironically.
  
« Avez-vous déjà rencontré un Agent de la Karavan ? » répliqua Brandille sans prévenir.
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:''"Oh, I don't think anything, you know. I simply sow ideas in the four winds… Ideas and messes."'' Brandille replied sarcastically.
  
Cette fois-ci, toutes et tous se tournèrent vers leur camarade. Depuis le début de la conversation, Brandille semblait avoir la tête ailleurs. Melkiar, qui commençait à être ivre, laissa échapper un rire.
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"What Brandille meant, I think, was that Thesop was maybe linked to the Karavan, Belenor continued. And maybe benefiting from their strange powers. After all, it would not be surprising if the Karavan meddled… It would not be the first time."
  
« Quel rapport avec Thesop, Brandille ?
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:''"And so the Karavan would have helped Thesop to maintain his power all these years, only to at last leave him to serve up to his people?"'' Varran asked.
  
— Tout et rien à la fois ! En réalité, d’aussi loin que je me souvienne, Thesop a toujours dégagé une aura étrange. À la fois terrifiante et fascinante. Une aura surnaturelle qui me rappelait celle des agents de la Karavan.
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Melkiar, who in turn had placed his hand on Tisse's thigh, slammed his free fist on the table.
  
— Tu penses que Thesop était un Agent de la Karavan ? ironisa Melkiar.
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:''"I hate them! Who do they think they are? To answer your question, Brandille, yes, I have met agents before. One day, when I was a child, the Karavan came to my tribe. I remember vividly that stormy morning when three shadows descended from the orange sky with hands full of gifts and speeches full of promises. I remember their monotone voices. Cold. As if dead. As if their thick, black helmets smothered all traces of life. They offered us resources and protection. In exchange, all we had to do was follow Jena's commandments. They asked for nothing more. Of course, my father refused. Well, he tried... In truth, it wasn't really a given. For yes, I remember the strange psychic pressure they exerted. I remember the hesitant and disoriented gaze of my father. Thankfully my mother was there in support. When my father finally refused, many of my people thought our end has come: one of the agents, more insistent than the others, threatened us with reprisals. But my parents stood firm, and in the end the three strangers rose into the heavens and went returning to where they had come from. I hate the Karavan as much as I hate the Kamis… They think they are our masters… And that will last as long as we continue to name them 'Powers'! For as long as homins chain themselves to them, so long will they remain slaves in their eyes! As for me, I have already made my choice, that day: rather to die free than to live enslaved!"
  
— Oh, moi je ne pense rien, tu sais. Je sème simplement des idées… Des idées et de la pagaille, répondit Brandille d’un air narquois.
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Belenor, who was also starting to get drunk, did not let Melkiar's remark pass.
  
— Ce que Brandille voulait dire, je pense, c’est que Thesop pouvait être lié à la Karavan, continua Bélénor. Et qu’il bénéficiait peut-être de leur magie. Après tout, il ne serait pas étonnant que la Karavan fasse de l’ingérence… Ce ne serait pas la première fois.
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:''"Melkiar, you cannot compare the Karavan to the Kamis! The Kamis are an integral part of Atys, they are its guardians. The Karavan, on the other hand, wants to take over Atys."
  
— Et donc, la Karavan aurait aidé Thesop à se maintenir au pouvoir durant toutes ces années, pour finalement le laisser en pâture à son peuple ? » interrogea Varran.
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:''"If they are so different, then why do both claim to be sent by Jena? I know that you have fallen in love with the Kamis, Belenor, but let's face it: the 'Powers' are only two sides of the same coin."
  
Melkiar, qui avait lui aussi posé sa main sur la cuisse de Tisse, tapa de son poing libre sur la table.
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:''"This is not true Melkiar. Some scholars agree that the Karavan is alien to Atys, and that…"
  
« Je les déteste ! Pour qui se prennent-ils ? Pour te répondre Brandille, oui, j’ai déjà rencontré des Agents. Un jour, lorsque j'étais encore enfant, la Karavan s’est présentée à ma tribu. Je me souviens parfaitement de ce matin de tempête, où trois ombres descendirent du ciel orangé les mains pleines de cadeaux et les discours pleins de promesses. Je me souviens de leurs voix monocordes. Froides. Comme mortes. Comme si leurs casques noirs et épais étouffaient toute trace de vie. Ils nous ont proposé ressources et protection. En échange, nous n’avions qu'à suivre les commandements de Jena. Ils ne demandaient rien de plus. Bien sûr, mon père refusa. Enfin, il essaya… En vérité, cela ne fut pas vraiment acquis. Car oui, je me souviens de l’étrange pression psychique qu’ils ont exercée. Je me souviens du regard hésitant et désorienté de mon père. Heureusement que ma mère était là en soutien. Lorsque mon père refusa finalement, beaucoup des miens crurent à notre fin : l’un des Agents, plus insistant que les autres, nous menaça de représailles. Mais mes parents tinrent bon, et en fin de compte, les trois étrangers s’élevèrent dans les cieux et repartirent vers là d'où ils étaient venus. Je déteste la Karavan, autant que les Kamis… Ils se prennent pour nos maîtres… Et cela durera, tant que nous continuerons à les nommer « Puissances » ! Car aussi longtemps que les homins s’enchaîneront à eux, aussi longtemps ils resteront des esclaves à leurs yeux ! Moi, j’ai déjà fait mon choix, ce jour-là : plutôt mourir libre que de vivre asservi ! »
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:''"Is that your argument, Belenor? The endemic nature of the Kamis would make them 'nice guardians'? Guardians of a prison called Atys? At some point, we will have to fight the 'Sacred War', Melkiar sarcastically asserted. But not the one you imagined, Belenor. The only one worth fighting: the one that will allow the hominity to break its chains!"
  
Bélénor, qui commençait lui aussi à être alcoolisé, ne laissa pas passer la remarque de Melkiar.
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Stung to the core, Belenor was about to retort. But Brandille intervened again without warning.
  
« Melkiar, tu ne peux pas comparer la Karavan aux Kamis ! Les Kamis font partie intégrante d’Atys, ils en sont les gardiens. La Karavan, à l’inverse, veut s’approprier Atys.
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:''"Have you ever met a Zorai homin or homina?"
  
— S’ils sont si différents, alors pourquoi les uns comme les autres se disent-ils envoyés de Jena ? Ils ne sont que les deux faces d’une même pièce.
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Belenor looked at Brandille, dumbstruck. Then his friend pointed in the direction of the opposite corner of the tavern.
  
— C’est évident Melkiar, la Karavan…
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:''"Over there."
  
— Avez-vous déjà rencontré un Zoraï ? intervint à nouveau Brandille sans prévenir. »
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Belenor turned his head, and, with a throat full of shookie, nearly choked. A member of the Zorai people was indeed seated at the counter with his back to them.
  
Bélénor regarda Brandille, interloqué. Puis son amie pointa en direction du coin opposé de la taverne.
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:''"Enor, let's go talk to her!"
  
« Là bas, il y a un Zoraï. »
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Without waiting, Brandille grabbed Belenor by the hand and pulled him toward the stranger. The Fyros let her, though panicked at the thought of meeting a Zorai. If he had already come across some of them on seldom times in the streets of Fyre, he had never had the opportunity to talk to one of them face to face. Besides, this was the case for the vast majority of Fyros. Indeed, it was often difficult to approach the Zorai people, who had become particularly isolationist over time. It was told that the Zorai had never forgiven the Fyro armies for having laid siege to Zoran on a misunderstanding in 2328, believing that the Theocracy was the ally of the Kingdom of Matia. It must be said that the Great Library of Zoran, which at the time consisted of several thousand volumes dealing mostly with the Kamis, had been completely destroyed by Fyross artillery... This military error had convinced the Theocracy to extend the construction of its Great Wall to all the borders of the Jungle. A Great Wall that the Zoraïs refused to open to Tryker refugees when the Kingdom of Matia invaded Trykoth thirty-five years earlier and enslaved the Lake people. Enough to make many homins suspicious of the Zoraïs, then… Belenor, for his part, was far from these considerations, and ardently wished such a meeting. So much so that he had developed a form of frustration. For, by dint of writing about a people of whom he had never actually met a representative, he feared that his fascination was excessive, that it bordered on racial fetishism. When the two comrades arrived at the counter, they realized that the individual was actually a homina. Leaning against the bar, the Zoraï was drinking a soup through a strange straw. Instantly, Belenor fell captivated by her blue skin, but especially with her mask. Of elongated form and with asymmetrical horns, it was also completely white. If the Fyros was fascinated by its shape and color, one detail intrigued him more than anything else: its texture. At that moment, he would have given anything to run his fingers over that bony face, which was said to be warm and soft. To touch this sacred gift of the Kamis, of which the Zorai people were the sole and lucky owners. Realizing that his friend would not take the floor on his own, Brandille took his best Mateis and called out to the Zorai. For while there was no guarantee that she spoke Fyrk, the Fyro language, correctly, it was rare for travelers not to master Mateis.
  
Bélénor tourna la tête, et la gorge pleine de shookie, manqua de s'étouffer. Un Zoraï était en effet attablé au comptoir, dos à eux.
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:''"Hello, and sorry to bother you. We are not used to meeting Zorais here in Fyre. So we were curious to meet you. Would you have some time for us?"
  
« Énor, allons lui parler ! »
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The Zoraï lowered her head in the direction of the two youngsters and tilted her mask to the side. Brandille, at four feet tall, looked tiny against the stranger's six feet. Belenor winced, certain that her friend had been too abrupt. His inability to read the facial expressions of his bony-faced interlocutor only accentuated his anguish. But against all odds, the Zorai withdrew the straw from the lip slit of her mask and answered in Mateis.
  
Sans attendre, Brandille attrapa Bélénor par la main et le tira en direction de l’inconnu. Le Fyros se laissa faire, bien que paniqué à l’idée de rencontrer un Zoraï. S’il lui était déjà arrivé d’en croiser quelques rares fois dans les rues de Fyre, il n’avait jamais eu l’occasion de discuter avec l’un d’eux en tête-à-tête. C’était d’ailleurs le cas de la grande majorité des Fyros. En effet, il était souvent difficile d’approcher le peuple Zoraï, devenu particulièrement isolationniste avec le temps. On racontait que les Zoraïs n’avaient jamais pardonné aux armées fyrosses d’avoir assiégé Zoran sur un malentendu, en 2328, croyant que la Théocratie était l’alliée du Royaume de Matia. Il faut dire que la Grande Bibliothèque de Zoran, à l’époque composée de plusieurs milliers de volumes traitant en grande majorité des Kamis, avait été entièrement détruite par l’artillerie fyrosse… Cette erreur militaire avait convaincu la Théocratie d’étendre la construction de sa Grande Muraille à toutes les frontières de la Jungle. Une Grande Muraille que les Zoraïs refusèrent d’ouvrir aux réfugiés Trykers lorsque le Royaume de Matia envahit Trykoth trente cinq ans auparavant, et réduit en esclavage le peuple des Lacs. De quoi rendre méfiants beaucoup d’homins à l’égard des Zoraïs, donc… Bélénor, pour sa part, était bien loin de ces considérations, et souhaitait ardemment une telle rencontre. Tant qu’il en avait développé une forme de frustration. Car, à force d'écrire sur un peuple dont il n'avait jamais réellement rencontré de représentant, il craignait que sa fascination soit excessive, qu'elle confine au fétichisme racial. Lorsque les deux camarades arrivèrent au niveau du comptoir, ils comprirent que l’individu était en réalité une homine. Accoudée au bar, la Zoraï était en train de boire une soupe à l’aide d’une étrange paille. Instantanément, Bélénor tomba de passion pour sa peau bleue, mais surtout pour son masque. De forme allongée et aux cornes asymétriques, il était aussi totalement blanc. Si le Fyros était fasciné par sa forme et sa couleur, un détail l'intriguait plus que tout : sa texture. En cet instant, il aurait tout donné pour passer ses doigts sur ce visage osseux, que l'on disait être chaud et doux. Toucher ce cadeau sacré des Kamis, dont le peuple Zoraï était l’unique et chanceux propriétaire. Comprenant que son ami ne prendrait pas la parole de lui-même, Brandille prit son plus beau matéis et interpella la Zoraï. Car, si rien n'assurait qu’elle parle correctement le fyrk, la langue fyros, il était rare que les voyageurs ne maîtrisent pas le matéis.
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:''"Hello. The Fyros and Trykers are definitely quite curious. What can I do for you?"
  
« Bonjour, et désolés de vous déranger. Nous ne sommes pas habitués à croiser des personnes des Zoraïs, ici à Fyre. Nous étions donc curieux de vous rencontrer. Auriez-vous du temps à nous accorder ? »
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Without further reservation, Brandille climbed onto the stool to the right of the Zorai. Belenor, hesitant, remained standing. In normal circumstances, he would probably have fled. But it was without counting the disinhibiting effects of alcohol.
La Zoraï baissa sa tête en direction des deux jeunes et pencha son masque sur le côté. Face à elle, et bien qu’elle fût assise, Brandille semblait minuscule. Si la Zoraï devait dépasser le mètre quatre-vingt-cinq, Brandille ne mesurait qu’un mètre quarante, la taille moyenne du peuple Tryker. Bélénor grimaça, certain que son amie avait été trop brusque. Son incapacité à lire les expressions faciales de son interlocutrice au visage osseux ne faisait d’ailleurs qu’accentuer son angoisse. Mais contre toute attente, la Zoraï retira la paille de la fente labiale de son masque et répondit en un fyrk très compréhensible.
 
  
« Bonjour. Les Fyros et les Trykers sont définitivement bien curieux. Que puis-je faire pour vous ? »
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:''"Thank you very much! You see, my friend here is finishing writing a story featuring Zorais. But he's never met any of you people. I was thinking you might be able to help him make his story more believable. But you are certainly very busy! Besides, what are you doing in Fyre?"
  
Sans plus de réserve, Brandille grimpa sur le tabouret situé à droite de la Zoraï. Bélénor, hésitant, resta debout. En temps normal, il aurait probablement fui. Mais c’était sans compter les effets désinhibants de l’alcool.
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:''"I'm on a trade mission."'' the Zorai replied, tucking her straw into the small pouch that was flanking her left thigh. ''"I buy the materials needed to make jewelry protecting from magic. In particular, I am looking for hooves belonging to these particularly rare rendors, which are said to hide in your desert regions… But the assassination of the sharükos changes many things, and unfortunately, I'll have to leave again soon. A story about my people, then? Interesting. I am listening, young Fyros. What questions do you wish to ask me?"
« Merci beaucoup ! Voyez-vous, mon ami ici présent est en train de finir l’écriture d’une histoire mettant en scène des Zoraï. Pourtant, il n’a jamais rencontré l’un ou l'une des vôtres. J’imaginais que vous pourriez l’aider à rendre son récit plus crédible. Mais vous êtes certainement très occupée ! D’ailleurs, que faites-vous à Fyre ?
 
  
— Je suis en mission commerciale, répondit la Zoraï en rangeant sa paille dans la petite sacoche qui flanquait sa cuisse gauche. Mais l’assassinat du sharükos change beaucoup de choses. Je vais donc devoir repartir d’ici peu. Un récit sur mon peuple, donc ? Intéressant. Je t’écoute, jeune Fyros. Quelles questions souhaites-tu me poser ? »
+
True to himself, Belenor blushed. He was fascinated by the mask of his interlocutor, who seemed to have a slight flexibility in his jaw.
  
Fidèle à lui-même, Bélénor rougit. Il était fasciné par le masque de son interlocutrice, qui semblait doté d’une légère flexibilité au niveau de la mâchoire.
+
:''"Th… Thank you for giving us a little of your time. To tell you the truth, I don't have any specific questions. I hadn't planned to meet any of your people today… I… I'm pretty caught off guard."
  
« M… Merci de nous accorder un peu de votre temps. À vrai dire, je n’ai pas de questions précises. Je n’avais pas prévu de rencontrer un membre de votre peuple aujourd’hui… Je… Je suis assez pris au dépourvu.
+
:''"So tell me about the story you're writing."'' the Zorai replied calmly. ''"And I will tell you what it inspires me."
  
— Alors parles-moi de l’histoire que tu écris, répondit calmement la Zoraï. Et je te dirai ce qu’elle m’inspire.
+
:''"Ah… Heu… All right. It's a story about a Zorai from a tribe that worships the Kamis, but refutes the idea that Jena is the Supreme Kami. A tribe fiercely opposed to the Karavan, who decides one day to launch a great expedition in order to preach the good word and fight against the Karavan's minions. This is what they call the 'Sacred War'."
  
— Ah… Heu… D’accord. C’est l’histoire d’un Zoraï originaire d’une tribu adoratrice des Kamis, mais réfutant l’idée que Jena soit le Kami Suprême. Une tribu farouchement opposée à la Karavan, qui décide un jour de lancer une grande expédition afin de prêcher la bonne parole et combattre les suppôts de la Karavan. C’est ce qu’ils appellent “ la Guerre Sacrée”.
+
:''"Ah? This is original. And who would the Supreme Kami be?"'' the Zorai asked, crossing her fingers.
  
— Ah ? C’est original. Et qui serait donc le Kami Suprême ? questionna la Zoraï en croisant ses doigts.
+
:''"The… The Supreme Kami would be Atys itself. Or rather its heart. I was inspired by a dream I had, where each Kami was actually a fragment of a gigantic entity buried in the center of Atys. Jena would be… a usurper."
  
— Le… Le Kami Suprême serait Atys elle-même. Ou plutôt son coeur. Je me suis inspiré d’un rêve que j’ai fait, où chaque Kami était en réalité le fragment d’une entité gigantesque terrée au centre d’Atys. Jena serait… une usurpatrice.
+
:''"An interesting, if very heretical, vision. Fortunately for you, the Sages of Zoran are quite far from Fyre. I would simply reply that there are some tribes in the Jungle with pagan beliefs, as there probably are in the Desert. In that, your invention is coherent."
  
— Une vision intéressante, quoique très hérétique. Heureusement pour toi, les Sages de Zoran se situent bien loin de Fyre. Je te répondrai simplement qu’il existe dans la Jungle quelques tribus aux croyances païennes, comme cela est probablement le cas dans le Désert. En ça, ton invention est cohérente. »
+
Belenor's face lit up. This simple comment was of great importance to him. The Zorai continued.
  
Le visage de Bélénor s’illumina. Ce simple commentaire revêtait pour lui une grande importance. La Zoraï continua.
+
:''"I assume that the tribe you have imagined has some cultural particularities related to this heretical belief?"
  
« Je présume que la tribu que tu as imaginée possède des particularités culturelles, en lien avec cette croyance hérétique ?
+
:''"Yes, absolutely!" said Belenor, now very enthusiastic. I tried to respect as much as possible what I knew about the culture of your people, while inventing some things. For example, I know that the Zorai sometimes paint their masks. I imagined that this tribe did not use paint, but tattoos."
  
— Oui, tout à fait ! répondit Bélénor, dorénavant très enthousiaste. J’ai essayé de respecter au mieux ce que je savais de la culture de votre peuple, tout en inventant certaines choses. Par exemple, je sais que les Zoraï peignent parfois leurs masques. J’ai imaginé que cette tribu n’utilisait pas de peinture, mais des tatouages.
+
:''"Tattoos?! How horrible. To voluntarily injure your mask is a serious offense to the Kamis. Not to mention the terrible pain involved…"
  
— Des tatouages ?! Quelle horreur. Blesser volontairement son masque est une grave offense aux Kamis. Sans compter la terrible douleur associée…
+
:''"Yes, I am fully aware of that. But this tribe is said to practice unusual heretical rites, most of them very painful. Each tattoo added on the mask would be for example an honorary rite of passage. The ultimate honor would be represented by a full tattoo, that of the tribe's chief, the Black Mask."
  
— Oui, j’en ai totalement conscience. Mais cette tribu pratiquerait justement des rites hérétiques hors norme, pour la plupart très douloureux. Chaque tatouage ajouté sur le masque serait par exemple un rite de passage honorifique. L’honneur ultime serait représenté par un tatouage intégral, celui du chef de la tribu, le Masque Noir.
+
Brandille's stool toppled over and Belenor narrowly avoided his friend's fall. The Zorai had abruptly stood up, for no apparent reason, and was now walking towards the exit with a determined step. Brandille, now standing on the rickety seat, raised her voice.
  
Le tabouret de Brandille bascula et Bélénor soutint son amie de justesse. La Zoraï s’était brusquement levée, sans raison apparente, et se dirigeait désormais vers la sortie d’un pas résolu. Brandille, à présent debout sur le siège branlant, haussa le ton.
+
:''"Hey! But don't you feel well?! What comes over you? I…"
« Hé ! Mais ça ne va pas ?! Qu’est ce qui vous prend ? Je… »
 
  
— Non Brandille. C’est bon. Laisse-là, s’il te plaît, l’interrompit Bélénor en lui attrapant la main. »
+
:''"No, Brandille. It's okay. Leave her alone, please"'' Belenor interrupted her, grabbing her hand.
  
L’équilibriste, qui s’apprêtait à renchérir, jeta un coup d'œil à son ami. Il était livide. Si Bélénor comprenait la colère de Brandille, lui seul avait pu apercevoir le regard de la Zoraï derrière les interstices de son masque. Alors qu’il faisait mention du Masque Noir, ses yeux s’étaient remplis de peur. Et s’il ne comprenait pas le pourquoi d’une telle réaction, sa plus grande interrogation n’était pas là. Car à cet instant précis, la main serrée autour du poignet de Brandille, Bélénor désirait une seule et unique chose : ne pas se confronter davantage à son interlocutrice. Il était pris d’un désir inhabituel et dérangeant. Celui de ne pas vouloir en savoir plus. Celui d’oublier, à tout jamais, cet étrange et angoissant moment, et tout son potentiel de signification. Par chance, ses camarades lui donnèrent l’occasion de passer à autre chose : Xynala venait de se lever brusquement, renversant au passage les pintes que Bénélor et Brandille avaient oubliées, et s’était précipitée vers la sortie tête baissée. Autour de la table, seuls Varran et Garius semblaient se préoccuper du départ brutal de leur amie. Melkiar et Tisse, quant à eux, étaient trop occupés à s’embrasser. Sans attendre, Bélénor s’élança en direction de la porte. Il était suivi de près par Brandille et par l’ombre de ses doutes.
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The equilibrist, who was about to insist, glanced at her friend. He was livid. If Belenor understood Brandille's anger, only he could have catched the Zorai's gaze behind the gaps in her mask. As he mentioned the Black Mask, her eyes had filled with fear. And if he did not understand the reason for such a reaction, his biggest concern was not there. Because at this precise moment, hand tightened around the wrist of Brandille, Belenor wished only one thing: not to confront itself more with his interlocutor. He was taken of an unusual and disturbing desire. That of not wanting to know more. That of forgetting, forever, this strange and anguishing moment, and all its potential of meaning. By chance, his comrades gave him the opportunity to pass to another thing: Xynala had just risen abruptly, overturning the pints that Belenor and Brandille had forgotten, and had rushed towards the exit head down. Around the table, only Varran and Garius seemed to care about their friend's sudden departure. Melkiar and Tisse as for them were too busy kissing. Without waiting, Belenor dashed for the door. He was followed closely by Brandille and the shadow of his doubts.
 
{{Couillard}}
 
{{Couillard}}
Malgré la densité de la foule, Bélénor réussit à ne pas perdre de vue Xynala. Pour autant, il du attendre qu’ils s’éloignent des lieux de vie pour parvenir à la rattraper. Lorsqu’il arriva finalement à son niveau, à l’intersection d’une petite ruelle calme et isolée, Xynala se retourna instantanément et se jeta dans ses bras. Elle était en pleurs. À l’écart, Brandille s’assit sur un banc creusé dans une paroi d’écorce et observa ses deux amis.
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In spite of the density of the crowd, Belenor managed not to lose sight of Xynala. However, he had to wait for them to move away from the living areas to catch up with her. When he finally arrived at her level, at the intersection of a small, quiet and isolated alley, Xynala instantly turned around and threw herself into his arms. She was in tears. At a distance, Brandille sat down on a bench carved into a bark wall and watched her two friends.
  
« Bé… Bélénor… comment fais-tu ? Tu… Tu sembles si serein… Alors que moi… Moi, je n’y arrive plus. Je pensais que ces quelques mois d’absence me permettraient de changer ma manière de le regarder, mais… mais non. C’est même l’inverse, je… je l’aime plus que jamais. Et puis Tisse… Je… Je déteste ressentir toute cette animosité, cette… cette jalousie. J'aimerais tellement passer à autre chose Bélénor. Et j’ai si peur de jamais réussir… Aide-moi, je t’en prie ! »
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:''"Be… Belenor… how are you doing? You… You seem so serene… Whereas I… I can't do it anymore. I thought that these few months of absence would allow me to change my way of looking at him, but… but no. It's even the opposite, I… I love him more than ever. And then Tisse… I… I hate feeling all this animosity, this… this jealousy. I would so much like to move on, Belenor. And I'm so afraid I'll never make it… Help me, please!"
  
Bélénor serra fort Xynala contre lui. Il pouvait sentir le contour de ses muscles au travers de ses vêtements. Il n’aurait jamais cru voir un jour son amie dans un tel état de détresse. Elle qui était d’ordinaire si forte. Si déterminée. Si combative. Une bouffée d’émotion le submergea et il sentit les larmes monter. Non. Il ne devait pas laisser ses émotions prendre le dessus. Pas maintenant. Ce n’est pas de ça dont Xynala avait besoin.
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Belenor held Xynala tightly against him. He could feel the outline of her muscles through her clothes. He never thought he would see his friend in such a state of distress. She was usually so strong. So determined. So combative. A rush of emotion overwhelmed him and he felt the tears welling up. No. He shouldn't let his emotions get the better of him. Not now. That was not what Xynala needed.
  
« Je comprends totalement ce que tu ressens Xynala, crois-moi. Et si je te semble si serein vis à vis de Melkiar et Tisse, c’est simplement qu’à l’inverse de toi, j’ai toujours su que je n’avais aucune chance. Melkiar aime les femmes. J’aime les hommes. Aussi cruelle soit cette réalité, elle a eu le mérite de m’empêcher d’espérer.
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"I totally understand how you feel Xynala, believe me. And if I seem so serene about Melkiar and Tisse, it's simply because, unlike you, I always knew I had no chance. Melkiar likes hominas. I like homins. As cruel as this reality is, it had the merit of preventing me from hoping.
  
— Je suis désolé pour toi Bélénor… Je n’ai pas été assez présente lorsque tu allais mal.
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:''"I'm sorry for you Belenor… I havn't been there enough when you weren't well."
  
— Ne t’excuses pas Xynala ! Je vais bien désormais, et notamment grâce à vous. Maintenant, je veux que tu saches que je suis là pour toi. Aussi, je veux que tu comprennes que ce que tu ressens aujourd’hui passera, tôt ou tard.
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:''"Don't apologize Xynala! I am fine now, thanks to you all. Now I want you to know that I am here for you. So, I want you to understand that what you are feeling today will pass, sooner or later."
  
— Comment peux-tu en être certain ? questionna Xynala entre deux sanglots.
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:''"How can you be sure of that?"'' asked Xynala between sobs.
  
— Car tout passe, Xynala. La douleur et les épisodes compliqués. L’amour et les bons moments. »
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:''"Because everything passes, Xynala. The pain and the complicated episodes. The love and the good times."
  
À ces mots, Xynala resserra son emprise.
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At these words, Xynala tightened her grip.
  
« Non Bélénor, l’amitié qui nous unit toutes et tous est éternelle, je le sais. Nous formons une grande famille.
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:''"No, Belenor, the friendship that unites us all is eternal, I know that. We are one big family."
  
— Je ne crois pas Xynala, répondit le Fyros en lui caressant tendrement les cheveux. Un jour, nous ne serons plus amis, c’est une certitude. Les potentielles raisons sont nombreuses : divergences idéologiques, lassitude, éloignement géographique, ou tout simplement la mort. Tout passe Xynala. Tout… Désolé, je ne suis pas le meilleur en réconfort. Ce que j’essaie de te dire, c’est simplement que tu iras mieux, bientôt, et quoi qu’il advienne. Ainsi va la vie. Ainsi va le temps. »
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:''"I don't think so Xynala."'' the Fyros replied, stroking her hair tenderly. ''"One day, we won't be friends anymore, that's a certainty. The potential reasons are numerous: ideological differences, weariness, physical distance, or simply death. Everything passes Xynala. Everything… Sorry, I'm not the best at comforting. What I'm trying to tell you is simply that you'll get better, soon, and whatever happens. Such is life. So goes the time."
  
La Fyros desserra son étreinte et se redressa. Si ses yeux étaient toujours embués de larmes, son accès de tristesse semblait être passé.
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The Fyrossa loosened her embrace and straightened up. Her eyes were still misty with tears, but her bout of sadness seemed to have passed.
  
« Tu crois que toi et moi tomberons un jour amoureux d’un homin qui ressentira la même chose pour nous ?
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:''"Do you think you and I will ever fall in love with a homin who will feel the same way about us?"
  
— Oui, j’en suis quasiment certain. Toi et moi vivrons l’amour. Un amour tout aussi transitoire que le reste.
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:''"Yes, I am almost certain of it. You and I will live love. A love just as transitory as everything else."
  
— Comment peux-tu rester aussi pragmatique, Bélénor ? répondit la Fyros en se frottant les yeux.
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:''"How can you remain so pragmatic, Belenor?"'' the Fyros replied, rubbing her eyes.
  
— C’est Brandille. À force de traîner avec elle, je vois le monde avec philosophie, répliqua-t-il sur un ton ironique.
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:''"It's Brandille. By dint of hanging out with her, I see the world philosophically."'' he replied in an ironic tone.
  
— D’ailleurs, où est-il ? »
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:''"Besides, where is he?"
  
Bélénor se retourna. Brandille avait en effet disparu.
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Belenor turned around. Brandille had indeed disappeared.
  
« Je ne sais pas. Je te l’ai dit, tout passe Xynala. Tout. Même Brandille. Ou plutôt, surtout Brandille. Car Brandille est la définition même du changement. De la vitalité. Tu ne crois pas ? »
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:''"I don't know. I told you, everything passes, Xynala. Everything. Even Brandille. Or rather, especially Brandille. Because Brandille is the very definition of change. Of vitality. Don't you think?"
  
Pour toute réponse, Xynala sourit et embrassa Bélénor sur la joue. Elle l’attrapa par la main et tous deux repartirent en direction de la taverne. Elle allait mieux. Bélénor sourit à son tour. Finalement, il n’était pas si mauvais que ça en réconfort.}}
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For all answer, Xynala smiled and kissed Belenor on the cheek. She took him by the hand and they both headed back to the tavern. She was feeling better. Belenor smiled back. Finally, he wasn't that bad at comforting.
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Текущая версия на 16:38, 29 мая 2022

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