Внутреннее тестирование Вики/III — различия между версиями

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{{NavChap|[[Chapitre II - Fraternité]]|[[Chroniques de la Première Croisade#Table des matières|Table des matières]]|[[Chapitre IV - Exil sylvestre]]}}
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|DE=<!--Kapitel III - Sterben um wiedergeboren -->
 
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Le jeune Zoraï s’extirpa de son cauchemar. Il s’était redressé et sa mère le tenait par les épaules. S’il combattait régulièrement un varinx noir en rêve, il n’avait jusqu’alors jamais perdu le duel. Recouvert de sueur, il porta instinctivement sa main à son front. Une petite excroissance rigide était en train de lui perforer le crâne. Sa graine de vie était sur le point de pousser. Si tous les homins en possédaient une, enfouie dans leur crâne, seule celle des Zoraïs était vouée à croître ainsi, jusqu'à leur couvrir le visage du masque qui marquait leur passage à l'âge adulte. Pü, âgé de onze ans seulement, se révélait donc être un enfant extrêmement précoce, et à son grand regret, plus encore que son frère. En secret, il avait longtemps prié les Kamis, espérant n’obtenir son masque qu’après ses douze ans, âge auquel celui de Niï avait poussé. Il ne voulait pas attirer la lumière sur lui, et encore moins fragiliser encore la relation fraternelle. Car Pü mesurait combien s'était déjà dégradée cette relation depuis que, voici quatre ans, il avait arraché sa clochette à son aîné alors à peine âgé de sept ans. De ce jour, en effet, Niï se mit à le délaisser et à passer de plus en plus de temps à s'entraîner avec leur père. Auparavant modéré, il s’était aussi progressivement radicalisé, marchant sur les traces du Masque Noir. Ainsi n'était-il plus question pour lui de convertir les mécréants : l'exécution sacrificielle seule pouvait leur faire expier leurs péchés.
 
Le jeune Zoraï s’extirpa de son cauchemar. Il s’était redressé et sa mère le tenait par les épaules. S’il combattait régulièrement un varinx noir en rêve, il n’avait jusqu’alors jamais perdu le duel. Recouvert de sueur, il porta instinctivement sa main à son front. Une petite excroissance rigide était en train de lui perforer le crâne. Sa graine de vie était sur le point de pousser. Si tous les homins en possédaient une, enfouie dans leur crâne, seule celle des Zoraïs était vouée à croître ainsi, jusqu'à leur couvrir le visage du masque qui marquait leur passage à l'âge adulte. Pü, âgé de onze ans seulement, se révélait donc être un enfant extrêmement précoce, et à son grand regret, plus encore que son frère. En secret, il avait longtemps prié les Kamis, espérant n’obtenir son masque qu’après ses douze ans, âge auquel celui de Niï avait poussé. Il ne voulait pas attirer la lumière sur lui, et encore moins fragiliser encore la relation fraternelle. Car Pü mesurait combien s'était déjà dégradée cette relation depuis que, voici quatre ans, il avait arraché sa clochette à son aîné alors à peine âgé de sept ans. De ce jour, en effet, Niï se mit à le délaisser et à passer de plus en plus de temps à s'entraîner avec leur père. Auparavant modéré, il s’était aussi progressivement radicalisé, marchant sur les traces du Masque Noir. Ainsi n'était-il plus question pour lui de convertir les mécréants : l'exécution sacrificielle seule pouvait leur faire expier leurs péchés.
  
Mais que l’enfant, en passe de devenir adulte, pouvait-il faire contre ça ? Si les Kamis avaient désiré que son masque pousse un an avant celui de son frère, alors il devait en être ainsi. D’ailleurs, c'aurait été mentir que de prétendre qu’il n’attendait pas lui-même ce jour avec grande impatience : Pü avait toujours eu hâte de grandir. Néanmoins, la douleur qui lui fendait actuellement la boîte crânienne était bien plus terrible que ce à quoi il s’attendait. Assez pour lui faire regretter d'avoir tant désiré ce moment. L'enfant repoussa sa mère et se leva en hâte. Chancelant, il s’aida du mur pour atteindre le rideau de sa chambre et rejoindre la pièce centrale. Son père et son frère, déjà réveillés, étaient en train de revêtir leur tenue cérémonielle. Pü lut dans leurs yeux la confiance qu’ils lui portaient. Il devait faire face, comme eux l’avaient fait en leur temps. Pourtant, et il le ressentait à nouveau en regardant le masque noir de son père, jamais il ne serait à ses yeux l’égal de son premier fils. Il était voué à grandir dans l’ombre de son frère, ce qui lui convenait d’ailleurs totalement. Pü savait le mérite qu’il y avait à occuper la position de second, et jamais il n’avait envié son aîné. Le futur rôle qu’il aurait à jouer auprès de lui était fondamental. Oui, il deviendrait l’Ombre du futur Masque Noir, et il devait en être fier. Car tout comme le silence n’a d’existence que face au bruit, la lumière n’est rien sans l’ombre. Pü fixa quelques secondes le masque tatoué de Niï. Se concentrant sur cette idée pour chasser la douleur, il essaya de régler sa démarche. Malheureusement, il fut traversé par un déchirement suraigu, s’écroula sur la table familiale et glissa sur le sol dur.
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Mais que l’enfant, en passe de devenir adulte, pouvait-il faire contre ça ? Si les Kamis avaient désiré que son masque pousse un an avant celui de son frère, alors il devait en être ainsi. D’ailleurs, ç'aurait été mentir que de prétendre qu’il n’attendait pas lui-même ce jour avec grande impatience : Pü avait toujours eu hâte de grandir. Néanmoins, la douleur qui lui fendait actuellement la boîte crânienne était bien plus terrible que ce à quoi il s’attendait. Assez pour lui faire regretter d'avoir tant désiré ce moment. L'enfant repoussa sa mère et se leva en hâte. Chancelant, il s’aida du mur pour atteindre le rideau de sa chambre et rejoindre la pièce centrale. Son père et son frère, déjà réveillés, étaient en train de revêtir leur tenue cérémonielle. Pü lut dans leurs yeux la confiance qu’ils lui portaient. Il devait faire face, comme eux l’avaient fait en leur temps. Pourtant, et il le ressentait à nouveau en regardant le masque noir de son père, jamais il ne serait à ses yeux l’égal de son premier fils. Il était voué à grandir dans l’ombre de son frère, ce qui lui convenait d’ailleurs totalement. Pü savait le mérite qu’il y avait à occuper la position de second, et jamais il n’avait envié son aîné. Le futur rôle qu’il aurait à jouer auprès de lui était fondamental. Oui, il deviendrait l’Ombre du futur Masque Noir, et il devait en être fier. Car tout comme le silence n’a d’existence que face au bruit, la lumière n’est rien sans l’ombre. Pü fixa quelques secondes le masque tatoué de Niï. Se concentrant sur cette idée pour chasser la douleur, il essaya de régler sa démarche. Malheureusement, il fut traversé par un déchirement suraigu, s’écroula sur la table familiale et glissa sur le sol dur.
  
 
« Niï, relève ton frère ! cria sa mère, avant que son mari ne l'interrompe.
 
« Niï, relève ton frère ! cria sa mère, avant que son mari ne l'interrompe.
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— Ne fais rien Niï. Pü doit réussir l’épreuve seul, et tu le sais mieux que quiconque Looï. Aucune aide, même minime, ne doit lui être apportée. »
 
— Ne fais rien Niï. Pü doit réussir l’épreuve seul, et tu le sais mieux que quiconque Looï. Aucune aide, même minime, ne doit lui être apportée. »
  
Sa femme s’apprêtait à répliquer lorsque le jeune Zoraï se releva.
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Son épouse s’apprêtait à répliquer lorsque le jeune Zoraï se releva.
  
 
« Père a raison, je dois y arriver seul. Ayez tous foi en moi, je saurai faire honneur à notre nom. »
 
« Père a raison, je dois y arriver seul. Ayez tous foi en moi, je saurai faire honneur à notre nom. »
  
Pü prononça ces quelques mots en serrant les dents, plissant les yeux pour réussir à se maîtriser. Il sortit de la hutte sans regarder sa famille et ramassa sur le sol la bassine sacrée qui, chaque soir, était vidée et remplie de son eau dans l’attente du grand moment. Se déshabillant entièrement, il s’agenouilla et versa le contenu du récipient sur sa tête, comme le voulait la tradition. En temps normal, '''la morsure de l’eau glacée''' lui aurait probablement paru douloureuse. Mais alors que la brûlure de la pousse lui meurtrissait le visage, la sensation du liquide glacial fut presque salvatrice. Nu comme un nouveau-né et lavé de ses impuretés, il était désormais prêt à renaître durant le rituel. Mais fallait-il encore qu’il survive jusque-là. Toujours agenouillé, le jeune Zoraï ouvrit le petit coffre posé près de la bassine désormais vide. Celui-ci contenait deux outils indispensables à la cérémonie de la pousse : une dague cérémonielle et un bâton-sifflet. Pu mit le bâton-sifflet dans sa bouche et se releva péniblement. Enfin, dague à la main, il prit la direction du lieu le plus profond du village : la Place du Cérémonial.
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Pü prononça ces quelques mots en serrant les dents, plissant les yeux pour réussir à se maîtriser. Il sortit de la hutte sans regarder sa famille et ramassa sur le sol la bassine sacrée qui, chaque soir, était vidée et remplie de son eau dans l’attente du grand moment. Se déshabillant entièrement, il s’agenouilla et versa le contenu du récipient sur sa tête, comme le voulait la tradition. En temps normal, '''la morsure de l’eau glacée''' lui aurait probablement paru douloureuse. Mais alors que la brûlure de la pousse lui meurtrissait le visage, la sensation du liquide glacial fut presque salvatrice. Nu comme un nouveau-né et lavé de ses impuretés, il était désormais prêt à renaître durant le rituel. Mais fallait-il encore qu’il survive jusque-là. Toujours agenouillé, le jeune Zoraï ouvrit le petit coffre posé près de la bassine désormais vide. Celui-ci contenait deux outils indispensables à la cérémonie de la pousse : une dague cérémonielle et un bâton-sifflet. mit le bâton-sifflet dans sa bouche et se releva péniblement. Enfin, dague à la main, il prit la direction du lieu le plus profond du village : la Place du Cérémonial.
  
 
À chacune des expirations de l’enfant, le sifflet émettait un chant mélodieux et étrangement évanescent, que tout le monde connaissait au sein de la souche. Les bâtons-sifflets étaient des objets sacrés, taillés dans les fémurs d’ancêtres de la tribu. Leur chant permettait aux villageois de savoir que l’un des leurs était en train de passer à l’âge adulte, mais aussi d’entrer en communication avec les Kamis, qui semblaient être capables de l’entendre en tout lieu. De manière plus pratique, le sifflet empêchait aussi le masque naissant de recouvrir la bouche du Zoraï, voire de s’infiltrer à l’intérieur de celle-ci, au risque de le tuer. S’aidant des murs et des barrières pour progresser, Pü avançait laborieusement, son affliction l’empêchant de contrôler parfaitement ses pas, entre les lattes mouvantes des ponts suspendus et les allées tortueuses. Heureusement, il connaissait tous les recoins du village, et savait éviter instinctivement les racines qui s’entremêlaient parfois sous ses pieds. Il aurait pu s’y déplacer les yeux fermés, guidé par les dénivelés, l’odeur caractéristique de chacune des huttes, les cris nocturnes des izams installés dans les niches végétales du plafond d’écorce, et l’écho envoûtant venu des puits d’abîme qui s’enfonçaient sous l’écorce. S’il chérissait habituellement les promenades nocturnes, la traversée lui semblait aujourd’hui infiniment longue, ponctuée d’impulsions de douleur qui partaient de son crâne et fendaient tout son être. L’une d’entre elles fut particulièrement déchirante. Ses jambes l’abandonnèrent au moment où il empruntait un escalier creusé qui menait à un palier intermédiaire du village. Il dévala une grande pente, arrachant quelques racines au passage, et s’écrasa sur le sol. Dans sa chute, la dague et le bâton-sifflet lui échappèrent pour voltiger à quelques mètres de lui. Affalé sur le froid tapis de lichens, il crut sa tête exploser, et mit un poing dans sa bouche débarrassée du sifflet pour étouffer ses hurlements. Par chance, il était encore seul, et personne n’était en mesure de découvrir l’état pitoyable dans lequel il se trouvait.
 
À chacune des expirations de l’enfant, le sifflet émettait un chant mélodieux et étrangement évanescent, que tout le monde connaissait au sein de la souche. Les bâtons-sifflets étaient des objets sacrés, taillés dans les fémurs d’ancêtres de la tribu. Leur chant permettait aux villageois de savoir que l’un des leurs était en train de passer à l’âge adulte, mais aussi d’entrer en communication avec les Kamis, qui semblaient être capables de l’entendre en tout lieu. De manière plus pratique, le sifflet empêchait aussi le masque naissant de recouvrir la bouche du Zoraï, voire de s’infiltrer à l’intérieur de celle-ci, au risque de le tuer. S’aidant des murs et des barrières pour progresser, Pü avançait laborieusement, son affliction l’empêchant de contrôler parfaitement ses pas, entre les lattes mouvantes des ponts suspendus et les allées tortueuses. Heureusement, il connaissait tous les recoins du village, et savait éviter instinctivement les racines qui s’entremêlaient parfois sous ses pieds. Il aurait pu s’y déplacer les yeux fermés, guidé par les dénivelés, l’odeur caractéristique de chacune des huttes, les cris nocturnes des izams installés dans les niches végétales du plafond d’écorce, et l’écho envoûtant venu des puits d’abîme qui s’enfonçaient sous l’écorce. S’il chérissait habituellement les promenades nocturnes, la traversée lui semblait aujourd’hui infiniment longue, ponctuée d’impulsions de douleur qui partaient de son crâne et fendaient tout son être. L’une d’entre elles fut particulièrement déchirante. Ses jambes l’abandonnèrent au moment où il empruntait un escalier creusé qui menait à un palier intermédiaire du village. Il dévala une grande pente, arrachant quelques racines au passage, et s’écrasa sur le sol. Dans sa chute, la dague et le bâton-sifflet lui échappèrent pour voltiger à quelques mètres de lui. Affalé sur le froid tapis de lichens, il crut sa tête exploser, et mit un poing dans sa bouche débarrassée du sifflet pour étouffer ses hurlements. Par chance, il était encore seul, et personne n’était en mesure de découvrir l’état pitoyable dans lequel il se trouvait.
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« Oui, je le souhaite.
 
« Oui, je le souhaite.
  
— Alors accepte ton nouvel équipement, lui répondit sa mère. »
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— Alors accepte ton nouvel équipement », lui répondit sa mère.
  
 
L’oncle Ke’val vint poser à ses pieds une armure de paille tressée de bois souple, qu’il enfila aussitôt. Il lui donna aussi une besace, une armure de bois souple, un petit bouclier solide, une épée courte et une dague finement ciselées, ainsi qu’une belle paire d’amplificateurs de magie, semblables à de larges gants ornementés. Par essence, et comme toutes choses issues d’Atys, les homins étaient constitués de particules spirituelles, et irrigués d’une énergie primordiale nommée Sève. Chaque homin était aussi capable, instinctivement, d’imprimer sa volonté à la Sève qui l’irriguait, afin de manipuler les particules spirituelles qui le constituaient, ou celles de l’environnement. Ainsi, il pouvait en modifier l’aspect, la nature, ou le comportement. Là était la magie. Malheureusement, cela requérait un haut degré de maîtrise et consommait beaucoup d’énergie vitale. Les amplificateurs, de par leur composition en éléments conducteurs et catalyseurs de Sève, furent inventés afin de pallier la limitation homine, et ainsi de pratiquer la magie plus largement. Pü fixa un instant le présent qu'on lui faisait, puis reporta son regard sur le masque de son oncle. Il y lut de la fierté. Un an auparavant, Shengi, son propre fils, n’avait pas réussi l’épreuve de la pousse du masque. Le voyant fou de douleur, Grand-Mère Bä-Bä avait dû intervenir et interrompre la cérémonie. Par cet échec, son cousin s’était interdit un futur glorieux. Pü fut particulièrement triste d’apprendre sa mystérieuse disparition quelque temps après. Avait-il fui ? Quelqu’un s’était-il débarrassé de lui ? La réponse à ces questions restait taboue. Chassant ces pénibles pensées de son esprit, il s'équipa rapidement en silence, puis porta à nouveau le regard sur sa mère.
 
L’oncle Ke’val vint poser à ses pieds une armure de paille tressée de bois souple, qu’il enfila aussitôt. Il lui donna aussi une besace, une armure de bois souple, un petit bouclier solide, une épée courte et une dague finement ciselées, ainsi qu’une belle paire d’amplificateurs de magie, semblables à de larges gants ornementés. Par essence, et comme toutes choses issues d’Atys, les homins étaient constitués de particules spirituelles, et irrigués d’une énergie primordiale nommée Sève. Chaque homin était aussi capable, instinctivement, d’imprimer sa volonté à la Sève qui l’irriguait, afin de manipuler les particules spirituelles qui le constituaient, ou celles de l’environnement. Ainsi, il pouvait en modifier l’aspect, la nature, ou le comportement. Là était la magie. Malheureusement, cela requérait un haut degré de maîtrise et consommait beaucoup d’énergie vitale. Les amplificateurs, de par leur composition en éléments conducteurs et catalyseurs de Sève, furent inventés afin de pallier la limitation homine, et ainsi de pratiquer la magie plus largement. Pü fixa un instant le présent qu'on lui faisait, puis reporta son regard sur le masque de son oncle. Il y lut de la fierté. Un an auparavant, Shengi, son propre fils, n’avait pas réussi l’épreuve de la pousse du masque. Le voyant fou de douleur, Grand-Mère Bä-Bä avait dû intervenir et interrompre la cérémonie. Par cet échec, son cousin s’était interdit un futur glorieux. Pü fut particulièrement triste d’apprendre sa mystérieuse disparition quelque temps après. Avait-il fui ? Quelqu’un s’était-il débarrassé de lui ? La réponse à ces questions restait taboue. Chassant ces pénibles pensées de son esprit, il s'équipa rapidement en silence, puis porta à nouveau le regard sur sa mère.
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Incapable de résister, Pü entama un mouvement d’étreinte. Il devait enlacer sa mère. Mais, surgissant de nulle part, son père s’interposa en lui attrapant le poignet.
 
Incapable de résister, Pü entama un mouvement d’étreinte. Il devait enlacer sa mère. Mais, surgissant de nulle part, son père s’interposa en lui attrapant le poignet.
  
« C’est une mauvaise idée Pü. Le réconfort de ta mère ne t’apaisera pas. Tu dois surmonter seul ces épreuves, dit-il sèchement, avant de se faire interrompre sévèrement par sa femme.
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« C’est une mauvaise idée Pü. Le réconfort de ta mère ne t’apaisera pas. Tu dois surmonter seul ces épreuves, dit-il sèchement, avant de se faire interrompre sévèrement par son épouse.
  
 
— Sang Fu-Tao ! Le jour où tu réussiras à m’empêcher d’enlacer l’un de mes fils n’est pas encore arrivé ! Alors écarte-toi ! »
 
— Sang Fu-Tao ! Le jour où tu réussiras à m’empêcher d’enlacer l’un de mes fils n’est pas encore arrivé ! Alors écarte-toi ! »
Строка 92: Строка 92:
 
Secoué par ces nouvelles sensations, ses paroles, et surtout l’atroce idée de l’abandonner si longtemps, Pü desserra son emprise et s’élança sans un mot vers l’une des échelles de la grande place. Il croisa le regard de plusieurs villageois, dont celui de son frère. Curieusement, il ne réussit pas à le déchiffrer. Il semblait étrangement vide. Pü gravit en toute hâte les différents niveaux de la cité sans jamais se retourner : s’il croisait à nouveau le visage de sa mère, il risquait de ne pas réussir à partir. Finalement, il franchit la grande et inquiétante brèche déchirée qui servait d’entrée au village et passa l’orée de la jungle. Oubliant pour la première fois sa souffrance physique, il fonçait sans s’arrêter, éclairé au travers de la cime des grands arbres par la lumière de l'astre maudit de Jena. Il ne savait même pas où il se dirigeait, bouleversé qu'il était par ce dernier moment passé avec sa mère. Arrivant au bout de ses limites, il s’écroula sur le sol feuillu et humide et se mit à hurler de douleur. Son père savait. Ce moment de tendresse privilégié était une mauvaise idée, il avait eu raison. La douleur, ce n’était pas son masque, c’était son cœur.
 
Secoué par ces nouvelles sensations, ses paroles, et surtout l’atroce idée de l’abandonner si longtemps, Pü desserra son emprise et s’élança sans un mot vers l’une des échelles de la grande place. Il croisa le regard de plusieurs villageois, dont celui de son frère. Curieusement, il ne réussit pas à le déchiffrer. Il semblait étrangement vide. Pü gravit en toute hâte les différents niveaux de la cité sans jamais se retourner : s’il croisait à nouveau le visage de sa mère, il risquait de ne pas réussir à partir. Finalement, il franchit la grande et inquiétante brèche déchirée qui servait d’entrée au village et passa l’orée de la jungle. Oubliant pour la première fois sa souffrance physique, il fonçait sans s’arrêter, éclairé au travers de la cime des grands arbres par la lumière de l'astre maudit de Jena. Il ne savait même pas où il se dirigeait, bouleversé qu'il était par ce dernier moment passé avec sa mère. Arrivant au bout de ses limites, il s’écroula sur le sol feuillu et humide et se mit à hurler de douleur. Son père savait. Ce moment de tendresse privilégié était une mauvaise idée, il avait eu raison. La douleur, ce n’était pas son masque, c’était son cœur.
 
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{{NavChap|[[Chapitre II - Fraternité]]|[[Chroniques de la Première Croisade#Table des matières|Table des matières]]|[[Chapitre IV - Exil sylvestre]]}}
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[[Catégorie:La Guerre Sacrée]]
[[Catégorie:Chroniques de la Première Croisade‎]]
 
 
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