Внутреннее тестирование Вики/E-XIV — различия между версиями

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{{NavChap|[[Chapter XIII - The Desert of a Hundred Perils]]|[[Chronicles of the First Crusade#Table of contents|Table of contents]]|[[Chapitre XV - Powers]]}}
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<center><span style="color:purple;font-weight:bold"><big><big>'''Jena Year 2475'''</big></big></span></center>
 
<center><span style="color:purple;font-weight:bold"><big><big>'''Jena Year 2475'''</big></big></span></center>
  
<span style=color:red><sub>—————————————</sub><br>'''▼ TO TRANSLATE ▼'''<br><sup>—————————————</sup></span>
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{{Quotation|''Belenor Nebius, narrator''|When Belenor opened his eyelids, he saw only darkness. Where was he? What day were we? And why did his skull hurt so much? Since his nose was clogged he couldn't smell, but the taste of blood on his palate made the Fyros wince. What had happened to him? Spitting to relieve his respiratory tract, he noticed with a few seconds of latency that the bloodied mucus he had just rejected had flown straight towards the dark sky, soiling the sleeves of his suit in the process. For his arms were swinging strangely above his head. Gradually recovering his spirits, Belenor looked at his feet. They were entangled in a root net, through which a brazing light seemed to filter. The Fyros bent forward several times to grab it, but to no avail. The ground refused him. He sighed and spat a second time. Again, the mucus flew over his head. Above, or below? Then memories came back to him. Melkiar's terrified look, the explosion, the shock against the wall of the crevasse, the fall. Frozen with horror, the Fyros looked once  again at his entangled feet. This brazing light was that of the explosion. From the surface. At this revelation, he was taken by a terrible dizziness. Because he was indeed suspended by the feet in the void. If his first reflex was to scream for a long time, Belenor understood at once that it would not be of any help to him. So he tried to grab the net of roots, again and again, without success. If he wanted to get back up, he had to get rid of his gear. All the precious provisions and supplies it contained. He had no choice... Compelled, the Fyros grabbed the straps of his bag and cautiously untied them. And as his ballast dropped, one of his legs unhooked. Screaming once again, Belenor managed in panic to pull himself up enough to grab the net with both hands. He then had only to channel the Sap that was irrigating it to force the thin roots to spread slightly, enough for his small carcass to make its way to the surface of the mesh.
{{Quotation|''Bélénor Nébius, narrateur''|Lorsque Bélénor ouvrit les paupières, il ne vit que les ténèbres. Où était-il ? Quel jour étions-nous ? Et pourquoi avait-il si mal au crâne ? Si son nez pris le privait d'odorat, le goût du sang tapissant son palais faisait grimacer le Fyros. Que lui était-il arrivé ? Crachant pour soulager ses voies respiratoires, il constata avec quelques secondes de latence que la glaire ensanglantée qu’il venait de rejeter s’était envolée droit vers le ciel obscur, salissant au passage les manches de sa combinaison. Car ses bras ballottaient étrangement au-dessus de sa tête. Reprenant peu à peu ses esprits, Bélénor regarda ses pieds. Ils étaient emmêlés dans un filet racinaire, par delà lequel une lumière brasillante semblait filtrer. Le Fyros se pencha plusieurs fois en avant pour le saisir, en vain. Le sol se refusait à lui. Il soupira et cracha une seconde fois. À nouveau, le glaire fila au-dessus de sa tête. Au-dessus, ou en dessous ? Alors, des souvenirs lui revinrent. Le regard terrifié de Melkiar, l’explosion, le choc contre la paroi de la crevasse, la chute. Transi d’horreur, le Fyros regarda derechef ses pieds emmêlés. Cette lumière brasillante, c’était celle de l’explosion. De la surface. À cette révélation, il fut pris d’un terrible vertige. Car il était effectivement suspendu par les pieds dans le vide. Si son premier réflexe fût de hurler longuement, Bélénor comprit aussitôt que cela ne lui serait d’aucune aide. Alors, il essaya d’attraper le filet racinaire, encore et encore, sans succès. S’il voulait remonter, il fallait qu’il se débarrasse de son barda. De toutes les précieuses provisions et fournitures qu’il contenait. Il n’avait pas le choix… Contraint, le Fyros saisit les sangles de son sac et les détacha précautionneusement. Et au moment où son lest tomba, l’une de ses jambes se décrocha. Hurlant une nouvelle fois, Bélénor réussit dans la panique à se redresser suffisamment pour attraper le filet des deux mains. Il n’eut alors qu'à canaliser la Sève qui l’irriguait pour forcer les minces racines à s’écarter légèrement, assez pour que sa petite carcasse puisse se frayer un passage jusqu’à la surface du maillage.
 
  
Le premier réflexe de Bélénor fut de vérifier si l’un de ses camarades avait été aussi chanceux que lui. Son cœur se glaça d’effroi lorsqu’il aperçut les quelques morceaux d’armure encore fumants qui l’entouraient. Alors qu’il vérifiait leur provenance, la terreur laissa aussitôt place au soulagement : toutes appartenaient aux Sauvages qui s’étaient fait sauter… Encore tremblant, le rescapé passa sa main droite sur la plaie qui balafrait son front, la referma d’un coup de doigt et leva la tête. À première vue, il devait se trouver à deux cent mètres sous la surface. Par chance, il avait été projeté par l’onde de choc, et avait chuté à flanc de paroi jusqu’aux terminaisons racinaires d’un arbre des profondeurs. En avait-il été de même pour ses camarades ? Bélénor déglutit et s’avança prudemment jusqu’à la limite du filet, à l’endroit où il pliait sous son poids. Désormais habitué à l’obscurité, il devinait la présence de lueurs au fond de la crevasse. La profondeur lui paraissait tout à fait démesurée. Il espérait donc, tout aussi profondément, que ses camarades étaient parvenus, eux, à s’agripper au bord de la crevasse… Puis, s’imaginant être l’unique survivant, le Fyros sentit le rythme de son cœur s’accélérer et ses larmes monter. Alors que, désorienté, il reculait vers la paroi d'écorce, il trébucha à mi-distance : il s’était pris les pieds dans une étrange racine, qui lui enserrait dorénavant la cheville gauche. Cette même cheville tranchée par un Sauvage embusqué sur le pont racinaire, plus tôt dans la nuit. Cette même racine… constituée de cinq doigts. Alors Bélénor hurla et se débattit comme un fou. Et s’il crut entendre une voix, l’écho de ses cris la masqua totalement. La scène dura de longues secondes, durant lesquelles la main ne lâcha pas prise.
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Belenor's first instinct was to see if any of his comrades had been as lucky as he had. His heart sank with fright as he saw the few pieces of armor still smoking around him. As he checked to see where they came from, terror gave way to relief: they all belonged to the Dune Riders who had been blown up... Still trembling, the survivor ran his right hand over the wound that was gashing his forehead, closed it with a flick of his finger and looked up. At first glance, he must have been two hundred meters below the surface. By chance, he had been thrown by the shock wave, and had fallen down the side of the wall to the root endings of an in depths tree. Had it been the same for his comrades? Belenor swallowed and cautiously walked to the edge of the net, to the place where it was bending under his weight. Now accustomed to the darkness, he was guessing the presence of lights at the bottom of the crevasse. The depth seemed to him quite excessive. He hoped, just as deeply, that his comrades had managed to cling to the edge of the crevasse… Then, imagining himself to be the unique survivor, the Fyros felt his heartbeat quicken and his tears rise. And while, disoriented, he moved back towards the bark wall, he stumbled halfway: he had caught his feet in a strange root, which was now clasping his left ankle. This same ankle cut off by a Rider ambushed on the root bridge earlier in the night. That same root… consisting of five fingers. Then Belenor screamed and struggled like a madman. And if he thought he heard a voice, the echo of his screams totally masked it. The scene lasted for long seconds, during which the hand did not let go.
  
« Bélénor, c’est toi ?
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:''"Belenor, is that you?"
  
— Lâche-moi, lâche-moi !
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:''"Let me go, let me go!"
  
— Bélénor, c’est moi !
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:''"Belenor, it's me!"
  
— Lâche-moi !
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:''"Let go of me!"
  
— Bélénor, c’est Garius ! Calme-toi et aide-moi !
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:''"Belenor, it's Garius! Calm down and help me!"
  
— Lâche-moi, lâche… Ga… Garius ?
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:''"Let go of me, let go... Ga... Garius?"
  
— Mais oui putain, c’est moi ! Aide-moi, je suis coincé ! »
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:''"Yes, damn it, it's me! Help me, I'm stuck!"
  
Immédiatement, la tristesse et la peur laissèrent place à l’euphorie la plus pure. Il n’était plus seul. Tout. Tout sauf la solitude. Usant de sa force et puisant dans la Sève, Bélénor aida son ami à s’extraire de la masse de racines enchevêtrées qui l'emprisonnait, en commençant par ses bras massifs. Sur Atys, la rapidité de croissance de certaines plantes était telle qu’il était parfois risqué de s’endormir trop longtemps en pleine nature. Lorsque le colosse eut repris le contrôle de ses membres supérieurs, il n'eut aucun mal à arracher les racines qui lui ligotaient les jambes. Fébrile, Bélénor ne put se retenir et sauta dans les bras de son ami. Il était si soulagé. Puis, il l’observa des pieds à la tête. La déflagration avait arraché les plaques d’armures de son torse, son casque, et lui avait causé de profondes brûlures au niveau du cou, du visage et du crâne. Durant quelques minutes, les deux Fyros vérifièrent si d’autres des leurs étaient ensevelis dans le filet racinaire, et constatèrent qu’ils étaient bel et bien seuls. Ils retrouvèrent seulement la gigantesque hache de Garius.
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Immediately, sadness and fear moved on to the purest euphoria. He was no longer alone. Everything. Everything but loneliness. Using his strength and drawing on the Sap, Belenor helped his friend to extract himself from the mass of tangled roots that imprisoned him, starting with his massive arms. On Atys, the speed of growth of some plants was such that it was sometimes risky to fall asleep for too long in the middle of nature. When the colossus had regained control of his upper limbs, he had no trouble pulling out the roots that were binding his legs. Feverish, Belenor could not hold back and jumped into his friend's arms. He was so relieved! Then, he observed him from feet to head. The blast had torn the armor plates from his torso, his helmet, and had caused deep burns to his neck, face and skull. For a few minutes, the two Fyros checked to see if others of theirs were buried in the root net, and found that they were well an d truly alone. They only found Garius' gigantic axe.
  
« Il n’y a personne Garius, ça ne sert à rien. Assieds-toi là, je vais te soigner. »
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:''"There's no one Garius, there's no point. Sit down here, I'll take care of you."
Le colosse baissa la tête et obéit. Il triturait le manche de son arme nerveusement. Bélénor, qui n'avait pas perdu ses précieux gants amplificateurs de magie, commença à prodiguer des soins à son ami. D’abord en silence. Et puis, Garius prit la parole :
 
  
« Bélénor, tu penses que…
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The colossus lowered his head and obeyed. He fidgeted with the handle of his weapon nervously. Belenor, who had not lost his precious magic-amplifying gloves, began to give his friend care. Silently at first. Then Garius spoke up:
  
— Garius, ça ne sert à rien.
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:''"Belenor, do you think that..."
  
— Mais, V… Varran. »
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:''"Garius, it's no use."
  
Comprenant l’inquiétude qu’il éprouvait pour son jumeau, Bélénor posa ses deux mains gantées sur les épaules désormais guéries de son ami. Lui-même ne pouvait pas s’empêcher de penser à Brandille.
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:''" But, V... Varran."
  
« Garius, nous n’avons aucune idée de ce qu’il est advenu du reste de l’escouade. Mais si nous avons survécu, alors il y a de l’espoir pour eux aussi. Après tout, nous étions plus proches du groupe de kamikazes. Ils ont logiquement été moins impactés par l’explosion.
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Understanding the concern he was feeling for his twin, Belenor placed both gloved hands on his friend's now healed shoulders. He himself could not help but think of Brandille.
  
— Oui, tu as raison Bélénor, répondit le colosse en hochant la tête d’un air déterminé.
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:''"Garius, we have no idea what happened to the rest of the squad. But if we survived, then there's hope for them too. After all, we were closer to those who blew themselves up. They were logically less affected by the explosion."
  
— Tu vois la faille dans la paroi ? ajouta le soigneur en pointant l’endroit d’où les racines jaillissaient de l’écorce.
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:''"Yes, you're right, Belenor," replied the colossus, nodding his head with a determined look."
  
— Euh, oui ?
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:''"Do you see the fault in the wall?"'' added the healer, pointing to the place where the roots were coming out of the bark.
  
— C’est notre porte de sortie. Ces fines racines sont celles d’un arbre dont le tronc ne se trouve sûrement pas à la surface, mais plutôt dans une caverne voisine. C’est comme si l’arbre essayait d’atteindre l’autre paroi, et de refermer la crevasse, tu vois ? Enfin, bref, Melkiar nous avait dit que les sous-sol de la région étaient particulièrement poreux. D’ailleurs, Fort Kronk est connu pour être connecté à un immense réseau de galeries. Si on a de la chance, il se peut qu’on tombe dessus ! »
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:''"Uh, yeah?"
  
À ces mots, Garius se leva précipitamment. Il débordait d’une nouvelle énergie. D’un pas décidé, il se dirigea vers la paroi de la crevasse.
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:''"That's our way out. These thin roots are from a tree whose trunk is probably not on the surface, but rather in a nearby cavern. It's as if the tree is trying to reach the other wall, and close the crevice, you know? Anyhow, Melkiar had told us that the subsoils in the area were particularly porous. Besides, Fort Kronk is known to be connected to a vast network of galleries. If we're lucky, it may be that we stumble upon it!"
  
« T’es vraiment trop malin Bélénor ! Vas-y, on fait ça. On rentre dans ta caverne, on trouve les galeries, on rejoint les autres et on casse définitivement la gueule au Sauvages ! »
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At these words, Garius stood up hurriedly. He was bursting with new energy. With a determined step, he walked towards the wall of the crevasse.
  
Heureux de voir que son ami avait retrouvé sa détermination, Bélénor se dirigea vers lui.
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:''"You're really too smart Belenor! Let's do it. Let's go into your cavern, find the galleries, join the others andsmash the Riders' faces in for good!"
  
« Il reste pourtant un problème de taille, Garius. »
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Happy to see that his friend had regained his determination, Belenor went towards him.
  
Bras croisés, le colosse se retourna. Et, l'air renfrogné, fixa son ami.
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:''"There remains one size problem, though, Garius."
  
« Vas-y Bélénor, accouche.
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Arms crossed, the colossus turned around. And, with a frown on his face, he stared at his friend.
  
— Je viens de te le dire. On a un problème de taille. Ta taille. Je ne suis pas sûr que tu puisses passer dans la faille. »
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:''"Go ahead, Belenor, come up with it."
Pour toute réponse, le musculeux Fyros montra sa hache à Bélénor. Il ne résista cependant pas à l’ajout d’un commentaire.
 
  
« Pioche ou hache, même combat, Bélénor ! Je suis fils de mineur, aucun obstacle ne me fait peur. Et surtout pas quand il s’agit d’explorer les profondeurs d’Atys. On est pas Fyros pour rien, hein ?! »
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:''"I just told you. We have a size problem. Your size. I'm not sure you can fit through the fault."
  
Et sans plus de formalité, le colosse assena un violent coup de hache au niveau de la craquelure. Un bloc d’écorce et un morceau de racine se séparèrent aussitôt de la paroi, élargissant un peu la faille. Tout sourire, Bélénor s’assit. Garius n’imaginait pas à quel point sa présence était réconfortante.
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For all answer, the muscular Fyros showed his axe to Belenor. He couldn't resist adding a comment, however.
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:''"Pickaxe or axe, same fight, Belenor! I am  miner's son, no obstacle scares me. And especially not when it comes to exploring the depths of the Bark. We're not Fyros for nothing, right?!"
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And without further formality, the colossus struck a violent blow with his axe at the crack. A block of bark and a piece of root immediately separated from the wall, widening the fault a little. Smiling, Belenor sat down. Garius didn't imagine how comforting her presence was.
 
{{Couillard}}
 
{{Couillard}}
Le travail d’excavation s’avéra moins compliqué que prévu : plus les deux Fyros avançaient dans la faille, et plus celle-ci s’élargissait. Après une heure de bûcheronnage, Garius n’eut plus besoin de tailler l’écorce pour réussir à se déplacer à l’intérieur de la paroi. Seules les racines de l’arbre vers lequel ils essayaient de remonter se révélaient parfois difficiles à déplacer. Souvent, ils devaient se contorsionner. Et même si les lanternes que Bélénor avait confectionnées leur permettaient de voir où ils allaient, il n’était pas rare qu’ils se cognent la tête ou se coincent les mains. Et puis finalement, après une longue heure à ramper, Garius en tête, le colosse poussa un cri.
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The excavation work turned out to be less complicated than expected: the further the two Fyros went into the fault, the wider it became. After an hour of lumbering, Garius no longer needed to cut through the bark to move inside the wall. Only the roots of the tree they were trying to reach climbing sometimes turned out difficult to move. Often, they had to contort themselves. And even though the lanterns Belenor had crafted allowed them to see where they were going, it was not uncommon for them to hit their heads or get their hands stuck. And then finally, after a long hour of crawling, with Garius in the lead, the colossus let out a cry.
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:''"Belenor, I see light! There, there's light! Right there! Ah, fucking root, get out! There, Belenor, do you see?"
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:''"I can only see you, Garius!"'' answered Belenor curtly, exasperated. ''"Then move on!"
  
« Bélénor, je vois de la lumière ! , y’a de la lumière ! Juste là ! Ah, putain de racine, barre-toi ! Là, Bélénor, tu vois ?
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:''"Wow, it's too beautiful Belenor! Rrrah, I'm stuck…"
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[[file:Rotoa-L.jpg|right|400px|alt=Some rotoai in the Prime Roots|Some rotoai in the Prime Roots]]
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Garius struggled, involuntarily kicked his friend in the nose, screamed a good deal, and finally managed to extricate himself from the fault, thanks to the pulling out of a few fine roots. Too fast, surely, since Belenor saw him lose his balance and hurtle down a short slope. If the Fyros welcomed without surprise the swearword that his friend uttered, his heart raced when the thud of a large eddy reached his ears. Water? Hastily, and with much more ease than Garius, Belenor escaped from the fault. The beauty of the panorama that was offered to his gaze petrified him with amazement. He had just entered an immense cavern whose bark walls and ceiling, located at about fifty meters from the ground, were studded with amber blocks. Sometimes diaphanous, sometimes reflecting the light produced by the numerous fireflies and bioluminescent plants which populated the depths, the iridescent partitions of this marvelous decoration reminded Belenor of certain sites of excavations which he had been able to visit at the time of his passage to Coriolis. On the other hand, he had never seen plants as beautiful as the gigantic rotoa that stood in the center of the lake into which Garius had fallen. This endemic plant of the Prime Roots, so much celebrated for its beauty, had to measure in the fifteen meters. An impressive specimen, which would have delighted the Matis botanists, whose attraction for the rotoai was well known. Indeed, the rotoa was a plant born from the fusion of roots of different plants, one of which had specialized in the reproduction of the chimeric species, via the conception of flowers with pink, mauve and white tints. Flowers that, seen from here, had to measure in the six meters of circumference. A magnificent plant therefore, but also a precious object of study for the scientists of Atys, for whom the rotoa represented the incarnation of the symbiotic being.
  
— Je ne vois que toi, Garius ! répondit sèchement Bélénor, excédé. Alors avance !
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:''"Belenor, the water is so fresh! It's crazy to think that it's so nice, when only a few kilometers to the east, the caverns are real furnaces! Come on, let's go for a swim!"
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[[file:Lumper.jpg|right|400px|alt=A lumper in the Prime Roots|A lumper in the Prime Roots]]
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The Fyros closed his mouth and walked towards his friend. It was while he was walking that he noticed the fine rain of multicolored pollen that filled the space and contributed to the overall hypnotizing kaleidoscopic effect. So that was the ecosystem of the Prime Roots? When he reached the edge of the pool, he began to unfasten his suit. Then, noticing that a group of four lumpers were cautiously quenching their thirst not far away, he hesitated. These emerald-coated, spine-backed herbivores with four long, powerful, bowed legs posed no threat. On closer inspection, their big, red, fleshy eyes on either side of their heads even hinted at the awe they felt about the two homins. On the other hand, their presence testified to the existence of wild fauna in these caves, some of whose species were probably far more dangerous than the lumpers. Belenor shuddered as he thought of the vorax, lizards endemic to the Prime Roots endowed with spiny backs and gigantic jaws full of razor-sharp teeth. Predators that could, he had been told, grow up to five meters long. He had never met one. And although his curiosity was great, the Fyros wanted to avoid make such a predator's acquaintance as he was taking his bath. So, while filling his gourd, he called out to his friend without delay:
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[[file:Vorax.jpg|right|400px|alt=A vorax in the Prime Roots|A vorax in the Prime Roots]]
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:''"Garius! You should come out. We don't know what creatures inhabit these caverns…"
  
— Wouah, c’est trop beau Bélénor ! Rrrah, je suis coincé…»
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:''"Oh come on, just a quick swim! We've earned it!"
[[file:Rotoa-L.jpg|right|400px|alt=Rotoai dans les Primes Racines|Rotoai dans les Primes Racines]]
 
Garius se débattit, donna involontairement un coup de pied dans le nez de son ami, hurla un bon coup, et finit par s’extirper de la faille, moyennant l’arrachage de quelques fines racines. Trop vite, sûrement, puisque Bélénor le vit perdre l’équilibre et dévaler une courte pente. Si le Fyros accueillit sans surprise le juron que poussa alors son ami, son cœur s’emballa lorsque le bruit sourd d’un grand remous lui parvint aux oreilles. De l’eau ? Hâtivement, et avec bien plus d’aisance que Garius, Bélénor s’échappa de la faille. La beauté du panorama qui s’offrait à son regard le pétrifia de stupeur. Il venait de pénétrer dans une immense caverne dont les parois d’écorce et le plafond, situé à une cinquantaine de mètres du sol, étaient constellées de blocs d’ambre. Tantôt diaphanes, tantôt réfléchissant la lumière produite par les nombreuses lucioles et plantes bioluminescentes qui peuplaient les profondeurs, les cloisons iridescentes de ce décor merveilleux rappela à Bénélor certains sites de fouilles qu’il avait pu visiter lors de son passage à Coriolis. En revanche, jamais il n’avait vu de végétaux aussi beaux que la gigantesque rotoa qui trônait au centre du lac dans lequel Garius était tombé. Cette plante endémique des Primes Racines, tant célébrée pour sa beauté, devait mesurer dans les quinze mètres. Un spécimen impressionnant, qui aurait ravi les botanistes matis, dont chacun connaissait l’attrait pour les rotoai. En effet, la rotoa était une plante née de la fusion de racines de différents végétaux, dont l’un d’entre eux s’était spécialisé dans la reproduction de l’espèce chimérique, via la conception de fleurs aux teintes roses, mauves et blanches. Des fleurs qui, vu d’ici, devaient mesurer dans les six mètres de circonférence. Un plante magnifique donc, mais aussi un objet d’étude précieux pour les scientifiques d’Atys, pour qui la rotoa représentait l’incarnation de l’être symbiotique.
 
  
« Bélénor, l’eau est si fraîche ! C’est fou de se dire qu’il fait si bon, alors qu'à seulement quelques kilomètres à l’est, les cavernes sont de véritables fournaises ! Allez, viens te baigner ! »
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At the same time, a terrifying roar sounded in the distance, and spread in echo until making the water of the pool lap. Immediately, the spiny backs of the lumpers bristled with with a shudder like that of a wind chime. Belenor watched the animals hurriedly leave the watering place, then set his gaze on Garius again.. The colossus looked far less relaxed.
[[file:Lumper.jpg|right|400px|alt=Lumper dans les Primes Racines|Lumper dans les Primes Racines]]
 
Le Fyros ferma la bouche et se dirigea vers son ami. C’est en marchant qu’il remarqua la fine pluie de pollen multicolore qui emplissait l’espace, et qui participait à l’effet kaléidoscopique hypnotisant général. C’était donc ça, l’écosystème des Primes Racines ? Lorsqu’il arriva au bord du bassin, il commença à dégrafer sa combinaison. Et puis, remarquant qu’un groupe de quatre lumpers, en tout point identique à ceux qui peuplaient la surface, étaient en train de se désaltérer prudemment non loin de là, il hésita. Ces herbivores au pelage émeraude, au dos recouvert d’épines, et aux quatre longues et puissantes pattes arquées, ne représentaient pas une menace. À bien y regarder, leurs gros yeux rouges et charnus placés sur les deux côtés de leur tête laissaient même deviner la crainte qu’ils ressentaient vis-à-vis des deux homins. Par contre, leur présence témoignait de l’existence d’une faune sauvage dans ces cavernes, dont certaines espèces étaient probablement bien plus dangereuses que les lumpers. Bélénor frissonna en pensant aux vorax, ces lézards endémiques des Primes Racines pourvus d’un dos épineux et d’une gigantesque mâchoire bardée de dents aussi tranchantes qu’un rasoir. Des prédateurs qui pouvaient, lui avait-on dit, atteindre jusqu'à cinq mètres de long. Il n’en n’avait jamais rencontré. Et bien que sa curiosité soit grande, le Fyros voulait éviter de faire la connaissance d’un tel prédateur alors qu’il prenait son bain. Aussi, tout en remplissant sa gourde, il interpella son ami sans tarder :
 
[[file:Vorax.jpg|right|400px|alt=Vorax dans les Primes Racines|Vorax dans les Primes Racines]]
 
« Garius ! Tu devrais sortir. On ne sait pas quelles créatures peuplent ces cavernes…
 
— Oh allez, rien qu’une petite brasse ! On l’a bien mérité ! »
 
Au même moment, un rugissement terrifiant retentit au loin, et se propagea en écho jusqu’à faire clapoter l'eau du bassin. Aussitôt, le dos épineux des lumpers se hérissa dans un frémissement semblable à celui d’un carillon à vent. Bélénor regarda les animaux quitter le point d’eau en toute hâte, puis porta à nouveau son regard sur Garius. Le colosse paraissait bien moins décontracté.
 
  
« Bon, d’accord, c’est dangereux, je sors. »
+
:''"Well, okay, it's dangerous, I'm going out."
  
Durant les heures qui suivirent, les deux Fyros explorèrent la succession de cavernes qui s’ouvraient à eux. Dès qu’ils le pouvaient, ils se dirigeaient vers l’ouest, et donc en direction de Fort Kronk. S’ils croisèrent quelques groupes de varinx embusqués, ils réussirent à se tenir éloignés des vorax. Le seul qu’ils virent – un énorme spécimen – piquait un somme sur l’îlot central d’un grand lac. Arrivant à l’extrémité d’une caverne qui ne semblait s’ouvrir sur aucune autre, tous deux se mirent à chercher un passage masqué par la végétation. Après quelques minutes d’investigation, Garius poussa un juron différent de ceux qu’on lui connaissait. À son intonation, Bélénor sut qu’il avait découvert quelque chose de notable.
+
For the next few hours, the two Fyros explored the succession of caverns that were opening up to them. As soon as they were able to, they headed west, and thus towards Fort Kronk. If they passed a few groups of ambushed varinxes, they managed to stay away from the vorax. The only one they saw - a huge specimen - was taking a nap on the central island of a large lake. Arriving at the end of a cavern that didn't seem to open onto any other, they both began to search for a passage hidden by vegetation. After a few minutes of investigation, Garius uttered a curse unlike any he was used to. By its intonation, Belenor knew he had discovered something noticeable.
  
« Qu’est ce que tu as trouvé Garius ? »
+
:''"What did you find, Garius?"
  
Debout face à la paroi qu’il venait de débroussailler, le colosse avait enfoncé sa tête dans une faille latérale.
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Standing in front of the wall he had just cleared, the colossus had poked his head into a side fault.
  
« C’est… C’est incroyable Bélénor, viens voir ! » répondit le colosse, la voix étouffée par l’épaisseur de l’écorce.
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:''"It's… It's incredible Belenor, come and see!"'' replied the colossus, his voice muffled by the thickness of the bark.
  
Le cœur du Fyros s’emballa alors qu’il se hâtait en direction de son ami. Qu’avait-il découvert ? Lorsqu’il arriva à son niveau, Garius se décala sur la droite et fit signe à son camarade de passer sa tête dans la faille. Alors, le Fyros se mit sur la pointe des pieds. Et comme Garius, il fut frappé de stupeur par le paysage qui se dessinait devant lui. La caverne dans laquelle se trouvaient les deux Fyros, pourtant large de plusieurs centaines de mètres, n'avait aucune commune mesure avec celle qu’ils observaient désormais depuis leur fenêtre. Elle n’était qu’un grain de poussière collé au plafond d’une caverne aux dimensions continentales. Car c’était un véritable monde qui s’offrait aux yeux des deux Fyros. Un monde enfoui et secret, composé de forêts, de mers et de montagnes, s’étendant sur des kilomètres, au-delà de l’horizon caverneux. À première vue, le ciel de ce monde obscur devait se situer à plusieurs centaines de mètres du sol. Un ciel recouvert d’amoebai, ces étranges plantes translucides en forme d’étoiles, dont les extrémités étaient parfois recouvertes de poils urticants bioluminescents. Des plantes bien moins lumineuses que de vraies étoiles, ce qui ne rendait pas aisé l’observation du continent enfoui. De ce fait, Bélénor ne sut pas si ce qu'il aperçut alors était une ville en ruines nichée entre deux racines montagneuses, ou une simple illusion fantasmée par son imagination…
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The Fyros' heart raced as he hurried toward his friend. What had he discovered? When he reached his level, Garius shifted to the right and motioned for his comrade to stick his head through the fault. Then the Fyros stood on tiptoe. And like Garius, he was struck with amazement by the landscape drawn before him. The cavern in which the two Fyros found themselves, yet hundreds of meters wide, was nothing like the one they were now observing from their window. It was only a speck of dust stuck to the ceiling of a cavern of continental dimensions. For it was a true world that the two Fyros were looking at. A buried and secret world of forests, seas and root mountains, stretching for miles beyond the cavernous horizon. At first glance, the sky of this dark world must have been several hundred meters above the ground. A sky covered with amoebai, these strange translucent plants in the shape of a star, whose extremities were sometimes covered with bioluminescent stinging hairs. Plants which were much less luminous than real stars, which did not make it easy to observe the buried continent. Because of this, Belenor did not know if what he saw was a ruined city nestled between two mountainous roots, or a simple illusion fantasized by his imagination…
[[file:Dzikus.jpg|right|400px|alt=Amoebai dans les Primes Racines|Amoebai dans les Primes Racines]]
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[[file:Dzikus.jpg|right|400px|alt=Amoebai in the Prime Roots|Amoebai in the Prime Roots]]
« C’est donc ça les vraies Primes Racines, Bélénor ? C’est fou ! T’imagines tout ce qu’il y a à découvrir dans les profondeurs d’Atys ? Ça me dépasse… Tu sais, Bélénor… »
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:''"So this is the real Prime Roots, Belenor? It's nuts! You imagine how much there is to discover in the depths of the Bark? It's beyond me… You know, Belenor…"
  
Garius bafouilla quelque chose puis se tut. Son ami, fasciné par le panorama, ne remarqua pas qu’il s’était interrompu. Quelques secondes silencieuses s’écoulèrent, puis le colosse reprit :
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Garius stammered something and then fell silent. His friend, fascinated by the view, did not notice that he had broken off. A few silent seconds passed, then the colossus resumed:
  
« Même si je m’inquiète pour nos amis, je suis vraiment heureux de vivre cette aventure avec toi… J’aimerais aussi m’excuser, à nouveau, pour toutes ces fois où Varran et moi t’avons brutalisé. J…
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:''"Even though I'm worried about our friends, I'm really happy to have this adventure with you... I'd also like to apologize, again, for all those times Varran and I bullied you. I..."
  
Garius, nous en avons déjà maintes fois discuté. C’est du passé, vous êtes pardonnés. Et moi aussi, je suis heureux de vivre cette aventure avec toi. Sincèrement. »
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:''"Garius, we've been over this many times. It's in the past, you are both forgiven. And I, too, am happy to be on this adventure with you. Sincerely."
  
Avec les années, Bélénor avait presque oublié l’époque où les jumeaux Décos le brutalisaient. Désormais, tout cela appartenait au passé. Un passé révolu, dont il ne souhaitait pas se rappeler. Pourtant, des souvenirs lui revinrent, bien malgré lui. Notamment le jour où il avait rencontré Melkiar pour la première fois. Le jour où ce mystérieux enfant au charisme surnaturel l'avait prévenu de la solitude qui lui serait destinée s’il ne modifiait rapidement son comportement. Tapotant l’épaule massive de son ami, le Fyros continua.
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Over the years, Belenor had almost forgotten the days when the Deco twins bullied him. That all was belonging to the past now. A bygone past he did not want to remember. Yet, some memories came back to him, much against his will. In particular, the day when he had met Melkiar for the first time. The day when this mysterious child with supernatural charisma had warned him of the loneliness which would be destined to him if he did not modify his behavior quickly. Patting the massive shoulder of his friend, the Fyros continued.
  
« Nous aurons plein de choses à rapporter aux autres, n’est-ce pas ? Ils vont bien, j’en suis certain. D’ailleurs, peut-être auront-ils eux aussi des histoires à nous raconter ! Tu sais Garius, lorsque j’observe ce panorama, je comprends comment la soif de la découverte peut pousser notre peuple à creuser aussi profondément. Comment elle peut nous pousser à prendre tant de risques. Je comprends aussi mieux pourquoi la Karavan nous demande si ardemment de ne pas explorer les Primes Racines. Peut-être ne souhaite-elle pas que l’on découvre certaines choses… J’ai cru voir des ruines, là-bas entre les deux montagnes. Tu les vois ? »
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:''"We'll have plenty to report back to the others, won't we? They're fine, I'm sure. In fact, maybe they'll have some stories to tell us too! You know, Garius, when I observe this panorama, I understand how the thirst for discovery can drive our people to dig so deep. How it can drive us to take so many risks. I also understand better why the Karavan asks us so ardently not to explore the Prime Roots. Maybe they don't want us to discover certain things... I thought I saw some ruins, over there between the two mountains. You see them?"
  
Bélénor, à nouveau perdu dans ses pensées, fixait intensément les ruines hallucinées. Dix longues secondes passèrent avant qu’il ne se rende compte que Garius n'avait pas répondu à sa question.
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Belenor, again lost in thought, stared intently at the hallucinated ruins. Ten long seconds passed before he realized that Garius had not answered his question.
  
« Garius ? »
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:''"Garius?"
  
Sans quitter le paysage des yeux, le Fyros posa à nouveau sa main sur l’épaule de son ami. Malheureusement, il était déjà trop tard. Avant même qu’il ne puisse réagir, le corps du colosse s’effondra en arrière. Par réflexe, Bélénor plongea ses mains dans les gants amplificateurs de magie attachés à sa ceinture. Il comprit bientôt que cela ne lui serait d’aucune utilité : au moment où il retirait sa tête de la faille, il vit neuf homins lui faire face. Tous portaient le mélange bigarré de pièces d’armures repeintes en ocre que les Sauvages arboraient d'ordinaire, et l’un d’entre eux serrait entre ses mains une longue sarbacane. Bélénor déglutit et leva les mains en signe de soumission. Tout allait bien. Garius avait simplement été endormi. Et lui, bien conscient, était plus intelligent que tous ces Sauvages ensemble. Il réussirait sans peine à négocier. Tout allait bien. Cherchant le chef des yeux, il déglutit une seconde fois.
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Without taking his eyes off the landscape, the Fyros put his hand on his friend's shoulder again. Unfortunately, it was already too late. Even before he could react, the colossus' body fell backwards. By reflex, Belenor plunged his hands into the magic-amplifying gloves attached to his belt. He soon realized that this would be of no use to him: the moment he pulled his head out of the fault, he saw nine homins facing him. All of them wore the motley mix of ochre-painted armor the Dune Riders wore usually, and one of them clutched a long blowpipe in his hands. Belenor swallowed and raised his hands in submission. Everything was fine. Garius had been merely put to sleep. And he, well aware, was smarter than all those Riders combined. He would easily succeed in negotiating. Everything was fine. His eyes searching for the chief, he swallowed a second time.
  
« Bon… Bonjour, je me présente, Bé… »
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:''"Well… Hello, I'm Be…"
  
Malheureusement, la massue qui vint lui percuter le crâne ne lui laissa pas l’occasion de se présenter plus longuement. D’autant qu’elle frappa à l’endroit exact où sa tête avait heurté la paroi d’écorce, quelques heures plus tôt. Et avant même qu’il ne réussisse à infuser de la Sève au niveau de sa lésion, il s’effondra sur le corps de son ami.
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Unfortunately, the club that came striking his skull did not let him the opportunity to introduce himself any further. All the more so as it struck him at the exact spot where his head had hit the bark wall a few hours earlier. And even before he could infuse Sap at the site of the injury, he collapsed onto his friend's body.
 
{{Couillard}}
 
{{Couillard}}
C’est entravé et bâillonné que Bélénor reprit connaissance. Face à lui, yeux grands ouverts et bouche muselée, Garius grogna. Il tentait probablement de lui dire quelque chose. Balayant rapidement l’espace du regard, le Fyros analysa la situation : tous deux étaient ligotés à une chaise et attablés devant une grosse souche d’arbre qui semblait avoir été placée là pour l’occasion. Car l’endroit dans lequel ils se trouvaient était étrangement vide. Il s’agissait d'une espèce de conduit circulaire d’une vingtaine de mètres de diamètre, dont les extrémités se perdaient dans l’obscurité. Rien à voir, donc, avec les cavernes regorgeant de vie qu’ils avaient parcouru plus tôt dans la nuit. Inspectant plus attentivement les parois, Bélénor eut un déclic : cet étrange conduit était une veine de sève asséchée. Une veine de sève qu’on avait vidée, nettoyée et transformée en un couloir de déplacement. Un couloir qui appartenait sans nul doute au réseau de galeries artificielles dont Melkiar leur avait parlé. Cela signifiait-il que les Sauvages hantaient toujours les sous-sols de la vallée de Fort Kronk, et ce malgré la victoire des Larmes du Dragon ? Probablement. Mais cela indiquait aussi qu’ils étaient proches de la surface, et donc de leurs alliés. Durant quelques minutes, Bélénor tenta de desserrer ses liens, en vain. Et puis, des bruits de bottes résonnèrent dans le conduit impénétrable. Des homins approchaient. Inquiet, le Fyros chercha du réconfort dans les yeux de Garius, qui lui fit clin d'œil. Au même moment, une grosse hache émergea de l’obscurité et se ficha dans la souche d’arbre. La hache de Garius.
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It's hobbled and gagged that Belenor regained consciousness. Facing him, eyes wide open and mouth muzzled, Garius grunted. He was probably trying to tell him something. Scanning the space quickly, the Fyros analyzed the situation: they were both tied to a makeshift chair and sitting in front of a large tree stump that seemed to have been placed there for the occasion. For the place they were in was strangely empty. It was a kind of circular duct of about twenty meters in diameter, whose ends were lost in the darkness. Nothing to do, therefore, with the caverns teeming with life that they had traversed earlier in the night. Inspecting the walls more carefully, Belenor had a click: this strange conduit was a vein of dried-up sap. A vein of sap that had been emptied, cleaned and transformed into a corridor of displacement. A corridor that undoubtedly belonged to the network of artificial galleries that Melkiar had told them about. Did this mean that the Riders were still haunting the underground of valley of Fort Kronk, despite the victory of the Dragon's Tears? It probably did. But it also meant that they were close to the surface, and thus to their allies. For a few minutes, Belenor tried to loosen his bonds, to no avail. Then the sound of boots echoed through the impenetrable shaft. Some homins were approaching. Worried, the Fyros sought comfort in the eyes of Garius, who winked at him. At the same time, a large axe emerged from the darkness and stuck into the tree stump. Garius' axe.
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:''"Pretty axe. How many of our people did you kill with that weapon?"
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A helmeted Rider had just leaned on the makeshift table, lantern in hand. His accent was very strong. Garius, still muzzled, stammered a reply. The man tore off his gag without mercy.
  
« Jolie hache. T’as tué combien des nôtres avec cette arme ? »
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:''"You were saying?"
  
Un Sauvage, casqué, venait de s’appuyer sur la table de fortune, lanterne à la main. Son accent était très marqué. Garius, toujours muselé, bafouilla une réponse. L’homin lui arracha son bâillon sans ménagement.
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:''"Ah, fuck… Thus yes, I was saying: not enough!"
  
« Tu disais ?
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Passing his hand behind the neck of the colossus again, the Rider grabbed his smooth skull and crushed his head against the stump. Raucous, muffled laughter echoed around the prisoners in the darkness. Well determined not to show any sign of weakness, Garius laughed in turn. On his side, Belenor was gesticulating like a demented as gibbering incomprehensible words. It was quite obvious that he wanted to speak. Falsely compassionate, the Rider freed him in turn from his muzzle. It is without wasting a second that Belenor hammered with his speech.
  
— Ah, putain… Donc oui, je disais : pas assez ! »
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:''"Greetings, proud representatives of the Dune Riders tribe! I introduce myself, Belenor Nebius, ambassador of the Fyros Empire sent to your country to mediate negotiations between your tribe and this of the Dragon Tears!"
  
Passant à nouveau sa main derrière la nuque du colosse, le Sauvage saisit son crâne lisse et lui écrasa la tête contre la souche. Des rires rauques et étouffés retentirent autour des prisonniers, dans l’obscurité. Bien décidé à ne montrer aucun signe de faiblesse, Garius rit à son tour. De son côté, Bélénor gesticulait comme un dément en baragouinant des propos incompréhensibles. De toute évidence, il voulait prendre la parole. Faussement compatissant, le Sauvage le délivra à son tour de sa muselière. C’est sans perdre une seconde que Bélénor asséna son discours.
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The lie was big. Witness the taken aback look Garius gave him. In the same way the various squads of Captain Apokillo's squadron had been sent to different strategic locations in the far-western desert, the squad led by Melkiar was a mere reinforcement sent by the Empire to bolster the defenses of Fort Kronk. The Empire had never planned to negotiate. But if this lie were to pass, the hope of negotiations, coupled with the diplomatic immunity that every ambassador enjoyed in principle, could save their bacon. Instantly, murmurs were heard in the darkness. His introduction had made its small effect.
  
« Bonjour, fiers représentants de la tribu des Sauvages ! Je me présente, Bélénor Nebius, ambassadeur de l’Empire Fyros envoyé sur vos terres pour arbitrer les négociations entre votre tribu et celle des Larmes du Dragon ! »
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:''"An ambassador, eh?"'' replied the Rider dryly. ''"I well so recognize the Empire. Destroy then  negotiate. I was told that Thesop was a tyrant without honor, and that with his assassination, everything would become easier for us. Lies. Nothing has changed since Krospas rules your decadent empire. Living behind these walls has definitely turned you into servile cowards. I am ashamed to share your blood!"
  
Le mensonge était gros. En témoignait le regard interloqué que lui envoya Garius. De la même manière que les différentes escouades de l’escadron du capitaine Apokillo, avaient été envoyées à différents endroits stratégiques du désert extrême-occidental, l’escouade dirigée par Melkiar était un simple renfort dépêché par l’Empire pour affermir les défenses de Fort Kronk. L’Empire n’avait jamais prévu de négocier. Mais, si ce mensonge passait, l’espoir de négociations ajouté à l’immunité diplomatique dont jouissait, en principe, tout ambassadeur pourrait leur sauver la mise. Instantanément, des murmures se firent entendre dans la pénombre. Son introduction avait fait son petit effet.
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More patriotic than anyone else, Garius sought to rise, ready to unhinge the jaw of the one who had just insulted his people and his Emperor. Unfortunately, the bonds that held him to the chair were too many and tight. Even for him. So the Fyros spat on the Rider's armor. Immediately, fists sprang up from the darkness and beat him up. The makeshift chair toppled to the side and the beating up went on. On the ground.
  
« Un ambassadeur, hein ? répondit sèchement le Sauvage. Je reconnais bien là l’Empire. Détruire puis négocier. On m’avait dit que Thesop était un tyran sans honneur, et qu’avec son assassinat, tout deviendrait plus simple pour nous. Mensonges. Rien n’a changé depuis que Krospas dirige votre empire décadent. Vivre derrière ces murs vous a définitivement transformés en couards serviles. J’ai honte de partager votre sang ! »
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"We've tied you up tight, so you won't be able to get free. And then we filled your suits with vials of oil. If you try to ignite your bonds, your whole body will go up in flames."
  
Plus patriote que quiconque, Garius chercha à se lever, prêt à décrocher la mâchoire de celui qui venait d’insulter son peuple et son Empereur. Malheureusement, les liens qui le maintenaient à la chaise étaient trop nombreux et serrés. Même pour lui. Alors, le Fyros cracha sur l’armure du Sauvage. Aussitôt, des poings surgirent des ténèbres et le passèrent à tabac. La chaise bascula sur le côté et la bastonnade continua. Au sol.
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At these words, the Savage sat astride the stump, facing Belenor, in front of the axe.
  
« On vous a bien attachés, vous ne pourrez pas vous libérer. Et puis on a rempli vos combinaisons de fioles d’huile. Si vous tentez d’enflammer vos liens, c’est tout votre corps qui s’embrasera. »
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"Well, let's talk among civilized Fyros. I am Aekoros, one of the leaders of the Savage tribe. I have a first question for you, Belenor Nebius: are you from the squad commanded by the son of the tribal leader Tigriron?"
  
À ces mots, le Sauvage s’assit à califourchon sur la souche, face à Bélénor, devant la hache.
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Baffled, Belenor gave Garius a quick glance. So, the Riders were looking for Melkiar? He should have known better. Ideally, he had to make sure the latter was safe and sound without revealing their membership in the squad. An impossible lie to defend. Especially now that he had posed as an ambassador to conduct negotiations between the Dune Riders and the tribe led by Melkiar's father… While, however, he didn't despair of finding a solution quickly, Garius didn't give him the opportunity to rack his brains long enough.
  
« Bon, discutons entre Fyros civilisés. Je suis Aekoros, l’un des meneurs de la tribu des Sauvages. J’ai une première question à te poser, Bélénor Nebius : êtes-vous de l'escouade que commande le fils du chef tribal Tigriron ? »
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:''"If you ever have touched a single hair from Melkiar, I will..."
  
Décontenancé, Bélénor jeta un coup d'œil rapide à Garius. Donc, les Sauvages cherchaient Melkiar ? Il aurait dû s'en douter. Idéalement, il devait s’assurer qu’il soit sain et sauf sans révéler leur appartenance à l’escouade. Un mensonge impossible à défendre. Surtout maintenant qu’il s’était fait passer pour un ambassadeur chargé de mener des négociations entre les Sauvages et la tribu dirigée par le père de Melkiar… Alors que, toutefois, il ne désespérait pas de trouver rapidement une solution, Garius ne lui laissa pas l’opportunité de se creuser les méninges assez longtemps.
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The kicking resumed at once. Belenor, who was beginning to panic, could not contain her emotion.
  
« Si jamais t’as touché un seul cheveux de Melkiar, je te… »
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:''"Stop it! And, Garius, let me do the talking! Yes, we are part of Tigriron's son's squad. Our mission was to reach Fort Kronk in order to start negotiations with the Dune Riders tribe. But we were attacked by some of you on a root bridge and…"
  
Les coups de pied reprirent aussitôt. Bélénor, qui commençait à paniquer, ne réussit pas à contenir son émotion.
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:''"I know what happened. You were lucky that only part of the bridge collapsed. I, what I want to know is where is the son of Tigirion located. We saw you all come down into our galleries."
  
« Arrêtez ! Et, Garius, laisse-moi parler ! Oui, nous faisons partie de l’escouade du fils de Tigriron. Notre mission était d’atteindre Fort Kronk afin de lancer les négociations avec votre tribu. Mais nous nous sommes fait attaquer par vos soldats sur un pont racinaire et…
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At these words, Belenor's heart heaved. Had only one part of the bridge collapsed? So, Melkiar and the others had survived! Better yet: they had gone looking for them through the network of dried veins. They could land any minute to free them. In the meantime, he had to buy time.
  
— Je sais ce qu'il s'est passé. Vous avez été chanceux que seule une partie du pont s’effondre. Moi, ce que je veux savoir, c’est où se trouve le fils de Tigirion. On vous a vu descendre dans nos galeries. »
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:''"You're wrong, we got separated from our squad during the explosion! We fell into the crevasse and miraculously found a passage to the caverns. We don't know where others are. But as an ambassador, I am a valuable prisoner! If you find them, you'll be in an advantageous position to negotiate!"
  
À ces mots, le cœur de Bélénor se souleva. Une seule partie du pont s’était effondrée ? Donc, Melkiar et les autres avaient survécu ! Mieux encore : ils étaient partis à leur recherche en empruntant le réseau de veines asséchées. Ils pouvaient débarquer d’une minute à l’autre pour les libérer. En attendant, il devait gagner du temps.
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Yes, that was the only viable strategy. By the time the Riders got them back to Melkiar and the others, he would find a way to negotiate. Or even to trap them. He had to spend whatever time he had left imagining all the possible solutions.
  
« Vous vous trompez, nous avons été séparés de notre escouade durant l’explosion ! Nous sommes tombés dans la crevasse et avons miraculeusement trouvé un passage pour rejoindre les cavernes. Nous ne savons pas où ils se trouvent. Mais en tant qu’ambassadeur, je suis un prisonnier de valeur ! Si vous les trouvez, vous serez en position avantageuse pour négocier ! »
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:''"You want me to believe that you survived a fall of several hundred meters? What do you take me for? I know this part of the desert better than anyone."
  
Oui, c’était la seule stratégie viable. D’ici à ce que les Sauvages les ramènent auprès de Melkiar et des autres, il trouverait un moyen de négocier. Voire de les piéger. Il devait consacrer tout le temps qui lui restait à imaginer toutes les solutions possibles.
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:''"Then you probably know that the walls of the crevasses are often covered with roots! We fell into a kind of net, and only then did we climb back to the source of the roots, through the fault of the wall. You must believe us. We don't know where they are!"
  
« Tu voudrais me faire croire que vous avez survécu à une chute de plusieurs centaines de mètres ? Pour qui me prends-tu ? Je connais cette partie du désert mieux que quiconque.
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:''"And if knew where they were… Kof kof… we wouldn't tell you."'' said Garius, coughing up blood. ''"We'd rather wait for them to find us… and kill you all."
  
— Alors vous savez sans doute que les parois des crevasses sont souvent tapissées de racines ! Nous sommes tombés dans un espèce de filet, et ce n’est qu’ensuite que nous sommes remontés à la source des racines, à travers la crevasse de la paroi ! Vous devez nous croire. Nous ne savons pas où ils sont !
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:''"Garius, keep your mouth shut!"
  
— Et puis si on savait où ils sont… Kof kof… on vous le dirait pas, renchérit Garius en toussant du sang. On préfère attendre qu’ils nous retrouvent… et vous butent tous.
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The beating up resumed immediately. But at a hand signal from their superior, the goons stopped. A heavy silence settled in the darkened duct, where only Garius' wheezing breath could be heard. And then the Rider stood up, put down the lantern he was holding on ground, grabbed the edges of his helmet, and slowly removed it. He was a Fyros of about forty years of age, whose weathered, wood-colored hair blended in with his burnished, scarred face. Daintily, he placed one of his gloved hands on the handle of Garius' axe, whose blade was still stuck in the stump. Belenor couldn't decipher the look he gave her.
  
— Garius, ferme-là ! »
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:''"Is this a trap? You think you're smarter than me, don't you?"'' he said, stroking the pommel of the weapon.
  
La bastonnade reprit aussitôt. Mais d’un signe de main de leur supérieur, les sbires cessèrent. Un silence pesant s’installa alors dans le conduit obscur, où seule la respiration sifflante de Garius était perceptible. Et puis, le Sauvage se leva, posa la lanterne qu’il tenait au sol, saisit les bords de son casque, et lentement, le retira. Il était un Fyros d’environ quarante ans, dont les cheveux couleur bois, très abîmés, se confondaient avec son visage bruni et bardé de cicatrices. Délicatement, il posa l’une de ses mains gantées sur le manche de la hache de Garius, dont la lame était encore fichée dans la souche. Bélénor ne réussit pas à déchiffrer le regard qu’il lui envoya.
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:''"No, no, absolutely not! Don't listen to him, there is no trap! We don't know where our comrades are!"
  
« C’est un piège ? Vous vous croyez plus malins que moi, hein ? dit-il en caressant le pommeau de l’arme.
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:''"You Imperials are all the same. You take us for morons. Degenerates, primitives... Yes, we are savage Riders. But not because we are not civilized, no. Because we cherish our freedom, and we are ready to do anything to preserve it! My comrades, on the bridge, who blew themselves up: they were sick. That's what happens when you breathe the torrents of air in the Desert of Fire for too long. This is what happens when you don't live behind walls. Of course, they would have preferred to live a few more years. But surrounded as they were, they decided to go for it. They had nothing left to lose, they had already accomplished everything. And you know what? I've already accomplished a lot too."
  
— Non, non, absolument pas ! Ne l’écoutez pas, il n’y a aucun piège ! Nous ne savons pas où se trouvent nos camarades !
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:''"Please, listen to me!"
  
— Vous êtes tous pareils, vous, les impériaux. Vous nous prenez pour des cons. Des dégénérés, des primitifs… Oui, nous sommes des
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With one hand, the Rider grabbed Garius by the collar of his suit and slammed his swollen head against the stump. The colossus' chipped mouth let out a mocking hiss as Belenor's eyes were filling with tears.
Sauvages. Mais pas parce que nous ne sommes pas civilisés, non. Parce que nous chérissons notre liberté, et que nous sommes prêts à tout pour la préserver ! Mes camarades, sur le pont, qui se sont fait sauter : ils étaient malades. C’est ce qui arrive lorsqu’on respire trop longtemps les torrents d’air du Désert de Feu. C’est ce qui arrive lorsqu’on ne vit pas derrière des murs. Bien sûr, ils auraient préféré vivre quelques années de plus. Mais encerclés comme ils l’étaient, ils ont décidé de tenter le tout pour le tout. Ils n’avaient plus rien à perdre, ils avaient déjà tout accompli. Et vous savez quoi ? Moi aussi, j’ai déjà beaucoup accompli.
 
  
— Je vous en prie, écoutez-moi ! »
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:''"You have yet anything to say?"'' the Rider asked, leaning into his ear.
  
D’une main, le Sauvage attrapa Garius par le col de sa combinaison et plaqua sa tête tuméfiée contre la souche. La bouche ébréchée du colosse laissa échapper un chuintement railleur alors que les yeux de Bélénor se remplissaient de larmes.
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:''"Yes… I... I piss on your ancestors."
  
« T’as encore quelque chose à dire ? questionna le Sauvage en se penchant vers son oreille.
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:''"But… Garius, shut up! Aekoros, listen to me. Why would I lie to you, why?! We are both precious hostages, you... you have everything to gain by keeping us prisoner and negotiating our release with Melkiar! You have everything to gain, and we have a lot to offer!"
  
— Oui… Je… Je pisse sur tes ancêtres.
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:''"Both? I thought you alone were the precious hostage… Lies. More lies. You definitely don't take me seriously. Hold him steady!"'' he threw in a firm tone to his goons, slapping Garius' skull.
  
— Mais… Garius, tais-toi ! Écoutez-moi. Pourquoi vous mentirais-je, pourquoi ?! Nous sommes tous les deux des otages précieux, vous… vous avez tout intérêt à nous garder prisonniers et à négocier notre libération avec Melkiar ! Vous avez tout à y gagner, et nous avons beaucoup à offrir !
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:''"Please, what are you planning to do?!"
  
— “Vous” ? Je croyais que c’était toi, l’otage précieux… Des mensonges. Encore des mensonges. Vous ne me prenez définitivement pas au sérieux. Maintenez-le bien ! lança-t-il d’un ton ferme à ses sbires en giflant le crâne de Garius.
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For all answer, the Savage tore the axe from its base and started pacing, obviously immersed in his reflections. Several tens of seconds passed thus. And then, in a whisper, Garius tried to reassure Belenor.
  
— Je vous en prie, qu’est ce que vous comptez faire ?! »
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:''"Don't worry, Belenor. Everything… Everything is fine… Kof kof… Everything will work out fine."
  
Pour toute réponse, le Sauvage arracha la hache de son socle et se mit à faire les cent pas, manifestement plongé dans ses réflexions. Plusieurs dizaines de secondes passèrent ainsi. Et puis, dans un murmure, Garius tenta de rassurer Bélénor.
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:''"Kee… Keep silent Garius, I... I beg you, the Fyros stammered, his eyes misty with tears. U… Use the Sap and heal your wounds. I'll… I'll handle the situation, okay?"
  
« Ne t’en fais pas Bé… Bélénor. Tout… Tout va bien… Kof kof… Tout va bien se passer.
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Garius, his head still pressed against the stump, improvised a toothless smile. At the same time, the Rider stopped his thoughtful walk.
  
— Ga… garde le silence Garius, je… je t’en prie, bégaya le Fyros, les yeux embués de larmes. Je… Je gère la situation, d'accord ? »
+
:''"Well, I've decided to believe you, Mister Ambassador. We're going to hold you hostage and try to… 'negotiate' with the one called Melkiar."
Garius, la tête toujours plaquée contre la souche, improvisa un sourire édenté. Au même moment, le Sauvage stoppa sa marche pensive.
 
  
« Bon, j’ai décidé de te croire, monsieur l’ambassadeur. On va te garder en otage et tenter de…"négocier" avec le dénommé Melkiar. »
+
Belenor's heart raced again.
Le cœur de Bélénor s’emballa à nouveau.
 
  
« M… merci ! Vous… venez de prendre la meilleure décision de votre vie ! Vous ne le regretterez pas !
+
:''"Thank you! You... You just made the best decision of your life! You won't regret it!"
  
— Je l’espère. De toute façon, si tu as tenté de nous berner, tu finiras comme ton ami.
+
:''"I hope not. Anyway, if you tried to fool us, you'll end up like your friend."
  
— Co… Comment ça ? »
+
:''"Wha… What do you mean?"
  
Et, d’un coup de hache précis, le Sauvage décapita Garius. La tête du Fyros, dans un dernier sourire, tomba sur le sol et rebondit jusqu’à Bélénor. Et, à chaque rebond, le coup se répercuta au centuple dans le Fyros. De son cœur à son crâne. Alors, il hurla. Il hurla comme il n’avait jamais hurlé. Son âme vola en éclat ; son esprit s’embrasa ; la montagne de ses souvenirs tomba en ruine, emportant avec elle ses derniers affects. Sans le vouloir, il se vomit lui-même, s’expurgeant de tout ce qui pouvait encore le rattacher à la réalité. C'est-à-dire de son existence même. Il s’évanouit dans un coin de sa tête, laissant son enveloppe inhabitée à la merci du monde. Espérant oublier. Oublier l’image de la tête grimaçante de Garius, qu’il ne pouvait se résoudre à quitter des yeux. Oublier cette douleur. Tout oublier… Mais rien ne reste indéfiniment vide. Rien. Alors, à peine se crut-il éteint à jamais, qu’une ombre séculaire s’insinua en lui, et qu’un chant liturgique émergea des profondeurs de son cœur. En rythme, l’ombre se mit à danser.
+
And, with a precise blow of his axe, the Rider decapitated Garius. The Fyros' head, with a final smile, fell to the ground and bounced back to Belenor. And with each bounce, the blow reverberated through the Fyros a hundredfold. From his heart to his skull. Then he screamed. He screamed as he had never screamed before. His soul shattered; his mind burst into flames; the mountain of his memories fell into ruin, taking with it his last affects. Without wanting it, he vomited himself, expelling all that could still attach him to reality. That is to say, of his very existence. He vanished in a corner of his head, leaving his uninhabited envelope at the mercy of the world. Hoping to forget. To forget the image of Garius' grimacing head, which he could not bring himself to take his eyes off. To forget this pain. To forget everything... But nothing remains empty forever. Nothing. Then, no sooner had he thought himself forever extinguished, than a secular shadow crept into him, and a liturgical chant emerged from the depths of his heart. In rhythm, the shadow began to dance.
:'''« Je veux mourir…'''
+
::'''''"I want to die…"
:'''— Tu ne peux pas, j’ai besoin de toi Bélénor. »'''
+
::'''''"You can't, I need you Belenor.''
  
« Faites-le taire ! Qu’il arrête de hurler ! » beugla le Sauvage par-dessus les hurlements du malheureux Fyros.
+
:''"Make him shut up! Let him stop screaming!"'' bellowed the Savage over the screams of the unfortunate Fyros.
:'''« Ce… ce monde est si cruel…'''
+
::'''''"This… this world is so cruel…"
:'''— Pense aux Jours Heureux, Bélénor. »'''
+
::'''''"Think of the Happy Days, Belenor."
  
« Bâillonnez-le, ou coupez-lui la langue ! »
+
:''"Gag him, or cut out his tongue!"
:'''« Je… Je ne peux pas accepter ça…'''
+
::'''''"I... I can't accept this..."
:'''— Tu dois l’accepter, Bélénor. Tu dois avancer. »'''
+
::'''''"You must accept it, Belenor. You have to move on."
  
« Mais faites en sorte qu’il reste conscient ! »
+
:''"But make sure he stays conscious!"
:'''« Je… Je ne veux pas les perdre…'''
+
::'''''"I… I don't want to lose them…"
:'''— Je suis toujours à tes côtés, Bélénor. N’oublie jamais.»'''
+
::'''''"I am always at your side, Belenor. Never forget."
  
« Je veux qu’il comprenne comment nous souffrons…
+
:''"I want him to understand how we suffer…"
  
— Je… Je ne veux pas… Je ne veux pas les perdre, sanglota le Fyros, dont les hurlements avaient cessé.
+
:''"I… I don't want… I don't want to lose them,"'' sobbed the Fyros, whose screaming had stopped.
  
— Les perdre ? Tes camarades ? Si le piège que je compte leur tendre en t’utilisant comme appât fonctionne, c’est pourtant ce qui arrivera, répondit froidement le Sauvage.
+
:''"Lose them? Your comrades? If the trap I plan to set for them using you as bait works, that's what will happen."'' the Rider answered coldly.
  
— Non… Je ne veux pas les perdre…
+
:''"No… I don't want to lose them…"
  
— Rien n’est juste à la guerre, Bélénor Nebius. Rien. Tu les rejoindras vite, rassure-toi.
+
:''"Nothing is fair in war, Belenor Nebius. Nothing. You will join them soon, don't worry."
  
— Non… Non… non…
+
:''"No… No… No…"
  
— Allez, muselez-le. »
+
:''"Come on, muzzle him."
  
Deux des sbires s’avancèrent vers le Fyros, qui ne cherchait même plus à se débattre. Et tandis que celui de gauche s’apprêtait à bâillonner le prisonnier, il s’arrêta net. Quelque chose semblait avoir attiré son attention, derrière Bélénor, dans l’ombre. Ne comprenant pas ce qu’il voyait, le sbire jeta un coup d'œil à son camarade. Celui-ci venait d’entamer un lent mouvement de recul, paumes tournées vers le sol.
+
Two of the goons advanced toward the Fyros, who no longer even tried to struggle. And as the one on the left was about to gag the prisoner, he stopped short. Something seemed to have caught his attention, behind Belenor, in the shadows. Not understanding what he saw, the goon glanced at his comrade. This one had just begun a slow movement of retreat, palms turned towards the ground.
  
« Qu’est ce que vous attendez ? Bâillonnez-le.
+
:''"What are you two waiting for? Gag him."
  
— Chef… Il y a quelque chose, là. Vous ne les voyez pas ? Deux sphères… »
+
:''"Chief... There's something there. Can't you see them? Two spheres…"
  
Le sbire n'eut pas le temps de terminer sa phrase qu’un tentacule de ténèbres surgit du néant et lui perfora la poitrine au niveau du cœur. Un vent de panique gagna aussitôt le groupe de Sauvages qui dégaina haches et fusils. Mais rien ne pouvait arrêter l’orage qu’ils avaient levé… Car, depuis les ténèbres, une multitude d’autres appendices noirs fondirent sur les malheureux, bien incapables de se défendre. Entendant l’écho lointain des cris d’horreur, Bélénor émergea en partie de son état catatonique. Où était-il ? Qui poussait ces cris ? Et quel était ce liquide chaud et épais qui lui coulait sur le visage et infiltrait les brèches de son armure ? Alors, le Fyros leva la tête. Malgré la faible lueur émise par la lanterne, il reconnut sans mal un Kami de la jungle : la profondeur de ce noir ; la blancheur de ces yeux. Mais celui-ci était différent des Kamis habituels. Car son petit corps était suspendu à six longues pattes noires et velues, semblant jaillir de son échine… Toujours ailleurs, Bélénor observa l’étrange Kami passer par-dessus lui, lentement. Il aurait dû être terrifié par l’apparence sinistre de la créature divine, il le savait. Pourtant, il ne ressentait aucune peur. Il ne ressentait plus rien.
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The goon didn't have time to finish his sentence when a tentacle of darkness came out of nowhere and pierced his chest at the level of his heart. A wave of panic swept through the group of Riders, who drew their axes and guns. But nothing could stop the storm they had raised… For, from the darkness, a multitude of other black appendages descended upon the unfortunate men, unable to defend themselves. Hearing the distant echo of the cries of horror, Belenor partly emerged from his catatonic state. Where was he? Who was making these cries? And what was that hot, thick liquid that was pouring down his face and seeping through the gaps in his armor? Then the Fyros looked up. In spite of the faint glow of the lantern, he could easily recognize a jungle Kami: the depth of that black, the whiteness of those eyes. But this one was different from the usual Kamis. For his small body was suspended from six long black and hairy legs, seeming to spring from his spine... Still elsewhere, Belenor watched the strange Kami pass over him, slowly. He should have been terrified by the sinister appearance of the divine creature, he knew it. Yet he felt no fear. He didn't feel anything anymore.
  
« Les… Les Sauvages ont toujours vénéré les Kamis… Alors… Alors pourquoi ? »
+
"The... The Dune Riders have always worshipped the Kamis… So… So why?"
  
Bélénor baissa la tête. Un Fyros aux cheveux couleur bois et au visage bardé de cicatrices, celui-là même qui venait de prononcer ces mots, était étendu dans un charnier d’homins. Il lui manquait ses jambes. C’était donc ça, le liquide qui lui maculait le visage : du sang.
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Belenor looked down. A Fyros with wood-colored hair and a face full of scars, the same one who had just spoken those words, was lying in a mass grave of homins. His legs were missing. So that's what the liquid that was staining his face was: blood.
  
« Tu… Tu cachais bien ton jeu… Bélénor Nebius… »
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:''"You… You were hiding your game well… Belenor Nebius…"
  
Ils se connaissaient ? Lorsque le Kami s’immobilisa au-dessus du Fyros, celui-ci pointa la dague qu’il tenait contre sa gorge. Il semblait déterminé à en finir. Et alors qu’il s’apprêtait à se la trancher, son mouvement stoppa net. Le bras du Fyros tremblait. Comme si une force invisible l’empêchait de continuer.
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Did they know each other? When the Kami stopped above the amputee, the latter pointed the dagger he was holding against his throat. He seemed determined to end it all. And just as he was about to cut it, his movement stopped short. The Fyros' arm was quivering. As if an invisible force prevented him from continuing. He stammered:
  
« Vous… Vous n’êtes pas des dieux… Vous êtes… des démons ! »
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:''"You… You are not gods… You are… demons!"
  
Intrigué, Bélénor porta à nouveau son regard sur la créature spirituelle. Au-dessus de l’amputé, le Kami était en train de changer d’apparence. Son corps, naturellement rebondi, gonflait à vue d'œil. Sa tête s’élargissait de telle sorte que, peu à peu, ses yeux livides migrèrent vers ses tempes. Ses petites pattes se recroquevillèrent, jusqu’à disparaître totalement. Mais le pire restait à venir… Car dans un gargouillement immonde, la masse noire et enflée se déchira. De bas en haut. Ce n’est que lorsque Bélénor aperçut l’ignoble fente bardée de dents qu’il reprit conscience de lui-même : son corps, toujours ligoté à sa chaise, était désormais saisi d’une peur viscérale. Oui, il était paralysé de terreur. Et alors que la gueule cauchemardesque se rapprochait du Sauvage, lui aussi tétanisé, il sombra. Il sombra et rêva. De la tête de Garius, des hurlements de désespoir de Varran, de la toilette prodiguée par Tisse, des caresses de Xynala, et du regard éteint de Melkiar.
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Intrigued, Belenor turned his gaze again to the spirit creature. Above the amputee, the Kami was changing its appearance. His body, naturally plump, was swelling visibly. Its head was expanding so that its livid eyes gradually migrated to its temples. His little legs curled up, until they disappeared completely. But the worst was yet to come… For with a foul gurgling sound, the black and swollen mass tore itself apart. From bottom to top. It is only when Belenor saw the ignoble slit barded with teeth that regained consciousness of himself: his body, still tied to his chair, was now seized by a visceral fear. Yes, he was paralyzed with terror. And as the nightmarish maw came closer to the Rider, who was also paralyzed, he sank. He sank and dreamed. Of Garius' head, Varran's howls of despair, Tisse's given grooming, Xynala's caresses, and Melkiar's faded stare.
 
{{Couillard}}
 
{{Couillard}}
Pour la troisième fois en quelques heures, Bélénor reprit connaissance. La première chose qu’il vit en ouvrant les yeux fût le visage de Xynala, yeux clos, situé à quelques centimètres du sien. La Fyrosse, allongée contre lui, semblait dormir. Donc, il n’avait pas rêvé : ses amis l’avaient bien retrouvé. Tout était réel, même la mort de Garius… Observant autour de lui, il remarqua que tous deux se trouvaient dans une petite alcôve creusée dans l’écorce, éclairée par la lueur d’une lanterne pendue au plafond. Puis, Bélénor posa à nouveau son regard sur le visage endormi de son amie. Elle semblait si sereine. Soulagé de la savoir saine et sauve, il l’embrassa sur le front. Bien qu’assoupie, Xynala réagit en passant un bras sous son aisselle et en se serrant contre lui. Le contact de sa peau chaude était si apaisant.
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For the third time in a few hours, Belenor regained consciousness. The first thing he saw when he opened his eyes was Xynala's face, eyes closed, located a few centimeters from his own. The Fyrossa, lying against him, seemed to be sleeping. So, he had not dreamed: his friends had found him. Everything was real, even Garius' death… Looking around, he noticed that they were both in a small alcove carved in the bark, lit by the glow of a lantern hanging from the ceiling. Then Belenor looked again at her friend's sleeping face. She seemed so serene. Relieved to know she was safe and sound, he kissed her on the forehead. Although drowsy, Xynala reacted by passing an arm under his armpit and by tightening herself against him. The touch of his warm skin was so soothing.
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"Xynala, can you hear me? I need to see Garius' body. Where is it?"
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With a start, the Fyrossa woke up. And hardly did she cross the glance of Belenor that her eyes were loaded with tears. At once, she buried her face in the neck of her friend. The Fyros felt the powerful muscles of her arm contracting, against his back.
  
« Xynala, tu m’entends ? Je dois voir le corps de Garius. Ou est-il ? »
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:''"Belenor, I was so afraid for you… But… Garius… I am so sad…"
  
D’un sursaut, la Fyrosse se réveilla. Et à peine croisa-t-elle le regard de Bélénor que ses yeux se chargèrent de larmes. Aussitôt, elle enfouit son visage dans le cou de son ami. Le Fyros sentit les muscles puissants de son bras se contracter, contre son dos.
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:''"Xynala, I need to see his body. Please, where is it?"
  
« Bélénor, j’ai eu si peur pour toi… Mais… Garius… Je suis tellement triste…
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Loosening her embrace, the hominin lifted the sheet that covered them and stood up. She was naked.
  
— Xynala, je dois voir son corps. S’il te plaît, où-est-il ? »
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:''"We put him in a separate room, she said, picking up her leather suit. Melkiar watches over Varran, and Tisse and the others stand guard. We've taken refuge in a buried lair belonging to the Dragon's Tears."
  
Desserrant son étreinte, l’homine souleva le drap qui les recouvrait et se leva. Elle était nue.
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:''"And Brandille?"'' asked Belenor, trying to ignore Varran's distant cries.
  
« Nous l'avons déposé dans une salle à part, dit-elle en ramassant sa combinaison en cuir. Melkiar veille sur Varran, et Tisse et les autres montent la garde. Nous avons trouvé refuge dans un repaire enfoui appartenant aux Larmes du Dragon.
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:''"Brandille has gone to Fort Kronk for reinforcements. They should be here soon. Only he could travel the last few miles without risk."
  
— Et Brandille ? questionna Bélénor, en essayant d’ignorer les pleurs lointains de Varran.
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Reassured, Belenor got up and dressed in turn. Then he followed Xynala to the improvised burial chamber. Strangely enough, the sight of the sheet covering Garius' body, whose head had been skilfully placed back on the neck, did not trigger any rise of tears in him. As if the immense sadness he felt was impossible to express. The survivor sat down and rested his forehead on the immense draped torso of his deceased friend.
  
— Brandille est allé chercher du renfort à Fort Kronk. Ils ne devraient plus tarder. Lui seul pouvait parcourir les derniers kilomètres sans risque. »
+
:''"I'm sorry, Garius. I panicked. Things could have ended differently, I'm sure. I will never forgive myself."
  
Rassuré, Bélénor se leva et s’habilla à son tour. Puis, il suivit Xynala jusqu’à la chambre funéraire improvisée. Étrangement, la vue du drap qui recouvrait le corps de Garius, dont la tête avait été habilement replacée au niveau du cou, ne déclencha chez lui aucune montée de larmes. Comme si la tristesse immense qu’il ressentait était impossible à exprimer. Le rescapé s’assit et posa son front sur l’immense torse drapé de son défunt ami.
+
:''"Belenor, we… we need to know what happened."'' Xynala stammered as she leaned towards him.
  
« Je suis désolé, Garius. J’ai paniqué. Les choses auraient pu se terminer autrement, j’en suis certain. Jamais je ne me le pardonnerai.
+
Then, Belenor explained everything to her, in great detail. Xynala waited for him to finish before speaking again.
  
— Bélénor, nous… nous avons besoin de savoir ce qu’il s’est passé, bredouilla Xynala en se penchant vers lui. »
+
:''"Okay, thanks. You can't imagine how scared we were, when we saw you fall… Luckily, Brandille told us you were alive. You Belenor, specifically. He felt it. He was adamant. Varran was very worried about Garius… So, we scared off the pack of Riders, and without waiting, Melkiar led us to the galleries. We wandered for a long time, trying to get closer to the crevasse. Then, after several hours of searching, Brandille felt that you Belenor were in danger. So we sped up, and finally we came upon a mass grave in the middle of a shaft. And on you…"
Alors, Bélénor lui expliqua tout, dans les moindres détails. Xynala attendit qu’il ait terminé avant de reprendre la parole.
 
  
« D’accord, merci. Tu n’imagines pas à quel point nous avons eu peur, lorsque nous vous avons vu tomber… Heureusement, Brandille nous a dit que tu étais vivant. Toi, spécifiquement. Il l’a senti. Il était catégorique. Varran était très inquiet pour Garius… Alors, nous avons fait fuir le peloton de Sauvages, et sans attendre, Melkiar nous a conduit aux galeries. Nous avons erré longtemps, en essayant de nous rapprocher de la crevasse. Puis, après plusieurs heures de recherche, Brandille a senti que tu étais en danger. Alors nous avons accéléré, et, finalement, nous sommes tombés sur un charnier au milieu d’un conduit. Et sur toi… »
+
Brandille had sensed that he was in danger? Like the Kami who had come to save him. At least, that was the assumption he was making.
  
Brandille avait senti qu’il était en danger ? Comme le Kami qui était venu le sauver. Enfin, c’était l’hypothèse qu’il faisait.
+
:''"I don't understand Xynala."'' Belenor breathed, her forehead still resting on Garius' chest. ''"If the Kami had intervened earlier, he would have survived. So why? Why me?"
  
« Je ne comprends pas Xynala, souffla Bélénor, le front toujours posé sur le torse de Garius. Si le Kami était intervenu plus tôt, il aurait survécu. Alors pourquoi ? Pourquoi moi ?
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:''"Be… Belenor. I think you can ask him directly."'' Xynala replied before bowing face down to the bark.
  
— Bé… Bélénor. Je crois que tu peux directement lui poser la question. » répondit Xynala avant de se prosterner face contre écorce.
+
Then, still seated, the Fyros turned around. A few feet away, a black Kami was staring at him with big, white, empty eyes. With a clumsy gait, the divine creature advanced to Belenor, who, remembering the monstrous mouth that had devoured the chief of the Riders, started to move backwards. However, the homin did not get discouraged.
Alors, toujours assis, le Fyros se retourna. À quelques mètres de lui, un Kami noir le fixait de ses grands yeux blancs et vides. D’une démarche pataude, la créature divine s’avança jusqu’à Bélénor, qui, se rappelant de la bouche monstrueuse qui avait dévoré le chef des Sauvages, entama un mouvement de recul. Pour autant, l’homin ne se découragea pas.
 
  
« Je… Je vous remercie d’être venu me sauver, ô puissant Kami. Mais je… Je ne peux pas m’empêcher de penser à mon ami… Pourquoi ? Pourquoi n’êtes vous pas intervenu quelque minutes plus tôt ? »
+
:''"I… I thank you for coming to save me, O mighty Kami. But I… I can't stop thinking about my friend… Why? Why didn't you intervene a few minutes earlier?"
  
Le Kami, qui s’était arrêté au niveau du corps de Garius, porta à nouveau son regard sur Bélénor. Le rescapé écarquilla les yeux et déglutit. Car désormais, les yeux de la créature spirituelle étaient chargés de tristesse. Sans savoir pourquoi, Bélénor tendit un bras. Et alors, le Kami réagit d’une manière totalement inattendue : il appuya sa tête contre la main de l’homin et se frotta à elle, comme un animal l’aurait fait. Bélénor n’eut pas le temps d’apprécier la douceur fabuleuse de son pelage qu’une vision le traversa. Une vision à l’allure de souvenir. Lui, en train de caresser le masque d’un Zoraï. Un masque ferme, chaud et noir. Comme s’il venait de se brûler, le Fyros retira brusquement sa main, qu’il observa ensuite longuement. Et puis, Xynala tapota sur son épaule, le libérant des méandres de son esprit.
+
The Kami, who had stopped at Garius' body, looked back at Belenor. The survivor widened his eyes and swallowed. For now the spirit creature's eyes were filled with sadness. Without knowing why, Belenor held out an arm. And then, the Kami reacted in a totally unexpected way: he leaned its head against the hand of the homin and rubbed itself against it, as an animal would have done. Belenor didn't have time to appreciate the fabulous softness of his coat when a vision crossed him. A vision with the appearance of a memory. He was caressing the mask of a Zoraï. A firm mask, warm and black. As if he had just been burned, the Fyros abruptly withdrew his hand, which he then observed for a long time. And then, Xynala tapped on his shoulder, releasing him from the meanders of his mind.
  
« Bélénor, regarde, le Kami ! »
+
:''"Belenor, look, the Kami!"
  
La créature divine, qui s’était penchée sur le corps de Garius, souleva d’un regard le drap mortuaire. À la vue de la tête coupée de son ami, le cœur de Bélénor se souleva. Brusquement, il se mit debout, suivit par Xynala.
+
The divine creature, who had been bending over Garius' body, lifted the death sheet with a glance. At the sight of his friend's severed head, Belenor's heart leapt. Suddenly, he stood up, followed by Xynala.
  
« Vous… Vous pouvez le ramener à la vie ? Vous êtes un Kami, vous disposez de pouvoirs incroyables ! Vous… Vous le pouvez, j’en suis certain ! »
+
"You… You can bring him back to life? You are a Kami, you have incredible powers! You… You can, I'm sure of it!"
  
Sans réagir aux paroles de l’homin, le Kami posa ses trois grandes griffes sur la lèvre supérieure du cadavre, dont deux au niveau des narines. Ce n’est que lorsqu’ils virent la tête de Garius bouger et le sang couler que les deux Fyros comprirent que les griffes du Kami était en train de s’allonger à l’intérieur du crâne de leur ami. Si Xynala fît un pas en avant, Bélénor lui attrapa le bras. Il devait savoir. Était-il capable de le ramener à la vie ? De longues et silencieuses secondes passèrent. Et puis, finalement, le Kami retira sa patte du visage de Garius. Ses longues griffes étaient couvertes de sang. Se tournant vers Bélénor, il tendit sa paume, dans laquelle gisait une petite boule de chair. Doucement, l’homin passa sa main au-dessus de l’étrange amas sanglant. Quelle était cette chose ? Et d’où venait cet imperceptible écho, qu’il arrivait à peine à discerner ? Malheureusement, une voix familière l’interpella et l'empêcha de se concentrer plus longuement sur l’étrange battement..
+
Without reacting to the homin's words, the Kami placed its three large claws on the upper lip of the corpse, two of them at the level of the nostrils. It was only when they saw Garius' head moving and blood flowing that the two Fyros realized that the Kami's claws were extending into their friend's skull. If Xynala took a step forward, Belenor grabbed his arm. He had to know. Was he able to bring him back to life? Long, silent seconds passed. And then, finally, the Kami pulled his paw from Garius' face. His long claws were covered in blood. Turning to Belenor, he held out his palm, in which lay a small ball of flesh. Gently, the homin passed his hand over the strange bloody mass. What was that thing? And where was that imperceptible echo coming from, which he could barely make out? Unfortunately, a familiar voice called out to him and prevented him from concentrating any longer on the strange beat.
  
« Bélénor, tu dois m’expliquer ce qui s’est passé. »
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:''"Belenor, you must explain to me what happened."
  
Le Fyros se retourna. Melkiar, tout juste entré dans la pièce, le fixait d’un air sombre. Toutefois, à peine le rescapé eut-t-il ouvert la bouche pour répondre que l’air se chargea en influx d’énergie : derrière lui, le Kami s’était élevé dans les airs et pointait d’une griffe étincelante le nouvel arrivant. De cette même main qui, quelques secondes auparavant, avait dévoilé l’étrange butin sanglant. À la vue du regard chargé de colère de la créature spirituelle, le corps de Bélénor se figea. Pourquoi regardait-elle Melkiar de cette manière ? Qu’avait-il fait pour mériter un tel traitement ? S’il désirait vivement comprendre la scène qui était en train de se dérouler sous ses yeux, l’heure était tout sauf aux questionnements. Car à mesure que la griffe se chargeait en magie, Bélénor sentait les cendres draconiques qui composaient son être entrer en résonance avec celles de la créature divine. Autour de lui, toute la petite pièce s’était mise à vibrer. Alors, n’écoutant que son courage, il se jeta entre le Kami et Melkiar.
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The Fyros turned around. Melkiar, just entering the room, was staring at him with a dark look. However, as soon as the survivor opened his mouth to answer, the air became charged with energy: behind him, the Kami had risen into the air and was pointing with a sparkling claw at the newcomer. With the same hand that a few seconds before had unveiled the strange bloody booty. At the sight of the spirit creature's angry gaze, Belenor's body froze. Why was she looking at Melkiar like that? What had he done to deserve such treatment? While he longed to understand the scene that was unfolding before his eyes, this was anything but a time for questioning. For as the claw charged with magic, Belenor felt the draconic ashes that composed his being resonate with those of the divine creature. All around him, the whole small room began to vibrate. Then, listening only to his courage, he threw himself between the Kami and Melkiar.
  
« Non ! Je t’en prie ! Il est mon ami, ne lui fait pas de mal ! » hurla-t-il en écartant les bras.
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:''"No! Please! He is my friend, don't hurt him!"'' he shouted, spreading his arms.
  
Alors, instantanément, la griffe du Kami reprit sa couleur noire et l’air se déchargea de l’énergie qu’elle venait d’accumuler. La créature spirituelle, qui avait reporté son regard sur Bélénor, flotta jusqu’au sol. Elle flotta jusqu’au sol, puis s’y enfonça, lentement, comme si celui-ci n’avait aucune consistance. L’homin fixa longuement ses deux grands yeux blancs. Que venait-il de se passer ? Il ne comprenait pas. Et si réponse il y avait, elle ne viendrait pas du Kami. Car inexorablement, la créature se fondait dans l’écorce… Lorsque son petit poing disparut, vraisemblablement toujours serré autour de l'étrange globe de chair, Bélénor se questionna à nouveau sur la nature de son contenu. Il se demanda aussi ce que l’absence du Kami allait laisser au moment où ses deux grands yeux blancs s'évanouirent à leur tour. Reverrait-il un jour son sauveur ? Il ne pouvait pas en être certain. Pourtant, il ne ressentit nulle peine. Car la première émotion qui le submergea fût le soulagement. Oui : ils l’avaient échappé belle.  
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Then, instantly, the claw of the Kami took back its black color and the air discharged of the energy which it had just accumulated. The spirit creature, which had turned its gaze back to Belenor, floated to the ground. It floated to the ground, then sank slowly into it, as if the latter had no consistency. The homin stared at her two large white eyes for a long time. What had just happened? He did not understand. And if there was an answer, it would not come from the Kami. Because inexorably, the creature was melting into the bark… When his little fist disappeared, probably still clenched around the strange globe of flesh, Belenor wondered again about the nature of its contents. He also wondered what the Kami's absence would leave, when his two large white eyes vanished in turn. Would he ever see his savior again? He couldn't be sure. Yet he felt no sorrow. For the first emotion that overwhelmed him was relief. Yes, they had have a close shave.  
  
« Bé… Bélénor. Qu’est ce que Kami faisait là ? Il faut vraiment que tu m’expliques tout, s’il te plait. »
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:''"Be... Belenor. What was that Kami doing there? You really have to explain everything to me, please."
  
Lorsque le Fyros se retourna, comme hébété, Melkiar le regardait d’un air interdit. Il avait tant à lui raconter… Mais à nouveau, il n’eut pas le temps de lui répondre. Car derrière son ami, l’être qui comptait le plus pour lui venait de faire son apparition.
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When the Fyros turned around, as if dazed, Melkiar looked at him with a forbidden air. He had so much to tell him… But again, he had no time to answer him. Because behind his friend, the person who meant the most to him had just appeared.
  
« Énor ! »
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:''"Enor!"
  
Oubliant totalement Melkiar, Bélénor se précipita vers Brandille et se jeta dans ses bras. Et alors, pour la première fois depuis son réveil, il éclata en sanglots. Il hurla et pleura longuement. Il arrivait à exprimer son immense tristesse, enfin. Brandille, qui laissa son désespoir s’exprimer sans intervenir, ne brisa jamais le contact. Et puis, lorsque les hurlements se muèrent en gémissement, son amie approcha sa bouche de son oreille.
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Forgetting Melkiar completely, Belenor rushed to Brandille and threw himself into his arms. And then, for the first time since his awakening, he burst into tears. He screamed and cried for a long time. He was able to express his immense sadness, at last. Brandille, who let his despair express itself without intervening, never broke contact. And then, when the howling became a moan, her friend approached her mouth to her ear.
  
« N’oublie pas, Énor. Cette peine incommensurable que tu ressens, elle passera. Car tout passe. Ainsi va la vie. Ainsi va le temps. »}}
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:''"Don't forget, Enor. This immeasurable pain you feel, it will pass. For everything passes. So goes life. So goes time."
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{{Portal|The Great Library}}
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[[Category:Chronicles of the First Crusade‎]]
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[[Category:The Sacred War]]
 
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Текущая версия на 16:39, 29 мая 2022

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