Внутреннее тестирование Вики/IV — различия между версиями

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{{NavChap|[[Chapitre III - Mourir pour renaître]]|[[Chroniques de la Première Croisade#Table des matières|Table des matières]]|[[Chapitre V - La graine du doute]]}}
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Pü regarda l’engin karavanier plonger à toute vitesse. Il y avait fort à parier que, comme à l’accoutumée, un point de rendez-vous avait été convenu entre la Karavan et ses suppôts, et qu’un convoi était en route pour livrer tribut. Le jeune Zoraï sentit son cœur s’emballer. Quatre. Il ne lui en manquait plus que quatre. Quatre, et il pourrait enfin rentrer chez lui et retrouver ses proches. C’était l’occasion parfaite. Il devait intercepter le convoi avant que celui-ci ne rejoigne les agents de la Karavan. Pü s’échappa du jour nu en se laissant chuter de quelques mètres, et atterrit sur la branche sur laquelle il avait laissé ses affaires. Il les rassembla et les empaqueta hâtivement, hormis un panier d’osier de forme cubique, qu’il manipula avec soin. Ce panier contenait le fruit de plusieurs mois d’efforts. Jamais il ne se pardonnerait de le perdre ou de menacer son intégrité. Sûr de n’avoir rien oublié, il vérifia une dernière fois son baudrier et plongea. Pü s’enfonçait à vive allure dans l’abysse verdoyante, se mouvant habilement entre les branchages, et décrochant d’un coup de main expert sa ligne de vie des broches qu’il avait plantées durant son ascension. Il traversa durant de longues secondes les strates multicolores de cette forêt continentale aux mille saisons, et finit par se poser gracieusement sur son sol feuillu. Au vu de la direction prise par l’engin volant, celui-ci se poserait probablement dans la clairière située plus au nord.
 
Pü regarda l’engin karavanier plonger à toute vitesse. Il y avait fort à parier que, comme à l’accoutumée, un point de rendez-vous avait été convenu entre la Karavan et ses suppôts, et qu’un convoi était en route pour livrer tribut. Le jeune Zoraï sentit son cœur s’emballer. Quatre. Il ne lui en manquait plus que quatre. Quatre, et il pourrait enfin rentrer chez lui et retrouver ses proches. C’était l’occasion parfaite. Il devait intercepter le convoi avant que celui-ci ne rejoigne les agents de la Karavan. Pü s’échappa du jour nu en se laissant chuter de quelques mètres, et atterrit sur la branche sur laquelle il avait laissé ses affaires. Il les rassembla et les empaqueta hâtivement, hormis un panier d’osier de forme cubique, qu’il manipula avec soin. Ce panier contenait le fruit de plusieurs mois d’efforts. Jamais il ne se pardonnerait de le perdre ou de menacer son intégrité. Sûr de n’avoir rien oublié, il vérifia une dernière fois son baudrier et plongea. Pü s’enfonçait à vive allure dans l’abysse verdoyante, se mouvant habilement entre les branchages, et décrochant d’un coup de main expert sa ligne de vie des broches qu’il avait plantées durant son ascension. Il traversa durant de longues secondes les strates multicolores de cette forêt continentale aux mille saisons, et finit par se poser gracieusement sur son sol feuillu. Au vu de la direction prise par l’engin volant, celui-ci se poserait probablement dans la clairière située plus au nord.
  
Les convois partant le plus souvent de Matia, la capitale du royaume éponyme, il y avait fort à parier que celui espéré emprunterait le large sentier artificiel qui éventrait la forêt à l’ouest. Pü était à la fois impressionné et terrifié par les pouvoirs des botanistes du peuple matis. Lui qui avait vu de ses propres yeux la colossale muraille racinaire de Matia et les immenses complexes d’habit-arbres qui s’étendaient à perte de vue au-delà de l’enceinte, avait été subjugué par une telle démesure. Mais en agissant de la sorte, et en essayant de plier la nature à sa volonté, le peuple matis tentait de bouleverser le dessein des Kamis, et par extension, celui de Ma-Duk. Le Grand Géniteur veille derrière chaque fragment de matière d’Atys. Altérer la nature revient à travestir son Grand Œuvre. Bien entendu, comme la maîtrise du magnétisme et de l’écriture aux Zoraïs, les secrets de la manipulation de la matière vivante, et en particulier celle des plantes, avaient été transmis aux Matis par la Karavan.
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Les convois partant le plus souvent de Matia, la capitale du royaume éponyme, il y avait fort à parier que celui espéré emprunterait le large sentier artificiel qui éventrait la forêt à l’ouest. Pü était à la fois impressionné et terrifié par les pouvoirs des botanistes du peuple Matis. Lui qui avait vu de ses propres yeux la colossale muraille racinaire de Matia et les immenses complexes d’habit-arbres qui s’étendaient à perte de vue au-delà de l’enceinte, avait été subjugué par une telle démesure. Mais en agissant de la sorte, et en essayant de plier la nature à sa volonté, le peuple Matis tentait de bouleverser le dessein des Kamis, et par extension, celui de Ma-Duk. Le Grand Géniteur veille derrière chaque fragment de matière d’Atys. Altérer la nature revient à travestir son Grand Œuvre. Bien entendu, comme la maîtrise du magnétisme et de l’écriture aux Zoraïs, les secrets de la manipulation de la matière vivante, et en particulier celle des plantes, avaient été transmis aux Matis par la Karavan.
  
 
Au cours de ses longs mois d’exil dans le Royaume de Matia, Pü avait compris en quoi les mœurs païennes des peuples endoctrinés par la Karavan pouvaient être attrayantes. À ces pensées, il avait eu honte. Mais cela lui avait aussi permis de mieux comprendre toute la dangerosité de ces démons venus des cieux. Le jeune Zoraï ne perdit pas de temps. Glissant et sautant par-dessus les racines et les ramifications de la sylve, il avala les derniers kilomètres qui le séparaient du sentier en un rien de temps. Les quelques gingos qui tentèrent de le poursuivre durant sa traversée n’eurent d’autre choix que d’abandonner, tant il manœuvrait adroitement dans l’enchevêtrement dense de cette nature libre de toute oppression matisse. Arrivé en bordure du chemin, il se dissimula derrière un large arbuste, guettant l’arrivée du convoi. Alors qu’il s’apprêtait à abandonner et à chercher ailleurs la trace des Matis, il entendit au loin des bruits ordonnés de sabots.
 
Au cours de ses longs mois d’exil dans le Royaume de Matia, Pü avait compris en quoi les mœurs païennes des peuples endoctrinés par la Karavan pouvaient être attrayantes. À ces pensées, il avait eu honte. Mais cela lui avait aussi permis de mieux comprendre toute la dangerosité de ces démons venus des cieux. Le jeune Zoraï ne perdit pas de temps. Glissant et sautant par-dessus les racines et les ramifications de la sylve, il avala les derniers kilomètres qui le séparaient du sentier en un rien de temps. Les quelques gingos qui tentèrent de le poursuivre durant sa traversée n’eurent d’autre choix que d’abandonner, tant il manœuvrait adroitement dans l’enchevêtrement dense de cette nature libre de toute oppression matisse. Arrivé en bordure du chemin, il se dissimula derrière un large arbuste, guettant l’arrivée du convoi. Alors qu’il s’apprêtait à abandonner et à chercher ailleurs la trace des Matis, il entendit au loin des bruits ordonnés de sabots.
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Pü déglutit. Son rythme cardiaque commençait doucement à s’accélérer. Jamais. Jamais il ne s’habituerait à cette impression. Son frère lui avait pourtant assuré que sa première fois serait jouissive, et que les sensations ressenties le marqueraient à vie. D’un côté, il n’avait pas eu tout à fait tort. Les mains menues couvertes de sang d'un Zoraï exilé dès ses onze ans, agenouillé seul devant le cadavre encore chaud de sa première victime : ces images le hantaient depuis de longues semaines, jour et nuit, à en perdre la raison. Mais cette dernière épreuve annonçait aussi la fin de son pénible exil. Bientôt, il serait de retour dans son pays, dans sa souche, et pourrait à nouveau serrer sa mère dans ses bras. Cette pensée joyeuse le réconforta et lui permit de retrouver ses moyens. Le convoi se dessinait maintenant à l’horizon. Il fut rapidement à portée d’observation. En son centre, une solide charrette lourdement chargée était tirée par deux [[mektoub]]s, des pachydermes placides aux pieds agiles et dépassant les deux mètres de hauteur, au pelage brun rayé de gris, mais surtout reconnaissables à leur longue trompe puissante et à leur tête sans oreilles. Elle était conduite par un Tryker, comme nombre de celles que Pü avait croisées jusqu'alors. En effet, il n’était pas rare de rencontrer des Trykers loin à l’est de leurs cités flottantes, s’affairant à des travaux ingrats et mal rémunérés en pays matis. Car, si leur curiosité et leur goût de la liberté faisaient d'eux d'excellents explorateurs et inventeurs, la petite taille, l'apparence enfantine et, surtout, le caractère pacifique et bon vivant des Trykers, leur avaient hélas valu d'être mis en esclavage par les Matis à plusieurs reprises au cours des siècles passés. Et, comme les cours donnés par sa mère en avaient instruit Pü, c'est durant l'épilogue de la « Guerre de l'Aqueduc », quarante ans auparavant seulement, que les Trykers avaient pour la dernière fois subi un tel esclavage.
 
Pü déglutit. Son rythme cardiaque commençait doucement à s’accélérer. Jamais. Jamais il ne s’habituerait à cette impression. Son frère lui avait pourtant assuré que sa première fois serait jouissive, et que les sensations ressenties le marqueraient à vie. D’un côté, il n’avait pas eu tout à fait tort. Les mains menues couvertes de sang d'un Zoraï exilé dès ses onze ans, agenouillé seul devant le cadavre encore chaud de sa première victime : ces images le hantaient depuis de longues semaines, jour et nuit, à en perdre la raison. Mais cette dernière épreuve annonçait aussi la fin de son pénible exil. Bientôt, il serait de retour dans son pays, dans sa souche, et pourrait à nouveau serrer sa mère dans ses bras. Cette pensée joyeuse le réconforta et lui permit de retrouver ses moyens. Le convoi se dessinait maintenant à l’horizon. Il fut rapidement à portée d’observation. En son centre, une solide charrette lourdement chargée était tirée par deux [[mektoub]]s, des pachydermes placides aux pieds agiles et dépassant les deux mètres de hauteur, au pelage brun rayé de gris, mais surtout reconnaissables à leur longue trompe puissante et à leur tête sans oreilles. Elle était conduite par un Tryker, comme nombre de celles que Pü avait croisées jusqu'alors. En effet, il n’était pas rare de rencontrer des Trykers loin à l’est de leurs cités flottantes, s’affairant à des travaux ingrats et mal rémunérés en pays matis. Car, si leur curiosité et leur goût de la liberté faisaient d'eux d'excellents explorateurs et inventeurs, la petite taille, l'apparence enfantine et, surtout, le caractère pacifique et bon vivant des Trykers, leur avaient hélas valu d'être mis en esclavage par les Matis à plusieurs reprises au cours des siècles passés. Et, comme les cours donnés par sa mère en avaient instruit Pü, c'est durant l'épilogue de la « Guerre de l'Aqueduc », quarante ans auparavant seulement, que les Trykers avaient pour la dernière fois subi un tel esclavage.
  
En 2435, intrigués par la découverte, à l'occident de leur désert, de ruines enfouies sous l'écorce, des mineurs fyros percèrent une veine d’acide qui embrasa toute la région autour de la cité impériale de Coriolis. L’incendie, qui dura plusieurs semaines, se propagea jusqu’à la frontière du Royaume et coupa le gigantesque aqueduc honni des Matis. Celui-là même qui reliait le Désert à la région des Lacs administrée par la Fédération de Trykoth, l’alliée de l’Empire Fyros. Alors, la guerre dans laquelle l’alliance et le Royaume étaient enlisés depuis bientôt un siècle et demi, prit une nouvelle tournure. Car l’Empereur fut contraint de retirer ses troupes des Lacs, pour les envoyer combattre l’incendie qui menaçait son peuple et le privait d’eau. Sur quoi, profitant de l’occasion, l’armée matisse envahit la région des Lacs, asservit le peuple Tryker et reprit la cité de Karavia que l’Empire lui avait dérobée près d’un siècle auparavant. Karavia ; la « Cité Sainte », réputée bâtie là même où Zachini, sur la côte du Royaume qu'il fonda ensuite, avait rencontré pour la première fois la Karavan et la déesse Jena. Karavia ; la « Cité Profane », pour Pü et sa tribu, le lieu le plus maléfique qui soit sur l'Écorce… C'est dans son enceinte, pourtant, que fut signé l'année suivante le traité qui mit fin à la Guerre de l'Aqueduc et libéra les Trykers du joug Matis. Mais ce dernier épisode avait laissé des traces certaines dans l’inconscient du peuple des Lacs, et beaucoup de Trykers étaient demeurés en Forêt comme domestiques… à l'image du conducteur de la charrette, manifestement voué au service du Matis assoupi à son côté sur la banquette.
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En 2435, intrigués par la découverte, à l'occident de leur désert, de ruines enfouies sous l'écorce, des mineurs fyros percèrent une veine d’acide qui embrasa toute la région autour de la cité impériale de Coriolis. L’incendie, qui dura plusieurs semaines, se propagea jusqu’à la frontière du Royaume et coupa le gigantesque aqueduc honni des Matis. Celui-là même qui reliait le Désert à la région des Lacs administrée par la Fédération de Trykoth, l’alliée de l’Empire Fyros. Alors, la guerre dans laquelle l’alliance et le Royaume étaient enlisés depuis bientôt un siècle et demi, prit une nouvelle tournure. Car l’Empereur fut contraint de retirer ses troupes des Lacs, pour les envoyer combattre l’incendie qui menaçait son peuple et le privait d’eau. Sur quoi, profitant de l’occasion, l’armée matisse envahit la région des Lacs, asservit le peuple Tryker et reprit la cité de Karavia que l’Empire lui avait dérobée près d’un siècle auparavant. Karavia ; la « Cité Sainte », réputée bâtie là même où Zachini, sur la côte du Royaume qu'il fonda ensuite, avait rencontré pour la première fois la Karavan et la déesse Jena. Karavia ; la « Cité Profane », pour Pü et sa tribu, le lieu le plus maléfique qui soit sur l'Écorce… C'est dans son enceinte, pourtant, que fut signé l'année suivante le traité qui mit fin à la Guerre de l'Aqueduc et libéra les Trykers du joug des Matis. Mais ce dernier épisode avait laissé des traces certaines dans l’inconscient du peuple des Lacs, et beaucoup de Trykers étaient demeurés en Forêt comme domestiques… à l'image du conducteur de la charrette, manifestement voué au service du Matis assoupi à son côté sur la banquette.
  
 
Pü, à la vue de ce dernier, l'identifia aussitôt comme un clerc de l’Église de la Lumière, que l'on nommait Herena. Le Matis était en effet vêtu de son costume ecclésiastique : une couronne d'ambre blanche et une longue toge constituée de plusieurs grandes capes faites de plumes colorées et décorées de tresses de bijoux ambrés. L’Église de la Lumière, fondée autour du culte de Jena et placée sous l'égide de la Karavan, était aujourd'hui toute-puissante dans le Royaume de Matia, et singulièrement dans l'enceinte de Karavia, rétrocédée au Royaume par le traité portant son nom. C'est sous son influence que tant d'homins avaient été convaincus de la nature démoniaque des Kamis…
 
Pü, à la vue de ce dernier, l'identifia aussitôt comme un clerc de l’Église de la Lumière, que l'on nommait Herena. Le Matis était en effet vêtu de son costume ecclésiastique : une couronne d'ambre blanche et une longue toge constituée de plusieurs grandes capes faites de plumes colorées et décorées de tresses de bijoux ambrés. L’Église de la Lumière, fondée autour du culte de Jena et placée sous l'égide de la Karavan, était aujourd'hui toute-puissante dans le Royaume de Matia, et singulièrement dans l'enceinte de Karavia, rétrocédée au Royaume par le traité portant son nom. C'est sous son influence que tant d'homins avaient été convaincus de la nature démoniaque des Kamis…
  
Plus haut sur la charrette, perché sur son chargement bâché, un Matis armé d’un fusil-mitrailleur se tenait debout et guettait l’horizon. Il n’était pas casqué et portait la tenue ordinaire des soldats de l’armée régulière : une combinaison souple et solide en peau de cactus surmontée de pièces d'armure de bois blanc. Un autre semblait être assis à l’arrière du véhicule. Les Matis étaient un peuple naturellement svelte, aux traits émaciés et à la peau de nacre. Esthètes, raffinés et ambitieux de par leur culture, ils n’avaient de cesse de rappeler leur supériorité aux autres peuples, même inconsciemment. Entourant la charrette, cinq Matis montés servaient d’escorte. Ils étaient fièrement dressés sur des [[capryni]]s, des quadrupèdes sveltes à la peau épaisse, claire et par endroit rayée de bleu, coiffés d’un unique bois et au long museau orné d’une singulière barbichette. '''Tous les soldats étaient équipés d’une armure de solide bois blanc''' gravée de motifs mauves, bombée au niveau du torse et resserrée à la taille. Les épaulières de l’armure, aussi arrondies que larges, donnaient une allure impérieuse aux soldats. Mais le plus étonnant était leur casque, constitué d’un masque d’ivoire au front serti d’un bijou bleu azur, et d’une coiffe solide et imposante, elle-même ornée d’ambre blanc, et dont les extrémités constituées de chitine retombaient au niveau des oreilles, leur donnant ainsi l’aspect de cornes. L’un des soldats se distinguait des autres par la finesse des décorations et des gravures qui constellaient sa cuirasse et son casque. Jusqu’à aujourd’hui, Pü n’avait jamais eu l’occasion d’observer de tels ornements. Le Matis était sans nul doute un haut gradé de l’armée royale, envoyé avec l’Herena pour représenter le roi devant la Karavan.  
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Plus haut sur la charrette, perché sur son chargement bâché, un Matis armé d’un fusil-mitrailleur se tenait debout et guettait l’horizon. Il n’était pas casqué et portait la tenue ordinaire des soldats de l’armée régulière : une combinaison souple et solide en peau de cactus surmontée de pièces d'armure de bois blanc. Un autre semblait être assis à l’arrière du véhicule. Les Matis étaient un peuple naturellement svelte, aux traits émaciés et à la peau de nacre. Esthètes, raffinés et ambitieux de par leur culture, ils n’avaient de cesse de rappeler leur supériorité aux autres peuples, même inconsciemment. Entourant la charrette, cinq Matis montés servaient d’escorte. Ils étaient fièrement dressés sur des [[capryni]]s, des quadrupèdes sveltes à la peau épaisse, claire et par endroit rayée de bleu, coiffés d’un unique bois et au long museau orné d’une singulière barbichette. '''Tous les soldats étaient équipés d’une armure de solide bois blanc''' gravée de motifs mauves, bombée au niveau du torse et resserrée à la taille. Les épaulières de l’armure, aussi arrondies que larges, donnaient une allure impérieuse aux soldats. Mais le plus étonnant était leur casque, constitué d’un masque d’ivoire au front serti d’un bijou bleu azur, et d’une coiffe solide et imposante, elle-même ornée d’ambre blanc, et dont les extrémités constituées de chitine retombaient au niveau des oreilles, leur donnant ainsi l’aspect de cornes. L’un des soldats se distinguait des autres par la finesse des décorations et des gravures qui constellaient sa cuirasse et son casque. Jusqu’à aujourd’hui, Pü n’avait jamais eu l’occasion d’observer de tels ornements. Le Matis était sans nul doute un haut gradé de l’Armée Royale, envoyé avec l’Herena pour représenter le Roi devant la Karavan.  
 
[[file:Tous les soldats.png|right|400px|alt=… Tous les soldats étaient équipés…|Tous les soldats étaient équipés]]
 
[[file:Tous les soldats.png|right|400px|alt=… Tous les soldats étaient équipés…|Tous les soldats étaient équipés]]
 
L'enfant disposa soigneusement son panier au centre de l’arbuste et attendit quelques secondes supplémentaires que le convoi progresse. Lorsqu’il fut environ à une cinquantaine de mètres de sa position, il sortit calmement de sa cachette et se planta au centre de la route. Le repérant sans tarder, la vigie située sur le sommet du chargement sonna l’arrêt et le convoi stoppa net. La halte inattendue eut pour effet d’interrompre brusquement le sommeil du Herena, qui manqua tomber de la charrette.
 
L'enfant disposa soigneusement son panier au centre de l’arbuste et attendit quelques secondes supplémentaires que le convoi progresse. Lorsqu’il fut environ à une cinquantaine de mètres de sa position, il sortit calmement de sa cachette et se planta au centre de la route. Le repérant sans tarder, la vigie située sur le sommet du chargement sonna l’arrêt et le convoi stoppa net. La halte inattendue eut pour effet d’interrompre brusquement le sommeil du Herena, qui manqua tomber de la charrette.
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Le ton assuré du général aida les soldats à sortir de leur léthargie. Tous s’exécutèrent sans dire mot. La sentinelle sauta de la charrette et arma son fusil-mitrailleur, le Matis assis à l’arrière du véhicule le remplaça au faîte de la charrette, qui commença à manœuvrer pour faire demi-tour. Seul le clerc, qui reprenait à peine ses esprits, manifesta l’intention de protester. Mais le regard inquisiteur que lui jeta alors le général le dissuada, et sa pâleur de craie s’accentua. D’ordinaire, Pü ne laissait pas de survivants, car seule l'absence de témoins l’assurait de pouvoir continuer d’opérer sans encombre dans ces régions. D’ailleurs, il évitait généralement de s’en prendre à l’armée régulière, dont chaque soldat disparu donnait lieu à enquête, et préférait s’attaquer aux tribus de fanatiques ou aux groupes de bandits qui parsemaient le royaume. Mais cette fois-ci, tout était différent. Quand les premiers parleraient, lui serait déjà sur la route du retour. Il observa scrupuleusement ses quatre futurs adversaires, tandis que l’un des capryniers s’élançait à toute vitesse en direction du sud-ouest, suivi par la charrette. Il devait éviter de les affronter tous ensemble. Il patienta quelques secondes, assez de temps pour que le messager disparaisse à l’horizon, et se mit à avancer doucement. Au premier pas, le général cria.
 
Le ton assuré du général aida les soldats à sortir de leur léthargie. Tous s’exécutèrent sans dire mot. La sentinelle sauta de la charrette et arma son fusil-mitrailleur, le Matis assis à l’arrière du véhicule le remplaça au faîte de la charrette, qui commença à manœuvrer pour faire demi-tour. Seul le clerc, qui reprenait à peine ses esprits, manifesta l’intention de protester. Mais le regard inquisiteur que lui jeta alors le général le dissuada, et sa pâleur de craie s’accentua. D’ordinaire, Pü ne laissait pas de survivants, car seule l'absence de témoins l’assurait de pouvoir continuer d’opérer sans encombre dans ces régions. D’ailleurs, il évitait généralement de s’en prendre à l’armée régulière, dont chaque soldat disparu donnait lieu à enquête, et préférait s’attaquer aux tribus de fanatiques ou aux groupes de bandits qui parsemaient le royaume. Mais cette fois-ci, tout était différent. Quand les premiers parleraient, lui serait déjà sur la route du retour. Il observa scrupuleusement ses quatre futurs adversaires, tandis que l’un des capryniers s’élançait à toute vitesse en direction du sud-ouest, suivi par la charrette. Il devait éviter de les affronter tous ensemble. Il patienta quelques secondes, assez de temps pour que le messager disparaisse à l’horizon, et se mit à avancer doucement. Au premier pas, le général cria.
  
« N’avancez plus ! Pour vous être rendu coupable du crime d’homicide volontaire sur un soldat de l’armée royale, vous devez comparaître devant la justice royale. Comme le veut notre loi, vous aurez le droit de vous défendre durant votre jugement. Maintenant, coopérez, ou nous serons dans l’obligation de vous appréhender par la force. »
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« N’avancez plus ! Pour vous être rendu coupable du crime d’homicide volontaire sur un soldat du Royaume de Matia, vous devez comparaître devant la justice royale. Comme le veut notre loi, vous aurez le droit de vous défendre durant votre jugement. Maintenant, coopérez, ou nous serons dans l’obligation de vous appréhender par la force. »
  
 
Pü leva les mains pour feindre la soumission et continua d’avancer. Il savait que les Matis ne seraient pas dupes, mais il devait gagner quelques mètres. Actuellement, la plus grande menace était le mitrailleur. Il devait l’éliminer en premier. Pour autant, il ne devait pas sous-estimer le haut gradé. En temps normal, il aurait eu à faire à un simple chef d’escouade, et non pas à un militaire expérimenté.
 
Pü leva les mains pour feindre la soumission et continua d’avancer. Il savait que les Matis ne seraient pas dupes, mais il devait gagner quelques mètres. Actuellement, la plus grande menace était le mitrailleur. Il devait l’éliminer en premier. Pour autant, il ne devait pas sous-estimer le haut gradé. En temps normal, il aurait eu à faire à un simple chef d’escouade, et non pas à un militaire expérimenté.
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Toujours en l’air, le Zoraï se préparait à se réceptionner correctement, mais ses côtes cassées l’en empêchèrent. Il s’effondra lourdement sur le flanc opposé, non loin du corps du général figé sur les genoux dans une étrange position. Sa tête pendait en arrière, dirigée vers l’astre du jour et sa longue chevelure d’ébène se soulevait légèrement au gré du vent. Pü s’allongea sur le dos et écarta les bras. Terminé. Son calvaire était terminé. Il avait gagné.
 
Toujours en l’air, le Zoraï se préparait à se réceptionner correctement, mais ses côtes cassées l’en empêchèrent. Il s’effondra lourdement sur le flanc opposé, non loin du corps du général figé sur les genoux dans une étrange position. Sa tête pendait en arrière, dirigée vers l’astre du jour et sa longue chevelure d’ébène se soulevait légèrement au gré du vent. Pü s’allongea sur le dos et écarta les bras. Terminé. Son calvaire était terminé. Il avait gagné.
 
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{{NavChap|[[Chapitre III - Mourir pour renaître]]|[[Chroniques de la Première Croisade#Table des matières|Table des matières]]|[[Chapitre V - La graine du doute]]}}
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