Большое путешествие/I-6 — различия между версиями
Материал из ЭнциклопАтис
Nilstilar (обсуждение | вклад) |
Nilstilar (обсуждение | вклад) |
||
(не показаны 3 промежуточные версии этого же участника) | |||
Строка 21: | Строка 21: | ||
Alors oui, il a bien réussi à descendre. C’est pas passé loin de le voir lui aussi glisser pour s’éclater plus bas comme le premier, mais non, il a survécu. Sauf qu’il ne survivra pas à notre envie de manger, maintenant qu’on est perdu je ne sais où dans la Mer de Bois. Probablement hors de la carte. Je n’ai plus aucun repère. On a bien pris direction nord-est une fois en bas de la falaise, mais on n’a pas croisé la route. | Alors oui, il a bien réussi à descendre. C’est pas passé loin de le voir lui aussi glisser pour s’éclater plus bas comme le premier, mais non, il a survécu. Sauf qu’il ne survivra pas à notre envie de manger, maintenant qu’on est perdu je ne sais où dans la Mer de Bois. Probablement hors de la carte. Je n’ai plus aucun repère. On a bien pris direction nord-est une fois en bas de la falaise, mais on n’a pas croisé la route. | ||
− | Pourtant, en y réfléchissant, on aurait dû simplement une fois en bas suivre la falaise en remontant vers le nord. Ça nous aurait un peu | + | Pourtant, en y réfléchissant, on aurait dû simplement une fois en bas suivre la falaise en remontant vers le nord. Ça nous aurait un peu rallongés, mais au moins, c’était plus prudent. Sauf qu’Eeri voulait aller vite. Sauf qu’Eeri, quand elle a une idée en tête, quand elle se sent en confiance, elle fonce tête baissée. Je comprends, j’étais comme ça avant de me rendre compte que la technique fyrosse de foncer tout droit est une erreur, surtout ici. Faut croire qu’elle n’a pas évolué depuis les Légions Fyros. Après, je lui en veux, mais c'est aussi de ma faute. J'aurais dû être plus ferme avec elle. Je me suis laissé berner par son assurance. Mais la tête, ici, c'est moi. Et elle les jambes. C'est comme ça que c'était prévu. |
− | Depuis notre arrivée en bas de la falaise, il s’est écoulé plus de trois semaines. On a avancé plus ou moins dans le brouillard pendant une semaine en direction du nord-est. Parce que oui, c’aurait été plus simple s’il n’y avait eu ce brouillard épais qui empêche de voir l’horizon. Tout est morne ici, le sol est nu, rien n’y pousse ou presque. Cette Mer de Bois, c'est la négation de la vie. Je me sens tellement faible ici, j'ai la tête qui tourne de plus en plus, et ça ne s'arrange pas avec le temps passé dans ces contrées désolées. Comme si cette Mer de Bois pompait notre énergie vitale. Comme si elle se nourrissait de nous. Et pour ne rien arranger, on ne pouvait pas voir les falaises au loin qui auraient dû être normalement sur notre gauche. Alors après une semaine de marche sans croiser de balises, on a tenté d’aller sur notre gauche, pour rejoindre la falaise même si on ne la voyait pas. On a fini par y arriver, après seulement un jour de marche. Puis on l’a longée. Et après dix jours de marche à coller la falaise, rien. Pas de balise, pas de pente ou d’accès quelconque pour remonter à Fort-le-Phare. Là, ça semble encore tourner vers le sud, si j’en crois la position de l’astre du jour qui peine à percer dans le brouillard. | + | Depuis notre arrivée en bas de la falaise, il s’est écoulé plus de trois semaines. On a avancé plus ou moins dans le brouillard pendant une semaine en direction du nord-est. Parce que oui, c’aurait été plus simple s’il n’y avait eu ce brouillard épais qui empêche de voir l’horizon. Tout est morne ici, le sol est nu, rien n’y pousse ou presque. Cette Mer de Bois, c'est la négation de la vie. Je me sens tellement faible ici, j'ai la tête qui tourne de plus en plus, et ça ne s'arrange pas avec le temps passé dans ces contrées désolées. Comme si cette Mer de Bois pompait notre énergie vitale. Comme si elle se nourrissait de nous. Et pour ne rien arranger, on ne pouvait pas voir les falaises au loin qui auraient dû être normalement sur notre gauche. Alors, après une semaine de marche sans croiser de balises, on a tenté d’aller sur notre gauche, pour rejoindre la falaise même si on ne la voyait pas. On a fini par y arriver, après seulement un jour de marche. Puis on l’a longée. Et après dix jours de marche à coller la falaise, rien. Pas de balise, pas de pente ou d’accès quelconque pour remonter à Fort-le-Phare. Là, ça semble encore tourner vers le sud, si j’en crois la position de l’astre du jour qui peine à percer dans le brouillard. |
Alors soit on est allé trop loin vers le nord et on a loupé la balise murale indiquant la route, soit… on est au niveau de cette colline sur la carte, à l’est de Fort-le-Phare. On croit longer la falaise ouest alors qu’on tourne autour de la colline. | Alors soit on est allé trop loin vers le nord et on a loupé la balise murale indiquant la route, soit… on est au niveau de cette colline sur la carte, à l’est de Fort-le-Phare. On croit longer la falaise ouest alors qu’on tourne autour de la colline. | ||
− | + | }} | |
− | J’espère que c’est ça. À vue de nez, on en a bien pour une semaine à rejoindre la falaise en allant vers l’ouest. Puis, théoriquement, faudra descendre un peu et on devrait croiser la route. Faudra pas louper la balise. Sinon, on va descendre trop bas. On n’a plus le droit à l’erreur. Mais si on va pas clairement à l’ouest, on risque aussi d’arriver à la falaise au sud de la route. Va falloir marcher le plus droit possible et espérer que cette foutue carte soit correcte. Le mektoub n’a plus de fourrage mais il semble se contenter pour l'instant de la micro végétation qui pousse par | + | <br> |
+ | [[File:Croquis azazor début mer de bois.png|thumb|600px|center|<center>L'ouest de la Mer de Bois (carte griffonnée par l'auteur)</center>]] | ||
+ | {{Paragraphes FR| | ||
+ | J’espère que c’est ça. À vue de nez, on en a bien pour une semaine à rejoindre la falaise en allant vers l’ouest. Puis, théoriquement, faudra descendre un peu et on devrait croiser la route. Faudra pas louper la balise. Sinon, on va descendre trop bas. On n’a plus le droit à l’erreur. Mais si on va pas clairement à l’ouest, on risque aussi d’arriver à la falaise au sud de la route. Va falloir marcher le plus droit possible et espérer que cette foutue carte soit correcte. Le mektoub n’a plus de fourrage mais il semble se contenter pour l'instant de la micro végétation qui pousse par endroits. Il avance lentement, mais il nous suit. Et nous ? On a bouffé notre dernier morceau de viande séchée hier matin. Va-t-on se contenter d’écorce et de graminées pendant une semaine ? | ||
J'ai peur. Voilà, c'est écrit, j'ai peur. J'entends des bruits, des bruits étranges. Un grondement sourd qu'on pouvait entendre autrefois au bord des falaises dans les Nouvelles Terres. Une sorte de meuglement de grosse bestiole. Je pensais que c'était les craquements de l'écorce, mais ici on les entend beaucoup plus fort, et c'est clairement pas ça. C'est plus… guttural. Eeri parle de shalah géant. Moi ça me fait penser à des bodocs monstrueux. Et des tapements aussi… ça tape un bodoc ? Je veux pas rencontrer ce qui fait ce bruit. Il y a quelques jours de ça, j'ai cru voir une forme au loin. Un truc gigantesque. J'en ai pas parlé à Eeri. Je crains qu'elle veuille aller voir ce que c'est. Je suis pas prêt. Alors j'ai fermé ma gueule et j'ai continué d'avancer. Elle l'a peut être vu aussi et n'a rien dit non plus. Elle a peut être peur elle aussi ? En tout cas elle ne le montre pas. | J'ai peur. Voilà, c'est écrit, j'ai peur. J'entends des bruits, des bruits étranges. Un grondement sourd qu'on pouvait entendre autrefois au bord des falaises dans les Nouvelles Terres. Une sorte de meuglement de grosse bestiole. Je pensais que c'était les craquements de l'écorce, mais ici on les entend beaucoup plus fort, et c'est clairement pas ça. C'est plus… guttural. Eeri parle de shalah géant. Moi ça me fait penser à des bodocs monstrueux. Et des tapements aussi… ça tape un bodoc ? Je veux pas rencontrer ce qui fait ce bruit. Il y a quelques jours de ça, j'ai cru voir une forme au loin. Un truc gigantesque. J'en ai pas parlé à Eeri. Je crains qu'elle veuille aller voir ce que c'est. Je suis pas prêt. Alors j'ai fermé ma gueule et j'ai continué d'avancer. Elle l'a peut être vu aussi et n'a rien dit non plus. Elle a peut être peur elle aussi ? En tout cas elle ne le montre pas. |