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<center><span style="color:purple;font-weight:bold"><big><big>'''An 2467 de Jena'''</big></big></span></center>
 
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{{Quotation|''Bélénor Nébius, narrateur''|
 
{{Quotation|''Bélénor Nébius, narrateur''|
{{Paragraphes FR|Haletant et transpirant, Bélénor courait laborieusement dans les rues de Fyre. Il était tôt, il avait mal dormi et son corps le faisait souffrir. Bref, il était de mauvaise humeur. Mais pour quelle raison avait-il donc eu le malheur de se qualifier, lui qui détestait pourtant fournir le moindre effort physique ? Son honneur de Fyros, sans nul doute. Comme chaque année, l’Empire Fyros organisait les Jeux de l’Académie, un événement national regroupant une multitude d’épreuves ouvertes à chaque élève âgé de dix à dix-huit ans. La mixité d’âge était un élément important de l’événement, qui permettait à chaque jeune d’apprendre des plus âgés, et à chaque aîné de découvrir l’humilité. Après plusieurs journées de qualification, le jour tant attendu des épreuves finales était arrivé. Le quart-coriolis était l’une d’elle. Elle consistait en une course de fond d’environ 125 kilomètres, correspondant au quart de la distance séparant Coriolis de Fyre. Divisée en cinq tours de 25 kilomètres, la course traversait les différents quartiers de la ville. Cette épreuve, parmi les plus récentes, avait été inaugurée trente-cinq ans auparavant par l’Empereur Abylus l’Érudit. Elle était un hommage à la Fyrosse Aporalion Deps, qui entreprit une course de vingt quatre heures entre les deux villes afin de prévenir l’Empereur de l’arrivée imminente de l’incendie cataclysmique, et qui mourut comme bon nombre de Fyros en combattant l’incendie aux portes de Fyre. C’était la première fois que Bélénor, actuellement âgé de treize ans, se qualifiait pour courir le quart-coriolis. Les trois années précédentes, il avait manqué de peu les qualifications. Aujourd’hui, mal comme rarement il ne s’était senti, il regrettait amèrement son exploit. C’est donc avec soulagement que, écrasé par la chaleur de l’astre du jour et noyé sous les cris de la foule, il aperçut au loin le fameux tunnel salvateur. Long de plusieurs kilomètres, cette ancienne veine de sève s’enfonçait sous la cité et traversait le quartier le plus pauvre de la capitale. Si, pris par l’effort, Bélénor avait déjà oublié à combien de tours il en était, il n’avait en revanche pas oublié la fraîcheur et le calme inestimable des profondeurs de l’Écorce. Et alors qu’il avalait les dernières foulées, il s’engouffra dans le seul segment non hostile du parcours. Profitant de ce moment de répit, le Fyros ralentit la cadence et infusa de la Sève dans ses jambes afin de soulager ses muscles et ses articulations. Si plusieurs coureurs le dépassèrent à cette occasion, lui avait depuis longtemps écarté toute idée de classement. La dernière place lui convenait parfaitement. Il se distinguerait autrement en fin de matinée, au cours de son épreuve de prédilection : la stratégie militaire. Les trois années passées, Melkiar avait gagné cette épreuve. S’il était avantagé par son âge, et donc son expérience, Bélénor comptait malgré tout réussir à le vaincre tôt ou tard. 

Ah, qu’il était bon de penser au calme et à la fraîcheur d’un amphithéâtre, au grattement des plumes sur le papier, au roulement des dés sur le bois, à la beauté des instruments de mesure et des cartes topographiques… Perdu dans ses pensées, le sourire aux lèvres, Bélénor courait nonchalamment dans le large et frais tunnel obscur, laissant passer plusieurs de ses concurrents. Deux silhouettes, notamment, le dépassèrent par sa droite et sa gauche. Dans la pénombre, elles paraissaient absolument identiques : deux énormes blocs d’écorce rectangulaires montés sur deux larges poteaux de bois. Avant même que Bélénor ne reconnaisse les deux Fyros, ceux-ci joignirent leurs mains et freinèrent aussitôt. Le nez du rêveur s’écrasa contre le triceps noueux de Varran, et, déséquilibré, le reste de son corps glissa sur la sciure. Les jumeaux éclatèrent de rire et Bélénor s’attrapa le visage en jurant. Il dégoulinait de sang.
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{{Paragraphes FR|Haletant et transpirant, Bélénor courait laborieusement dans les rues de Fyre. Il était tôt, il avait mal dormi et son corps le faisait souffrir. Bref, il était de mauvaise humeur. Mais pour quelle raison avait-il donc eu le malheur de se qualifier, lui qui détestait pourtant fournir le moindre effort physique ? Son honneur de Fyros, sans nul doute. Comme chaque année, l’Empire Fyros organisait les Jeux de l’Académie, un événement national regroupant une multitude d’épreuves ouvertes à chaque élève âgé de dix à dix-huit ans. La mixité d’âge était un élément important de l’événement, qui permettait à chaque jeune d’apprendre des plus âgés, et à chaque aîné de découvrir l’humilité. Après plusieurs journées de qualification, le jour tant attendu des épreuves finales était arrivé. Le quart-coriolis était l’une d’elle. Elle consistait en une course de fond d’environ 125 kilomètres, correspondant au quart de la distance séparant Coriolis de Fyre. Divisée en cinq tours de 25 kilomètres, la course traversait les différents quartiers de la ville. Cette épreuve, parmi les plus récentes, avait été inaugurée trente-cinq ans auparavant par l’Empereur Abylus l’Érudit. Elle était un hommage à la Fyrosse Aporalion Deps, qui entreprit une course de vingt quatre heures entre les deux villes afin de prévenir le Sharükos de l’arrivée imminente de l’incendie cataclysmique, et qui mourut comme bon nombre de Fyros en combattant l’incendie aux portes de Fyre. C’était la première fois que Bélénor, actuellement âgé de treize ans, se qualifiait pour courir le quart-coriolis. Les trois années précédentes, il avait manqué de peu les qualifications. Aujourd’hui, mal comme rarement il ne s’était senti, il regrettait amèrement son exploit. C’est donc avec soulagement que, écrasé par la chaleur de l’astre du jour et noyé sous les cris de la foule, il aperçut au loin le fameux tunnel salvateur. Long de plusieurs kilomètres, cette ancienne veine de sève s’enfonçait sous la cité et traversait le quartier le plus pauvre de la capitale. Si, pris par l’effort, Bélénor avait déjà oublié à combien de tours il en était, il n’avait en revanche pas oublié la fraîcheur et le calme inestimable des profondeurs de l’Écorce. Et alors qu’il avalait les dernières foulées, il s’engouffra dans le seul segment non hostile du parcours. Profitant de ce moment de répit, le Fyros ralentit la cadence et infusa de la Sève dans ses jambes afin de soulager ses muscles et ses articulations. Si plusieurs coureurs le dépassèrent à cette occasion, lui avait depuis longtemps écarté toute idée de classement. La dernière place lui convenait parfaitement. Il se distinguerait autrement en fin de matinée, au cours de son épreuve de prédilection : la stratégie militaire. Les trois années passées, Melkiar avait gagné cette épreuve. S’il était avantagé par son âge, et donc son expérience, Bélénor comptait malgré tout réussir à le vaincre tôt ou tard. 

Ah, qu’il était bon de penser au calme et à la fraîcheur d’un amphithéâtre, au grattement des plumes sur le papier, au roulement des dés sur le bois, à la beauté des instruments de mesure et des cartes topographiques… Perdu dans ses pensées, le sourire aux lèvres, Bélénor courait nonchalamment dans le large et frais tunnel obscur, laissant passer plusieurs de ses concurrents. Deux silhouettes, notamment, le dépassèrent par sa droite et sa gauche. Dans la pénombre, elles paraissaient absolument identiques : deux énormes blocs d’écorce rectangulaires montés sur deux larges poteaux de bois. Avant même que Bélénor ne reconnaisse les deux Fyros, ceux-ci joignirent leurs mains et freinèrent aussitôt. Le nez du rêveur s’écrasa contre le triceps noueux de Varran, et, déséquilibré, le reste de son corps glissa sur la sciure. Les jumeaux éclatèrent de rire et Bélénor s’attrapa le visage en jurant. Il dégoulinait de sang.
  
 
« Faut rester concentré Bélénaze ! Je parie que t’étais encore en train de penser à ton Zoraï tout noir.
 
« Faut rester concentré Bélénaze ! Je parie que t’étais encore en train de penser à ton Zoraï tout noir.
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           Dans la nuit interminable,
 
           Dans la nuit interminable,
 
           Pèlerins et orphelins,
 
           Pèlerins et orphelins,
           De leurs pouvoirs incroyables,
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           De leurs pouvoirs ineffables,
 
           Ont fait germer le matin.
 
           Ont fait germer le matin.
  
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« Oh, arrête, j’ai plus d’un tour d’avance sur la coureuse en seconde place. D’ailleurs, Melkiar est bien placé cette année, il a encore progressé. Mais jusqu'où ira donc l’enfant prodige ? Je me le demande bien. Sinon, cela te dit de m’accompagner jusqu’à la ligne d’arrivée, que je puisse me remettre à chanter ? »
 
« Oh, arrête, j’ai plus d’un tour d’avance sur la coureuse en seconde place. D’ailleurs, Melkiar est bien placé cette année, il a encore progressé. Mais jusqu'où ira donc l’enfant prodige ? Je me le demande bien. Sinon, cela te dit de m’accompagner jusqu’à la ligne d’arrivée, que je puisse me remettre à chanter ? »
  
Bélénor acquiesça et les deux camarades repartirent côte à côte. Son amie avait beau être largement en tête, rien dans son comportement ou dans ses signaux corporels ne témoignait d’une quelconque fatigue. Brandille ne haletait pas. Brandille ne transpirait pas. D’ailleurs, Brandille ne courait pas : Brandille glissait. Les minutes passèrent, et avec elles, la lumière au bout du tunnel apparut. Pour Brandille, la ligne d’arrivée approchait, et pour Bélénor, le début d’un nouvel et interminable tour se préparait. Et alors que la calme obscurité de la veine asséchée laissait place à l’exaltation du public et à la chaleur écrasante du dehors, fidèle à sa réputation, Brandille bondit. Sans même lui demander son accord, l’acrobate sauta à pieds joints sur les épaules de Bélénor et se propulsa en l’air. Un quadruple salto plus tard, Brandille atterrissait dans la sciure chaude sous les acclamations de la foule en liesse, agglutinée aux pas-de-porte, aux fenêtres, ou sur les nombreux passages surélevés qui permettaient de naviguer entre les différents étages de la cité. Si Bélénor fût déconcerté par la manœuvre effectuée par son amie au beau milieu d’une discussion, il fût surtout surpris de n'avoir presque pas ressenti de pression sur ses épaules. Définitivement, la Sève qui traversait Brandille n’avait rien de comparable à celle qui parcourait les autres homins, Bélénor en était persuadé. Le Fyros s’était par le passé posé beaucoup de questions à ce propos. Si son amie restait énigmatique quant à sa petite enfance, et s’amusait à raconter différentes histoires aux différentes personnes qui la questionnaient, un élément semblait pourtant revenir régulièrement. En effet, Brandille faisait souvent référence aux Terres d’Orages, cette mystérieuse contrée située à l’Est de la Grande Mer, et dont la titanesque et infinie tempête qui y roulait sans cesse empêchait toute exploration. Si les échanges entre la Fédération de Trykoth et l’Empire Fyros étaient monnaie courante depuis la construction de l’Aqueduc, entamée en 2289, et s'il lui arrivait parfois de croiser des Trykers à Fyre, Bélénor n’avait jamais entendu parler d’homins installés dans les Terres d’Orages. Pour finir, Brandille n’avait jamais expliqué clairement la raison de sa présence à Fyre. Depuis qu’il connaissait son amie, il l’avait toujours vue habiter l’orphelinat de la capitale. Le mystère restait donc entier, même tant d'années après leur rencontre.
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Bélénor acquiesça et les deux camarades repartirent côte à côte. Son amie avait beau être largement en tête, rien dans son comportement ou dans ses signaux corporels ne témoignait d’une quelconque fatigue. Brandille ne haletait pas. Brandille ne transpirait pas. D’ailleurs, Brandille ne courait pas : Brandille glissait. Les minutes passèrent, et avec elles, la lumière au bout du tunnel apparut. Pour Brandille, la ligne d’arrivée approchait, et pour Bélénor, le début d’un nouvel et interminable tour se préparait. Et alors que la calme obscurité de la veine asséchée laissait place à l’exaltation du public et à la chaleur écrasante du dehors, fidèle à sa réputation, Brandille bondit. Sans même lui demander son accord, l’acrobate sauta à pieds joints sur les épaules de Bélénor et se propulsa en l’air. Un quadruple salto plus tard, Brandille atterrissait dans la sciure chaude sous les acclamations de la foule en liesse, agglutinée aux pas-de-porte, aux fenêtres, ou sur les nombreux passages surélevés qui permettaient de naviguer entre les différents étages de la cité. Si Bélénor fût déconcerté par la manœuvre effectuée par son amie au beau milieu d’une discussion, il fût surtout surpris de n'avoir presque pas ressenti de pression sur ses épaules. Définitivement, la Sève qui traversait Brandille n’avait rien de comparable à celle qui parcourait les autres homins, Bélénor en était persuadé. Le Fyros s’était par le passé posé beaucoup de questions à ce propos. Si son amie restait énigmatique quant à sa petite enfance, et s’amusait à raconter différentes histoires aux différentes personnes qui la questionnaient, un élément semblait pourtant revenir régulièrement. En effet, Brandille faisait souvent référence aux Terres d’Orages, cette mystérieuse contrée située à l’Est de la Grande Mer, et dont la titanesque et infinie tempête qui y roulait sans cesse empêchait toute exploration. Si les échanges entre la Fédération de Trykoth et l’Empire Fyros étaient monnaie courante depuis la construction de l’Aqueduc, et s'il lui arrivait parfois de croiser des Trykers à Fyre, Bélénor n’avait jamais entendu parler d’homins installés dans les Terres d’Orages. Pour finir, Brandille n’avait jamais expliqué clairement la raison de sa présence à Fyre. Depuis qu’il connaissait son amie, il l’avait toujours vue habiter l’orphelinat de la capitale. Le mystère restait donc entier, même tant d'années après leur rencontre.
  
 
Ivre de louanges, Brandille continua à voltiger théâtralement alors que la ligne d’arrivée approchait à grandes foulées. Si Bélénor essayait de rester concentré sur sa propre course, les pirouettes de son amie lui permettaient d’oublier les sensations de douleur et de fatigue qui le traversaient. Finalement, il dépassa Brandille, qui préférait enchaîner les performances acrobatiques, et entama son nouveau tour. La foule explosa lorsque son amie passa également la ligne d’arrivée. Par réflexe, Bélénor se retourna. Il faillit perdre l’équilibre en apercevant Melkiar, situé à seulement quelques mètres derrière lui. Il était accompagné de Tisse, une Fyrosse particulièrement mince à la chevelure rousse. Les deux coureurs arrivèrent à son niveau et Melkiar ralentit. Bélénor se raidit.
 
Ivre de louanges, Brandille continua à voltiger théâtralement alors que la ligne d’arrivée approchait à grandes foulées. Si Bélénor essayait de rester concentré sur sa propre course, les pirouettes de son amie lui permettaient d’oublier les sensations de douleur et de fatigue qui le traversaient. Finalement, il dépassa Brandille, qui préférait enchaîner les performances acrobatiques, et entama son nouveau tour. La foule explosa lorsque son amie passa également la ligne d’arrivée. Par réflexe, Bélénor se retourna. Il faillit perdre l’équilibre en apercevant Melkiar, situé à seulement quelques mètres derrière lui. Il était accompagné de Tisse, une Fyrosse particulièrement mince à la chevelure rousse. Les deux coureurs arrivèrent à son niveau et Melkiar ralentit. Bélénor se raidit.
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Car Bélénor avait, quelques heures auparavant, battu Melkiar durant l’épreuve finale de stratégie militaire. Chose qu’il n’arrivait toujours pas vraiment à réaliser. Cette épreuve consistait en des mises en situation de batailles d’armées sous la forme d’un jeu aux règles pointues. Partiellement caché derrière un paravent de table, chaque joueur disposait de troupes, représentées par divers pions, et d’une palette de matériel, tel que des tables de calcul, des instruments de mesure, ou encore des dés permettant de simuler l’effet de la chance. Un arbitre vérifiait les coups de chaque joueur et s’occupait de la gestion du temps. Cette épreuve, bien que parmi les plus anciennes de l’Académie, était bien moins populaire que les autres. La faute à son apparente complexité. De ce fait, Bélénor était bien moins sollicité par des admirateurs, ce qui, somme toute, lui convenait plutôt bien. Et s’il était fier d’avoir gagné le titre, c’était sa victoire contre Melkiar qui l’émouvait particulièrement. Jamais il n’oublierait le regard d’admiration que celui-ci lui avait lancé, alors que Bélénor jouait le coup qui l’avait contraint à se rendre. Plus tard dans la journée, Melkiar avait aussi perdu l’épreuve de force athlétique face à Varran, qui s’était alors retrouvé en finale contre son frère Garius. Les jumeaux, identiques en tout point, n’avaient pas réussi à se départager, et avaient donc tous les deux remportés le titre. Éliminés à leur tour en demi-finale par Melkiar et Xynala durant l’épreuve de combat libre, ils attendaient la grande finale depuis le gradin privé des vaincus.
 
Car Bélénor avait, quelques heures auparavant, battu Melkiar durant l’épreuve finale de stratégie militaire. Chose qu’il n’arrivait toujours pas vraiment à réaliser. Cette épreuve consistait en des mises en situation de batailles d’armées sous la forme d’un jeu aux règles pointues. Partiellement caché derrière un paravent de table, chaque joueur disposait de troupes, représentées par divers pions, et d’une palette de matériel, tel que des tables de calcul, des instruments de mesure, ou encore des dés permettant de simuler l’effet de la chance. Un arbitre vérifiait les coups de chaque joueur et s’occupait de la gestion du temps. Cette épreuve, bien que parmi les plus anciennes de l’Académie, était bien moins populaire que les autres. La faute à son apparente complexité. De ce fait, Bélénor était bien moins sollicité par des admirateurs, ce qui, somme toute, lui convenait plutôt bien. Et s’il était fier d’avoir gagné le titre, c’était sa victoire contre Melkiar qui l’émouvait particulièrement. Jamais il n’oublierait le regard d’admiration que celui-ci lui avait lancé, alors que Bélénor jouait le coup qui l’avait contraint à se rendre. Plus tard dans la journée, Melkiar avait aussi perdu l’épreuve de force athlétique face à Varran, qui s’était alors retrouvé en finale contre son frère Garius. Les jumeaux, identiques en tout point, n’avaient pas réussi à se départager, et avaient donc tous les deux remportés le titre. Éliminés à leur tour en demi-finale par Melkiar et Xynala durant l’épreuve de combat libre, ils attendaient la grande finale depuis le gradin privé des vaincus.
  
Lorsque, de leur grincement si caractéristique, les deux portes de l’arène circulaire s’ouvrirent finalement, l’astre du jour avait perdu tout son éclat. L’astre ambré, quant à lui, avait presque déjà parcouru la moitié de son parcours. À la lueur du gigantesque brasier suspendu au-dessus de l’amphithéâtre, les quarante-mille spectateurs réunis se turent. Comme attendu, Euriyaseus Icaron passa l’une des portes. La Fyrosse était probablement la plus célèbre générale de l’Empire. En 2436, alors âgée de vingt-neuf ans, elle avait participé, aux côtés du futur Empereur Pyto, le frère de Thesop, à une attaque visant à rétablir la Route de l’Eau via la reconquête du pays de Trykoth, envahi par les Matis suite aux ravages causés par l’incendie des Mines d’Ambre de Coriolis. Continuant sa carrière militaire par la suite, et cela malgré les décès des Empereurs Abylus et Pyto, elle avait fini par être promue générale. Si les rumeurs allaient bon train concernant son inimitié à l’égard de l’Empereur Thesop, que certains séparatistes notoires accusaient d’avoir assassiné son père et son frère trente ans auparavant, cela ne l’avait jamais empêchée de se donner corps et âme à l’Empire. Elle était notamment à l’origine de plusieurs coups d’éclat stratégiques ayant permis de repousser loin à l’ouest les tribus fyrosses insoumises. Aujourd’hui âgée de soixante ans, elle participait aussi à l’instruction militaire des élèves de l’Académie.
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Lorsque, de leur grincement si caractéristique, les deux portes de l’arène circulaire s’ouvrirent finalement, l’astre du jour avait perdu tout son éclat et l'astre ambré touchait à son apogée. À la lueur du gigantesque brasier suspendu au-dessus de l’amphithéâtre, les quarante-mille spectateurs réunis se turent. Comme attendu, Euriyaseus Icaron passa l’une des portes. La Fyrosse était probablement la plus célèbre générale de l’Empire. En 2436, alors âgée de vingt-neuf ans, elle avait participé, aux côtés du futur Empereur Pyto, le frère de Thesop, à une attaque visant à rétablir la Route de l’Eau et l’exploitation de l’Aqueduc, ''via'' la reconquête du pays de Trykoth, envahi par les Matis suite aux ravages causés par l’incendie des Mines d’Ambre de Coriolis. Continuant sa carrière militaire par la suite, et cela malgré les décès des Empereurs Abylus et Pyto, elle avait fini par être promue générale. Si les rumeurs allaient bon train concernant son inimitié à l’égard de l’Empereur Thesop, que certains séparatistes notoires accusaient d’avoir assassiné son père et son frère trente ans auparavant, cela ne l’avait jamais empêchée de se donner corps et âme à l’Empire. Elle était notamment à l’origine de plusieurs coups d’éclat stratégiques ayant permis de repousser loin à l’ouest les tribus fyrosses insoumises. Aujourd’hui âgée de soixante ans, elle participait aussi à l’instruction militaire des élèves de l’Académie.
  
 
Vêtue de son armure de cuir rigide bardée de décorations, la célèbre héroïne à la chevelure blanche et au visage recouvert de cicatrices s’avança jusqu’au centre de l’arène. Décrochant une corne creuse de sa ceinture, elle porta l’objet à sa bouche et entama son discours. Sa voix rauque et amplifiée résonna dans l’amphithéâtre.
 
Vêtue de son armure de cuir rigide bardée de décorations, la célèbre héroïne à la chevelure blanche et au visage recouvert de cicatrices s’avança jusqu’au centre de l’arène. Décrochant une corne creuse de sa ceinture, elle porta l’objet à sa bouche et entama son discours. Sa voix rauque et amplifiée résonna dans l’amphithéâtre.
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À ces mots, la foule s’emporta : les hourras fusèrent, les chopes s’entrechoquèrent et l’alcool vola. Euriyaseus laissa le tumulte se calmer puis reprit son discours.
 
À ces mots, la foule s’emporta : les hourras fusèrent, les chopes s’entrechoquèrent et l’alcool vola. Euriyaseus laissa le tumulte se calmer puis reprit son discours.
  
« Patriotes, je comprends la ferveur qui vous anime ! Ce soir, un combat d’anthologie va se jouer ici-même, au centre de notre antique Colisée ! Ce soir, durant la finale de l’épreuve de combat libre, Xynala Zeseus va prendre sa revanche contre celui qui détient depuis ses treize ans le titre de champion ! Celui contre qui elle a échoué en finale, l’an dernier, et qui va à nouveau tenter ce soir de conserver son titre ! J’ai nommé Melkiar de la Tribu des Larmes du Dragon ! »
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« Patriotes, je comprends la ferveur qui vous anime ! Ce soir, un combat d’anthologie va se jouer ici-même, au centre de notre antique Colisée ! Ce soir, durant la finale de l’épreuve de combat libre, Xynala Zeseus va prendre sa revanche contre celui qui détient depuis ses treize ans le titre de champion ! Celui contre qui elle a échoué en finale, l’an dernier, et qui va à nouveau tenter ce soir de conserver son titre ! J’ai nommé Melkiar de la tribu des Larmes du Dragon ! »
  
 
La foule explosa, et au même moment, le cor sonna. Deux silhouettes apparurent alors sur le seuil des portes du Colisée et s’avancèrent sous les applaudissements vers leur entraîneuse en chef. Toutes deux étaient vêtues de simples armures de cuir souple, qui, si elles n'opposaient qu'un faible rempart au tranchant des lames, donnaient à leur porteur une grande amplitude de mouvement. Les homins possédant des aptitudes de régénération hors-norme, les guerriers habitués à encaisser des blessures préféraient généralement parfaire leur mobilité. Néanmoins, chacune des deux silhouettes était coiffée d’un large casque. Celui-ci était composé d’une base de cuir rigide recouvrant le crâne, de protections latérales en chitine retombant sur le front, les oreilles et la nuque, et d’une grille en épine rigide faisant office de visière. En effet, bien que capables de soigner magiquement la plupart de leurs blessures, les chocs trop violents à la tête pouvaient perturber le processus de régénération des homins. Comme à son habitude, Xynala était armée de ses deux massues courtes fétiches, dont la tête était constituée de quatre disques tranchants. Melkiar avait quant à lui opté pour un attirail plus classique, composé d’une rondache et d’une hachette. Lorsqu’ils arrivèrent au niveau de la générale, celle-ci reprit la parole.
 
La foule explosa, et au même moment, le cor sonna. Deux silhouettes apparurent alors sur le seuil des portes du Colisée et s’avancèrent sous les applaudissements vers leur entraîneuse en chef. Toutes deux étaient vêtues de simples armures de cuir souple, qui, si elles n'opposaient qu'un faible rempart au tranchant des lames, donnaient à leur porteur une grande amplitude de mouvement. Les homins possédant des aptitudes de régénération hors-norme, les guerriers habitués à encaisser des blessures préféraient généralement parfaire leur mobilité. Néanmoins, chacune des deux silhouettes était coiffée d’un large casque. Celui-ci était composé d’une base de cuir rigide recouvrant le crâne, de protections latérales en chitine retombant sur le front, les oreilles et la nuque, et d’une grille en épine rigide faisant office de visière. En effet, bien que capables de soigner magiquement la plupart de leurs blessures, les chocs trop violents à la tête pouvaient perturber le processus de régénération des homins. Comme à son habitude, Xynala était armée de ses deux massues courtes fétiches, dont la tête était constituée de quatre disques tranchants. Melkiar avait quant à lui opté pour un attirail plus classique, composé d’une rondache et d’une hachette. Lorsqu’ils arrivèrent au niveau de la générale, celle-ci reprit la parole.
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Un à un, les vainqueurs sortirent de la loge et empruntèrent un escalier menant droit vers la tribune. À chaque marche, le brouhaha de la foule gagnait en intensité. Toujours silencieux, Bélénor observait Melkiar. Il se demandait ce qu’il ressentait à l’idée de partager son titre avec Xynala. Lorsque le premier vainqueur accéda à la tribune, la force des acclamations fit trembler les fondations du Colisée. Si certains accueillaient les ovations avec enthousiasme, d’autres, tels Bélénor et Xynala, semblaient particulièrement embarrassés. Le Fyros balaya des yeux l'immense marée homine et se demanda si ses parents étaient finalement venus. Certes, tous deux étaient très occupés par leur travail respectif. Mais les Jeux de l'Académie étaient un moment de partage cher au peuple Fyros, qui réussissait à attirer et à fédérer les plus lointaines tribus du Désert. Il pouvait donc espérer que sa mère et son père soient présents ce soir. En revanche, une chose était certaine : sa nourrice Penala, qui était venue le supporter à plusieurs reprises aujourd’hui, était sans nul doute, en cet instant, en train de verser une larme en le regardant. À cette pensée, son cœur se serra d’émotion. Lorsque le dernier des vainqueurs accéda à la tribune et compléta la ligne, Euriyaseus Icaron, toujours postée au centre de l’arène, prit la parole pour calmer la foule. Alors, spontanément, quarante-mille paire d'yeux se portèrent vers l'immense balcon qui, à l'opposé de la tribune des champions, dominait le Colisée. Accompagné de son héraut, l’Empereur Thesop s’y avança. Comme à l’accoutumée, il était vêtu de son imposante armure de combat noire, de sa majestueuse cape rouge, et d’un étonnant casque constitué d’immenses cornes d’animaux aujourd’hui disparus. Le héraut, tenant en main un feuillet, prit la parole.
 
Un à un, les vainqueurs sortirent de la loge et empruntèrent un escalier menant droit vers la tribune. À chaque marche, le brouhaha de la foule gagnait en intensité. Toujours silencieux, Bélénor observait Melkiar. Il se demandait ce qu’il ressentait à l’idée de partager son titre avec Xynala. Lorsque le premier vainqueur accéda à la tribune, la force des acclamations fit trembler les fondations du Colisée. Si certains accueillaient les ovations avec enthousiasme, d’autres, tels Bélénor et Xynala, semblaient particulièrement embarrassés. Le Fyros balaya des yeux l'immense marée homine et se demanda si ses parents étaient finalement venus. Certes, tous deux étaient très occupés par leur travail respectif. Mais les Jeux de l'Académie étaient un moment de partage cher au peuple Fyros, qui réussissait à attirer et à fédérer les plus lointaines tribus du Désert. Il pouvait donc espérer que sa mère et son père soient présents ce soir. En revanche, une chose était certaine : sa nourrice Penala, qui était venue le supporter à plusieurs reprises aujourd’hui, était sans nul doute, en cet instant, en train de verser une larme en le regardant. À cette pensée, son cœur se serra d’émotion. Lorsque le dernier des vainqueurs accéda à la tribune et compléta la ligne, Euriyaseus Icaron, toujours postée au centre de l’arène, prit la parole pour calmer la foule. Alors, spontanément, quarante-mille paire d'yeux se portèrent vers l'immense balcon qui, à l'opposé de la tribune des champions, dominait le Colisée. Accompagné de son héraut, l’Empereur Thesop s’y avança. Comme à l’accoutumée, il était vêtu de son imposante armure de combat noire, de sa majestueuse cape rouge, et d’un étonnant casque constitué d’immenses cornes d’animaux aujourd’hui disparus. Le héraut, tenant en main un feuillet, prit la parole.
  
Respectueux, les vainqueurs commencèrent par écouter le long discours de leur Empereur, déclamé par la voix de son héraut. Puis, contre l'usage, qui imposait le silence absolu durant une allocution impériale, Melkiar interpella ses amis. Certes, personne ne pourrait l’entendre. Mais un tel manquement au code de conduite fit sursauter plusieurs des présents.
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Respectueux, les vainqueurs commencèrent par écouter le long discours de leur Sharükos déclamé par la voix de son héraut. Puis, contre l'usage, qui imposait le silence absolu durant une allocution impériale, Melkiar interpella ses amis. Certes, personne ne pourrait l’entendre. Mais un tel manquement au code de conduite fit sursauter plusieurs des présents.
  
 
« Je suis fier de vous. Vous avez toutes et tous été exceptionnels. »
 
« Je suis fier de vous. Vous avez toutes et tous été exceptionnels. »
  
Bélénor rougit instantanément. Incapable de résister, il jeta un œil en direction de Melkiar. Alors, il croisa les regards discrets de Xynala et Tisse, qui semblaient elles aussi captivées par leur chef de bande. Le temps d'une pensée, Bélénor imagina ce que ses deux amies ressentaient pour Melkiar, et instantanément, un profond sentiment de tristesse l’envahit. Perturbé par cette émotion, il s’attarda quelques secondes sur Melkiar. Celui-ci regardait intensément en direction du héraut, et son visage affichait une certaine forme de convoitise. Melkiar lui avait déjà fait part du rêve insensé où il devenait Empereur, et jusqu’alors, il ne l’avait jamais pris au sérieux. Après tout, le pouvoir impérial était héréditaire. Pour autant, Bélénor était convaincu que son ami deviendrait un jour un grand chef. Regardant à son tour le balcon impérial, le Fyros blêmit. Malgré la distance, l’Empereur semblait observer Melkiar. Il en était persuadé. Comme toujours, le dirigeant dégageait une aura à la fois terrifiante et attirante. Une aura surnaturelle, dont l’inflexible autorité dépendait. Paniqué, et souhaitant à tout prix ne pas croiser le regard de l’Empereur, Bélénor leva les yeux et fixa le toit de l’édifice. Il calma sa respiration, et doucement, son rythme cardiaque ralentit. Avec toutes les rumeurs qui couraient sur celui que certains nommaient « Thesop le Fratricide », Bélénor préférait se tenir éloigné de tout contact avec l’Empereur. Pour se changer les idées, le jeune Fyros se concentra longuement sur deux étoiles blanches parfaitement identiques, situées juste au-dessus du balcon impérial. Si longuement qu’il crut les voir bouger. Les voir cligner. Lorsqu’il comprit que les deux sphères scintillantes n’étaient pas des étoiles, son cœur s’emballa de plus belle. Attrapant par réflexe la main de Brandille, il bégaya.
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Bélénor rougit instantanément. Incapable de résister, il jeta un œil en direction de Melkiar. Alors, il croisa les regards discrets de Xynala et Tisse, qui semblaient elles aussi captivées par leur chef de bande. Le temps d'une pensée, Bélénor imagina ce que ses deux amies ressentaient pour Melkiar, et instantanément, un profond sentiment de tristesse l’envahit. Perturbé par cette émotion, il s’attarda quelques secondes sur Melkiar. Celui-ci regardait intensément en direction du héraut, et son visage affichait une certaine forme de convoitise. Melkiar lui avait déjà fait part du rêve insensé où il devenait Sharükos, et jusqu’alors, il ne l’avait jamais pris au sérieux. Après tout, le pouvoir impérial était héréditaire. Pour autant, Bélénor était convaincu que son ami deviendrait un jour un grand chef. Regardant à son tour le balcon impérial, le Fyros blêmit. Malgré la distance, l’Empereur semblait observer Melkiar. Il en était persuadé. Comme toujours, le dirigeant dégageait une aura à la fois terrifiante et attirante. Une aura surnaturelle, dont l’inflexible autorité dépendait. Paniqué, et souhaitant à tout prix ne pas croiser le regard de l’Empereur, Bélénor leva les yeux et fixa le toit de l’édifice. Il calma sa respiration, et doucement, son rythme cardiaque ralentit. Avec toutes les rumeurs qui couraient sur celui que certains nommaient « Thesop le Fratricide », Bélénor préférait se tenir éloigné de tout contact avec l’Empereur. Pour se changer les idées, le jeune Fyros se concentra longuement sur deux étoiles blanches parfaitement identiques, situées juste au-dessus du balcon impérial. Si longuement qu’il crut les voir bouger. Les voir cligner. Lorsqu’il comprit que les deux sphères scintillantes n’étaient pas des étoiles, son cœur s’emballa de plus belle. Attrapant par réflexe la main de Brandille, il bégaya.
  
 
« B… Brandille. Sur le toit du balcon impérial. Il… Il y a un Kami noir.
 
« B… Brandille. Sur le toit du balcon impérial. Il… Il y a un Kami noir.

Версия 12:18, 21 декабря 2021


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Примечания : (Lanstiril, 2021-12-21)


XI - La génération des miracles

An 2467 de Jena

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           Dans leurs navires volants,
           Esseulés et affamés,
           Guidés par le chant du vent,
           Ont trouvé astre à leur pied.

           Dans la nuit interminable,
           Pèlerins et orphelins,
           De leurs pouvoirs ineffables,
           Ont fait germer le matin.

           Dans leur fabrique à idées,
           Arrogants et impatients,
           Ont oublié le passé,
           Ont payé le prix du sang.

           Dans leurs barques vacillantes,
           Visionnaires et tortionnaires,
           De leur mains sanguinolentes,
           Ont enfanté des chimères.

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Bélénor Nébius, narrateur

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