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— Et les autres ? »
 
— Et les autres ? »
  
Varran jeta un regard à Bélénor qui haussa à son tour les épaules. Melkiar soupira. Tout juste rentré à Fyre il y a quelques jours, après une longue absence, le Fyros avait donné rendez-vous aux thermes à ses camarades. En effet, l’armée impériale avait été envoyée loin à l’ouest du Désert afin de repousser les tribus fyrosses insoumises, et avait pour l'occasion fait appel à quelques réservistes qualifiés. Si l’Empire Fyros avait de tout temps dû coexister avec ces rebelles, ceux-ci s'étaient montrés particulièrement calmes ces deux dernières décennies. Mais il y a peu, la tribu des Sauvages avait réussi l’exploit d’assujettir plusieurs groupes rivaux, devenant de facto le principal ennemi de l’Empire à l'intérieur même de ses frontières. Voulant marquer le coup, et rappeler aux tribus insoumises sa puissance, l’Empereur Thesop décida d’envoyer ses troupes « discuter » avec les Sauvages. Melkiar étant issu de la tribu des Larmes du Dragon, la plus puissante tribu assujettie à l’Empire installée à l’ouest du Désert, mais aussi la plus grande rivale des Sauvages, on lui avait demandé de rejoindre l’expédition afin de jouer le rôle d’intermédiaire. Le jeune prodige accepta sans sourciller l’ordre impérial, qui fût pour lui une occasion de revoir sa famille.
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Varran jeta un regard à Bélénor qui haussa à son tour les épaules. Melkiar soupira. Tout juste rentré à Fyre il y a quelques jours, après une longue absence, le Fyros avait donné rendez-vous aux thermes à ses camarades. En effet, l’Armée impériale avait été envoyée loin à l’ouest du Désert afin de repousser les tribus fyrosses insoumises, et avait pour l'occasion fait appel à quelques réservistes qualifiés. Si l’Empire Fyros avait de tout temps dû coexister avec ces rebelles, ceux-ci s'étaient montrés particulièrement calmes ces deux dernières décennies. Mais il y a peu, la tribu des Sauvages avait réussi l’exploit d’assujettir plusieurs groupes rivaux, devenant de facto le principal ennemi de l’Empire à l'intérieur même de ses frontières. Voulant marquer le coup, et rappeler aux tribus insoumises sa puissance, l’Empereur Thesop décida d’envoyer ses troupes « discuter » avec les Sauvages. Melkiar étant issu de la tribu des Larmes du Dragon, la plus puissante tribu assujettie à l’Empire installée à l’ouest du Désert, mais aussi la plus grande rivale des Sauvages, on lui avait demandé de rejoindre l’expédition afin de jouer le rôle d’intermédiaire. Le jeune prodige accepta sans sourciller l’ordre impérial, qui fût pour lui une occasion de revoir sa famille.
  
 
Sa famille… Bélénor, silencieux, fixait son ami, désormais debout et en pleine discussion avec Varran. Tous se connaissaient depuis quelques années déjà, et pourtant, Melkiar s’était toujours montré particulièrement secret. Hormis que son père, le célèbre Tigriron, était le chef des Larmes du Dragon, Bélénor ne savait pas grande chose de sa famille. Certes, son ami avait déjà fait allusion à des frères et sœurs. Pour autant, il ne les avait jamais nommés. Il se souvenait simplement de la fois où, un peu trop alcoolisé, Melkiar avait mentionné l’existence d’Aster, une de ses amies d’enfance originaire de sa tribu. Une seule fois, donc. De toute évidence, le Fyros n’aimait pas discuter de son enfance, et bien souvent, Bélénor supposa que son silence cachait quelque chose. Durant quelques secondes, il se demanda s’il était avisé de profiter des récentes retrouvailles familiales de Melkiar pour lui poser quelques questions. Mais au même moment, la voix de Tisse Apoan retentit dans les vestiaires adjacents.
 
Sa famille… Bélénor, silencieux, fixait son ami, désormais debout et en pleine discussion avec Varran. Tous se connaissaient depuis quelques années déjà, et pourtant, Melkiar s’était toujours montré particulièrement secret. Hormis que son père, le célèbre Tigriron, était le chef des Larmes du Dragon, Bélénor ne savait pas grande chose de sa famille. Certes, son ami avait déjà fait allusion à des frères et sœurs. Pour autant, il ne les avait jamais nommés. Il se souvenait simplement de la fois où, un peu trop alcoolisé, Melkiar avait mentionné l’existence d’Aster, une de ses amies d’enfance originaire de sa tribu. Une seule fois, donc. De toute évidence, le Fyros n’aimait pas discuter de son enfance, et bien souvent, Bélénor supposa que son silence cachait quelque chose. Durant quelques secondes, il se demanda s’il était avisé de profiter des récentes retrouvailles familiales de Melkiar pour lui poser quelques questions. Mais au même moment, la voix de Tisse Apoan retentit dans les vestiaires adjacents.
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Melkiar se dégagea poliment de l’étreinte de Tisse et posa son regard sur chacun et chacune de ses camarades.
 
Melkiar se dégagea poliment de l’étreinte de Tisse et posa son regard sur chacun et chacune de ses camarades.
  
« Oui, c’est exact. Déjà, sachez que je suis content de vous revoir. Ensuite, je voulais vous parler de la situation politique à l’ouest du Désert, et de la grande guerre que mon père mène depuis plusieurs années maintenant contre les Sauvages. L’aide apportée par l’armée impériale nous a été d’un grand secours, certes. Pour autant, je pense que cela n’est pas suffisant. Les Sauvages sont plus organisés et puissants que jamais, et aussi formés soient les soldats de l’Empire, seuls ceux ayant grandi dans cette région sont capables de s'y battre efficacement. Le sol y est très instable, entre les sciures mouvantes et les failles camouflées. Sans compter les gigantesques rafales de vents tout droit venues des Primes Racines, qui balaient souvent ces terres inhospitalières. De nombreux soldats ont péri durant notre expédition. De ce fait, sachez que, pour aider l’Empire et ma tribu à vaincre les Sauvages, je prévois de rejoindre ma famille dans…
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« Oui, c’est exact. Déjà, sachez que je suis content de vous revoir. Ensuite, je voulais vous parler de la situation politique à l’ouest du Désert, et de la grande guerre que mon père mène depuis plusieurs années maintenant contre les Sauvages. L’aide apportée par l’Armée impériale nous a été d’un grand secours, certes. Pour autant, je pense que cela n’est pas suffisant. Les Sauvages sont plus organisés et puissants que jamais, et aussi formés soient les soldats de l’Empire, seuls ceux ayant grandi dans cette région sont capables de s'y battre efficacement. Le sol y est très instable, entre les sciures mouvantes et les failles camouflées. Sans compter les gigantesques rafales de vents tout droit venues des Primes Racines, qui balaient souvent ces terres inhospitalières. De nombreux soldats ont péri durant notre expédition. De ce fait, sachez que, pour aider l’Empire et ma tribu à vaincre les Sauvages, je prévois de rejoindre ma famille dans…
  
 
— Ne pars pas !! »
 
— Ne pars pas !! »
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« Énor, allons lui parler ! »
 
« Énor, allons lui parler ! »
  
Sans attendre, Brandille attrapa Bélénor par la main et le tira en direction de l’inconnu. Le Fyros se laissa faire, bien que paniqué à l’idée de rencontrer un Zoraï. S’il lui était déjà arrivé d’en croiser quelques rares fois dans les rues de Fyre, il n’avait jamais eu l’occasion de discuter avec l’un d’eux en tête-à-tête. C’était d’ailleurs le cas de la grande majorité des Fyros. En effet, il était souvent difficile d’approcher le peuple Zoraï, devenu particulièrement isolationniste avec le temps. On racontait que les Zoraïs n’avaient jamais pardonné à l’armée des Fyros d’avoir assiégé Zoran sur un malentendu, en 2328, croyant que la Théocratie était l’alliée du Royaume de Matia. Il faut dire que la Grande Bibliothèque de Zoran, à l’époque composée de plusieurs milliers de volumes traitant en grande majorité des Kamis, avait été entièrement détruite par l’artillerie fyrosse… Cette erreur militaire avait convaincu la Théocratie d’étendre la construction de sa Grande Muraille à toutes les frontières de la Jungle. Une Grande Muraille que les Zoraïs refusèrent d’ouvrir aux réfugiés Trykers lorsque le Royaume de Matia envahit Trykoth trente cinq ans auparavant, et réduit en esclavage le peuple des Lacs. De quoi rendre méfiants beaucoup d’homins à l’égard des Zoraïs, donc… Bélénor, pour sa part, était bien loin de ces considérations, et souhaitait ardemment une telle rencontre. Tant qu’il en avait développé une forme de frustration. Car, à force d'écrire sur un peuple dont il n'avait jamais réellement rencontré de représentant, il craignait que sa fascination soit excessive, qu'elle confine au fétichisme racial. Lorsque les deux camarades arrivèrent au niveau du comptoir, ils comprirent que l’individu était en réalité une homine. Accoudée au bar, la Zoraï était en train de boire une soupe à l’aide d’une étrange paille. Instantanément, Bélénor tomba de passion pour sa peau bleue, mais surtout pour son masque. De forme allongée et aux cornes asymétriques, il était aussi totalement blanc. Si le Fyros était fasciné par sa forme et sa couleur, un détail l'intriguait plus que tout : sa texture. En cet instant, il aurait tout donné pour passer ses doigts sur ce visage osseux, que l'on disait être chaud et doux. Toucher ce cadeau sacré des Kamis, dont le peuple Zoraï était l’unique et chanceux propriétaire. Comprenant que son ami ne prendrait pas la parole de lui-même, Brandille prit son plus beau matéis et interpella la Zoraï. Car, si rien n'assurait qu’elle parle correctement le fyrk, la langue fyros, il était rare que les voyageurs ne maîtrisent pas le matéis.
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Sans attendre, Brandille attrapa Bélénor par la main et le tira en direction de l’inconnu. Le Fyros se laissa faire, bien que paniqué à l’idée de rencontrer un Zoraï. S’il lui était déjà arrivé d’en croiser quelques rares fois dans les rues de Fyre, il n’avait jamais eu l’occasion de discuter avec l’un d’eux en tête-à-tête. C’était d’ailleurs le cas de la grande majorité des Fyros. En effet, il était souvent difficile d’approcher le peuple Zoraï, devenu particulièrement isolationniste avec le temps. On racontait que les Zoraïs n’avaient jamais pardonné aux armées fyrosses d’avoir assiégé Zoran sur un malentendu, en 2328, croyant que la Théocratie était l’alliée du Royaume de Matia. Il faut dire que la Grande Bibliothèque de Zoran, à l’époque composée de plusieurs milliers de volumes traitant en grande majorité des Kamis, avait été entièrement détruite par l’artillerie fyrosse… Cette erreur militaire avait convaincu la Théocratie d’étendre la construction de sa Grande Muraille à toutes les frontières de la Jungle. Une Grande Muraille que les Zoraïs refusèrent d’ouvrir aux réfugiés Trykers lorsque le Royaume de Matia envahit Trykoth trente cinq ans auparavant, et réduit en esclavage le peuple des Lacs. De quoi rendre méfiants beaucoup d’homins à l’égard des Zoraïs, donc… Bélénor, pour sa part, était bien loin de ces considérations, et souhaitait ardemment une telle rencontre. Tant qu’il en avait développé une forme de frustration. Car, à force d'écrire sur un peuple dont il n'avait jamais réellement rencontré de représentant, il craignait que sa fascination soit excessive, qu'elle confine au fétichisme racial. Lorsque les deux camarades arrivèrent au niveau du comptoir, ils comprirent que l’individu était en réalité une homine. Accoudée au bar, la Zoraï était en train de boire une soupe à l’aide d’une étrange paille. Instantanément, Bélénor tomba de passion pour sa peau bleue, mais surtout pour son masque. De forme allongée et aux cornes asymétriques, il était aussi totalement blanc. Si le Fyros était fasciné par sa forme et sa couleur, un détail l'intriguait plus que tout : sa texture. En cet instant, il aurait tout donné pour passer ses doigts sur ce visage osseux, que l'on disait être chaud et doux. Toucher ce cadeau sacré des Kamis, dont le peuple Zoraï était l’unique et chanceux propriétaire. Comprenant que son ami ne prendrait pas la parole de lui-même, Brandille prit son plus beau matéis et interpella la Zoraï. Car, si rien n'assurait qu’elle parle correctement le fyrk, la langue fyros, il était rare que les voyageurs ne maîtrisent pas le matéis.
  
 
« Bonjour, et désolés de vous déranger. Nous ne sommes pas habitués à croiser des personnes des Zoraïs, ici à Fyre. Nous étions donc curieux de vous rencontrer. Auriez-vous du temps à nous accorder ? »
 
« Bonjour, et désolés de vous déranger. Nous ne sommes pas habitués à croiser des personnes des Zoraïs, ici à Fyre. Nous étions donc curieux de vous rencontrer. Auriez-vous du temps à nous accorder ? »

Версия 15:17, 25 января 2022


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Примечания : (Lanstiril, 2022-01-25)


XII - Famille

An 2470 de Jena

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Bélénor Nébius, narrateur

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