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Obsédé par ces questions, le Fyros avait épluché toutes les études consacrées aux Kamis disponibles à l’Académie. Il voulait tout savoir des ces esprits de la nature. Bien sûr, il savait que les connaissances compilées par l’Empire n’étaient pas suffisantes, et qu’il devrait, tôt ou tard, se rendre dans le plus haut lieu de savoir kamique connu : la cité de Taaï-Toon, là où la Grande Bibliothèque du peuple zoraï fût reconstruite après que l’Empire eut saccagé Zoran en 2328. Ne pouvant pas se résoudre à quitter l’Académie sans avoir obtenu le grade le plus élevé, comme Melkiar avant lui, Bélénor dut trouver de quoi étancher sa soif de savoir. C’est ainsi qu’il se mit à fréquenter les temples kamis de la capitale, parfois accompagné de Xynala, où tous deux furent initié à différentes pratiques rituelles. Si la liberté de culte était un droit octroyé par l’Empire à ses citoyens, jamais la spiritualité des Fyros ne devait prévaloir sur les « Quatre Piliers de l’Empire ». C’est pourquoi, seulement sous certaines conditions, l’Empire autorisait la construction de temples au sein de ses villes. Passant donc de la théorie à la pratique, Bélénor fût surpris de voir à quel point les fidèles des différents courants de croyances kamiques entretenaient de bonnes relations, malgré certains désaccords majeurs. Le plus important d’entre eux concernait l’existence et l’identité du Kami Suprême. Selon la majorité des cultes, le Kami Suprême était Jena, la Déesse de l’Astre du jour et la Mère de l’hominité, tandis que pour d’autres courants plus animistes, il n’existait pas de Kami Suprême. Si dans ''La Guerre Sacrée'', l’histoire qu’il avait écrite quelques années auparavant, Bélénor s’était amusé à imaginer le Kami Suprême comme une entité gigantesque enfouie quelque part dans les profondeurs d’Atys, aucun des cultes kamiques qu’il avait étudié ne décrivait un tel être. Pourtant, jamais il n’avait oublié la fois où il avait rencontré cette commerçante Zoraï, à la taverne, plus de dix ans auparavant. Jamais il n’avait oublié le regard effrayé qu’elle lui avait lancé alors qui prononçait les mots « Masque Noir »… Un masque noir qu’il s’était vu caresser au cours d’une vision, déclenchée par le contact physique du Kami Noir, alors que Xynala et lui s’étaient rendus dans la chambre funéraire improvisée de Garius. Au fond de lui, Bélénor était convaincu que ses rêves d’enfants, ceux-là même qui avaient tant nourri son histoire, n’étaient pas anodins. Peut-être avaient-ils à voir avec ce Kami Noir. Alors, le Fyros se mit en tête de rencontrer un Kami, afin de discuter avec lui. | Obsédé par ces questions, le Fyros avait épluché toutes les études consacrées aux Kamis disponibles à l’Académie. Il voulait tout savoir des ces esprits de la nature. Bien sûr, il savait que les connaissances compilées par l’Empire n’étaient pas suffisantes, et qu’il devrait, tôt ou tard, se rendre dans le plus haut lieu de savoir kamique connu : la cité de Taaï-Toon, là où la Grande Bibliothèque du peuple zoraï fût reconstruite après que l’Empire eut saccagé Zoran en 2328. Ne pouvant pas se résoudre à quitter l’Académie sans avoir obtenu le grade le plus élevé, comme Melkiar avant lui, Bélénor dut trouver de quoi étancher sa soif de savoir. C’est ainsi qu’il se mit à fréquenter les temples kamis de la capitale, parfois accompagné de Xynala, où tous deux furent initié à différentes pratiques rituelles. Si la liberté de culte était un droit octroyé par l’Empire à ses citoyens, jamais la spiritualité des Fyros ne devait prévaloir sur les « Quatre Piliers de l’Empire ». C’est pourquoi, seulement sous certaines conditions, l’Empire autorisait la construction de temples au sein de ses villes. Passant donc de la théorie à la pratique, Bélénor fût surpris de voir à quel point les fidèles des différents courants de croyances kamiques entretenaient de bonnes relations, malgré certains désaccords majeurs. Le plus important d’entre eux concernait l’existence et l’identité du Kami Suprême. Selon la majorité des cultes, le Kami Suprême était Jena, la Déesse de l’Astre du jour et la Mère de l’hominité, tandis que pour d’autres courants plus animistes, il n’existait pas de Kami Suprême. Si dans ''La Guerre Sacrée'', l’histoire qu’il avait écrite quelques années auparavant, Bélénor s’était amusé à imaginer le Kami Suprême comme une entité gigantesque enfouie quelque part dans les profondeurs d’Atys, aucun des cultes kamiques qu’il avait étudié ne décrivait un tel être. Pourtant, jamais il n’avait oublié la fois où il avait rencontré cette commerçante Zoraï, à la taverne, plus de dix ans auparavant. Jamais il n’avait oublié le regard effrayé qu’elle lui avait lancé alors qui prononçait les mots « Masque Noir »… Un masque noir qu’il s’était vu caresser au cours d’une vision, déclenchée par le contact physique du Kami Noir, alors que Xynala et lui s’étaient rendus dans la chambre funéraire improvisée de Garius. Au fond de lui, Bélénor était convaincu que ses rêves d’enfants, ceux-là même qui avaient tant nourri son histoire, n’étaient pas anodins. Peut-être avaient-ils à voir avec ce Kami Noir. Alors, le Fyros se mit en tête de rencontrer un Kami, afin de discuter avec lui. | ||
− | C’est la demande qu’il fit à Messen Dyn, un vieux moine kamiste avec lequel il s’était lié d’amitié. D’abord hésitant, le vieux Fyros accepta finalement la requête du jeune adepte, avec moins l’objectif de lui rendre service que de lui faire comprendre que les Kamis n’étaient pas créatures loquaces. D’après lui, si le jeune homin était réellement béni des Kamis, c’est de lui-même qu’il devait comprendre le destin qu’ils lui réservaient. Les premières fois que Messen tenta d’invoquer un Kami, le rituel échoua : assis en tailleur devant le grand brasier qui surplombait l’autel, les deux Fyros méditèrent et prièrent longuement, sans succès. Et puis un jour, alors que rien ne présageait du caractère particulier de cette séance de méditation, le grand feu cessa brusquement de vaciller. Comme si elles venaient de se solidifier, cinq flammes rouges se figèrent, tandis que dans le fond du brasier, les bûches noircies semblaient animées d’étranges mouvements. Assurément, une force invisible était en train de modeler la matière carbonée et flamboyante. Ce n’est que lorsque le | + | C’est la demande qu’il fit à Messen Dyn, un vieux moine kamiste avec lequel il s’était lié d’amitié. D’abord hésitant, le vieux Fyros accepta finalement la requête du jeune adepte, avec moins l’objectif de lui rendre service que de lui faire comprendre que les Kamis n’étaient pas créatures loquaces. D’après lui, si le jeune homin était réellement béni des Kamis, c’est de lui-même qu’il devait comprendre le destin qu’ils lui réservaient. Les premières fois que Messen tenta d’invoquer un Kami, le rituel échoua : assis en tailleur devant le grand brasier qui surplombait l’autel, les deux Fyros méditèrent et prièrent longuement, sans succès. Et puis un jour, alors que rien ne présageait du caractère particulier de cette séance de méditation, le grand feu cessa brusquement de vaciller. Comme si elles venaient de se solidifier, cinq flammes rouges se figèrent, tandis que dans le fond du brasier, les bûches noircies semblaient animées d’étranges mouvements. Assurément, une force invisible était en train de modeler la matière carbonée et flamboyante. Ce n’est que lorsque le Fyros comprit que les deux formes jaunes qu’il observait n’étaient rien d'autre qu’une paire d’yeux, qu’il sut que le rituel avait fonctionné. Pourvu de longs membres glabres de couleur brune, et de cinq cornes rappelant du bois brûlé encore rougeoyant à l'extrémité, parcourues de nervures rouges et orangées s'étendant jusqu'à ses grands yeux jaunes, le Kami de Feu était en train de s’extirper du brasier. Quelques secondes plus tard, c’est le dos voûté, accroupie sur le rebord de l’autel devant les flammes incandescentes, que la divine créature observait silencieusement les deux homins. Messen remercia longuement son invité puis lui expliqua brièvement pourquoi il avait fait appel à lui. Et alors que le vieux moine donnait la parole à Bélénor, et que celui-ci remerciait à son tour le Kami de Feu, la créature divine bondit en arrière et disparut dans une gerbe de flamme… |
{{Couillard}} | {{Couillard}} | ||
Assis confortablement sur le fauteuil en cuir de rendor de son père, les coudes posés sur son magnifique bureau en bois massif, Bélénor fixait la flamme de la lanterne murale d’un air éteint. Encore aujourd’hui, le souvenir de cette brève rencontre restait brûlant. Autant que la déception qui lui était associée. Car depuis cette fois-là, jamais il n’avait revu de Kami. Détachant son regard de la source de lumière hypnotique, le Fyros reporta son attention sur le devoir de son étudiant. Mais à peine eut-il froncé les sourcils, décelant une erreur grossière, qu’il entendit quelqu’un toquer à la porte. | Assis confortablement sur le fauteuil en cuir de rendor de son père, les coudes posés sur son magnifique bureau en bois massif, Bélénor fixait la flamme de la lanterne murale d’un air éteint. Encore aujourd’hui, le souvenir de cette brève rencontre restait brûlant. Autant que la déception qui lui était associée. Car depuis cette fois-là, jamais il n’avait revu de Kami. Détachant son regard de la source de lumière hypnotique, le Fyros reporta son attention sur le devoir de son étudiant. Mais à peine eut-il froncé les sourcils, décelant une erreur grossière, qu’il entendit quelqu’un toquer à la porte. | ||
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Levant les yeux de sa copie, Bélénor sourit à sa nourrice. | Levant les yeux de sa copie, Bélénor sourit à sa nourrice. | ||
− | « Tu sais bien que tu ne me déranges jamais, Penala. ». | + | « Tu sais bien que tu ne me déranges jamais, Penala. ». Le Fyros posa sa plume d’igara, se releva en s’appuyant sur le bureau de son père, et se dirigea vers la porte. Le visage ridé de la vieille dame, qui venait d’écarter les bras, affichait un sourire affectueux. C’est sans attendre que Bélénor se blottit contre elle. La relation que le jeune homin entretenait avec sa nourrice était particulièrement forte. Bien plus forte que le lien de sang qui l’unissait à ses parents. Elle était celle qui l’avait nourri, baigné, soigné, élevé. Une mère de substitution, en somme. De ce fait, s’il rechignait souvent à prendre sa mère dans ses bras, les étreintes de Penala lui apportaient, à l’inverse, toujours beaucoup de réconfort. Le nez plongé dans sa chevelure grisonnante, Bélénor essaya de retarder le moment de la séparation : les filles pouvaient bien l’attendre quelques minutes. Ce ne fut pas l’avis de Penala, qui, l’embrassant bruyamment sur la joue, mit fin à l’étreinte. |
« Allez maître Bélénor, vous risquez de vous mettre en retard. Cette journée n’est-elle pas importante pour vous ? | « Allez maître Bélénor, vous risquez de vous mettre en retard. Cette journée n’est-elle pas importante pour vous ? | ||
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— Les vents d’ouest ? interrogea Tisse d’un air malicieux, les doigts perdus dans sa longue chevelure rousse. Ah, mais c’est bon, nous avons la réponse ! C’est Melkiar et Varran, qui reviennent du fin fond du Désert après quatre années sans s’être baignés ! » | — Les vents d’ouest ? interrogea Tisse d’un air malicieux, les doigts perdus dans sa longue chevelure rousse. Ah, mais c’est bon, nous avons la réponse ! C’est Melkiar et Varran, qui reviennent du fin fond du Désert après quatre années sans s’être baignés ! » | ||
− | À ces mots, Bélénor et Xynala éclatèrent de rire. Brandille leva | + | À ces mots, Bélénor et Xynala éclatèrent de rire. Brandille leva ses grands yeux mauves au ciel, ouvrit grand les portes du manoir et se pinça le nez. |
« Vous faites une belle bande de comiques, tous les trois. Ça vous dirait de rejoindre ma troupe ? Je recrute à tire-larigot en ce moment, pour mon nouveau spectacle. Une répétition a d’ailleurs lieu ce soir ! | « Vous faites une belle bande de comiques, tous les trois. Ça vous dirait de rejoindre ma troupe ? Je recrute à tire-larigot en ce moment, pour mon nouveau spectacle. Une répétition a d’ailleurs lieu ce soir ! | ||
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« Tisse, les ailes ! » hurla Bélénor, dont l’échine était parcourue de frissons. | « Tisse, les ailes ! » hurla Bélénor, dont l’échine était parcourue de frissons. | ||
− | Méthodiquement, la Fyrosse rechargea son arme, réajusta la mire et le canon, puis tira une seconde fois. La balle fusa à nouveau vers le kitin et lui arracha cette fois-ci les trois ailes droites. Alors, sans attendre, Xynala s’élança en avant puis bondit sous le monstre qui zigzaguait en couinant. Et avant même qu’il n’atteigne le fond de la faille, elle assena depuis les airs un violent coup de massue sur son crâne ovoïde, accentuant ainsi l’impact de la chute. La créature volante s’écrasa lourdement dans la poussière au moment même où la | + | Méthodiquement, la Fyrosse rechargea son arme, réajusta la mire et le canon, puis tira une seconde fois. La balle fusa à nouveau vers le kitin et lui arracha cette fois-ci les trois ailes droites. Alors, sans attendre, Xynala s’élança en avant puis bondit sous le monstre qui zigzaguait en couinant. Et avant même qu’il n’atteigne le fond de la faille, elle assena depuis les airs un violent coup de massue sur son crâne ovoïde, accentuant ainsi l’impact de la chute. La créature volante s’écrasa lourdement dans la poussière au moment même où la Fyrosse se réceptionnait sur le sol. C’est sans crainte que Xynala s’élança derechef vers la bête immonde pour terminer le travail. Armée de ses deux massues courtes fétiches, elle n’eut aucun mal à broyer complètement la tête du kipesta. Tremblant, le nez pincé, Bélénor s’avança prudemment vers le cadavre écœurant, et de sa main libre, il pointa la glande tuméfiée et la trompe suintante qui gisait sous le monstre. |
« Cette substance jaunâtre qu’ils produisent, elle est inflammable. Nous devons les stopper avant que les systèmes anti-incendie ne s’épuisent. Sinon, Fyre court à la catastrophe ! » | « Cette substance jaunâtre qu’ils produisent, elle est inflammable. Nous devons les stopper avant que les systèmes anti-incendie ne s’épuisent. Sinon, Fyre court à la catastrophe ! » | ||
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Montée sur un mektoub cuirassé jusqu'à la trompe, la vénérable Fyrosse venait d’arriver à leur niveau. Elle avait enfilé une armure lourde et tenait en main une longue pique acérée. Au travers de sa visière, elle examina successivement les deux Fyrosses d’un air rageur. Ainsi juchée, armée et vêtue, rien hormis les nombreuses décorations qui bardaient son plastron ne pouvait laisser croire que la guerrière avait plus de soixante-dix ans. Une nouvelle fois, son âge témoignait de la longévité importante des homins, bien supérieure à celle des animaux qui peuplaient Atys. Plaçant la tête de sa monture en direction du sud, la Fyrosse continua. | Montée sur un mektoub cuirassé jusqu'à la trompe, la vénérable Fyrosse venait d’arriver à leur niveau. Elle avait enfilé une armure lourde et tenait en main une longue pique acérée. Au travers de sa visière, elle examina successivement les deux Fyrosses d’un air rageur. Ainsi juchée, armée et vêtue, rien hormis les nombreuses décorations qui bardaient son plastron ne pouvait laisser croire que la guerrière avait plus de soixante-dix ans. Une nouvelle fois, son âge témoignait de la longévité importante des homins, bien supérieure à celle des animaux qui peuplaient Atys. Plaçant la tête de sa monture en direction du sud, la Fyrosse continua. | ||
− | « Des armes de tirs devront être données à chacun des soldats, et les amplificateurs de magie les plus perfectionnés iront aux mains des mages les plus doués ! Une fois équipés, Vous emprunterez les monte-charges jusqu’au sommet | + | « Des armes de tirs devront être données à chacun des soldats, et les amplificateurs de magie les plus perfectionnés iront aux mains des mages les plus doués ! Une fois équipés, Vous emprunterez les monte-charges jusqu’au sommet de la Dorsale ! Votre objectif sera d’attirer ces monstres volants en dehors des failles de la cité ! Tout est bien clair ? |
— Oui générale ! crièrent en chœur Xynala et Tisse. | — Oui générale ! crièrent en chœur Xynala et Tisse. | ||
Строка 199: | Строка 199: | ||
Ne faisant ni une ni deux, la Fyrosse ramassa le fusil de Tisse et tira au jugé. Le balla fusa et un ignoble couinement retentit au loin. À l’endroit même où une étrange galopade commençait à se faire entendre. Un gigantesque troupeau semblait se rapprocher des homins. | Ne faisant ni une ni deux, la Fyrosse ramassa le fusil de Tisse et tira au jugé. Le balla fusa et un ignoble couinement retentit au loin. À l’endroit même où une étrange galopade commençait à se faire entendre. Un gigantesque troupeau semblait se rapprocher des homins. | ||
− | « Brandille, combien sont-ils ? » continua la | + | « Brandille, combien sont-ils ? » continua la Fyrosse en accrochant le fusil de Tisse sur son dos et en dégainant ses deux massues courtes. |
« Trop Xynala. Beaucoup trop. Et elles sont différentes des autres créatures. » | « Trop Xynala. Beaucoup trop. Et elles sont différentes des autres créatures. » | ||
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L’onde de choc produite par le hurlement dissipa instantanément le gigantesque nuage de poussière et propulsa Bélénor plusieurs mètres en arrière. S’écrasant lourdement dans la sciure, le Fyros hurla à son tour. Le cri de Brandille était en train de lui transpercer le crâne, duquel des vagues de douleur se propageaient dans tout son corps. Était-ce cela que les Zoraïs ressentaient lorsque la pousse de leur masque n’était pas soutenue par la magie des Kamis, comme il l’avait imaginé dans l’histoire qu’il avait écrite autrefois ? Quelle que fût la réponse à cette question, jamais le Fyros n’avait subi un tel supplice. Supporter cette douleur était inconcevable. Il n’y avait aucune chance qu’il en réchappe. Ainsi donc, lui qui s’était imaginé finir dévoré par l’une de ces créatures, allait finalement être tué par son amie, ici-même. La bouche distendue, les yeux révulsés et les bras écartés, Brandille n’en finissait pas de hurler. Son corps vibrait de manière irréelle, de plus en plus en vite, jusqu'à ronger l’écorce qui l’entourait. Mais Bélénor n’était pas le seul à subir les foudres de son cri. Car sur plusieurs dizaines de mètres à la ronde, les kinchers tombaient comme des mouches, broyés par l’implacable cri de Brandille. Atteignant les limites de son endurance à manipuler la Sève, Bélénor sentit son cœur ralentir. Il n’était plus en mesure de régénérer ses cellules auto-détruites. Et alors qu’un voile noir commençait à brouiller sa vue, le cri cessa. | L’onde de choc produite par le hurlement dissipa instantanément le gigantesque nuage de poussière et propulsa Bélénor plusieurs mètres en arrière. S’écrasant lourdement dans la sciure, le Fyros hurla à son tour. Le cri de Brandille était en train de lui transpercer le crâne, duquel des vagues de douleur se propageaient dans tout son corps. Était-ce cela que les Zoraïs ressentaient lorsque la pousse de leur masque n’était pas soutenue par la magie des Kamis, comme il l’avait imaginé dans l’histoire qu’il avait écrite autrefois ? Quelle que fût la réponse à cette question, jamais le Fyros n’avait subi un tel supplice. Supporter cette douleur était inconcevable. Il n’y avait aucune chance qu’il en réchappe. Ainsi donc, lui qui s’était imaginé finir dévoré par l’une de ces créatures, allait finalement être tué par son amie, ici-même. La bouche distendue, les yeux révulsés et les bras écartés, Brandille n’en finissait pas de hurler. Son corps vibrait de manière irréelle, de plus en plus en vite, jusqu'à ronger l’écorce qui l’entourait. Mais Bélénor n’était pas le seul à subir les foudres de son cri. Car sur plusieurs dizaines de mètres à la ronde, les kinchers tombaient comme des mouches, broyés par l’implacable cri de Brandille. Atteignant les limites de son endurance à manipuler la Sève, Bélénor sentit son cœur ralentir. Il n’était plus en mesure de régénérer ses cellules auto-détruites. Et alors qu’un voile noir commençait à brouiller sa vue, le cri cessa. | ||
− | À moitié inconscient, le Fyros ne sut pas combien de temps il mit à se relever. Fiévreux, nauséeux, la bave aux lèvres et le regard vitreux, il passa une main tremblante sur son visage. Remarquant la couleur rouge de celle-ci, il comprit que du sang avait coulé en grande quantité de son nez, de ses yeux et de ses oreilles. Cela expliquait certainement l’horrible céphalée qui lui martelait le crâne. Totalement désorienté, il regarda autour de lui, profitant de la levée du brouillard pour se repérer. La monstrueuse vague d’insectes géants avait déferlé depuis le bas de l'avenue Dyros en écrasant tout sur son passage. Désormais muée en une mer morte, elle était tout juste agitée de quelques spasmes nerveux. Une mer dans laquelle Xynala s’était noyée. Si lui avait survécu au cri, il ne faisait aucun doute qu’elle aussi. Elle le devait… Titubant dans la direction supposée de la Fyrosse, il jeta un œil au cratère creusé par Brandille, dans lequel son corps avait disparu. S’il craignait pour la vie de Xynala, il savait Brandille toujours en vie, bien que très faible. Il le sentait. | + | À moitié inconscient, le Fyros ne sut pas combien de temps il mit à se relever. Fiévreux, nauséeux, la bave aux lèvres et le regard vitreux, il passa une main tremblante sur son visage. Remarquant la couleur rouge de celle-ci, il comprit que du sang avait coulé en grande quantité de son nez, de ses yeux et de ses oreilles. Cela expliquait certainement l’horrible céphalée qui lui martelait le crâne. Totalement désorienté, il regarda autour de lui, profitant de la levée du brouillard pour se repérer. La monstrueuse vague d’insectes géants avait déferlé depuis le bas de l'avenue Dyros en écrasant tout sur son passage. Désormais muée en une mer morte, elle était tout juste agitée de quelques spasmes nerveux. Une mer dans laquelle Xynala s’était noyée. Si lui avait survécu au cri, il ne faisait aucun doute qu’elle aussi. Elle le devait… Titubant dans la direction supposée de la Fyrosse, il jeta un œil au cratère creusé par Brandille, dans lequel son corps avait disparu. S’il craignait pour la vie de Xynala, il savait Brandille toujours en vie, bien que très faible. Il le sentait, sans comprendre comment ni pourquoi. |
Puis, le sol trembla. Une énième fois. Regardant vers le bas de l’avenue, Bélénor se laissa tomber à genoux. Les Portes Sud étaient en train de vomir un monstrueux essaim. Un raz-de-marée gigantesque, d’ailes, dards et de crocs. Cette fois-ci, nulle Brandille pour leur sauver la mise, seul un miracle pourrait les préserver du cataclysme à venir. Levant la tête et fermant les yeux, Bélénor dédia alors une pensée à chacun de ses proches. À Varran et à Melkiar, qu’il aurait tant voulu revoir une dernière fois. À Tisse et à Garius, qu’il rejoindrait bientôt. À Xynala et à Brandille, à ses côtés, jusqu’au bout. À Penala, évidement, qu’il espérait s'être trouvée un refuge. Même à son père et à sa mère, qu’il aimait, malgré tout. Finalement, il consacra sa dernière pensée à Messen Dyn, le vieux moine kamiste qu’il avait assidûment côtoyé ces dernières années. Ainsi, les yeux fermés et le visage rivé vers l’Astre du Jour, il se mit à prier les Kamis, et tout particulièrement le Kami Noir. Puis, il pensa au Kami Suprême, quel qu’il ait été. Après tout, qui d’autre que lui pouvait réaliser des miracles ? Plusieurs secondes passèrent ainsi, à attendre la mort en priant. Et alors, contre toute attente, Jena répondit au Fyros. Dans un grincement céleste. Au-dessus de Fyre, désormais baignée dans la pénombre, un gigantesque engin volant de la Karavan venait de faire son apparition. Bouleversé, Bélénor leva les bras vers le ciel et fondit en larmes. Jamais il n’avait oublié ce que Melkiar lui avait dit, ce jour-là, attablé dans la taverne. | Puis, le sol trembla. Une énième fois. Regardant vers le bas de l’avenue, Bélénor se laissa tomber à genoux. Les Portes Sud étaient en train de vomir un monstrueux essaim. Un raz-de-marée gigantesque, d’ailes, dards et de crocs. Cette fois-ci, nulle Brandille pour leur sauver la mise, seul un miracle pourrait les préserver du cataclysme à venir. Levant la tête et fermant les yeux, Bélénor dédia alors une pensée à chacun de ses proches. À Varran et à Melkiar, qu’il aurait tant voulu revoir une dernière fois. À Tisse et à Garius, qu’il rejoindrait bientôt. À Xynala et à Brandille, à ses côtés, jusqu’au bout. À Penala, évidement, qu’il espérait s'être trouvée un refuge. Même à son père et à sa mère, qu’il aimait, malgré tout. Finalement, il consacra sa dernière pensée à Messen Dyn, le vieux moine kamiste qu’il avait assidûment côtoyé ces dernières années. Ainsi, les yeux fermés et le visage rivé vers l’Astre du Jour, il se mit à prier les Kamis, et tout particulièrement le Kami Noir. Puis, il pensa au Kami Suprême, quel qu’il ait été. Après tout, qui d’autre que lui pouvait réaliser des miracles ? Plusieurs secondes passèrent ainsi, à attendre la mort en priant. Et alors, contre toute attente, Jena répondit au Fyros. Dans un grincement céleste. Au-dessus de Fyre, désormais baignée dans la pénombre, un gigantesque engin volant de la Karavan venait de faire son apparition. Bouleversé, Bélénor leva les bras vers le ciel et fondit en larmes. Jamais il n’avait oublié ce que Melkiar lui avait dit, ce jour-là, attablé dans la taverne. |