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Lanstiril (обсуждение | вклад) м |
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« Mon garçon, ta dernière acrobatie était impressionnante, dit-il en toussotant. Jamais je n’ai combattu un adversaire aussi agile que toi. » | « Mon garçon, ta dernière acrobatie était impressionnante, dit-il en toussotant. Jamais je n’ai combattu un adversaire aussi agile que toi. » | ||
− | Pü le toisa froidement sans répondre. Il le félicitait ? Décidément, il n’oubliera pas de sitôt cet adversaire | + | Pü le toisa froidement sans répondre. Il le félicitait ? Décidément, il n’oubliera pas de sitôt cet adversaire. |
« Ah, d’ailleurs… Pardonne-moi à propos de ce que j’ai dit, sur ta mère et ton peuple. Si je ne peux cautionner vos coutumes, je ne pensais pas mes insultes. Les Zoraïs ne sont pas des sauvages, de la même manière que les Trykers ne sont pas des esclaves. Et si vous êtes en effet endoctrinés, nous le sommes tout autant. J’ai simplement voulu te provoquer… Ce qui a plutôt bien fonctionné. » | « Ah, d’ailleurs… Pardonne-moi à propos de ce que j’ai dit, sur ta mère et ton peuple. Si je ne peux cautionner vos coutumes, je ne pensais pas mes insultes. Les Zoraïs ne sont pas des sauvages, de la même manière que les Trykers ne sont pas des esclaves. Et si vous êtes en effet endoctrinés, nous le sommes tout autant. J’ai simplement voulu te provoquer… Ce qui a plutôt bien fonctionné. » | ||
− | Pü n’en revenait pas. Il avait décimé à lui tout seul la moitié de son escouade et allait bientôt lui ôter la vie. Et pourtant, | + | Pü n’en revenait pas. Il avait décimé à lui tout seul la moitié de son escouade et allait bientôt lui ôter la vie. Et pourtant, le général regrettait ses paroles et s’excusait. |
« Mon garçon, les secondes me sont comptées. Avant de m’en aller, j’aimerais que tu accèdes à deux de mes requêtes. Tu as remporté ce duel, tu n’es pas obligé d’accepter. Cependant, je te demande d’écouter ton cœur. » | « Mon garçon, les secondes me sont comptées. Avant de m’en aller, j’aimerais que tu accèdes à deux de mes requêtes. Tu as remporté ce duel, tu n’es pas obligé d’accepter. Cependant, je te demande d’écouter ton cœur. » | ||
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Une fois le Matis soigné, il se dirigea jusqu’au buisson où il avait caché son panier cubique. Pü l’extirpa délicatement des feuillages et le posa sur le sol. Satisfait de l’emplacement, il en ouvrit précautionneusement le couvercle, comme s’il abritait un trésor. Le panier contenait un cube d’ambre parfaitement enchâssé dans le réceptacle d’osier, qui semblait lui-même renfermer plusieurs dizaines de formes. Il récupéra méticuleusement un des morceaux de chair qu’il avait rangés dans les poches de sa ceinture, et le posa sur la seule face visible du cube. Il n’eut alors qu’à imprimer sa volonté à la Sève qui l’irriguait, tout en prononçant la célèbre Stance de Daïsha, pour que l’amas sanguinolent s’enfonce dans l’ambre altéré par le sortilège et s’y fige. L’utilisation de cubes d’ambre comme système de stockage avait été inventée, plus d’un siècle auparavant, par le célèbre Hari Daïsha. Aujourd’hui très répandue dans la Jungle, elle permettait de préserver des objets, mais aussi de conserver du savoir, magiquement. Pü réitéra l’opération trois fois et prit soin de terminer par le fragment du général. Il grava l’ambre au-dessus de la position de ce dernier afin de pouvoir le distinguer aisément des autres morceaux de chair. Lorsqu’il referma le couvercle du panier, il exprima un sincère soupir de soulagement. Pour la première fois depuis des semaines, son lendemain ne serait pas souillé de sang. Suite à cela, il veilla patiemment sur le corps du survivant en attendant que les renforts arrivent. Il profita de ce moment de répit pour se reposer et panser ses blessures. S’il répara ses côtes brisées et referma ses plaies, il renonça à régénérer ses doigts manquants : la mutilation laissée ainsi en évidence l’assurait que ce jour resterait à jamais gravé dans sa mémoire. Et lorsqu’il entendit le tumulte des capryniers Matis résonner au loin, il disparut dans la pénombre des arbres centenaires. | Une fois le Matis soigné, il se dirigea jusqu’au buisson où il avait caché son panier cubique. Pü l’extirpa délicatement des feuillages et le posa sur le sol. Satisfait de l’emplacement, il en ouvrit précautionneusement le couvercle, comme s’il abritait un trésor. Le panier contenait un cube d’ambre parfaitement enchâssé dans le réceptacle d’osier, qui semblait lui-même renfermer plusieurs dizaines de formes. Il récupéra méticuleusement un des morceaux de chair qu’il avait rangés dans les poches de sa ceinture, et le posa sur la seule face visible du cube. Il n’eut alors qu’à imprimer sa volonté à la Sève qui l’irriguait, tout en prononçant la célèbre Stance de Daïsha, pour que l’amas sanguinolent s’enfonce dans l’ambre altéré par le sortilège et s’y fige. L’utilisation de cubes d’ambre comme système de stockage avait été inventée, plus d’un siècle auparavant, par le célèbre Hari Daïsha. Aujourd’hui très répandue dans la Jungle, elle permettait de préserver des objets, mais aussi de conserver du savoir, magiquement. Pü réitéra l’opération trois fois et prit soin de terminer par le fragment du général. Il grava l’ambre au-dessus de la position de ce dernier afin de pouvoir le distinguer aisément des autres morceaux de chair. Lorsqu’il referma le couvercle du panier, il exprima un sincère soupir de soulagement. Pour la première fois depuis des semaines, son lendemain ne serait pas souillé de sang. Suite à cela, il veilla patiemment sur le corps du survivant en attendant que les renforts arrivent. Il profita de ce moment de répit pour se reposer et panser ses blessures. S’il répara ses côtes brisées et referma ses plaies, il renonça à régénérer ses doigts manquants : la mutilation laissée ainsi en évidence l’assurait que ce jour resterait à jamais gravé dans sa mémoire. Et lorsqu’il entendit le tumulte des capryniers Matis résonner au loin, il disparut dans la pénombre des arbres centenaires. | ||
{{Couillard}} | {{Couillard}} | ||
− | Le voyage du retour dura plusieurs semaines, mais se déroula sans encombre. Pü quitta les forêts infinies du Royaume de Matia en direction du sud, passa les dangereux et immenses gouffres qui séparaient les hauts plateaux boisés des humides plaines luxuriantes, et rejoignit finalement la Jungle, son pays natal. Il n’eut aucun mal à franchir la Grande Muraille, qui isolait la Théocratie Zoraï du reste du monde, et à esquiver les gardes-frontières, qui semblaient d’ailleurs se reposer un peu trop sur le gigantisme du mur. Certes, l’édifice était imposant. Mais, l’ayant escaladé à plusieurs reprises, le jeune homin s’était fait une bonne idée de son état : malheureusement, le manque d’entretien se faisait gravement sentir par endroits. Un jour, des ennemis de la Théocratie Zoraï feraient tomber le rempart avant même que Min-Cho ou le Conseil des Sages ne puissent le prédire. L’enfant espérait que, le moment venu, les Zoraïs seraient prêts à affronter l’envahisseur. Durant tout son voyage de retour, Pü avait été traversé de sentiments contradictoires. Depuis qu’il avait été contraint de quitter son village, son envie d’y retourner au plus vite ne l’avait jamais quitté. Mais s’il avait espéré y reprendre une vie normale une fois rentré, il ne pouvait dorénavant plus s’empêcher de se remémorer les derniers mots de Sirgio di Rolo : | + | Le voyage du retour dura plusieurs semaines, mais se déroula sans encombre. Pü quitta les forêts infinies du Royaume de Matia en direction du sud, passa les Cicatrices de Zachini, ces dangereux et immenses gouffres qui séparaient les hauts plateaux boisés des humides plaines luxuriantes, et rejoignit finalement la Jungle, son pays natal. Il n’eut aucun mal à franchir la Grande Muraille, qui isolait la Théocratie Zoraï du reste du monde, et à esquiver les gardes-frontières, qui semblaient d’ailleurs se reposer un peu trop sur le gigantisme du mur. Certes, l’édifice était imposant. Mais, l’ayant escaladé à plusieurs reprises, le jeune homin s’était fait une bonne idée de son état : malheureusement, le manque d’entretien se faisait gravement sentir par endroits. Un jour, des ennemis de la Théocratie Zoraï feraient tomber le rempart avant même que Min-Cho ou le Conseil des Sages ne puissent le prédire. L’enfant espérait que, le moment venu, les Zoraïs seraient prêts à affronter l’envahisseur. Durant tout son voyage de retour, Pü avait été traversé de sentiments contradictoires. Depuis qu’il avait été contraint de quitter son village, son envie d’y retourner au plus vite ne l’avait jamais quitté. Mais s’il avait espéré y reprendre une vie normale une fois rentré, il ne pouvait dorénavant plus s’empêcher de se remémorer les derniers mots de Sirgio di Rolo : |
« Tu es jeune, tu peux encore reprendre en main ton destin et voguer vers des lendemains plus heureux. » | « Tu es jeune, tu peux encore reprendre en main ton destin et voguer vers des lendemains plus heureux. » |