Внутреннее тестирование Вики/VII — различия между версиями

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Concentré, Pü s’assura que le feuilletis de la perle de résine fossilisée était exactement à la bonne hauteur : aucun décalage n’apparaissait entre la surface de l’ambre et la sertissure du futur bijou. Mesurant chaque respiration, il se mit à pousser le réceptacle vers le joyau à l’aide d’une petite masse, en exécutant des mouvements latéraux et opposés. Il modifia ensuite son angle afin de rapprocher ses bords de la matière précieuse, en exécutant de légers mouvements de droite à gauche, et finit par le repousser de haut en bas, cloîtrant à jamais l’ambre dans son écrin protecteur. L’artisan contempla son travail, sortit une petite lime triangle de son tablier et supprima les marques laissées par l’outil précédent. Il décrivait des arcs de cercle, lentement, mais précisément, sans jamais égratigner le précieux cabochon. Après un dernier examen, Pü prit son échoppe qui recule, prêt à écrouir la bordure du réceptacle en massant la surface vers l’ambre. Et alors qu’il s’apprêtait à exécuter le délicat mouvement, sa main trembla légèrement. Le Zoraï se mordit les lèvres. Il avait failli abîmer sa création. D’un simple amateur, une telle égratignure n’aurait pas fait de différence. Mais Pü était maître-bijoutier. En temps normal, il était assez peu exigeant envers lui-même et encore moins envers les autres. Pour beaucoup, il était un génie, qui amenait au sommet de l’art toute activité qu’il choisissait de pratiquer. Malheureusement, être au centre de l’attention avait tendance à l’angoisser, et il préférait donc faire le minimum en public. Mais son rapport à la joaillerie était très différent. Avant tout car cet artisanat lui avait été enseigné par sa mère dès le plus jeune âge, mais aussi, probablement, car il nécessitait une délicatesse extrême, trait rarement mis à contribution au cours des enseignements martiaux de son oncle. La joaillerie était un art solitaire et silencieux, qui lui permettait d’oublier un temps sa qualité de guerrier, et par là même de s’opposer symboliquement à son père. Il la pratiquait par plaisir et non par obligation. Et pour lui, cela changeait tout, et le motivait sans cesse à se dépasser.
 
Concentré, Pü s’assura que le feuilletis de la perle de résine fossilisée était exactement à la bonne hauteur : aucun décalage n’apparaissait entre la surface de l’ambre et la sertissure du futur bijou. Mesurant chaque respiration, il se mit à pousser le réceptacle vers le joyau à l’aide d’une petite masse, en exécutant des mouvements latéraux et opposés. Il modifia ensuite son angle afin de rapprocher ses bords de la matière précieuse, en exécutant de légers mouvements de droite à gauche, et finit par le repousser de haut en bas, cloîtrant à jamais l’ambre dans son écrin protecteur. L’artisan contempla son travail, sortit une petite lime triangle de son tablier et supprima les marques laissées par l’outil précédent. Il décrivait des arcs de cercle, lentement, mais précisément, sans jamais égratigner le précieux cabochon. Après un dernier examen, Pü prit son échoppe qui recule, prêt à écrouir la bordure du réceptacle en massant la surface vers l’ambre. Et alors qu’il s’apprêtait à exécuter le délicat mouvement, sa main trembla légèrement. Le Zoraï se mordit les lèvres. Il avait failli abîmer sa création. D’un simple amateur, une telle égratignure n’aurait pas fait de différence. Mais Pü était maître-bijoutier. En temps normal, il était assez peu exigeant envers lui-même et encore moins envers les autres. Pour beaucoup, il était un génie, qui amenait au sommet de l’art toute activité qu’il choisissait de pratiquer. Malheureusement, être au centre de l’attention avait tendance à l’angoisser, et il préférait donc faire le minimum en public. Mais son rapport à la joaillerie était très différent. Avant tout car cet artisanat lui avait été enseigné par sa mère dès le plus jeune âge, mais aussi, probablement, car il nécessitait une délicatesse extrême, trait rarement mis à contribution au cours des enseignements martiaux de son oncle. La joaillerie était un art solitaire et silencieux, qui lui permettait d’oublier un temps sa qualité de guerrier, et par là même de s’opposer symboliquement à son père. Il la pratiquait par plaisir et non par obligation. Et pour lui, cela changeait tout, et le motivait sans cesse à se dépasser.
  
Pü replaça la perle entre ses doigts, bien décidé à écrouir correctement la bordure du réceptacle. Une fois terminé, il irait finir d’ornementer le diadème sur lequel il travaillait en secret depuis plusieurs semaines, et qu’il destinait à sa mère. Ce bijou était la pièce manquante. Et alors qu’il s’apprêtait à effectuer son geste, ce n’est pas sa main qui trembla, mais son bras : la secousse ne venait pas de lui. Le Zoraï déposa la pièce inachevée avec ses outils et sortit en toute hâte de son atelier. Il fit quelques pas et leva la tête, fixant le plafond d’écorce de l’arbre-ciel duquel filtrait les rayons astraux. Le sol trembla à nouveau légèrement. Jusqu’alors, l’immense souche abattue avait toujours su protéger le village, aussi bien des menaces naturelles que des homins. Elle était le refuge de nombreuses espèces animales, notamment des volatiles qui nichaient dans les plus hautes strates, mais aussi le leur. La tribu s’était installée au niveau du sol, mais avait aussi bâti un certain nombre d’habitations sur les pans d’écorces et les hautes racines, préférant cependant l’archaïsme des techniques ancestrales de construction à l’innovation païenne du magnétisme karavanier. Quoi qu’il en soit, pour Pü, il était impossible d’imaginer que l’arbre-ciel faillisse à son ancestrale mission de protection. Comme pour le faire mentir, le sol trembla plus fortement, et les premiers cris se firent entendre. Inquiet, il se mit à courir en direction de la demeure familiale située à une dizaine de mètres, espérant y retrouver sa mère. Il tenta d’analyser la situation. La première hypothèse qui lui vint à l’esprit fut celle d’une attaque homine. Après tout, leurs ennemis étaient nombreux. Mais les nouvelles secousses, plus violentes, eurent raison de cette idée. À sa connaissance, aucun homin ne possédait le pouvoir de faire trembler l’écorce de cette manière. La menace semblait venir d’en bas. Les Primes Racines, situées sous la Jungle, étaient composées d’immenses cavernes bioluminescentes, véritables écosystèmes habités par de gigantesques herbivores. Peut-être un troupeau de pachydermes était-il en train de passer sous le village ? Son esprit voguait d’hypothèse en hypothèse, essayant tant bien que mal de composer rationnellement avec les faits. Arrivé devant chez lui, il passa les rideaux en hâte, appelant sa mère et son frère à haute voix. Aucune réponse. Sa mère devait probablement être chez Grand-Mère Bä-Bä. Et alors qu’il reprenait sa respiration pour repartir de plus belle vers le sommet du village, ses poumons le brûlèrent. Un agressif voile toxique venait d’empoisonner l’atmosphère. Jamais le jeune Zoraï n’avait senti odeur aussi acerbe. Ce terrible effluve annonçait le pire, il en était certain. Plissant les yeux, il eut le réflexe de saisir une épée au râtelier de son père, et se glissa à l’extérieur de la hutte aussi vite qu’il y était entré.
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Pü replaça la perle entre ses doigts, bien décidé à écrouir correctement la bordure du réceptacle. Une fois terminé, il irait finir d’ornementer le diadème sur lequel il travaillait en secret depuis plusieurs semaines, et qu’il destinait à sa mère. Ce bijou était la pièce manquante. Et alors qu’il s’apprêtait à effectuer son geste, ce ne fut pas sa main qui trembla, mais son bras : la secousse ne venait pas de lui. Le Zoraï déposa la pièce inachevée avec ses outils et sortit en toute hâte de son atelier. Il fit quelques pas et leva la tête, fixant le plafond d’écorce de l’arbre-ciel duquel filtrait les rayons astraux. Le sol trembla à nouveau légèrement. Jusqu’alors, l’immense souche abattue avait toujours su protéger le village, aussi bien des menaces naturelles que des homins. Elle était le refuge de nombreuses espèces animales, notamment des volatiles qui nichaient dans les plus hautes strates, mais aussi le leur. La tribu s’était installée au niveau du sol, mais avait aussi bâti un certain nombre d’habitations sur les pans d’écorces et les hautes racines, préférant cependant l’archaïsme des techniques ancestrales de construction à l’innovation païenne du magnétisme karavanier. Quoi qu’il en soit, pour Pü, il était impossible d’imaginer que l’arbre-ciel faillisse à son ancestrale mission de protection. Comme pour le faire mentir, le sol trembla plus fortement, et les premiers cris se firent entendre. Inquiet, il se mit à courir en direction de la demeure familiale située à une dizaine de mètres, espérant y retrouver sa mère. Il tenta d’analyser la situation. La première hypothèse qui lui vint à l’esprit fut celle d’une attaque homine. Après tout, leurs ennemis étaient nombreux. Mais les nouvelles secousses, plus violentes, eurent raison de cette idée. À sa connaissance, aucun homin ne possédait le pouvoir de faire trembler l’écorce de cette manière. La menace semblait venir d’en bas. Les Primes Racines, situées sous la Jungle, étaient composées d’immenses cavernes bioluminescentes, véritables écosystèmes habités par de gigantesques herbivores. Peut-être un troupeau de pachydermes était-il en train de passer sous le village ? Son esprit voguait d’hypothèse en hypothèse, essayant tant bien que mal de composer rationnellement avec les faits. Arrivé devant chez lui, il passa les rideaux en hâte, appelant sa mère et son frère à haute voix. Aucune réponse. Sa mère devait probablement être chez Grand-Mère Bä-Bä. Et alors qu’il reprenait sa respiration pour repartir de plus belle vers le sommet du village, ses poumons le brûlèrent. Un agressif voile toxique venait d’empoisonner l’atmosphère. Jamais le jeune Zoraï n’avait senti odeur aussi acerbe. Ce terrible effluve annonçait le pire, il en était certain. Plissant les yeux, il eut le réflexe de saisir une épée au râtelier de son père, et se glissa à l’extérieur de la hutte aussi vite qu’il y était entré.
  
 
Et le sol craqua. L’onde de choc, d’une violence inouïe, projeta Pü au sol. Masque contre écorce, il se releva tant bien que mal. Ce qu’il vit alors l’horrifia : la secousse avait fissuré la souche, arrachant au passage la haute racine située à proximité de celle où trônait la hutte de Grand-Mère Bä-Bä. L’énorme masse de bois emporta dans sa chute plusieurs habitations et s’écrasa dans un fracas assourdissant sur un autre quartier du village. Des hurlements lui parvinrent et un nuage de sciure envahit tout l’espace. Pü connaissait les Zoraïs qui habitaient ces demeures, comme chacun des membres de sa tribu. Priant le Grand Géniteur, il espérait qu’aucun ne se trouvait chez lui au moment du drame. Mais le pire restait à venir. Car il l’entendit. L’épouvantable bourdonnement du déclin, celui qui pourchasserait l’hominité à jamais. Des ombres ailées de plusieurs mètres surgirent alors des niveaux inférieurs du village et les cris s’intensifièrent. Dans l’atmosphère obscurcie par la poussière, il ne put clairement les distinguer, mais à sa connaissance, aucun volatile de cette taille n’avait jamais été répertorié. Le Zoraï essaya de rester concentré sur son objectif et fonça en direction de chez Grand-Mère Bä-Bä. Comme pour l’en empêcher, l’une des apparitions volantes piqua sur lui et une immense gerbe de flammes jaillit. Pü esquiva de peu le jet ardent, choqué par la vision qui venait de lui parvenir. Le flash de lumière lui avait en effet permis de voir le monstre de près. Il était le reflet répugnant des ignobles bêtes qui avaient hanté ses nuits d’enfant. Un corps fuselé et tranchant recouvert d’écailles iridescentes et porté par six longues ailes translucides, quatre excroissances tubulaires et creuses reliées à un crâne ovoïde, un immonde trou bardé de minuscules crochets en guise de gueule, deux pseudo-membres soudés entre eux par une glande tuméfiée, et terminés d’une trompe d’où suintait un liquide jaunâtre fumant et odorant. Cette créature était la caricature abominable d’une libellule, qu’un artiste fou aurait pu cauchemarder durant une nuit fiévreuse.
 
Et le sol craqua. L’onde de choc, d’une violence inouïe, projeta Pü au sol. Masque contre écorce, il se releva tant bien que mal. Ce qu’il vit alors l’horrifia : la secousse avait fissuré la souche, arrachant au passage la haute racine située à proximité de celle où trônait la hutte de Grand-Mère Bä-Bä. L’énorme masse de bois emporta dans sa chute plusieurs habitations et s’écrasa dans un fracas assourdissant sur un autre quartier du village. Des hurlements lui parvinrent et un nuage de sciure envahit tout l’espace. Pü connaissait les Zoraïs qui habitaient ces demeures, comme chacun des membres de sa tribu. Priant le Grand Géniteur, il espérait qu’aucun ne se trouvait chez lui au moment du drame. Mais le pire restait à venir. Car il l’entendit. L’épouvantable bourdonnement du déclin, celui qui pourchasserait l’hominité à jamais. Des ombres ailées de plusieurs mètres surgirent alors des niveaux inférieurs du village et les cris s’intensifièrent. Dans l’atmosphère obscurcie par la poussière, il ne put clairement les distinguer, mais à sa connaissance, aucun volatile de cette taille n’avait jamais été répertorié. Le Zoraï essaya de rester concentré sur son objectif et fonça en direction de chez Grand-Mère Bä-Bä. Comme pour l’en empêcher, l’une des apparitions volantes piqua sur lui et une immense gerbe de flammes jaillit. Pü esquiva de peu le jet ardent, choqué par la vision qui venait de lui parvenir. Le flash de lumière lui avait en effet permis de voir le monstre de près. Il était le reflet répugnant des ignobles bêtes qui avaient hanté ses nuits d’enfant. Un corps fuselé et tranchant recouvert d’écailles iridescentes et porté par six longues ailes translucides, quatre excroissances tubulaires et creuses reliées à un crâne ovoïde, un immonde trou bardé de minuscules crochets en guise de gueule, deux pseudo-membres soudés entre eux par une glande tuméfiée, et terminés d’une trompe d’où suintait un liquide jaunâtre fumant et odorant. Cette créature était la caricature abominable d’une libellule, qu’un artiste fou aurait pu cauchemarder durant une nuit fiévreuse.
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Pü eut à peine le temps d’apercevoir l’infecte ombre rampante s’extirper de la déchirure que les coups de feux claquèrent au-dessus de lui et qu’une pluie de grenades s’abattit sur l’ennemi. Le choc fut terrible. Alimentée par les huiles, une gigantesque gerbe de flammes s’élança vers le sommet de la souche, faisant trembler le sol et projetant avec elle une nuée de morceaux d’écorces et de carapaces carbonisées. Protégé par son bouclier et amarré aux murs de soldats, Pü résista sans mal au souffle de la déflagration, dont seules quelques flammèches vinrent lécher son armure. Malgré la puissance de la détonation, il réussit à distinguer les horribles sons stridents qu’émettaient les créatures prises sous le bombardement. De nombreuses secondes passèrent et le cataclysme n’en finissait pas. La Place du Cérémonial serait défigurée à jamais, un faible prix à payer pour leur victoire. Quelques instants plus tard, alors que plusieurs artilleurs rechargeaient leurs armes, un des monstres réussit à s’extraire du chaos. Haut d’un mètre cinquante, il ressemblait à la version monstrueuse d’une araignée. Un corps couleur bronze, étriqué, arqué. Segment chitineux, courbé, reliant un dard et un crâne sans visage, telle une lame incurvée, aiguisée, conçue pour trancher la chair. Accrochées en son centre, non pas huit pattes, mais six, articulées, et plus acérées que des épées. Sur la partie supérieure, une paire de crochets dentelés, qui faisaient probablement aussi bien office d’armes que d’appendices manipulateurs. Cette chose n’avait, en terme d’horreur, rien à envier aux monstres volants que Pü avait affrontés peu auparavant. Elle était le prédateur fantasmé, taillé dans la Sève par un sculpteur maniaque qui se serait évertué à en retirer toute fioriture. D’une agilité folle, la créature fusa sur la ligne de guerriers en faisant claquer ses crochets. Mais les soldats étaient préparés, et depuis leur couverture, ils mitraillèrent l’hexapode. Comme prévu, seuls les tirs atteignant les parties molles eurent un réel effet. Ruisselant d’un sang laiteux, le monstre perdit des morceaux au fur et à mesure de sa course et finit par s’affaisser en un tas fumant avant même d’avoir parcouru la moitié de la distance qui le séparait de ses proies. L’événement se reproduisit plusieurs fois et Pü eut l’affreuse surprise de découvrir qu’il existait des versions du monstre frôlant les trois mètres. Mais étrangement, à distance, ils représentaient une menace moindre. Leur taille les rendait plus lents et ménageait une meilleure fenêtre de tir sur leurs points faibles. À quelques reprises, des monstres réussirent à atteindre les soldats et furent exécutés sommairement. La stratégie était toujours la même : absorber l’impact de l’attaque à l’aide de la muraille de boucliers, accompagner le mouvement de la créature, utiliser l’énergie du rebond pour la repousser en arrière, profiter du déséquilibre créé pour ouvrir une brèche et la tailler en pièces. La simplicité apparente de cette technique défensive était en réalité le résultat d’années d’entraînement intensif, et témoignait d’un incroyable travail coopératif.
 
Pü eut à peine le temps d’apercevoir l’infecte ombre rampante s’extirper de la déchirure que les coups de feux claquèrent au-dessus de lui et qu’une pluie de grenades s’abattit sur l’ennemi. Le choc fut terrible. Alimentée par les huiles, une gigantesque gerbe de flammes s’élança vers le sommet de la souche, faisant trembler le sol et projetant avec elle une nuée de morceaux d’écorces et de carapaces carbonisées. Protégé par son bouclier et amarré aux murs de soldats, Pü résista sans mal au souffle de la déflagration, dont seules quelques flammèches vinrent lécher son armure. Malgré la puissance de la détonation, il réussit à distinguer les horribles sons stridents qu’émettaient les créatures prises sous le bombardement. De nombreuses secondes passèrent et le cataclysme n’en finissait pas. La Place du Cérémonial serait défigurée à jamais, un faible prix à payer pour leur victoire. Quelques instants plus tard, alors que plusieurs artilleurs rechargeaient leurs armes, un des monstres réussit à s’extraire du chaos. Haut d’un mètre cinquante, il ressemblait à la version monstrueuse d’une araignée. Un corps couleur bronze, étriqué, arqué. Segment chitineux, courbé, reliant un dard et un crâne sans visage, telle une lame incurvée, aiguisée, conçue pour trancher la chair. Accrochées en son centre, non pas huit pattes, mais six, articulées, et plus acérées que des épées. Sur la partie supérieure, une paire de crochets dentelés, qui faisaient probablement aussi bien office d’armes que d’appendices manipulateurs. Cette chose n’avait, en terme d’horreur, rien à envier aux monstres volants que Pü avait affrontés peu auparavant. Elle était le prédateur fantasmé, taillé dans la Sève par un sculpteur maniaque qui se serait évertué à en retirer toute fioriture. D’une agilité folle, la créature fusa sur la ligne de guerriers en faisant claquer ses crochets. Mais les soldats étaient préparés, et depuis leur couverture, ils mitraillèrent l’hexapode. Comme prévu, seuls les tirs atteignant les parties molles eurent un réel effet. Ruisselant d’un sang laiteux, le monstre perdit des morceaux au fur et à mesure de sa course et finit par s’affaisser en un tas fumant avant même d’avoir parcouru la moitié de la distance qui le séparait de ses proies. L’événement se reproduisit plusieurs fois et Pü eut l’affreuse surprise de découvrir qu’il existait des versions du monstre frôlant les trois mètres. Mais étrangement, à distance, ils représentaient une menace moindre. Leur taille les rendait plus lents et ménageait une meilleure fenêtre de tir sur leurs points faibles. À quelques reprises, des monstres réussirent à atteindre les soldats et furent exécutés sommairement. La stratégie était toujours la même : absorber l’impact de l’attaque à l’aide de la muraille de boucliers, accompagner le mouvement de la créature, utiliser l’énergie du rebond pour la repousser en arrière, profiter du déséquilibre créé pour ouvrir une brèche et la tailler en pièces. La simplicité apparente de cette technique défensive était en réalité le résultat d’années d’entraînement intensif, et témoignait d’un incroyable travail coopératif.
  
Les minutes passèrent sans que la situation n’évolue. Si les soldats avaient espéré que le combat se termine rapidement, l’assaut des créatures n’en finissait pas. Leur nombre était tout bonnement invraisemblable. Les artilleurs continuaient à bombarder la déchirure et l’atmosphère était devenue presque irrespirable, entre l’âcre odeur des monstres, les retombées de poussière et celles de particules de chair fondue. L’armure de chaque soldat était dorénavant recouverte d’une pellicule de cendres suintante et odorante. Mais alors que la source du mal ne semblait pas devoir se tarir jamais, les réserves de munitions commençaient à atteindre leur limite. Malgré le tumulte des détonations, Pü entendit son père crier. Il était comme possédé.
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Les minutes passèrent sans que la situation n’évolue. Si les soldats avaient espéré que le combat se termine rapidement, l’assaut des créatures n’en finissait pas. Leur nombre était tout bonnement invraisemblable. Les artilleurs continuaient à bombarder la déchirure et l’atmosphère était devenue presque irrespirable, entre l’âcre odeur des monstres, les retombées de poussière et celles de particules de chair fondue. L’armure de chaque soldat était dorénavant recouverte d’une pellicule de cendres suintante et odorante. Mais alors que la source du mal ne semblait jamais devoir se tarir, les réserves de munitions commençaient à atteindre leur limite. Malgré le tumulte des détonations, Pü entendit son père crier. Il était comme possédé.
  
 
« Artilleurs, nous arrivons à bout des dernières grenades, préparez-vous à enfiler vos amplificateurs de magie ! Je veux que vous puisiez jusqu’au plus profond de votre être ! Cette fureur qui vous habite, elle n’est que pure énergie ! Visualisez-là, domptez-là ! Saisissez-vous d’elle, dans le creux de vos mains, et forgez-y une arme ! L’arme la plus mortelle qui soit ! Le reflet tranchant de l’âme des Guerriers Noirs de Ma-Duk ! Montrez à ces horreurs que même désarmés, nous sommes capables de les broyer, du simple fait de notre volonté ! Ce soir, nous festoierons sur les cendres de nos ennemis ! Alors souriez, hurlez votre joie ! Car le Grand Géniteur est fier ! Soldats, soyez dignes du regard qu’il vous porte ! À mort !  
 
« Artilleurs, nous arrivons à bout des dernières grenades, préparez-vous à enfiler vos amplificateurs de magie ! Je veux que vous puisiez jusqu’au plus profond de votre être ! Cette fureur qui vous habite, elle n’est que pure énergie ! Visualisez-là, domptez-là ! Saisissez-vous d’elle, dans le creux de vos mains, et forgez-y une arme ! L’arme la plus mortelle qui soit ! Le reflet tranchant de l’âme des Guerriers Noirs de Ma-Duk ! Montrez à ces horreurs que même désarmés, nous sommes capables de les broyer, du simple fait de notre volonté ! Ce soir, nous festoierons sur les cendres de nos ennemis ! Alors souriez, hurlez votre joie ! Car le Grand Géniteur est fier ! Soldats, soyez dignes du regard qu’il vous porte ! À mort !  

Версия 17:32, 20 апреля 2022

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